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EAN : 9782021125092
288 pages
Seuil (20/08/2015)
3.37/5   414 notes
Résumé :
L'histoire de Petit Piment, un jeune orphelin effectuant sa scolarité dans une institution d'accueil catholique. Lors de la révolution socialiste, il en profite pour s'évader. Adolescent, il commet toutes sortes de larcins. Il trouve refuge auprès de Maman Fiat 500 et de ses dix filles. Mais de nouvelles épreuves lui feront perdre la tête.
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Critiques, Analyses et Avis (109) Voir plus Ajouter une critique
3,37

sur 414 notes
Il s'était toujours demandé pourquoi le prêtre de l'orphelinat de Loango, Papa Moupelo, l'avait appelé Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko. Un personnage à part, sans doute, que ce prêtre qui s'occupait si bien de tous les orphelins. Il était attendu chaque week-end, moment où chacun aimait à oublier les punitions de la semaine. Un moment où la joie, la musique et les cris pouvaient s'entendre par delà les murs de l'institution. Il faut dire que l'orphelinat était dirigé par un directeur corrompu et autoritaire, un certain Dieudonné Ngoulmoumako, entouré de sbires qui n'étaient rien d'autre que des membres de sa famille. Heureusement que cet orphelin de Pointe-Noire, celui qui se fait dorénavant appeler Moïse, peut compter et sur la protection bienveillante de Papa Moupelo, et sur l'amitié de Bonaventure Kokolo. Mais, voilà que le prêtre, un jour, se fait attendre, trop longtemps, et qu'une Révolution socialiste commence à gagner les rangs et bouleverser le pays...

Dans ce roman quelque peu autobiographique, l'on suit le parcours de Moïse, alias Petit Piment, de l'orphelinat de Loango aux rues grouillantes et aux bas-fonds de Pointe-Noire. Ce roman, social et politique, découpé en trois parties bien distinctes, donne à voir, en filigrane, de la société congolaise dans les années 60-70, de la révolution sociale qui germe, de la corruption, de la misère et de la condition des femmes. Alain Mabanckou est un conteur, il manie la plume avec élégance et l'on prend un plaisir certain à le lire, même si le début du roman est plus laborieux. Un récit à la fois drôle et doux-amer, parfois cruel ou tendre, et aux personnages hauts en couleurs.
Dommage cette quatrième de couverture beaucoup trop bavarde...
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Étrange le phénomène qui s'est produit au cours de ma lecture de "Petit Piment" d'Alain Mabanckou. Je m'explique : dans la grande majorité des cas, mon intérêt ne fait que croître au fil des pages, or ici, il n'a fait que décliner jusqu'à devenir inexistant. Je pense même que si le roman avait été plus épais, je l'aurais sans aucun doute abandonné. Non pas que l'histoire soit totalement inintéressante, au contraire, ce récit m'a familiarisée avec l'Afrique dont j'ignore tout et j'étais d'ailleurs très heureuse de ce dépaysement bienvenu. N'allez pas croire que je ne me sens vivre que dans les combes et les landes de la brumeuse campagne anglaise...

Le contexte, disais-je, est intéressant. Nous voici au Congo, à l'orphelinat de Loango où nous faisons la connaissance de Moïse (en fait il porte un nom à rallonge bien plus complexe mais il ne faut pas me demander de vous le répéter). Nous suivons son enfance, son éducation, ses péripéties pour sortir de l'institution et rejoindre les petits délinquants de Pointe-Noire, la capitale économique. Là où ça commence à coincer, c'est lorsque, de vols en festins de viande de chat (j'ai eu beaucoup de mal avec ce passage), Moïse, rebaptisé Petit-Piment, atterrit dans la maison close de Maman Fiat 500 avant de travailler au port. Cette existence entre misère et manque de racines va le mener précocement vers la folie.

Paradoxalement, je pense que le récit souffre d'un manque de descriptions. Alain Mabanckou possède une plume assez directe et concise qui laisse un goût de "trop peu". le rythme est soit rapide soit lent ; des années s'écoulent en quelques lignes, des détails ou des rencontres insignifiantes font bâiller d'ennui.

En résumé, vous l'aurez compris, un avis très mitigé et pas forcément une folle envie de goûter à nouveau l'univers littéraire de l'auteur.


Challenge AUTOUR DU MONDE
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Petit piment est un brave garçon poursuivi par les coups du sort. Après les années sévères de l'orphelinat, la dure loi des bas-fonds de Pointe-Noire et la douceur des prostituées, il connait la folie de celui qui a perdu successivement l'amour maternel, l'amitié fraternelle et la gaieté protectrice des femmes. Seule sa vengeance semble la digne réponse à ce misérable destin.

Comme il sait si bien le faire, Alain Mabanckou parle de son pays avec amour, mais décrit avec lucidité (et humour) la corruption et le népotisme des dirigeants politiques, la rivalité entre les différentes ethnies et le pillage du pays par des puissances occidentales qui sont au Congo, comme dans d'autres pays d'Afrique, les grands freins à leur développement.

Toute la saveur de la belle écriture imaginative d'Alain Mabanckou réside dans ce roman d'une Afrique fascinante. Entre réalisme, croyances superstitieuses et coutumes, l'auteur nous transporte dans un univers envoûtant aussi concret qu'ensorcelé.
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Ambiance africaine garantie pour ce court roman d'Alain Mabanckou, qui illumine cette rentrée littéraire de sa plume épicée. C'est le récit d'une vie : Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko, dit Moïse, dit Petit Piment nous narre en trois parties sa destinée congolaise : à l'orphelinat, dans la rue puis seul en proie à une amnésie délirante, après un répit de courte durée.
Ces ruptures successives dans le parcours du personnage sont étroitement liées aux chaos politiques et administratifs rythmés par les élections : l'orphelinat était un refuge sinon chaleureux, au moins vivable, voire agréable lorsque les enfants recevaient la visite de Papa Moupelo, un prêtre catholique qui les faisaient chanter (au sens littéral du terme). La révolution socialiste est passée par là, et le charme s'est rompu : trois enfants dont Petit Piment se font la belle, pour se retrouver dans les bas-fonds de Pointe Noire et vivre de rapines. Mauvais plan à moyen terme, la corruption et l'abus de pouvoir existent à tous les niveaux : Petit piment trouve refuge dans la plus ouverte des maisons closes, un bordel tenu par la truculente Maman Fiat 500. Un apprentissage de la vie et une échappatoire à l'errance. jusqu'à ce que de nouvelles élections mettent fin à la quiétude de Petit piment. C'en est trop, il perd la tête. Qu'est-ce qui pourrait le sauver, hormis une vengeance?

Le constat est sans appel, manoeuvres politiques, corruption, le destin des individus est celui d'un frêles esquif balloté au gré de la houle que soufflent les dirigeants. La satire sociale prend les traits d'un conte exotique qui ressemble plus à une histoire de vengeance qu'à un récit initiatique.
La naïveté perdue du jeune homme n'a d'autre issue que la folie, dont il n'a pas intérêt à guérir (sa détermination à résister aux tentatives thérapeutiques diverses est particulièrement drôle et réjouissante).

La plume court au rythme des déboires du jeune homme, maitrisée cependant, si l'on en juge par les facéties de l'auteur.

Ce n'est peut-être pas le meilleur roman de Mabanckou, (j'avais été subjuguée par Verre cassé) mais un bon crû pimenté à souhait.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Les désarrois de l'orphelin Toku Misa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko, plus simplement Moise, alias Petit Piment.
Alain Mabanckou le sorcier s'amuse, et derrière les rires, les danses des pygmées rythmées par le prêtre Zaïrois Papa Moupelo visitant l'orphelinat tous les samedis, il nous fait partager la fièvre qui enflamme les petits, leur fait oublier les punitions, les sévices corporels : en un mot ils retrouvent, en plus de la Bible, leurs racines, le bercement du chant des griots, la transe du saut de la grenouille qui « exigeait une souplesse de félin, une rapidité d'écureuil pourchassé par un boa, et surtout ce déhanché remarquable …. »

Non seulement ce prêtre leur fait chanter des stances traduites en lingala par les missionnaires européens, dans lesquelles leurs croyances, leurs légendes, leurs contes sont recueillies, mais surtout « cet homme plein de bonté nous vendait l'Espérance au prix le plus abordable parce qu'il était persuadé que sa mission était de sauver les âmes, toutes les âmes de cette institution. »


Le lingala n'est pas la seule langue, et les habitants de Pointe-Noire pas tous de la même ethnie : ils se reconnaissent par leur gastronomie (un peu comme nous les français connus des anglais comme mangeurs de grenouilles et d'escargots), les uns mangeant des chenilles, de la viande de requin, du chien ou du crocodile. C'est un monde écartelé entre les ethnies, les rivalités politiques, la haine des Ponténégrins ( habitants de Pointe-Noire) pour le Zaïre.
Le tout pimenté par la manière de voir le monde truculente et bon enfant du Petit Piment, racontant avec ses mots la classique guerre entre nordistes et sudistes.

Car justement, le nouveau directeur de l'orphelinat est sudiste, et donne dans la révolution, s'attaquant à « l'impérialisme et ses valets locaux ». Humour de Mabanckou, quand on sait combien ces mots ont été dits et répétés parmi l'intelligentsia africaine dans les années 60. La Révolution vue par un enfant ! Lui même quand il fait une bêtise a peur d'être qualifié de « petit valet local de l'impérialisme » !

Dans le monde intérieur de Moise, s'entremêlent le pharaon Egyptien, bête noire des Hébreux, Robin des bois, Alcatraz, le trafic des compteurs d'eau et d'électricité, que chacun s'arrange pour ne pas payer, les partis politiques, avec leurs mots d'ordre avant chaque élection, et aussi, l'importance de la culture africaine : la force de la sorcellerie des jumeaux, et la déesse ancestrale Mami Wata, puissance de l'eau, mi femme mi poisson, les uns comme l'autre aussi féroces et craints que révérés en Afrique de l'ouest.

Sans doute pour provoquer, Mabanckou plagie sciemment ou cite intelligemment ( ainsi qu'il le fait dans Verre Cassé, voir l'excellente liste d' andras):
« on ne nait pas pute, on le devient », Quand Moise mange, il « ne sait pas séparer le bon grain de l'ivraie ». Les chats n'ont apparemment pas lu la fable du rat des villes et du rat des champs, beaucoup plus peinards et loin des Bembés qui les chassent pour les manger. Lorsqu'il a un champ d'épinards, il essaie de copier le fameux geste auguste du semeur, et voudrais aussi aller cracher sur la tombe de celle qui l'a abandonnée.

Rabelesque, ironique, rendant bien le foisonnement de la vie africaine, dramatique, comme toute vie, où la sorcellerie est bien présente, la folie aussi, sûrement plus vivante que la vie occidentale, plus juteuse, plus colorée, plus tendre aussi bien que vue par un des plus pauvres, honnête quant aux misères de sa société, et aux misères de ce petit Moise. Grand livre.
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critiques presse (8)
LaLibreBelgique
16 janvier 2017
Le roman procure avant tout un agréable moment de lecture. Vif, émouvant, espiègle, cocasse, faussement naïf, il est truffé de jeux de mots.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaLibreBelgique
10 novembre 2015
Délicieux Petit Piment. Entre gouaille africaine et souvenirs mélancoliques.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
01 octobre 2015
Avec une éblouissante simplicité, Alain Mabanckou narre l'existence d'un Congolais à la fin des années soixante-dix, de son enfance à l'âge adulte.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LePoint
28 septembre 2015
Cocasse et pimenté.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeJournaldeQuebec
14 septembre 2015
Alain Mabanckou a mitonné une délicieuse histoire qui nous permet de découvrir sa ville natale à une époque où tout le monde devait penser la même chose.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Lexpress
31 août 2015
A travers ce roman d'apprentissage, (...) l'écrivain franco-congolais aborde, sans en avoir l'air, quelques tabous africains. Derrière la fantaisie, la gravité.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
26 août 2015
Portraits vivement troussés, rythme alerte, langue pétillante et inventive : Petit Piment est un nouveau délice dont Alain Mabanckou a le secret.
Lire la critique sur le site : Telerama
LePoint
06 août 2015
Cette série de péripéties retrace en filigrane l'histoire contemporaine du pays natal de l'écrivain vu de l'intérieur, par ceux-là mêmes qui en ont subi la chappe. Et si le héros s'évade de la triste réalité en sombrant dans la maladie mentale, il revêt aussi les habits du fou (ou du poète ?) dont on sait qu'il a (toujours ?) raison…
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (87) Voir plus Ajouter une citation
- Mon Petit Piment, tous les hommes qui m'ont eue dans leur lit m'ont proposé de vivre avec eux, de quitter leurs femmes, leurs enfants. Ils m'ont promis des châteaux, des Mercedes, et que sais-je encore, mais je sais que le plaisir fait dire des choses qu'on finit par regretter des années plus tard. En cela les hommes ne changeront pas, ils sont capables de n'importe quelle folie une fois qu'ils sont dans vos bras.
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Je restai coi, l'esprit préoccupé par les deux bouteilles de bière que j'avais caché dans le sable de la Tchinouka afin qu'elles gardent un peu de fraîcheur jusqu'à mon retour. Plus j'y pensais, plus j'imaginais ces deux bouteilles tomber enceintes, accoucher de bébés-bières qui, eux-mêmes, donnaient le jour à d'autres bébés-bières au point que pour moi le monde n'était plus qu'un océan d'alcool.
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Les cadavres, ça n’arrête pas ces derniers jours ! Ce matin j’ai encore reçu deux corps si cabossés que j’ai dû ramasser des morceaux de chair depuis la cour de l’hôpital jusqu’à l’entrée de ma morgue. Y a eu paraît-il un grave accident de voitures du côté du rond-point Albert-Moukila, et ces voyous roulaient à tombeau ouvert ! Eh bien, puisque chez moi on n’est pas pressé, ils vont désormais rouler à tombeau fermé !
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Je ne me retiendrai pas de citer les paroles judicieuses de Jomo Kenyatta, le grand militant et président du Kenya, un pays frère : Lorsque les Blancs sont venus en Afrique, nous avions les terres et ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés : lorsque nous les avons ouverts, les Blancs avaient la terre et nous la Bible.

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Quand je me plaignais que Untel n'avait pas prononcé correctement ou intégralement mon nom, Papa Moupelo m'incitait à ne pas m'emporter, à prier le soir avant de m'endormir pour remercier le Tout-Puissant car, d'après lui, le destin d'un être humain est caché dans son nom.
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Si je vous dit le Crédit a voyagé : à quel écrivain, qui connaissait bien l'Afrique, pensez-vous ? le voyage… au bout de la nuit… Mort… à crédit…
« Verre cassé », d'Alain Mabanckou, c'est à lire en poche chez Points Seuil.
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