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Martine Dejardin (Traducteur)
EAN : 9782264013286
191 pages
Christian Bourgois Editeur (01/04/1989)
3.68/5   64 notes
Résumé :
Une Toscane secrète et ensorcelée, des villas à Forte dei Marmi, une gare de la Riviera, une Lisbonne baudelairienne, un rallye de voitures d'époque, un persécuteur implacable à l'air distingué sur un train de Bombay à Madras. Les nouvelles de Tabucchi paraissent, à une première lecture, des aventures existentielles, des portraits de voyageurs ironiques et désespérés. Mais l'apparente syntonie entre le réel et le récit se transforme d'un coup en trouble et en malais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
La nouvelle «Piccoli equivoci senza importanza » est l' un des premiers textes d'Antonio Tabucchi (1985). le titre fut malencontreusement traduit d'abord par « petits malentendus sans importance ». Or comme l'explique Tabucchi lui-même dans un entretien « y a une différence, disons, ontologique entre le malentendu et l'équivoque : si le malentendu peut toujours être éclairci, l'équivoque en revanche implique une perception erronée de la réalité, de la vérité. On pourrait le comparer, d'un point de vue visuel, au trompe-l'oeil. »
Dans les onze nouvelles du recueil, les personnages vivent donc des équivoques, des broutilles apparemment sans importance, nées d'une perception erronée de la réalité qui vont changer implacablement leur existence. Les récits ne sont pas linéaires, la narration est rétrospective et fragmentée. La vie des personnages apparaît par bribes comme un puzzle, un rébus à déchiffrer ou « un tissu où tous les fils se croisent ». Souvent, je me suis égarée agréablement dans « les trous » du puzzle et je me suis retrouvée dans un monde flottant, léger et mélancolique, celui des fantômes, des rêves brisés, de l'enfance perdue et des regrets.

1. Petits équivoques sans importance ***** : Léo et Federico se retrouvent face à face au tribunal dans un procès politique. Tonino le narrateur est journaliste et les observe. Autrefois à l'université, ils étaient tous amis : Léo, Federico, Matteo et lui : mêmes convictions politiques et tous amoureux de la belle Maddalena avec laquelle ils dansaient. Une erreur administrative idiote a fait dérailler le train de Federico et celui de tous ses amis. Antonino veut rattraper le coup mais…La nouvelle est magnifique, poétique et tragique.

2. En attendant l'hiver**** : un vieil écrivain très célèbre et très arrogant est mort. Sa veuve bouleversée doit jouer le rôle qui lui est assigné, recevoir. La gloire de son mari envahit son imaginaire, ses souvenirs et ses rêves. Elle accueille son éditeur allemand qui veut récupérer les oeuvres posthumes…L'équivoque naît de l'image que les autres ont d'elle.

3. Rébus : *** escapade amoureuse rocambolesque en Bugatti autour d'une escroquerie proustienne. La réalité et l'illusion se mêlent. La nouvelle ravira surtout les amateurs de devinettes littéraires : noms des personnages, pastiches et parodies avec de nombreuses métaphores sur la vie en rapport avec les fameuses équivoques.

4. Les sorts : ***** le jeune narrateur est en vacances chez sa tante Esther et joue avec sa cousine Clélia qui semble très malade. Celle-ci joue à la fée Mélusine et complote pour jeter un sort à l'époux de sa mère, l'oncle Tullio qu'elle n'aime pas…Un très beau récit d'enfance mélancolique avec une chute.

5. Chambres : **** Amelia visionne des photographies la représentant avec son frère Guido à différents âges de leur vie. Ils ont toujours vécu ensemble une mince cloison séparant leur chambre respective. Une nouvelle fascinante et dérangeante.

6. Any where out of world : **** Un homme semble fuir quelque chose. Il est à Lisbonne, il feuillette les petites annonces d'un journal et tombe sur la phrase : « Any where out of world » avec un numéro de téléphone…Le texte fait référence à un poème en prose du Spleen de Paris de Baudelaire.

7. La rancoeur et les nuages : **** L'ascension sociale d'un homme d'origine modeste, opportuniste et mesquin. Il cultive un total mépris envers ceux qui lui rappellent ses origines (sa femme, sa fille) et ceux qui l'aident à faire son trou. Devenu universitaire, il traduit Antonio Machado, grand poète espagnol engagé contre Franco en se persuadant qu'il a dépassé l'auteur…Dans les notes, Tabucchi précise que le texte est réaliste.

8. Iles : **** le récit débute par une lettre maladroite et sans ponctuation ; son émetteur essaie d'écrire à sa fille instruite Maria Assunta pour lui expliquer qu'il veut rester vivre sur l'île, seul. Il est gardien de prison et c'est son dernier jour. Il transfère un prisonnier vers l'hôpital. Celui-ci le supplie d'ôter ses menottes afin d'écrire une lettre…Une très belle nouvelle sur la solitude.

9. Les trains qui vont à Madras : *****Lors de ce voyage, le narrateur fait la connaissance d'un homme à l'accent germanique voyageant sous le pseudonyme de Peter Schlemihl (le personnage de Chamisso) avec une simple valisette. L'homme lui confie qu'il se rend à Madras pour voir une statue dansante de Shiva…La nouvelle est extra, magnifiquement contée.

10. La main passe : * Hou la la ! Je n'ai pas compris grand-chose ! le narrateur est à New-York et se prépare comme d'habitude à une livraison, nous le suivons à travers la ville. Il a l'air vieux et fatigué. Il enfreint les règles du milieu. Il se souvient d'une mystérieuse Dolorès. Franklin est ensuite à l'opéra, il regarde les spectateurs qui regardent la pièce. Au troisième acte, il retrouve sa contact qui s'est donnée un pseudonyme étrange…Le récit emprunte au roman d'espionnage, à Pirandello, à Shakespeare…S.O.S lectrice en détresse !

11. Cinéma : ****Elsa et Eddie sont deux acteurs qui tournent la dernière scène d'un remake sur la Riviera. Bien des années auparavant, ils ont déjà joué ce film (un mélo genre Casablanca ) , se sont séparés, se sont perdus de vue…se retrouvent et…Beaucoup plus facile à suivre que le précédent. le récit mêle fiction et réalité, le tragique et le comique avec sa description croquignolette du milieu du cinéma. Clap de fin.
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C'est un recueil de onze histoires dans lesquelles il est fait référence à toutes sortes de malentendus, d' ,équivoques ,d'erreurs dont les protagonistes paient souvent le prix fort : petits et sans importance sont certainement des euphémismes. Pour comprendre toute l'essence du livre, ces mots que l'auteur a laissés dans une note introductive suffiraient : « Je parle de malentendus, mais je ne pense pas les aimer ; Je suis plutôt enclin à les trouver. Savoir que c'est une attraction réciproque n'est pas exactement une consolation.[1]« Et peut-être sommes-nous amenés à entrer dans une profonde empathie avec les personnages et à nous identifier aux aperçus de vie des différentes histoires justement parce que les malentendus insensés et les irrémédiables font partie de notre quotidien, pour certains plus, pour d'autres, les plus chanceux, de moins. Et, en lisant, on réfléchit essentiellement au hasard et au destin, au regret ou au bonheur que peuvent provoquer certains choix en apparence insignifiants.
Vittoria Pauri

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Ce recueil rassemble 11 nouvelles parues en 1985. On peut les lire dans la traduction de 2006 de Bernard Comment qui, soucieux de donner aux mots leur vraie valeur a rendu au volume l'équivalent du titre original « Piccoli equivoci senza importanza », soit « équivoques » plutôt que « malentendus » que proposait une ancienne traduction.
L'équivoque est pour Tabucchi une « métaphore du monde ». Si l'art baroque propose des fuites et perspectives erronées, notre vie est à l'image de cette illusion. Ce qui semble vrai est un rêve, les fantômes se mêlent aux vivants et les niveaux temporels se mélangent et coexistent. Il n'est donc pas étonnant qu'une nouvelle s'intitule « Rébus ».
Ainsi dans « Chambres », Amelia s'occupe de son frère malade dans la maison familiale dont elle connaît par coeur les objets et les contours, les photographies où « papa et maman ne sont pas encore morts ». Sous son dévouement se cache de manière diffuse la haine « qui ne se laisse pas emprisonner par les mots », les « clairs-obcurs », « les plis de l'âme ». Le style de Tabucchi est à l'image des thèmes abordés, suggestif et faisant appel à la capacité d'empathie et d'imagination du lecteur. Rien n'est donné. Tout est possible.
On peut comprendre que certains lecteurs soient totalement égarés.
Dans « Any where out of the world », un homme errant à Lisbonne trouve un message dans un journal dont il se sent le destinataire privilégié et destiné.
« Parfois ça peut commencer par un rien, une phrase perdue dans ce vaste monde plein de phrases ».
Ailleurs il est question de sorts, d'une actrice triste, d'une course de voitures de collection à Biarritz, d'une femme en deuil, et toujours de rendez-vous, manqués ou non.




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une belle écriture au service de petites histoires diverses. les personnages se dévoilent à peine mais l'auteur sait donner du rythme pour mettre une tension, ou révéler un traumatisme en quelques pages. C'est bien la beauté de l'exercice difficile de la nouvelle!
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Premier livre que je lis d'Antonio Tabucchi, j'ai bien aimé dans son ensemble même si je ne suis pas certaine d'avoir tout compris, un livre qui demande pour ma part une relecture.
Ce recueil comprend 13 nouvelles, qui jouent entre le rêve et la réalité, je vous laisse découvrir ce recueil.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
La jeune femme le regarda, suppliante. "Oh, Eddie ! " s'exclama-t-elle d'un ton déchirant en lui offrant sa bouche. Il lui enserra la taille avec un bras, l'obligeant à se courber légèrement en arrière. En la fixant dans les yeux, il approcha lentement sa bouche de la sienne et l'embrassa avec passion. Ce fut un baiser long et intense, on entendit un murmure d'approbation et quelqu'un siffla. "Stop ! ", cria le clapman.
"Fin de scène ! "
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j'aimerais bien comprendre un jour comment fonctionne la courroie de transmission qui relie tous les morceaux de ma vie (...), il faudrait ouvrir le coffre et étudier le moteur qui ronfle, mettre tout en relation, tous les instants, les personnes.
(Rébus)
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(Proust) Parfois, lui et Agostinelli arrivaient dans une petite ville déserte à la nuit tombée, la traversaient, s'arrêtaient sur la place, légèrement en pente pour que le faisceau des phares soit dirigé vers le haut. Éclaire le tympan, Agostinelli, disait Proust, puis il ouvrait Ruskin
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A force de danser, l'année suivante est arrivée. Ce fut l'année d'une phrase qui devint un emblème, nous en abusions parce qu'elle s'adaptait aux circonstances les plus variées: ne pas se trouver à un rendez-vous, dépenser plus que nous n'avions, oublier un engagement important, lire un livre considéré comme excellent et qui en fait était mortellement ennuyeux: toutes les erreurs, tous les quiproquos, toutes les méprises qu'on faisait, étaient "un petit malentendu sans importance".
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L'homme essuya ses larmes avec douceur, mais sa voix se durcit, comme s'il devait résister à une grande tentation. "Arrête, Elsa" dit-il,"essaie de comprendre la situation" Puis il prit un ton légèrement ironique. "Comment crois-tu que je pourrais passer, déguisé en danseuse avec une perruque?"
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