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EAN : 9782710369967
256 pages
La Table ronde (21/02/2013)
4.14/5   14 notes
Résumé :
"C’est un choix décisif devant lequel, déjà, nous sommes placés : ou bien travailler beaucoup pour consommer beaucoup (et c’est l’option de notre société occidentale), ou bien accepter de consommer moins en travaillant peu (et ce fut parfois l’option délibérée de certaines sociétés traditionnelles). Aujourd’hui, nous voudrions tout cumuler, travailler peu et consommer beaucoup." "Nous sommes la première société à avoir tout voué au travail. L’histoire des hommes éta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une bonne claque à la valeur travail ! Ellul excellent comme toujours.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Arbeit macht frei, grande formule inscrite à la porte des camps de concentration par les nazis. Car eux aussi participent à la communion fraternelle en la valeur travail. Et comme ils ont bien compris, comme ils ont bien exprimé le lieu commun fondamental, ils ne sont pas assez stupides pour inscrire sur leurs frontons "voi ch'entrate, lasciate... (note en bas de page : Lasciate ogne speranza, voi ch'entrate, vers fameux du chant III de l'Enfer de Dante, généralement traduit en français par l'alexandrin : Vous qui entrez ici, laissez toute espérance.) C'est ici l'astuce et le plus grand mensonge mais qui leur est fourni par la société bourgeoise, et par la société communiste. Vous êtes enfermés, vous êtes mal nourris, vous êtes mal traités, vous avez froid, vous êtes sous le coup de la mort, mais il y a une espérance : le travail. Quoique derrière des barbelés le travail vous libère, vous apporte dignité, vertu, justice, vous êtes encore un homme puisque vous travaillez. Vous êtes un homme libre parce que le travail c'est la garantie et l'assouvissement de votre liberté intérieur. Et cette admirable trouvaille, que seuls de mauvais esprits peuvent considérer comme dérision, peut s'appliquer partout : ouvriers soumis au patron, le travail rend libre, c'est la même démonstration. Russe soumis à la dictature stalinienne, le travail rend libre, c'est la même démonstration. Et toi homme tout court, n'importe quel homme, qui vis dans une société absurde, qui n'as plus de foi an Jésus-Christ, qui es livré aux puissances déchaînées, qui ne sais pas si demain existera encore, qui es saisi par l'angoisse de ta condition, et trouves que ta vie n'a pas de sens, tu as de la chance, une bien grande chance : tu travailles, tu travailles beaucoup, tu travailles de plus en plus, et alors par là, tu le vois bien, tout est en place, tu es un homme libre. Même démonstration.
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Il ne faut pas confondre travail et vocation. Le premier est de l'ordre de la nécessité, de la contrainte. La seconde est une action guidée par un élan spirituel et elle est susceptible de modifier, dans une plus ou moins grande mesure mais dans un sens chrétien tel que l'entend Ellul, la forme du monde où nous vivons. Cette action ne peut être que gratuite, car il y a contradiction entre le travail salarié, marchand et un engagement auprès de ses semblables censé traduire une grâce divine. Pour éviter une dichotomie trop importante entre ces deux parts de vie encore convient-il qu'il y ait une relation dialectique entre les deux sphères d'activité : le travail rémunéré doit être vécu comme une source d'expériences pouvant être réinvesties dans l'activité militante et inversement.
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L'homme honnête est obligé de constater qu'il existe non seulement un dérangement mais une sorte de renversement, où ce sont les moins rapides qui gagnent la course (...), les crétins qui s'enrichissent. Certes, cela peut être un consolation à bas prix pour ceux qui perdent les courses et les guerres (...). Seulement, c'est oublier qu'une fois encore, de manière négative, à l'envers, Qohelet rejoint ici la grâce pauliniènne. Tout est inversé dans le monde. C'est pourquoi Dieu fait intervenir en Christ un deuxième renversement, en choisissant les choses faibles, folles, ou sans existence, pour manifester sa force, pour montrer sa Sagesse, pour donner réalité à ce qui n'en avait pas. D'ailleurs ce double renversement, le Christ lui-même l'a opéré dans les Béatitudes..."
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Le bourgeois commencera par valoriser le travail en ce qui le concerne lui-même. C'est d'abord chez lui qu'il applique une stricte et rigoureuse morale du travail, il crée un enseignement orienté vers le travail, il donne un sens à la vie par le travail, et le plus grand reproche qu'il puisse adresser à ses enfants est celui de paresse. Inversement, à l'homme qui travaille, tout est permis, tout devient péché mineur. Il peut tromper sa femme, exploiter les autres, être dur, égoïste, orgueilleux, qu'importe : c'est un grand travailleur ! Tout est ainsi purifié.
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Le capitalisme doit être condamné entre autres afin que le travail puisse retrouver sa noblesse et sa valeur. Marx attaquait d'ailleurs en même temps sur ce point les anarchistes, seuls à douter de l'idéologie du travail. Enfin : " Par essence le travail est la manifestation de la personnalité de l'homme. L'objet produit exprime l'individualité de l'homme, son prolongement objectif et tangible. C'est le moyen de subsistance direct, et la confirmation de son existence individuelle." Ainsi Marx interprète tout grâce au travail, et sa célèbre démonstration que seul le travail est créateur de valeur repose sur cette idéologie bourgeoise (d'ailleurs c'étaient bien des économistes bourgeois qui, avant Marx, avaient fait du travail l'origine de la valeur...). Mais ce ne sont pas seulement les penseurs socialistes qui vont entrer dans cette optique, les ouvriers eux-mêmes, et les syndicats aussi. Pendant toute la fin du XIXe siècle, on assiste à la progression du mot "travailleurs". Seuls les travailleurs sont justifiés et ont droit d'être honorés, opposés aux oisifs et aux rentiers qui sont vils par nature. Et encore par Travailleur on n'entend que le travailleur manuel. Aux environs de 1900, il y aura de rudes débats dans les syndicats pour savoir si on peut accorder à des fonctionnaires, des intellectuels, des employés, le noble titre de travailleurs. De même dans les syndicats on ne cesse de répéter entre 1880-1914 que le travail ennoblit l'homme, qu'un bon syndicaliste doit être un meilleur ouvrier que les autres ; on propage l'idéal du travail bien fait (note en bas de page : Il faut peut-être citer les affrontements dans le syndicalisme français au sujet du sabotage. Celui-ci était rejeté par la majorité des leaders comme indigne du travail bien fait, de l'honneur des travailleurs, et inacceptable du point de vue de la morale du travail. ), ect. Et finalement toujours dans les syndicats, on demande avant tout la justice dans la répartition des produits du travail, ou encore l'attribution du pouvoir aux travailleurs. Ainsi on peut dire que de façon très générale, syndicats et socialistes ont contribué à répandre cette idéologie du travail et à la fortifier, ce qui se comprend d'ailleurs très bien!
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