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Solange de Lalène (Traducteur)Georges de Lalène (Traducteur)
EAN : 9782020259194
508 pages
Seuil (01/01/1998)
3.82/5   83 notes
Résumé :
Belle et mystérieuse, issue de la bourgeoisie mais vivant en marge de celle-ci, Léni traverse les péripéties de sa vie et les drames de son époque comme en état de grâce.

Aux yeux de ceux qui l'approchent et ne peuvent se faire d'elle une image rassurante et conventionnelle, elle demeure une fascinante énigme.

Une grande fresque de la société allemande, de l'ère wilhelminienne à nos jours, dont une femme "pure", indestructible, demeur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le grand auteur allemand Heinrich Böll nous propose un portrait. D'ailleurs, le titre le l'ouvrage porte bien son nom : « Portrait de groupe avec dame ». La dame en question se nomme Léni Pfeiffer, née Gruyten. Elle est belle, trop sans doute (cela attise les mauvaises langues) mais surtout mystérieuse. C'est comme si personne n'avait jamais su la déchiffrer ni comprendre les faits et gestes de sa vie. Et l'auteur-narrateur-enquêteur, bien qu'il reste toujours en retrait même s'il est constamment présent, fait de son mieux pour élucider ce mystère.
À travers les témoignages de multiples personnes (amies de jeunesse Margret Sclömer, née Zeist, et Lotte Hoyser, née Berntgen, domestique des parents Marja van Doorn, partenaire financier du père Otto Hoyser, enseignante au pensionnat soeur Clémentine, etc.), l'auteur parvient à dresser un portrait de Léni. Mais chaque nouvelle information soulève un mystère nouveau. C'est un casse-tête sans fin.

Sans nécessairement se contredire, les différents témoins livrent une image, une facette inattendue de Léni. Oui, elle semble être une femme correcte, une bonne Allemande, travailleuse, peu portée vers le luxe ou l'accumulation de richesse (elle se départit d'un immeuble, sous-loue des appartements à un prix dérisoire). Aussi très patriotique. Mais, en même temps, elle lit des auteurs juifs et se lie avec un prisonnier soviétique, qui deviendra le père de son fils. Et plus tard avec un Turc. Plutôt déroutant. Pourtant, même ceux qui dénoncent certains de ses revers (et qui pourraient faire en sorte qu'on en fasse un portrait peu flatteur) s'entendent sur ses qualités. Malheureusement, en tant que lecteur, nous ne disposons jamais de l'opinion, du point de vue ni même du moindre commentaire de Léni elle-même.

Qu'est-ce qu'il faut retenir de ce roman ? Peu importe tous les documents et tous les témoignages que l'on peut accumuler sur une personne, le portrait qu'on en dresse sera toujours incomplet. La preuve ? À la fin du roman, malgré toutes les informations qu'on dispose sur Léni, elle demeure un mystère. de plus, à travers et au-delà son portrait de Léni, Heinrich Böll nous offre un portrait de l'Allemagne, allant de l'Entre-deux-guerre jusqu'aux années 70. La vie dans la petite bourgeoisie, l'éducation des jeunes filles, le rôle de la femme, le commerce important des couronnes de fleurs pendant la Seconde guerre mondiale, le sort réservé aux juifs puis aux prisonniers russes. Mais c'est à peine si Léni semble en avoir conscience. On dirait qu'elle est insensible à tout ce qui se passe autour d'elle, un simple voyageuse, perdu au milieu de ces années de tourmente.

Les romans de Böll ne sont pas d'approche facile. En tous cas, pour moi. Je sens toujours que je me livre à un exercice intellectuel ardu. Et il y a cette distance (quoique, dans ce cas-ci, l'approche journalistique ou d'enquête me semble appropriée). Mais, si j'accroche difficilement, je persévère toujours. Puis, tout d'un coup, il y a ce moment qui me perd complètement. Dans le cas présent, c'est le voyage qu'entreprend le narrateur-enquêteur en Italie pour questionner soeur Clémentine. Trop étrange à mon goût et, surtout, peu utile. le roman s'étirait et j'avais perdu l'intérêt à continuer dans le délire de l'auteur.

Je pense souvent à cet enseignant de littérature qui nous faisait lire des oeuvres indigestes ou pénibles et qui, pour nous encourager, nous vantait leurs qualités artistiques, leur originalité. Avec le recul, je me dis qu'il n'avait pas tort, mais cela ne rendait pas les romans plus accessibles ou intéressants. Eh bien c'est souvent à cet enseignant que je pense quand je lis du Heinrich Böll ou encore du Günter Grass. le chemin n'est pas aisé, je ne comprends pas tout, mais, malgré tout, j'en retire toujours quelque chose rendu à la fin. Même si je ne m'en rends pas compte sur le moment...
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Quel roman ! le mystérieux enquêteur - l'auteur - révèle assez tard être journaliste, le lecteur croit deviner, tardivement aussi, que la ville où se déroule l'action est Cologne, les motivations premières de l'auteur restent obscures et la dame, Léni ne sera jamais approchée par l'auteur. L'objet du livre est la grande absente du récit. Quel paradoxe ! le portrait de groupe porte sur une période qui va de 1922 à 1970, et devient prétexte à se replonger dans l'histoire de l'Allemagne. A cette occasion j'ai découvert l'existence d'une très éphémère République Rhénane (1923/1924). le narrateur omniscient distille ses infos au compte-goutte, dans l'ordre chronologique, en revenant régulièrement vers les mêmes témoins (qui sont nombreux), tout en prenant un malin plaisir à glisser ici ou là quelques indications sur les événements futurs, dérogeant à la linéarité globale du récit. J'ai trouvé qu'il était assez difficile de rentrer au début dans ce récit, entrecoupé sans cesse des parenthèses du narrateur, et puis, très vite, j'ai été prise par cette histoire, piégée par ce narrateur que je trouvais assez insupportable. Mieux à la fin, j'ai adoré ce narrateur. le texte est émaillé de quelques documents, presque tous fictifs sauf les dossiers des procès de Nuremberg et la prose du mari de Leni sur la guerre (tirée d'un vrai livre).
« Il ne s'agit pas d'une réaction consciente en écho à la littérature documentaire, mais d'une tentative d'ajout, l'idée présomptueuse que la littérature au sens commun du terme est…, enfin qu'avec la littérature, on peut très bien documenter quelque chose. »
Plus qu'un portrait de Leni, qui garde jusqu'au bout une grande part de mystère, c'est un portrait de l'Allemagne qui se dessine au fil du roman. le narrateur s'avère finalement plein d'humour, l'air de rien il intervient de plus en plus. A partir de l'interview de Soeur Clémentine, le ton change, il y a tout un passage où le lecteur a l'impression de ne plus être dans le même livre, le narrateur parle de lui-même et fait part de ses considérations. Avec, juste avant la fin, l'inénarrable passage où les Hoyser accusent Leni de sabotage de l'économie capitaliste (parce qu'elle sous-loue son logement sans faire de bénéfice, très en-dessous des prix du marché). Un excellent roman même s'il est exigeant, tout au moins en début de lecture.
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Gruppenbild mit Dame
Traduction : S. & G. de Lalème

Voici un livre dont nous attendions beaucoup et qui nous a, malheureusement, déçu. Pendant plus de quatre cents-pages environ - et le livre en comporte un peu plus de cinq cents dans cette édition - tout se passe pourtant bien. Mais à compter de l'intermède romain, c'est-à-dire de la visite rendue par le narrateur à Soeur Clémentine, afin d'essayer de faire le point sur les rapports de l'héroïne avec la soeur Rachel Maria Guinzburg, on plonge. Et vertigineusement. C'est un peu comme si, à la toute fin d'un film sur l'Allemagne et son peuple pendant les années hitlériennes, le metteur en scène avait l'idée incongrue d'amener des couplets de comédie musicale et l'intrigue qui va avec. En tous cas, c'est ce que nous sommes au regret d'avoir ressenti.

C'est d'autant plus regrettable que tout le reste du roman empoigne le lecteur même si les tics d'écriture imposés au narrateur sont susceptibles d'indisposer quelques impatients. L'héroïne, Leni, qui ne s'exprimera jamais directement, avait vingt ans durant la Seconde guerre mondiale. Fille d'un homme d'affaires brillant mais volontiers escroc et d'une jeune femme au tempérament anticonformiste, Leni paraît avoir traversé cette période ô combien épineuse sans s'y être véritablement impliquée. Non parce qu'elle détourne la tête ou ne veut pas voir ce qui se trame autour d'elle : simplement parce que sa réalité n'est pas la même que celle de ses contemporains. Qu'on le veuille ou non, Leni reste en effet une femme "décalée", peu en phase avec son environnement. le lecteur peut même penser à un trouble de la personnalité mais cela n'est jamais dit de manière explicite.

Leni, qui a bon coeur et n'aime pas l'injustice, apportera pourtant de la nourriture et des cigarettes à Soeur Rachel lorsque les origines juives de cette dernière contraindront sa communauté à la dissimuler dans leur couvent. Elle restera marquée - le contraire eût été invraisemblable pour une nature aussi sensible - par l'exécution de son frère, lequel s'était enrôlé dans la Wehrmacht pour le seul plaisir, semble-t-il, de s'opposer aux autorités militaires. Et bien sûr, au beau milieu de la guerre, la jeune femme, veuve d'un homme qu'elle a épousé comme par ennui, trouvera le moyen non seulement de tomber amoureuse d'un prisonnier soviétique mais encore de se retrouver enceinte de ses oeuvres. Pour finir, soutenue par à peu près toutes ses connaissances, à commencer par son employeur, le fleuriste en tous genres Pelzer, elle accouchera d'un fils dans un caveau funéraire, alors que les bombes américaines n'arrêtent pas de pilonner Berlin.

Pour quelqu'un qui n'a jamais l'air d'y toucher, c'est là un beau parcours.

Böll nous le raconte avec une finesse malicieuse, dans un ordre qui n'est pas toujours chronologique (il nous immerge dès le début dans l'Allemagne des années soixante-dix), avec des digressions, des retours en arrière, des réflexions très sérieuses sur le destin commun d'un peuple et, cela va de soi, toute une foule de témoignages émanant de ceux qui ont connu, aimé ou détesté Leni - et dont le temps écoulé n'a pas modifié les sentiments. Toutes figures hautes en couleur avec une mention spéciale pour Pelzer, pour lequel, nous l'avouons, nous avons un faible très accentué.

... Et c'est alors que, abandonné par les Muses ou induit en erreur par le terrible démon de la Banalité, l'auteur nous assène l'intermède romain et le personnage de Soeur Clémentine. Vous étonnerez-vous si l'on vous dit que le narrateur tombe immédiatement amoureux de cette nonne improbable ? Non ? Alors vous devez avoir compris que, dans la pure tradition des pires navets télévisés, Soeur Clémentine revient très vite sur ses voeux et, rendue à la vie profane, se précipite dans les bras et le lit de notre rédacteur anonyme aux anges. Toute la puissance du livre, tout ce qu'il contenait de tragique sous le couvert d'un humour toujours présent, est balayé, éradiqué. Ces cent pages démoniaques ne tendent plus qu'à un but : maintenir Leni et son fils dans l'appartement de l'ancienne maison familiale que cette tête de linotte a jadis vendu pour une bouchée de pain au père de sa meilleure amie. Cerise sur le gâteau : Leni, qui partageait son appartement avec d'autres personnes, est à nouveau enceinte (à quarante-huit ans) mais cette fois-ci d'un travailleur turc immigré plus jeune qu'elle. Enfin, si la loi s'oppose à ce qu'elle reste dans les lieux, peu importe : le narrateur et Clémentine, sans oublier les amis plus ou moins communistes de Leni sont prêts à tout pour vaincre, du sit-in à l'immolation par le feu - après tout, l'époque s'y prête, n'est-ce pas ?

Ca part dans tous les sens comme des feux d'artifices en folie, on ne comprend plus ni le pourquoi, ni le comment de toute l'affaire, et ce roman touffu mais à la construction originale, dont les personnages dits secondaires étaient presque tous parvenus à retenir la sympathie ou, à défaut, l'attention du lecteur, s'achève en un "flop" lamentable. "Tout ce travail pour ça ?" finit-on par se dire.

Dommage. Vraiment. ;o)
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Comment une femme plutôt bien née, belle, séduisante, douée pour la musique et les arts peut-elle dans l'Allemagne des années soixante gérer aussi mal sa vie ? Comment peut-elle déroger aux règles fondamentales de la bienséance et se retrouver dans des galères incompréhensibles ?
Telles sont les questions au centre de cet étrange roman.
Roman ? Plutôt une enquête menée par un auteur qui investigue le passé de Léni, sa famille, ses proches, ses collègues... Il retrouve des témoins vivants, se rend sur les lieux, confronte les témoignages, les croise à des données historiques et statistiques, va jusqu'à effectuer des reconstitutions minutées et fait appel à la mathématique, les sciences, la religion, la lexicographie...pour tenter d'y voir plus clair.
Le mystérieux enquêteur - l'auteur - révèle assez tard être journaliste, on croit deviner que la ville où se déroule l'action est Cologne, les motivations premières de l'auteur restent obscures et Léni ne sera jamais approchée.L'objet de l'étude est la grande absente du récit. Quel paradoxe !
L'auteur traverse l'histoire d'une famille allemande depuis les parents de Léni avant-guerre, son éducation, la période de la guerre 39-45 et le milieu des années soixante où Léni atteint ses 48 ans et est de plus en plus fantasque, voire dangereuse, aux yeux de ses compatriotes. On suit par témoignages interposés la vie qu'elle traverse imperturbable sans que les événements n'aient réellement prises sur elle et semblent glisser.
Le tableau de la société allemande déboussolée de 1945 est passionnant. On apprend beaucoup sur la panique des survivants à cette période  . Fausses identités, faux livrets, faux uniformes, faux blessés, fuite ou non, à la campagne, à l'est, à l'ouest  ? Que faire face à l'avancée des Américains pour éviter le pire ?
L'originalité formelle du récit sous la forme d'une enquête rigoureuse est contrebalancée par l'écriture du narrateur qui, sans en avoir l'air, intervient de plus en plus et se positionne dans cette recherche. Son regard acéré et ironique sur une Allemagne déchirée rend le texte grave et très léger à la fois. Il en vient en parler de lui-même, mettant sur le même plan, sa veste déchirée, ses notes de frais, ses rencontres féminines et des considérations sur l'incontestable supériorité du capitalisme germanique bien compris opposée à la nonchalance et l'inconscience actuelles de Léni.
Le texte est fluide. Si au début on lit sans peine mais sans passion cet exposé plutôt froid le déclic se produit à un moment donné. Tout s'ordonne et on s' immerge dans ce petit monde de personnages récurrents familiers, avec leur complexité, leur petitesse , leurs angoisses et leurs difficultés.
Une belle lecture. On comprend que le prix Nobel de littérature décerné à Heinrich Böll était proche.
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Nous sommes en 1970 et le narrateur (qui se nomme lui-même « l'auteur ») enquête sur Léni Pfeiffer. Celle-ci est née en 1922 dans la région de Cologne et sa jeunesse a été marquée par la Deuxième Guerre mondiale. Inaccessible et imperturbable, elle semble avoir toujours vécu dans l'oeil du cyclone, epargnée par la tempête qui souffle autour d'elle. Pour élucider le mystère de cette femme, l'auteur recueille les témoignages des personnes qui l'ont connue, membres de sa famille, professeurs, collègues, amies, etc. À travers l'histoire de cette femme lambda, c'est celle de l'Allemagne du XXe siècle qu'il nous raconte.

J'ai beaucoup aimé ce roman. D'abord pour sa construction, une véritable toile tissée par les déclarations de dizaines de personnages (le groupe du titre) autour de la figure de Léni. Ensuite pour le ton, celui d'un narrateur qui ne manque pas d'humour en mettant souvent l'accent sur le ridicule des situations. Et puis aussi pour le fond historique, la petite histoire dans la grande. J'ai spécialement apprécié la partie du roman qui se déroule pendant la guerre, alors que Léni travaille dans un atelier d'horticulture qui fabrique des couronnes mortuaires, commerce particulièrement florissant dans le contexte. La fin m'a toutefois laissée perplexe. Les 100 dernières pages (sur environ 500) partent en vrille, mais pas au point de tout gâcher.

Si vous avez lu et aimé L'honneur perdu de Katharina Blum, le titre le plus connu de Böll, vous aimerez certainement Portrait de groupe avec dame. Les deux romans ont beaucoup de points en commun, surtout dans la forme. Sinon, je vous conseille de commencer par Katharina Blum, beaucoup plus court et condensé.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Il est aisé de prouver en toute objectivité que, dès le jour de sa naissance, Aloïs a fait l'objet de chichis outranciers. Selon une pratique chère aux Pfeiffer, on fit aussitôt de nécessité vertu : Jusqu'en 1933, le garçon eut droit à l'épithète de "notre petit gitan" mais à partir de là devint "spécifiquement occidental." L'auteur tient à souligner qu'il n'avait en rien le type celtique, déduction que l'on pourrait être tenté à tort de tirer du fait que les Celtes ont souvent les yeux clairs et les cheveux foncés. Aloïs était d'ailleurs - nous le verrons - totalement dénué de la sensibilité et de l'imagination propres aux Celtes. Si l'on voulait le classer sur le plan racial, seule l'épithète de "Germain manqué" pourrait lui convenir. Cela dit, ses parents exhibèrent avec orgueil leur "délicieux enfant" partout à la ronde, des mois, si ce n'est des années durant ; avant même qu'il fût capable d'articuler un mot, fondant sur lui d'éphémères espérances, ils l'avaient déjà destiné à des carrières fulgurantes et de préférence artistiques. Ils le voyaient tour à tour sculpteur, peintre, architecte (la littérature ne devait intervenir que plus tard dans les spéculations familiales - L'auteur). Tous ses faits et gestes furent hyperboliquement portés à son crédit. Et comme il était aussi, bien entendu, un "délicieux enfant de choeur", tantes, cousines et autres le voyaient déjà en "moine" ou, pourquoi pas, en "abbé peintre." Il est prouvé (par la femme de l'aubergiste Commer de Lyssemich, aujourd'hui âgée de soixante-deux ans, ainsi que par sa belle-mère, la vieille Mme Commer dont, en dépit de ses quatre-vingt-un ans, l'excellente mémoire fait l'admiration de tout le village) que l'indice de fréquentation de l'église de Lyssemich ne cessa de croître aussi longtemps qu'Aloïs y fut enfant de choeur, c'est-à-dire de 1926 à 1933. "C'était une telle joie de voir ce ravissant petit bonhomme que nous y allions non seulement le dimanche mais souvent même en semaine (grand-mère Commer). L'auteur eut de nombreuses entrevues avec M. Pfeiffer et sa femme, Marianne, née Tolzem. Peut-être, pour caractériser le niveau de vie des Pfeiffer, qu'il est d'un degré supérieur à celui de leur fils Heinrich : leur pavillon est un peu plus grand et ils ont déjà leur voiture. Pfeiffer senior, aujourd'hui retraité, traîne toujours la patte. Le couple se montrant tout disposé aux confidences, l'auteur n'a donc pas eu la moindre peine à les faire parler de leur fils Aloïs. Tout ce que celui-ci a jamais produit est conservé sous vitrine comme autant de reliques. ... [...]
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Je vous le dis, moi qui ai pu observer la chose comme jeune fille pendant la première guerre mondiale puis comme femme mûre pendant la seconde, toute permission est une épreuve aussi terrible pour l'homme que pour la femme. Personne n'ignore ce que le permissionnaire et son épouse vont faire - c'est chaque fois une sorte de nuit de noces publique - et chez nous au village les gens que le tact n'étouffe guère - tout comme ceux de la ville d'ailleurs - ne se privent jamais d'allusions plus ou moins délicates...
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Nous n'avons pas lieu ici de rendre hommage à l'Etat en tant que dispensateur de funérailles, mais ce que nous pouvons dire, car le fait est historiquement incontesté et scientifiquement démontrable, c'est que les enterrements étaient fort nombreux, donc les couronnes très recherchées tant par les autorités que les particuliers et qu'enfin Pelzer avait réussi à faire attribuer à son atelier de couronnes le statut d'entreprise indispensable à l'effort de guerre. Or plus cette guerre progressait, autrement dit, plus elle durait (l'attention étant tout particulièrement attirée sur la relation entre progrès et durée) et plus se procurer des couronnes devenait difficile.
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Puis venait la distribution des cafetières avec leurs arômes individuels; chacun à l'époque était capable de flairer à coup sûr la moindre trace de vrai café, et c'était toujours la cafetière de Léni qui exhalait le meilleur parfum. Vous imaginez alors les sentiments d'envie, de jalousie, voire de haine et d'appétit de vengeance que dès neuf heures un quart du matin pouvait éveiller la distribution des cafetières!
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Les témoignages de deux groupes antagonistes ne se contredisent jamais sur les faits mais sur leur interprétation seulement.
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