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EAN : 9782070147663
256 pages
Verticales (02/04/2015)
3.78/5   93 notes
Résumé :
Dans des registres variés allant de l'humour à la gravité, ces nouvelles explorent les effets collatéraux de l'amour : le temps du fantasme qui le précède, celui du souvenir qui le suit ainsi que toutes les nuances de sentiments confondus avec ce sentiment. Elles mettent en scène un jeune couple miné par la peur de la lassitude, l'obsession d'une ex-compagne ou la violence conjugale quotidienne.
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Le dernier livre d'Arnaud Cathrine offert gracieusement par les Editions Verticales et Balélio, qu'ils en soient remerciés.
Car une nouvelle fois ce recueil de dix histoires qui nous parle d'amour, de désamour aussi, confirme le grand talent de son auteur.
Exercice difficile que celui de nous faire entrer dans un univers en peu de lignes ou de pages, Cathrine y réussit parfaitement avec toujours chez lui
une émotion et une mélancolie qui vont droit au coeur. Je suis fan de l'auteur depuis de nombreuses années, « Pas exactement l'amour » m'a une nouvelle
fois ému et touché, et c'est une bien agréable habitude. Découvrez son univers, si ce n'est déjà fait, il le mérite amplement. 4/5
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Arnaud Cathrine Pas exactement l'amour - Verticales (17, 90 € - 246 pages)

Arnaud Catherine autopsie en dix nuances, sans tabou, les relations amoureuses entre hétérosexuels et LGB. Il nous plonge dans les méandres sentimentaux et l'intimité de couples, voire chez leurs voisins. Il laisse entrevoir les non-dits. Des corps se frôlent, s'enlacent, s'étreignent, se dévorent, bandent, laissent leur empreinte olfactive avant de devenir objets de fantasmes. D'autres corps , moins synchrones, sont confrontés à une « indifférence barbare », témoin de l'écroulement de l'édifice de l'amour. Il reste les souvenirs vivaces , immuables, d'une bouche, d'une langue, de doigts caressant un corps ou celui, « indélébile de l'antre non moins humide et chaud de son sexe ».

On suit les protagonistes dans leurs soliloques, leurs interrogations qui traduisent leurs angoisses, leurs doutes, leurs tourments. Les narrateurs, masculins ou féminins parlent, en majorité, à la première personne sans jamais trop dévoiler de leur identité, ce qui déstabilise parfois. Par flashback, de façon très parcellaire, leur passé est évoqué ou refait surface subitement.

La nouvelle éponyme au titre Pas exactement l'amour met en scène un écrivain, confronté à la page blanche, car prisonnier de sa dépendance amoureuse, poussée au paroxysme. Comment réussira-t-il à s'en désengager afin de retrouver l'inspiration ?
Le récit oscille de lui à elle, deux êtres que tout oppose : différence de classe sociale, rythmes circadiens. Pour lui «  Dormir signifiait : quitter l'autre ».

La violence qui surgit dans Monsieur Bricolage choque :une baffe, deux même et le crâne qui s'écrase « contre le mur ». Mais ne l'avait-elle pas exaspéré cet homme en lui trouvant « une tête de clebs » ? La tension est palpable.Une manière indirecte pour Arnaud Cathrine de pointer que trop de femmes en sont victimes. Mais entre elles, les héroïnes s'avèrent tout aussi redoutables ( gifles, « guérilla lamentable »).

Dans Si Mylène voyait ça,on est témoin du naufrage d'Hervé, 41 ans, pour qui la rupture reste insurmontable. Il s'interroge sur ce qu'il reste d'un amour défunt, sinon « un incommensurable gâchis ».Quant à cet ami qui tente de le sortir de son mal -être, il est bien impuissant quand Hervé dont le comportement flirte avec la folie doit être maîtrisé par les soignants de l'établissement psychiatrique où il placé.

« Ne me secouez pas, je suis plein de larmes » (1), aurait pu confier, le jeune avocat, quand il se retrouve seul, sur la plage, abandonné par cet « ami spécial, pas comme les autres », avec qui il vient d'avoir un différend violent, le jour de son mariage.
Dans cette nouvelle Une erreur de jeunesse,l'auteur pointe le déni du futur marié qui adolescent, a entretenu une relation très intime avec le narrateur. D'ailleurs, cet instant privilégié où il l'aide à être présentable, où leurs corps se frôlent, ravive ses souvenirs. Par flasback, le narrateur revient sur leur parenthèse heureuse, même si en général , il « conchie la nostalgie ». Il fustige le regard méprisant des adultes pour les trentenaires pas encore casés, revendiquant au contraire sa liberté d'aimer.

Dans Simona, les personnages féminins assurent pleinement leur désir pour le même sexe. Arnaud Cathrine y aborde le mariage entre lesbiennes, distille du suspense. Qui dit nouvelle, dit chute. Celle de Simona ébranle l'une des protagonistes, surprend le lecteur et souligne la fragilité du bonheur.
Poignante, la détresse de ce professeur inconsolable, face au vide laissé par la perte de sa bien aimée. Béance abyssale décuplée par le « silence radio », la grève se durcissant, alors qu'il lui « faut des voix ». Pour lui, même bien entouré, « La vie fait un mal de chien ». Un livre comme bouée de sauvetage, ce que confirme Régine Detambel dans Les livres prennent soin de nous.Difficile de répondre à la question de Marina Tsvétaïeva qui scande Silence radio dans ces circonstances. Les livres sont omniprésents dans ce recueil ( V. Woolf, G.Bataille, R. Depardon), rappelant qu'Arnaud Cathrine est un grand lecteur et un conseiller littéraire reconnu.


« Traquer l'autoportrait en creux avait une saveur particulière » pour cette compagne d'un écrivain, qui « aimait le chercher dans ses livres ». Quant à nous, lecteurs, pouvons-nous débusquer l'auteur ?
On retrouve Arnaud Cathrine, l'amoureux de Trouville, fidèle à Marguerite Duras,
dont la structure narratrice des fragments rappelle Barthes. On devine le musicien chanteur de Frère animal dans la nouvelle La bête sauvage.En filigrane on reconnaît l'auteur de : Il n'y a pas de coeur étanche , dans la nouvelle Si Mylène voyait ça.

Ce recueil basé sur l'amour, avant /après, préludes /ruptures, apprivoisement / éloignement rappelle Combien de fois je t'aime de Serge Joncour. Tous deux embrassent des thèmes universels : la passion, la fusion, l'idolâtrie, l'attente mais aussi le désamour, l'infidélité, l'abandon. Certains sombrent devant le « cadavre de leur amour », se noient dans l'ivresse, flirte avec la folie, l'hystérie. D'autres s'en relèvent, sachant occulter leur passé douloureux, faire preuve de résilience comme le protagoniste de la dernière nouvelle : «  Betty était entrée dans sa vie », vrai miracle « indéchiffrable ».
Au fil des pages, Arnaud Cathrine émeut, touche, remue, bouleverse. Il excelle dans l'art du rebondissement. On imagine le tsunami que la phrase « Je te trompe » peut provoquer. Il glisse un soupçon d'humour pour apporter une note plus légère.
Les figures maternelles intrusives sont sources de séquences théâtrales burlesques.

L'auteur tombe le masque de la pudeur pour une écriture plus sensuelle, voire érotique. Il met nos sens en éveil avec les parfums capiteux Philosykos, No 5, une note de vétiver ou l'odeur du livre de poche. On partage l'extase de Raphaëlle chez le traiteur Italien ( « Le jambon Serrano me faisait de l'oeil, et le gorgonzola... »).

Arnaud Cathrine, remarquable novelliste, se fait ici, entomologiste des coeurs et dissèque avec acuité et psychologie le sentiment amoureux. Il brosse un tableau de l'amour moderne, sans concession, miné par la solitude, l'angoisse, vampirisé par l'autre, cabossé par l'alcool, fracassé par le deuil. le ton est tour à tour pathétique, drôle, grave, touchant, romanesque, mais l'auteur clôt son recueil par une note optimiste, confirmée par les mots « reprise, renaissance ». Arnaud Cathrine nous prouve que l'amour est une intrigue haletante dont on ne cesse de tourner les pages. Et Serge Joncour de conclure dans L'écrivain national qu' « un amour même impossible c'est déjà de l'amour, c'est déjà aimer, profondément aimer, quitte à prolonger le vertige le plus longtemps possible ».


(1) : Citation d'Henri Calet
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« Que reste-t-il de nos amours/Que reste-t-il de ces beaux jours/Une photo, vieille photo/De ma jeunesse/Que reste-t-il des billets doux/Des mois d'avril, des rendez-vous/Un souvenir qui me poursuit/Sans cesse ».

Ces paroles de Charles Trénet (j'aurais pu citer la chanson entière) décrivent parfaitement selon moi l'un des aspects du recueil de nouvelles d'Arnaud Cathrine, « Pas exactement l'amour » : ce qui n'est plus, ou n'est pas encore, de l'amour. L'ivresse de la relation qui s'amenuise, ou celle de la relation qui s'installe, décrites à petites touches discrètes mais tellement élégantes, teintées presque toujours par la mélancolie de ces instants fugaces et voués à disparaître.

« Pas exactement l'amour » ce sont donc dix nouvelles courtes, assez vites lues (j'ai dévoré l'ouvrage en une demi-journée), mais qui laissent des traces profondes. Beaucoup de situations amoureuses sont ainsi décrites, et sont assez générales pour que l'on se reconnaisse dans quelques unes : la relation qui, après les premiers mois de bonheur, fait place au doute et à l'angoisse de la perte de l'être aimé par étouffement (la nouvelle « Pas exactement l'amour », qui donne son titre au livre), l'obsession qui mène à la folie (« Si Mylène voyait ça », l'une des nouvelles les plus étranges du recueil, et dont la chute pousse à la relecture), l'amour repoussé (« Une erreur de jeunesse »), la violence conjugale perpétrée au nom de l'amour (« Monsieur Bricolage »), l'attente parfois vaine de l'être aimé (« J'attendrai », certainement l'une des plus belles, par son sujet comme son traitement : deux personnes délaissées se lamentent sur leur sort tout en imaginant la vie de l'autre, qui est aussi leur voisin d'en face. S'ils se trompent sur certains détails, ils sont plus proches l'un de l'autre qu'ils ne le pensent), l'amour de l'autre qu'on perd par un excès de franchise venu trop tard (« Simone »)...

Même si on pourrait reprocher à l'auteur un style parfois un peu plat, voire « nouvelle littérature (bobo ?) parisienne », « Pas exactement l'amour » a été un beau moment de lecture, qui m'a souvent touchée et émue.
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Au travers de dix nouvelles, Arnaud Cathrine parle d'amour avec beaucoup de talent et de tendresse. Si le texte qui ouvre le livre, lui a donné son titre, chaque nouvelle apporte un complément intéressant, un éclairage nouveau et des émotions différentes mais il est vrai que Pas exactement l'amour, le premier récit, laisse une porte ouverte à d'autres perspectives beaucoup plus optimistes que ce qui est relaté car c'est « la fin d'une démence pour lui et la fin d'une attente pour elle. »
« Mylène n'avait pas eu cette indulgence aimante : elle l'avait jeté d'un coup d'un seul, comme l'on se débarrasse d'un jouet dont on s'est lassé. » Cette Mylène qui fait toujours rêver Hervé, nous en apprenons l'identité un peu plus tard. Suit Une erreur de jeunesse, la nouvelle la plus prenante, angoissante aussi avec ces retrouvailles entre deux amis dont l'un refuse même de se souvenir de cet « amour de jeunesse » ou, selon qui parle : « une erreur de jeunesse. »
J'attendrai présente deux points de vue différents d'une même situation. Ce genre de récit est toujours étonnant et particulièrement instructif sur la façon dont nous pouvons voir les choses. Chacun compatit devant les soucis supposés de l'autre et chacun fait fausse route… ou presque.
Laissant découvrir au lecteur les autres nouvelles, il faut quand même parler de Simona. Raphaëlle parle de sa rencontre, dans le métro, avec Simona, son grand amour qui l'a quittée il y a cinq ans. Toujours amoureuse d'elle, elle est fortement troublée alors que, le soir-même, avec Nicole, sa compagne, elles doivent annoncer leur prochain mariage à la mère de celle-ci. Raphaëlle se confie, avoue tout mais la chute est très dure.
Ainsi, d'une histoire à l'autre, Arnaud Cathrine parle de l'amour, des amours, des joies, des déceptions, des ruptures et, si ne n'est pas exactement l'amour, cela y ressemble beaucoup.
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Dix nouvelles qui nous parlent des relations amoureuses.
C'est une analyse très juste du sentiment amoureux et surtout de son délitement. En quelques pages l'auteur réussit avec beaucoup de talent à camper des personnages complexes, variés et profonds. C'est émouvant, bouleversant parfois, et souvent triste à pleurer. Chacun peut s'y retrouver...
Le ton est juste et les variations sur l'amour et le désamour sont fines et sensibles. On peut facilement s'identifier aux multiples personnages.
De la littérature d'une rare finesse et pleine d'émotion.
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critiques presse (2)
Telerama
17 juin 2015
L'ensemble, d'une rare finesse, compose sans doute un des plus beaux livres d'Arnaud Cathrine.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaLibreBelgique
09 juin 2015
D’une plume affûtée à la lucidité, Arnaud Cathrine affronte le désamour.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Ne pas se rappeler les premiers mois. Les mois du déchaînement. Quand tu tu débrouillais pour passer presque tous les jours avant de rentrer chez toi. Quand tu ne pouvais pas faire l'économie de ces parenthèses entre nos bras. Curieuse perfection.

(...)

Là : ce que j'appelle les mois du déchaînement. Qui ont duré pas mal de temps. Quand je n'avais même pas à attendre : tu arrivais déjà. Quand je supportais que ce "nous" ne nous appartienne pas. Quand j'ai commencé à me convaincre que tu viendrais me rejoindre définitivement un jour prochain.
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Ma main est restée à la hauteur de tes omoplates. Figée. J'ai une douleur brusque que je n'arrive tout d'abord pas à situer. Je sais confusément que mon corps refuse que je le maltraite comme ça, que je le blesse sur ta peau peau.

Je me demande ce que tu fais là, je me le demande tous les jours mais je n'en parle pas, ça pourrait durer toute la vie comme ça, peut-être que ça durera toute la vie, j'en viens parfois à l'espérer. Mon homme, laisse-moi cette peau de chagrin qui nous tue, notre mort que je tiens en vie, à bout de bras, dont j'entretiens le souffle agonisant.
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Il n'aimait pas dormir, contrairement à elle. Dormir signifiait quitter l'autre. Même enlacés au lit, cela revenait quand même bien à quitter l'autre.
Qui s'endormirait (s'éloignerait de l'autre) le premier ? Qui cèderait le premier à l'insignifiante et ordinaire trahison ? (p.33)
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Régulièrement, il insista pour la photographier nue. Elle lui demandait pourquoi il faisait ça. (...)
C'était juste pour la -garder-
L'intranquillité toujours relancée exigeait des palliatifs. Plutôt que de combler (impossible): il fallait garder, c'est-à-dire fixer; la photographie était idéale. (p.53)
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Il est dix-sept heures trente et c'est absurde, je le reconnais, de lambiner là. Mais je n'arrive pas à travailler les jours où tu viens. Chaque rendez-vous fixé n'est jamais qu'une promesse qui pourrait ne pas être tenue.
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Vidéo de Arnaud Cathrine
A l'occasion de la 39ème édition du Salon du livre et de la presse jeunesse 2023 à Montreuil, Arnaud Cathrine vous présente son ouvrage "Octave" aux éditions Robert Laffont.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2661200/arnaud-cathrine-octave
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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