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EAN : 9782330037819
384 pages
Actes Sud (10/09/2014)
3.66/5   70 notes
Résumé :
Afrique du Sud, 1832. La jeune esclave Philida, tricoteuse du domaine Zandvliet, a eu quatre enfants avec François Brink, le fils de son maître. Lorsqu'il se voit contraint d'épouser une femme issue d'une grande famille du Cap, dont la fortune pourrait sauver l'exploitation familiale, François trahit sa promesse d'affranchir Philida, et envisage de la vendre dans le Nord du pays. Celle-ci décide alors d'aller porter plainte contre la famille Brink auprès du protecte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Afrique du Sud : 1832, Philida, jeune esclave tricoteuse au domaine de Zandvliet a eu quatre enfants avec François Brink, le fils de son maître, l'irascible Cornelis.
François trahit sa promesse d'affranchir Philida, pire, il envisage de la vendre dans le nord du pays....Contraint par son pére, il épouse une femme issue d'une grande famille du Cap, dont la fortune sauvera peut- étre l'exploitation familiale.....
Philida décide alors de porter plainte contre la famille Brink auprès du Landdrost , une sorte de préfet, magistrat et protecteur des esclaves....Car même dans les fermes les plus reculées les rumeurs d'une proche émancipation se répandent : -l'abolition de l'esclavage dans l'Empire Britannique sera proclamée en 1833-
Ainsi la volontaire, opiniâtre, sensée Philida brise peu à peu ses chaînes au prix d'un long, âpre, douloureux chemin parsemé de souffrances, de vives humiliations, de luttes sans merci, d'espoirs et de révélations...
André Brink nous livre un récit charnel, fort , souvent cru, sensuel et poétique à la langue émaillée de termes empruntés aux conventions orthographiques de l'époque ( merci pour le glossaire )..
Il nous dévoile un épisode emprunté à son histoire familiale : le maître de Philida était le frére de l'un de ses ancêtres ....
Ce roman passionnant, poignant, au souffle puissant scandé de cris, de coups, de prières, de désirs brûlants, de murmures, d'histoires et de croyances venues du fond des âges, transmises par Ouma Nella, la grand- mére de Philida, nous offre un chœur de voix narratives permettant à chacun : François Brink , la courageuse et indomptable Philida ou l'irascible Cornelis de dire "sa vérité"...
C'est aussi un hymne vibrant et un chant puissant rendant hommage à la liberté rêvée ....Lundi 1° décembre 1834 : les esclaves sont libres.....
André Brink, une des plumes les plus marquantes d' Afrique du Sud avec l'ouvrage : "Une saison blanche et sèche ", disparu en février 2015.....
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Je retrouve Brink au sommet de sa forme. Comme je l'aime, dans la veine de Un turbulent silence. L'histoire de cette esclave ballottée au gré des sentiments de ses maîtres, une femme forte et fragile à la fois. Un excellent moment de lecture.
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Philida, esclave dans une grande propriété viticole proche du Cap, est la mère de 4 enfants du fils de son maître, François Brink. Ce dernier lui a promis de lui donner la liberté. Ce qu'il n'a aucune intention de faire. Philida va alors déposer une plainte, geste insensé même si, en 1832, l'abolition de l'esclavage en Afrique du Sud n'est plus un rêve (elle interviendra le 1er décembre 1834). En découvrant l'existence de cette femme dans l'histoire familiale, André Brink a eu envie de tracer son portrait et d'imaginer son destin. le roman est porté par une langue lyrique, émaillée de termes en afrikaans (merci au glossaire en fin d'ouvrage) dont le pouvoir d'évocation, comme toujours chez l'écrivain sud-africain, est prodigieux. Femme battue, violée et humiliée, Philida garde davantage que sa dignité dans les épreuves qu'elle traverse : elle s'enrichit auprès de ses compagnons d'infortune, ne se résigne jamais, ayant décidé une fois pour toute d'être une esclave libre dans sa tête quel que soit le sort qu'on lui réserve. On ne pourra reprocher à Brink nul manichéisme car plusieurs chapitres sont "écrits" par ses propriétaires blancs, ébranlés par la révolte et le désir d'affranchissement de cette indomptable, dont ils peuvent bien souiller le corps mais jamais l'âme. Philidia est aussi poignant et passionnant que 12 Years a Slave, ponctué de scènes remarquablement décrites comme cette abominable vente aux esclaves, l'une des toutes dernières avant l'émancipation.



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Le samedi 17 Novembre 1832, la jeune esclave Philida part avec son bébé dans le dos déposer une plainte auprès du protecteur des esclaves à l'encontre de son propriétaire Cornelis Brink et de son fils François Gerhard Jacob Brink, communément appelé Frans. Elle accuse celui-ci de lui avoir promis de l'affranchir si elle acceptait de coucher avec lui. Quatre enfants plus tard (dont 2 sont morts), non seulement il n'est plus question d'affranchissement, mais Frans doit épouser une jeune fille de la bonne société du Cap dont la dot devrait renflouer les caisses du domaine et son père Cornelis a l'intention de vendre aux enchères Philida, tricoteuse hors pair, et ses enfants avant l'arrivée de la nouvelle Madame Brink.
Le protecteur après avoir consigné la plainte de l'esclave, la fait mettre en prison en attendant la version de Frans. Evidemment la version de Frans ne sera pas tout à fait celle de Philida.......Dans un premier temps il va prétendre que ses enfants ne sont pas les siens en l'accusant d'avoir couché avec d'autres hommes pour finalement reconnaître que peut être un jour............et prononcer cette phrase sibylline : tout ce que dit cette meid (terme afrikans péjoratif pour désigner une femme noire ou de couleur) est aussi vrai que faux. Quand le protecteur lui demande de préciser ses dires, Frans explique que Philida dit vrai, mais qu'en aucun cas sa parole d'esclave ne peut avoir autant de valeur que celle d'un blanc, à fortiori s'il s'agit du fils du propriétaire de celle-ci, donc ce qu'elle dit ne peut être la vérité. le protecteur voudrait bien s'en tenir là et faire emprisonner Philida, mais celle-ci le menace d'aller jusqu'en Angleterre qui a aboli l'esclavage pour faire reconnaitre ses droits. Pour avoir la paix le protecteur la laisse partir et Philida est contrainte de retourner au domaine des Brink sans avoir rien obtenu. le père de Frans préfèrerait la voir morte, mais l'intervention de Philida l'en empêche et il ne lui reste plus qu'à la vendre le plus loin possible du domaine. Son nouveau maître se montrera plus humain et le 01 Décembre 1834 elle sera affranchie comme tous les esclaves. Commencera alors pour elle une vie de femme enfin libre de son corps avec aux pieds des chaussures qui lui permettront d'aller et venir comme tous les gens libres.
Pour écrire ce roman, André Brink s'est inspiré d'un fait réel : Frans était le frère de l'un de ses ancêtres. Cependant on pourrait dire de ce roman ce que dit Frans au protecteur des esclaves : il est vrai et il n'est pas vrai. Tout ce qui concerne Philida tant qu'elle est sur le domaine des Brink est basé sur les solides recherches d'une historienne du domaine où tout était consigné, du prix des esclaves à celui d'une petite cuillère. Par contre ce qu'il advint d'elle une fois qu'elle a été vendue relève de l'imagination de l'auteur.
Ce roman parle d'une esclave rebelle mais aussi d'un amour impossible entre maître et esclave. Frans n'oublie pas Philida, la mère de ses enfants, celle qui, s'il le pouvait serait son épouse "de coeur", et pour laquelle à plus de vingt ans il a tenu tête à son père pour la première fois.
Le style employé est un peu déroutant au début, parce qu'il est écrit dans la langue parlée de l'époque tant celle des maîtres que celle des esclaves, et beaucoup de termes africaners n'ont pas été traduits (il y a un glossaire en fin de livre) ce qui rend le texte d'autant plus vivant et n'empêche pas après un temps d'adaptation de deviner le sens des mots sans en connaître la signification exacte.
Chacun des personnages auquel André Brink donne la parole exprime à sa façon son amour pour ce pays, même s'ils n'en n'ont ni la même perception ni le même vécu.Certains passages sont dramatiques, mais d'autres sont réellement poétiques voire oniriques, notamment ceux où s'expriment l'imaginaire et les croyances dont les esclaves ne pouvaient pas parler devant leurs maîtres.
J'ai beaucoup aimé ce roman un peu long dans sa deuxième partie. Il retrace la vie d'une femme libre dans sa tête alors que son corps ne l'est pas. Philida sait très bien que l'émancipation ce n'est pas la liberté, mais ce dont elle ne veut plus c'est que chacun puisse disposer de son corps comme il l'entend. Sujet encore actuel qu'il s'agisse des femmes, des enfants ou des migrants entre autre.
André Brink dont le nom signifie paix en néerlandais et afrikaans, est né en 1939 d'un père magistrat et d'une mère institutrice, eux mêmes descendants de colons boers installés depuis plus de trois siècles dans l'état libre d'Orange. En 1959 après une double maîtrise en Afrikaans et en Anglais il vient étudier à la Sorbonne et découvre que des étudiants noirs y côtoient des étudiants blancs, et c'est là qu'il va prendre conscience de "l'abomination" de l'apartheid. Il traduit Camus en Afrikaans et en 1968 il fait le choix de revenir en Afrique du Sud où il deviendra l'un des plus farouche opposant de l'apartheid, accompagnant le combat de Nelson Mandela. Il est mort en Février 2015 et Philida est son dernier roman.
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André Brink, écrivain sud-africain blanc engagé contre l'apartheid (1935 - 2015), auteur entre autres du prix Médicis étranger 1980 "Une saison blanche et sèche" raconte ici l'histoire de Philida, esclave attachée au domaine de ses ancêtres appelé Zandvliet, situé dans la région du Cap, où elle fut tricoteuse.
L'écrivain a découvert que son maître ou baas, Cornelis Brink, avait vendue Philida aux enchères alors qu'elle avait eu quatre enfants avec son propre fils, François Brink.

Plusieurs familles sont présentes dans le récit, mais c'est surtout des Brink dont on parle ; le père autoritaire mais pas si mauvais, plutôt englué dans une époque et une éducation rigide ; la mère obèse, prisonnière elle aussi de son statut. Ce sont eux les véritables esclaves de cette société archaïque. Il y a aussi une vieille esclave, Petronella, qui avait été affranchie et possédait une pièce et des biens à elle ; c'est elle qui a éduqué Philida enfant, elle qui sait quelques bribes de son passé...

L'histoire commence en novembre 1832, soit un an avant la fin de l'esclavage en Afrique du Sud (1833 dans les colonies britaniques) ; l'esclave Philida raconte qu'elle s'est rendue au bureau du protecteur des esclaves de la petite ville de Stellenbosch pour déposer plainte contre son baas Frans qui lui avait promis de l'affranchir si elle couchait avec lui : "Il promet qu'il achètera ma liberté au landdrost. Au gouvernement. Mais maintenant au lieu d'acheter ma liberté, il veut partir loin de moi... On raconte qu'il veut marier une blanche. Pas une esclave ou une Khoe mais une de sa race. Alors maintenant il veut me vendre dans le nord du pays". (p 19)
Frans (François), le fils du maître, semble amoureux de l'esclave Philida ; mais bien sûr on n'épouse pas une esclave et son père ayant de graves soucis d'argent, il a promis lâchement d'épouser une demoiselle riche...
De découvertes en secrets de famille, de présentations des moeurs de l'époque (avec quelques horreurs...) en cheminement de Philida vers l'affranchissement, cette histoire est le récit de l'évolution d'une femme intelligente, déjà libre dans sa tête, si ce n'est dans son corps puisqu'elle va pieds nus : "De ça surtout je me rappelle : des souliers aux pieds. Ce qu'il dit sur les souliers, il promet dès le tout premier jour. Parce qu'il savait, comme moi je savais, comme tout le monde savait, que l'homme et la femme chaussés, ils peuvent pas être esclaves, ils sont libres : les souliers c'est signe qu'ils sont pas des poules ou des ânes ou des porcs ou des chiens, ils sont des gens." (p 26)

Kleinkat, la petite chatte, accompagne joliment le récit, symbole d'une certaine liberté mais aussi de la dépendance affective et matérielle dont il est difficile de se défaire...

Que penser des douleurs de l'esclavage quand on apprend que des femmes pouvaient tuer leur nouveau-né pour qu'il ne connaisse pas justement cet état ?

Un très beau récit, drôle et triste, qui contient quelques contes expliquant la vie, et qui a d'autant plus de profondeur et d'écho chez le lecteur, que c'est - reconstituée - une histoire vraie !

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critiques presse (2)
Actualitte
19 janvier 2015
Un contraste assez saisissant, extrêmement salvateur pour le lecteur, porteur d'espoir, malgré tout, qui laisse entrevoir la fin de l'esclavage, préfigure un changement inévitable ; un mouvement encore ténu mais perceptible déjà par la tonalité lumineuse des derniers chapitres, significative peut-être aussi pour l'écrivain, de la nécessité d'expier les fautes commises par les siens à cette époque.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaLibreBelgique
07 octobre 2014
Un grand roman d’André Brink sur la figure d’une femme esclave des Boers en 1832. Une histoire passionnante, toute en rebondissements.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Ma tête se souvient de ci et ça, et d’autres choses encore mais lui qui se rappelle vraiment, c’est mon corps. Tout laisse une marque dessus lui. Certaines on voit, d’autres pas. Mais elles sont toutes là. Les brûlures et les coupures et les bleus. Les éraflures sur mes genoux et mes coudes et mes talons, des marques en veux-tu en voilà. La chicotte et les chutes, l’eau glacée des aubes d’hiver, la boue sur mes pieds, les fientes de poules ou les figues pourries entre mes orteils, je me rappelle les mains de Frans sur mon corps et mes épaules et mon dos et mes fesses, mes pieds dans ses mains, je me rappelle Frans dur et gonflé entre mes cuisses, je l’entends parler doucement à mon oreille. Allonge-toi avec moi, Philida. Mon corps rendra le tien heureux. Pour ton bien, tu verras. Je t’affranchirai, j’irai à Stellenbosch, je parlerai au landdrost ; s’il le faut, j’irai à pied au Caab, je paierai ce qu’ils voudront pour ta liberté, et alors tu pourras marcher partout où tu voudras. Des souliers aux pieds.
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Si je le laisse entrer dans moi, il se débrouillera pour m’affranchir en temps voulu, voilà ce qu’il promet sur la tête du SeigneurDieu de la Bible, il déclare qu’il achètera lui-même la liberté pour moi. Mais je me rappelle penser : Comment qu’une chose comme la liberté peut faire si mal ? C’était ma première fois et il a pas été tendre, il est allé trop vite, je crois que c’était sa première fois aussi.
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Aujourd’hui, je suis sûre de rien. Mais je dois tenter ce petit espoir, sinon après peut-être c’est plus possible. Je veux dire, la loi me donne le droit de venir déposer une plainte, d’accord. Mais, à mon avis, dans ce pays, la loi a pas le dernier mot. C’est tout ce qui se passe derrière la loi, et autour de la loi.
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Mailles perdues, rangs de travers et irréguliers, rangs tricotés trop serrés ou trop lâches. Récupérer les mailles perdues. Retricoter là où elles commencent à se défaire. C’est comme le sommeil, elle dit toujours ouma Nella. Si tu te fatigues trop, ta tête se défait comme un tricot. Tu dois bien dormir pour apprendre à reprendre les mailles et à les tricoter à l’endroit. Après, on apprend les tresses, les coutures et, bien sûr, les boutonnières. Rabattre, et c’est fini. Et ainsi de suite, il y a toujours du nouveau à apprendre.
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La merde commence. Un seul regard et je sens que ça vient. Je fais tout ce chemin à pied et Dieu sait comme c'est dur, avec le petit sur le dos dans son abbadoek et maintenant plus question de retourner en arrière, c'est droit en enfer et c'est la fin.
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Vidéo de André Brink
Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
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