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EAN : 9782264041838
689 pages
10-18 (23/04/2007)
4.17/5   371 notes
Résumé :
Portrait de femme (The Portrait of a Lady) est publié initialement sous forme de feuilleton en 1880-1881, puis en volume en octobre 1881.

Portrait de Femme est son œuvre la plus célèbre parce qu'elle possède de quoi intéresser le lecteur le plus superficiel en même temps que le lecteur le plus exigeant.

James y conte en effet les aventures d'une jeune fille attrayante qui affronte la vie avec confiance, obtient quelques jolis succès e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
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Attention, chef-d'oeuvre absolu !

Je ne me lancerai pas dans l'énumération des nombreux superlatifs contenus dans Le Robert des noms propres pour illustrer mon ressenti de lecture car vous seriez lassés avant d'être arrivés au bout.

Quelle merveille d'écriture et quelle finesse apportée dans la psychologie de tous les personnages, pas seulement dans celui d'Isabel Archer - magnifiquement interprétée à l'écran par Nicole Kidman dans la belle adaptation de Jane Campion, soit dit en passant. Des Etats-Unis à l'Angleterre, de Paris à Rome et Florence, c'est une étude fine et ciselée de la société aristocratique de la fin du XIXème siècle que nous offre Henry James. Flamboyant.

La magnifique et édifiante opposition des mentalités américaine et européenne, entre traditions et conventions, le machiavélisme ou a contrario l'innocence des protagonistes, la soif d'idéal et de liberté qui anime l'héroïne, et l'esthétisme des descriptions font de "Portrait d'une femme" un roman d'apprentissage d'une force terrible et une oeuvre à placer sur le même piédestal que les "Liaisons dangereuses" De Laclos.

Un régal de la première à la dernière ligne ; un chef-d'oeuvre absolu.


Challenge XIXème siècle 2019
Challenge PAVES 2019
Challenge SOLIDAIRE 2019
Challenge MULTI-DÉFIS 2019
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Il y a bien longtemps que je l'ai lu, mais quelques mots tout de même sur un des romans majeurs de Henry James. Comme souvent avec James, dont le frère était philosophe, c'est vaste et compliqué. Tout d'abord, nous avons des thèmes habituels: roman international (une Américaine en Europe), novel of manners (roman de moeurs, comme Edith Wharton ou en Roumanie Hortensia Papadat-Bengescu, qui souligne donc l'importance des conventions sociales et à quel point on ne s'en extrait pas, sauf temporairement ou moyennant un prix exorbitant).
Cela posé, avec James il faut partir d'un certain nombre de présupposés: les personnages les plus intelligents, subtils, clairvoyants cachent toujours un cancer ou quelque chose dans le genre. Dans "The American", c'est Valentin, ici, très clairement, Ralph Touchett. Ensuite, bien sûr, même s'il s'agit d'une orpheline, les personnages n'ont pas vraiment de problèmes d'argent, sauf s'il s'agit d'en obtenir plus: problèmes de riches (et plus ou moins oisifs), donc.
Ici, James aborde la question du vice et de la vertu et les relations entre les deux. Comme d'habitude, c'est nuancé et par moments torturé. D'abord, l'héroïne innocente et manipulée est encline au péché d'orgueil, qui la fait épouser Osmond, aux goûts esthétiques qu'elle juge exquis (voir aussi la supériorité dont elle pense qu'il fait preuve vis à vis de Lord Warburton). Ensuite, du côté des méchants, Serena Merle s'exclame: "What have I been so vile for?" tandis qu'Osmond ne trouve au bout du compte que peu de satisfaction dans ses machinations occultes (Daniel Touchett le qualifie de "sterile dilettante", termes d'autant plus pertinents qu'il n'a pas d'héritier légitime). Ralph rappelle enfin à Isabel qu'elle a été haïe mais aussi aimée ("Ah, but Isabel, adored"), y compris par Osmond. En quelque sorte, le vice ne paye pas, et la vertu n'est pas exempte de vice.
Il y a enfin la question de la condition féminine. Henriette Stackpole travaille et est indépendante mais plus un sujet de satire qu'autre chose; Serena Merle maîtrise les manières du monde, mais c'est une intrigante; Pansy est soumise sans espoir; la comtesse Gemini, qui révèle à Isabel la vérité sur Osmond et Mme Merle, est elle aussi un sujet de mépris et de moqueries, ce qui ne manque pas d'ironie, dans la mesure où Isabel finit, notamment avec les fiançailles putatives de Lord Warburton et Pansy, où James semble suggérer qu'Isabel pourrait coucher avec son ex-prétendant pour huiler les rouages (en soi encore une machination vouée au mieux à la stérilité) par se trouver involontairement dans un sordide bien plus cru encore que celui de sa comtesse de belle-soeur. Enfin, Isabel ne pourrait s'affranchir de son mariage avec Caspar Goodwood, par exemple, qu'en abandonnant Pansy, soit une autre femme, à son triste sort.
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Les écrivains du XIXè siècle étaient-ils tous psychologues avant l'heure, et spécialistes du sentiment amoureux pour couronner le tout ? Au même titre que les livres de Jane Austen, Portrait de femme m'a frappée par la justesse de l'analyse psychologique approfondie du moindre ressort des actions et pensées de chacun des nombreux personnages...

C'est une véritable prouesse qui a suscité chez moi une admiration amusée et l'impression de mieux comprendre notre fonctionnement, mais très peu d'émotions. En somme un morceau de bravoure de 700 pages, qui fait parfois un peu penser à Machiavel ou aux Liaisons dangereuses et n'a à mes yeux pas pris une ride, sauf peut-être pour le style parfois très alambiqué et qui oblige à une grande concentration.

La femme dont le roman dresse le portrait est Isabel Archer, jeune américaine libre, intelligente et belle qui rêve de découvrir l'Europe et plus ambitieusement la vie. Autour d'une telle héroïne, les prétendants, les intrigants et les fidèles ne manquent pas. Isabel sait parfois les reconnaître et faire les bons choix... mais pas toujours, parfois elle fonce droit dans le piège, d'autant plus droit qu'elle veut faire preuve d'indépendance face à ses amis qui l'ont mise en garde... C'est d'ailleurs probablement ses mauvais choix, ses entêtements et ses difficultés qui sont les plus intéressants et les plus réalistes, faisant du livre bien plus qu'un roman d'apprentissage un peu mièvre et compliqué.

Ironique et désabusé, mais aussi courageux et généreux, ce portrait de femme (qui pourrait d'ailleurs être au pluriel tant Mme Merle, Henrietta, Mrs Touchet et Pansy y sont présentes) mérite sa place au musée ou dans votre bibliothèque.

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Portraits psychologiquement très finement élaborés d'hommes et de femmes du XIXème siècle, vivants entre l'Amérique et le Vieux continent, servis par la plume alerte ( l'humour pointe souvent pour le plaisir du lecteur ) et le style limpide et raffiné d'Henry James.

En fait, j'ai en même temps aimé et été agacée par ce livre. Je m'explique.
Bien sûr, le personnage principal Isabel Archer, une jeune américaine orpheline, fougueuse, intelligente et belle, " qui a beaucoup de volonté et du tempérament ", et " ne veut pas commencer sa vie en se mariant ", éperdue de liberté et d'indépendance est très attachante, on sent dès le début que ses aventures réservent des surprises. Mais justement, toute la première moitié du roman nous dresse un portrait très enlevé et prometteur d'Isabel, et selon moi, la deuxième partie ne tient pas toutes ses promesses.
En effet, une fois mariée, elle n'existe presque plus, devenant en quelque sorte la marionnette de son mari, ruminant rapidement sa tristesse, son aigreur et son échec. Évidemment, les moeurs du XIXème siècle n'étaient pas les mêmes qu'aujourd'hui, et le mariage était davantage un engagement définitif, ce qu'Isabel met en avant, mais j'ai eu du mal à reconnaître l'héroïne flamboyante et orgueilleuse qui allait découvrir le monde à sa façon et se retrouve finalement prisonnière d'un mari despote et intéressé par sa fortune. D'autant que ses amis l'ont mise en garde, et virtuellement le lecteur aussi, si si, je vous assure, on le voit venir le prétendant. Pourquoi donc tombe-t-elle dans le panneau ? Alors, Henry James, pourquoi nous avoir promis une si belle et ardente héroïne pour la laisser empêtrée dans un mariage indigne d'elle ? C'est le côté frustrant de l'intrigue.

En revanche, l'écriture est juste magnifique, et même élégante. L'auteur excelle à peindre les portraits de tous ses personnages, à décrire leurs ressentis les plus intimes, sans négliger les personnages plus secondaires. À plusieurs reprises, je me suis surprise à penser que ses descriptions brossaient réellement un tableau qui se composait au fil de ma lecture, et c'est assez rare pour être souligné. Pour ce bonheur procuré par la belle écriture, la découverte de ce portrait de femme vaut le détour.
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Isabel Archer, jeune Américaine orpheline rêve de mener une vie indépendante et de découvrir le monde. Quand sa tante, Mrs Touchett lui propose de l'emmener en Europe, elle accepte avec enthousiasme. Elle fait la connaissance de son oncle Mr Touchett et son cousin Ralph installés en Angleterre depuis de nombreuses années. Désireuse de conserver sa liberté, elle refuse une demande en mariage de leur charmant voisin et ami, Lord Warburton. Elle éconduit à son tour un jeune Américain Casper Goodwood. Elle ne souhaite pas s'enfermer dans la vie conjugale…

Au décès de son oncle elle devient une riche héritière. Et croise la route de Madame Merle…qui lui présente, lors d'un voyage en Italie, Gilbert Osmond, un veuf sans fortune, amateur d'art et misanthrope, père d'une charmante jeune fille qu'il maintient dans une obéissante niaiserie. Et notre Isabel tombe sous le charme…Nous flairons le piège mais elle pas du tout jusqu'à ce que peu à peu s'effiloche sa belle romance. Époque difficile pour les femmes qui restaient soumises à cette obligation de se marier et tombaient de ce fait sous la dépendance de leur époux…D'autant qu'Isabel, sûre d'elle, est persuadée d'avoir choisi librement l'homme de sa vie…

Ce portrait de femme est admirable par la description fine des caractères des personnages, aussi bien celui d'Isabel que de ceux qui gravitent autour d'elle, et la lente progression dans la révélation des dessous de l'histoire et des manipulations dont elle est la victime. Roman qui reste très actuel par cette analyse psychologique d'un mécanisme toujours très actif dans de nombreuses relations humaines et qui peut détruire bien des vies. Un classique à re-découvrir !
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Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
Le manoir se dressait sur une petite colline, dominant une rivière qui n'était autre que la Tamise, à quelques quarante miles de Londres. Ponctuée de pignons, la longue façade de brique rouge, dont le temps et les intempéries avaient déployé toutes les fantaisies picturales pour en embellir et en affiner la teinte, présentait à la pelouse ses plaques de lierre, ses faisceaux de cheminées et ses fenêtres emmitouflées dans les plantes grimpantes. La maison avait un nom et une histoire ; le vieux gentleman qui prenait son thé vous la relatait avec délices : édifiée au temps d'Edouard VI, elle avait offert l'hospitalité pendant une nuit à la grande Elisabeth dont l'auguste personne s'était étendue sur un lit magnifique, immense et terriblement anguleux, qui constituait toujours le principal ornement des chambres à coucher ; elle avait été très meurtrie et dégradée durant les campagnes de Cromwell, puis très agrandie et remise en état sous la Restauration ; pour finir, après avoir été remaniée et défigurée au XVIIIème siècle, elle était passée sous la garde vigilante d'un habile banquier américain dont, à l'origine, le mobile essentiel, lorsqu'il l'avait achetée, était qu'en raison de circonstances trop compliquées pour qu'on les expose ici, elle représentait une très belle affaire ; il l'avait acquise en pestant contre sa laideur, sa vétusté, ses incommodités, et à présent au bout de vingt ans, conscient de la véritable esthétique qu'elle lui inspirait, il connaissait tous ses charmes et vous aurait indiqué l'endroit où vous placer pour les voir combinés tous ensemble ainsi que l'heure précise où les ombres de ses diverses saillies - qui tombaient si doucement sur le mur de brique chaud et massif - atteignaient la bonne longueur. De plus, il aurait pu citer la plupart des propriétaires et des occupants successifs de la maison dont plusieurs avaient connu la célébrité, avec toutefois la conviction discrète que la dernière phase de sa destinée n'était pas la moins honorable. La façade de la maison tournée vers le coin de pelouse qui nous intéresse n'avait pas d'entrée ; celle-ci était située dans une autre partie du bâtiment. L'intimité régnait sur ce lieu et le vaste tapis de gazon qui couvrait le sommet de la colline semblait prolonger un somptueux intérieur. Immobiles, les grands chênes et les hêtres répandaient une ombre aussi drue que celle de rideaux de velours ; autour de la partie de la pelouse meublée comme un salon de sièges capitonnées et de tapis aux riches coloris, des livres et des journaux parsemaient le gazon. La pelouse proprement dite s'interrompait au point où le terrain commençait à s'incliner vers la rivière mais la promenade jusqu'au bord de l'eau n'en était pas moins charmante.
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Jeune personne aux théories nombreuses, Isabel Archer était douée d'une imagination remarquablement active. Sa chance avait été de disposer d'un esprit plus aiguisé que la plupart des gens parmi lesquels le sort l'avait placée, de percevoir avec plus d'ampleur les faits qui se déroulaient autour d'elle et de désirer connaître ce qui lui était peu familier. Il est exact qu'aux yeux de ses contemporains elle passait pour extrêmement profonde, car ces excellentes gens ne refusaient jamais leur admiration à une intelligence dont la portée leur échappait et parlaient d'Isabel comme d'un jeune prodige, réputé avoir lu les auteurs classiques, dans les traductions.

(...) la jeune fille n'avait jamais tenté d'écrire un livre et ne briguait pas les lauriers de l'écrivain. Elle n'avait ni talent particulier d'expression ni la conscience de soi propre au génie ; elle était seulement persuadée que les gens avaient raison lorsqu'ils la traitaient comme si elle était supérieure aux autres. Qu'elle le fût ou non, ils avaient raison de l'admirer s'ils l'estimaient telle, car il lui semblait que son esprit fonctionnait plus vite que le leur, ce qui suscitait en elle une impatience, aisément prise pour une supériorité. Disons-le dès maintenant : Isabel avait probablement de sérieuses dispositions pour le péché d'amour-propre ; elle explorait souvent et avec complaisance le champ de sa nature ; elle appuyait généralement sur des preuves insuffisantes sa conviction d'avoir raison ; elle se considérait comme digne d'hommages. Néammoins, ses erreurs et ses illusions étaient souvent telles qu'un biographe désireux de préserver la dignité de son héroïne répugne à les préciser.

Ses idées formaient un entrelac de tracés flous que n'avait jamais corrigé le jugement de gens ayant autorité en la matière. Dans le domaine des opinions, elle avait suivi sa propre voie qui l'avait engagée dans une infinité de zigzags ridicules. Par moments, elle se découvrait dans son tort d'une façon si grotesque qu'elle s'offrait alors une semaine d'humilité passionnée. Après quoi, elle redressait la tête plus haut que jamais ; car cela ne servait à rien ; son désir d'avoir bonne opinion d'elle-même était insatiable. Selon sa théorie, la vie ne valait d'être vécue qu'à cette seule condition. Il fallait appartenir à l'élite, être conscient de son excellent équilibre - elle ne pouvait s'empêcher de reconnaître que le sien était parfait -, évoluer au royaume de la lumière, de la sagesse naturelle, de l'impulsion heureuse et de l'inspiration élégante et durable.

Henry JAMES, "Portrait de femme" ("The Portrait of a Lady", 1880), roman traduit de l'anglais par Claude Bonnafont (1995), Chapitre 6 (publié aux éditions 10/18, collection "Domaine étranger")
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"Dites-moi, je vous prie, y a-t-il un fantôme ici ? reprit-elle pour changer de conversation.
- Un fantôme ?
- Un spectre de château, une forme qui apparaît. En Amérique, on appelle cela un fantôme.
- Ici aussi, lorsqu'on en voit.
- Donc vous en voyez. Vous devriez en avoir dans cette vieille maison romanesque.
- Elle n'est pas romanesque, déclara Ralph. Croyez-moi, sinon vous serez déçue. C'est une maison tristement prosaïque. En fait de romanesque, vous y trouverez seulement ce que vous aurez apporté avec vous.
- J'en ai beaucoup apporté et, me semble-t-il, je l'ai apporté au bon endroit.
- Pour le mettre à l'abri, sûrement. Rien ne peut lui arriver ici, entre mon père et moi.
- Vous ne m'avez toujours rien dit à propos du fantôme.
- Je pourrais vous le montrer mais jamais vous ne le verriez. Ce privilège n'est pas accordé à tout le monde et il n'a rien d'enviable. Jamais une personne jeune, heureuse et innocente comme vous ne l'a vu. Il faut avoir souffert pour cela, durement souffert et avoir acquis un triste savoir. Alors seulement les yeux s'ouvrent devant lui. Il y a longtemps que je l'ai vu, conclut Ralph.
- Je viens de vous dire que je suis avide de savoir, répondit Isabel.
- Oui, d'un savoir heureux et agréable. Mais vous n'avez pas souffert et n'êtes pas faite pour souffrir. J'espère que vous ne verrez jamais le fantôme !
- Je n'ai pas peur, vous savez, déclara-t-elle, non sans quelque présomption.
- Vous ne craignez pas de souffrir ?
- Si, j'ai peur de souffrir. Mais je n'ai pas peur des fantômes. Et je trouve que les gens se laissent trop facilement aller à souffrir.
- Ce n'est pas votre cas, me semble-t-il, dit Ralph en la regardant, les mains dans les poches.
- Je ne pense pas que ce soit un crime, répondit-elle. Il n'est pas absolument nécessaire de souffrir ; nous n'avons pas été faits pour cela.
- Vous, sûrement pas.
- Je ne parle pas pour moi, fit-elle en s'écartant légèrement.
- Non, ce n'est pas un crime, admit son cousin. Etre fort est méritoire.
- Seulement, si l'on ne souffre pas, les gens disent que vous êtes dur, soupira Isabel.
- Ne vous tracassez pas de ce que disent les gens. L'essentiel est d'être le plus heureux possible.
Elle le regarda un instant ; elle avait pris son bougeoir et posé le pied sur la première marche de l'escalier de chêne.
- C'est pour cela que je suis venue en Europe, pour être aussi heureuse que possible. Bonsoir !
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- Mon Dieu ! s'exclama Isabel. Combien de classes ont donc les Anglais ? Une cinquantaine ?
- Je n'ai pas souvenir de les avoir comptées. Je ne prête pas grande attention à ces distinctions. Ici, l'avantage d'être américain est que vous n'appartenez à aucune classe.
- Je l'espère bien, dit Isabel. [...]
- Certaines doivent être tout à fait agréables...surtout vers le haut de l'échelle. Mais, pour ma part, je reconnais seulement deux classes : les gens en lesquels j'ai confiance et ceux en lesquels je n'ai pas confiance.
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C’était dans le bureau qu’Isabelle était assise par cet après-midi mélancolique de jeune printemps dont je viens de parler.
À cette époque où elle disposait de toute la maison pour y choisir une pièce à son gré, celle qu’elle avait élue en était la plus affligeante.
Isabelle n’avait jamais tiré les verrous, ni arraché le papier vert replacé par d’autres mains ; elle ne s’était jamais assurée que la rue vulgaire s’étendait derrière la porte.
Une pluie crue et froide tombait lourdement ; le printemps faisait entendre son appel — appel cynique et menteur — à la patience.
Isabelle s’attachait le moins possible aux traîtrises atmosphériques : elle tenait les yeux attachés sur son livre, et s’efforçait de fixer son esprit.

Elle s’était récemment avisée que celui-ci était d’humeur assez vagabonde et s’était ingénieusement appliquée à lui imposer une allure militaire, à lui apprendre à marcher, à s’arrêter, à reculer, à accomplir même, au commandement, des manœuvres plus délicates. Elle venait, pour l’instant, de lui donner un ordre de marche, et le lançait péniblement sur la plaine aride d’une Histoire de la Pensée allemande
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Vidéo de Henry James
Avec "La Bête", le réalisateur Bertrand Bonello reprend à sa manière la nouvelle "La Bête dans la jungle", de Henry James, en plongeant Léa Seydoux dans un futur dystopique qui rappelle notre propre présent et dans lequel les émotions n'ont plus lieu d'être. Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : "La Bête" de Bertrand Bonello, 2024 - Carole Bethuel
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