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EAN : 9782757812112
480 pages
Points (16/04/2009)
3.94/5   41 notes
Résumé :
A quatre-vingts ans, Günter Grass se souvient.
Métaphore du souvenir: l'oignon - notre passé, notre expérience, tout ce qui définit notre personnalité - dont on ôte les pelures une à une en cherchant en vain le coeur n'est autre que cette accumulation de strates plus ou moins denses, plus ou moins fiables. Le récit débute à Dantzig en 1939 avec l'entrée en guerre et la perte de l'innocence. Il s'achève à Paris en 1959 avec la publication du Tambour et la cons... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Pour Günter Grass, un grand maître de la langue allemande et une si belle écriture, une critique en vers :
.
À l'aube de ma jeunesse,
En strates, je me livre à l'appel.
Couché, sur mon lit de paresse,
J'épluche l'oignon, je le pèle.
.
Où sont mes rêves d'allégresse ?
Mes Siegfried, mes princes de guerre,
Dans mes livres, ils étaient liesses.
Mes héros wagnériens de naguère ;
Blonds, nordiques aux yeux bleus.
L'esprit vide de contes et de contrées,
Aujourd'hui, si las, je me sens si vieux.
Loin des marches au rythme cadencé
Où l'on scandait des notes blêmes.
Pris par mégarde, bon gré, mal gré,
Par des chants et des emblèmes
Loin de mon être et même à l'apogée ;
.
Le choeur au pas, j'ai grandi bien trop vite,
Et vu les noires vicissitudes du monde
Où je fus projeté, le coeur encore en friche.
M'échauffant de transes et de faire ma ronde
Mais, auprès d'elle, mon autre pareille. Rêveuse !
Petite mademoiselle, emprunte de félicité.
Je l'aurais voulue épanouie et bienheureuse
Si du néant, revenu, et l'ambition désabusée,
J'avais baissé mon arme et baisé son sein
À l'armée embrassée, ravi un blanc-seing.
.
Et puis, tout rugissement éteint,
Que je me trouve en quelque point
Sur le qui-vive, à mon grand dam,
Les yeux rougis par les flammes
Celui à qui la vérité a dit son nom,
Dans le silence des feux et des canons.
De part et d'autre et en-deçà des lignes
Quels que soient son camp et l'adversité,
Pas un mot, une rime ni même insigne
Du non assimilable ne permet de juger
Par delà les pays et les frontières.
Du combat, expliquer la folie guerrière.
Erveine 2014
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Je lisais les premières pages de pelures d'oignon lorsque Günter Grass s'est eteint. Une grande voix allemande, de celle qui - avec le groupe 47 notamment - ont contribué à redresser la langue allemande après qu'elle fût avilie par les nazis. Ce livre pourtant fit scandale, et la révélation de son enrôlement dans la Waffen-SS ternit durablement son image, à la hauteur de son importance. Pourtant Grass fut une grande conscience allemande, et ce livre en témoigne. de la fin de la guerre, et son enrôlement à l'après-guerre chaotique, Grass défait une à une les couches de l'oignon, convoque les souvenirs autour de trois envies de vie : la nourriture, les femmes, l'art. Comment chacun de ces besoins vitaux fut appréhendé, pris en main, dans cette étrange periode, de guerre, de faim, de doutes.
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Gunther Grass, « Pelures d'oignon », Seuil, 2007

C'est l'histoire d'un garçon brillant, précocement doué, avec une forte sensibilité romantique. Grass sait, dés le départ, choisir son destin. Bien qu'il soit d'ascendance mixte, allemande et polonaise, il admire les nazis pour leurs idées de grandeur, de discipline et leur esthétisme.
Il collectionne les cartes de cigarettes représentant des chefs d'oeuvres européens - rêvant un moment de porter un uniforme et d'accomplir son service militaire, loin de sa mère aimante et d'un père effacé, loin de leur deux-pièces exigu, de sa Dantzig natale.
Après une période comme jeune conscrit, Grass se joint à une unité de Waffen SS, rassemblée à la hâte pour protéger l'écroulement du front de l'Est. Cette période de sa vie, caché depuis des décennies et d'abord révélée dans ce livre, a tout naturellement éclipsé le reste l'ouvrage.

Grass passe les derniers mois de la guerre, souvent pris au piège, derrière les lignes russes. Il survit à plusieurs accidents (évités de justesse). À la fin du conflit, il se retrouve dans un camp de prisonniers de guerre américain, où il prend des leçons de gastronomie et discute de religion, de poésie et de métaphysique avec un jeune fervent catholique nommé Joseph (futur Benoit XVI) sic !

Après avoir été libéré du camp, il passe plusieurs années d'errance à travers un pays en ruines. Au début, il travaille sous terre dans une mine de charbon, avant de se faire embauché comme tailleur de pierre. Un tremplin pour obtenir l'admission à l'école des beaux-arts. Devenu sculpteur, il voyagea à travers l'Europe et fit la rencontre de sa première épouse Anna, avec laquelle il s'installa à Paris dans les années 50, et où il commença à écrire le roman qui allait le rendre célèbre « le tambour ».

Pelures d'Oignon c'est une métaphore, ça permet de faire ressurgir à la surface le passé enfoui, souvent douloureux. Il est très facile pour les lecteurs qui ont grandi à l'abri de l'endoctrinement politique et les impératifs du conflit de la seconde guerre de porter un jugement moral. La guerre est injuste, elle crée des victimes des deux côtés. Peut-on reprocher à un gamin de 16 ans de s'être enrôlé dans les « jeunesses hitlériennes » ?

Ce qui est reproché à Grass – prix Nobel de littérature -, c'est d'avoir une sorte de mémoire sélective : une touche de victimisation avec des chicanes rhétoriques pour minimiser le passé sombre de l'histoire de l'Allemagne. C'est ainsi que chaque sentiment de culpabilité est équilibré par la comptabilité de sa propre terreur pendant les derniers mois de la guerre, la faim dans le camp de prisonniers, et son statut de refugié, déplacé et semi-orphelin.
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De ce célèbre écrivain allemand († 2015), je n'avais lu que “en crabe” qui m'avait beaucoup impressionné. Pour moi, c'était le Philip Roth allemand ou le Céline français. Après moult romans, il y a eu cette polémique dans les années 2000 concernant son passé nazi pendant lequel il est incorporé dans les jeunesses hitlériennes et puis les SS. Ce n'est qu'en 1947 qu'il réalise les atrocités commises. Il met cet aveuglement sous le compte de la propagande mais il ne s'excuse pas vraiment et relative un peu trop. Cerise sur le gâteau, il envoie une salve contre le chancelier démocrate Adenauer, ce qu'il n'a pas fait contre Hitler.
Ensuite, il devient sculpteur (ce que j'ignorais) et il parle très peu des romans qu'il a écrits. Par contre, il évoque très souvent sa carrière de poète (et je ne suis pas sûr que ses poésies aient été traduites en français).
Il faut s'accrocher et bien connaître la géographie de l'Allemagne ainsi que sa culture. Plus qu'une autobiographie, ça ressemble plus à un journal où il tente de mettre en ordre ses souvenirs, d'éplucher l'oignon du temps mais c'est souvent trop anecdotique.
Mais bon, l'histoire se termine dans les années 50 près du canal Saint-Martin à Paris. L'honneur est sauve ! Vive l'Allemagne, vive la France et vive la liberté 🗽.

lecture : septembre 2018
sur papier, éditions du Seuil, 400 pages
note : 2/5
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Vous connaissez très certainement Günter Grass, Prix Nobel de littérature 1999, auteur allemand notamment du mondialement célèbre Tambour, dont vous pourrez lire une bonne critique ici.

Et non moins certainement entendu quelques-un des échos de la polémique ayant fait suite à la grande révélation contenu dans "pelures d'oignon" -- un "scoop" sulfureux (non j'exagère) et retentissant contenu, pour les curieux, page 106 et suivantes (107 pour être très précis).

Günter Grass, auteur phare de l'après guerre, symbole de la lutte contre le silence plein de culpabilité qui a longtemps pesé sur le peuple allemand comme une chape de plomb -- un non dit sociétal et transgénérationnel -- militant pour un repentir "constructif"... évoque de façon détaillée son entrée au sein des Waffen-SS, et les quelques jours où il a revêtu l'uniforme sans tirer un seul coup de fusil (sic)

Bon, autant dire, si cet auteur ne vous dit rien, ce bouquin risque de ne pas beaucoup vous intéresser. Günter Grass se livre ici au difficile exercice de l'autobiographie non exhaustive -- par morceaux choisis.

Son enfance à Dantzig, ses relations avec ses parents, avec la peur, l'amour et la mort, sa rencontre avec l'art et l'écriture ....

(...)
http://lelabo.blogspot.com/2008/01/gnter-grass-pelures-doignons.html
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Le souvenir se fonde sur des souvenirs qui à leur tour sont en quête de souvenirs. C'est ainsi qu'il ressemble à l'oignon, donc chaque pelure qui tombe met au jour des choses depuis bien longtemps oubliées, jusqu'au dents de lait de la première enfance ; mais ensuite le tranchant du couteau lui donne une autre destination : haché peau après
peau, il fait venir des larmes qui troublent le regard.
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Un mot en appelle un autre. Dettes et dettes morales, culpabilité, Schulden et Schuld. Deux mots si proches, si solidement enracinés dans le terreau nourricier de la langue allemande – mais on peut adoucir le premier en remboursant, fût-ce par petits morceaux, comme le faisait la clientèle à crédit de ma mère ; la culpabilité, celle que l’on peut prouver comme celle qui se cache, ou que l’on devine seulement, celle-là reste. Elle poursuit son tic-tac, et même en voyage, elle est déjà dans le Nullepart où elle garde la place au chaud. Elle récite sa petite maxime, ne craint pas les répétitions, se laisse gentiment oublier quelque temps et hiberne dans les rêves. Elle reste comme un dépôt, une tache qui ne se laisse pas effacer, une flaque qu’on ne peut pas lécher. Elle a appris très tôt, confessée, à trouver refuge dans le pavillon d’une oreille, prescrite ou depuis longtemps pardonnée, à se faire plus petite que petite, un néant, et cependant, dès que l’oignon s’est rabougri pelure après pelure, elle est inscrite durablement sur la plus récente des peaux : tantôt en majuscules, tantôt en incidente ou en note, tantôt bien lisible, tantôt en hiéroglyphes qui, si même on y arrive, ne sont déchiffrables qu’avec peine. Pour moi, je peux lire la brève inscription : Je me suis tu.
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Je me joignis sans réfléchir à la colonne, car même sans intervention de l'ennemi, le solitaire qui se déplaçait sans ordre de marche se serait transformé en candidat à la mort, bon pour la corde au cou.
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À partir de l’automne, la bousculade matinale me poussa derrière deux élèves du conservatoire d’art dramatique. Toutes les deux portaient des robes à fleurs. Avec assez d’affectation et sans se soucier des auditeurs, elles parlaient de Hamlet et de Faust (...) À force d’entendre quotidiennement ces bavardages dramatiques, en même temps que l’autre faim se réveilla ma faim des arts, de sorte que j’aurais aimé mettre mon grain de sel sur Raillerie, satire, ironie de Grabbe, une pièce qui était peut-être au programme ; mais je restai muet et me serrai contre les élèves en art dramatique, aussi plates et osseuses qu’elles fussent en ces temps de basses calories.
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Celui que son métier contraint à se piller lui-même par delà les années devient un recycleur de résidus. Il n'est pas resté grand chose. Tout ce qui pouvait, grâce à des expédients à portée de main, être formé, déformé, enfin raconté avec des bonds en avant, puis en arrière, à contre-courant, ce sont ces monstres qui dévorent tout, les romans, qui l'ont avalé et l'ont recraché en cascades de mots. La digestion épique a suivi la lyrique. après tant d'excréments - tout ce qui s'est transformé en livres - a germé l'espoir d'être enfin devenu un espace vide, impeccablement nettoyé, balayé par l'écriture.
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Vidéo de Günter Grass
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Georges Simenon, le père des "Maigret", Henry Miller, l'auteur américain le plus impertinents et insolents qui soit… Qui sont ces membres du jury qui ont marqué le Festival de Cannes ? 
François Busnel et ses invités remontent le temps, quand les écrivains et grands noms de la littérature se sont retrouvés au Festival de Cannes.

Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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