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EAN : 9782882534996
128 pages
Luce Wilquin (06/02/2015)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Le narrateur de ce roman tente de transmettre à deux jeunes Parisiens ce qu’il sait de Germain Nouveau, dont il fut l’ami le plus proche les dix dernières années de sa vie. Mais que sait-on des autres ? Le narrateur, comme tous les témoins, comme tous les « Je l’ai très bien connu », quand il ne sait pas, invente. Germain Nouveau avait décidé de consacrer sa vie à l’amour, à la poésie et à Dieu. Trois domaines qui relèvent de l’infini. Or, l’infini… De sorte qu’il v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Quand j'ai vu, lors de la dernière Masse Critique, que les éditions Luce Wilquin entraient en lice avec l'auteure Françoise Lalande, j'ai sauté sur l'occasion, et j'ai eu raison ! Merci à Babelio et à cette maison d'édition !
D'abord, celle-ci ne me déçoit jamais, ses romans sont toujours humains et originaux à la fois ; je songe ici à mon auteure fétiche, Geneviève Damas, et son bouleversant « Si tu passes la rivière ». Donc, dès que je vois « Luce Wilquin », je fonce, tête baissée ! Ensuite, François Lalande ne m'est pas inconnue, car j'ai lu d'elle « Madame Rimbaud », que j'avais adoré.

Et me voici maintenant face au redoutable challenge de vous faire découvrir et aimer « Pourquoi cette puissance... » qui cerne délicatement le poète de la fin du 19e et du début du 20e siècle, Germain Nouveau, ce poète qui a côtoyé les plus grands, notamment Rimbaud et Verlaine, ce poète déchiré par une crise mystique à la fin de sa vie, ce poète qui est considéré comme « mineur » et qui s'en glorifie et puis qui, dans le même instant, crie son amertume.
« Cerner », c'est-à-dire entourer, mais ne jamais être sûr de soi dans la description de l'homme : c'est ce que le narrateur, son ami de ses 10 dernières années de vie, un ancien instituteur (un personnage inventé par l'auteure), essaie de faire. « Toute certitude, dès qu'on se penche sur l'humain, doit se frotter à l'indispensable doute, sinon à quoi bon parler des autres et de soi ? Je déteste les simplificateurs et je déteste encore davantage, les décortiqueurs de mouches ».

Il raconte, donc, il raconte dans une longue logorrhée s'écoulant en longues, longues phrases, son ami. Il se raconte, aussi, car comment peut-on parler de quelqu'un d'autre sans s'impliquer ? Deux jeunes poètes de Paris, admirateurs de Germain Nouveau, l'écoutent autour d'un verre de rosé au café ou sur les petits chemins de ce village du sud de la France où est né Germain et où il est retourné mourir.
Il dit la difficile amitié, il dit les discussions et les silences, la folie et la sagesse, la compréhension à demi-mots et les colères.
Il parle, il parle, il parle. Et nous le suivons dans ses circonvolutions, dans les méandres de sa mémoire et de ses émotions, dans ses sursauts de colère et aussi dans sa culpabilité...Car oui, il se sent coupable. Son ami vient de mourir, et il se sent coupable.
Ce roman est donc un plaidoyer pour l'humain, pour la faiblesse de l'humain et son génie, aussi.

J'ai adoré plonger dans ce style (oui, il faut bien dire « plonger » !) et ces réflexions toujours justes, toujours si près du coeur de l'homme. (Je regrette pourtant une multitude de coquilles, chancre dans ce témoignage limpide).
Et maintenant, je vous laisse, car il est urgent que je parte à la recherche des vers de Germain Nouveau, ce poète prétendu « mineur » ...
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A peine quelques jours que j'ai eu la belle surprise de trouver dans ma boite aux lettres cette dernière publication de l'éditrice, Luce Wilquin, que je découvrais avec cette biographie romancée de Germain Nouveau…Je formule toute ma gratitude à Babelio, Pierre Krause, et l'éditrice, dans le cadre de Masse Critique, pour cette très plaisante lecture.

Apprendre en se divertissant, la magie suprême !

Mon choix parmi d'autres s'était effectué, opéré à la fois, par élan pour l'auteure, Françoise Lalande dont j'avais lu précédemment avec le plus vif intérêt son « Madame Rimbaud », où elle remettait en avant la mère du poète si décriée… et par le sujet, ne connaissant quasiment rien de Germain Nouveau, si ce n'est son nom, mais n'ayant jamais, au grand jamais parcouru sa poésie…Ce fut une occasion alléchante que j'ai saisie…

J'ai donc, à la suite de cette biographie romancée, tout appris de ce poète singulier…ou du moins suffisamment pour avoir provoqué la curiosité et l'envie d'approfondir et surtout de lire ses poésies…Poète en marge, ayant lui aussi beaucoup voyagé, ami de Rimbaud, Verlaine, rebelle, indifférent aux parades littéraires et véritablement habité par l'amour de la poésie, ce dernier est mort dans le dénuement et dans la quasi indifférence générale….

Françoise Lalande, pour la forme de son récit, choisit un habile subterfuge pour narrer le périple agité et fantaisiste de cet artiste original. Deux jeunes poètes parisiens arrivent dans le village natal de Germain Nouveau, dans le Var, où il est décédé peu avant, afin d'enquêter sur le poète, par admiration pour lui. Ils tombent sur un vieil instituteur « sédentaire » qui fut son ami les dix dernières années. Des rencontres se concrétisent entre le vieil ami solitaire et les deux jeunes gens, et ces derniers, au fil des récits plus ou moins fidèles, font connaissance avec leur « poète préféré »…

Celui-ci partira à Londres avec Rimbaud où il se produira une séparation et une fâcherie aux causes mystérieuses, il décidera de partir en Orient, au Liban, enseignera, et finalement décidera de revenir dans son village de naissance pour y achever son existence dans le dénuement et l'anonymat…

le style de Françoise Lalande est entraînant, joyeux, tournoyant . Les phrases ont beau être fort longues, l'ensemble reste léger, fluide et éminemment vivant, naturel. Un vrai coup de coeur tant par la forme que par le contenu. Tant et si bien que cette toute dernière lecture m'a donné deux « impatiences » : lire la poésie de Germain Nouveau et poursuivre la lecture et la connaissance des écrits très variés de Françoise Lalande dont « Ils venaient du Nord » (2004), ouvrage épuisé qui propose le parallèle entre deux artistes : Van Gogh et Rimbaud… Je lis cet extrait et je suis sous le charme absolu…

« Les tableaux de Vincent et les poèmes de Rimbaud demandent quelque chose d'autre, peut être du respect pour cette force qui nous dépasse, du bonheur qui vient de ce qui est beau, tout simplement, on reste assis devant les iris pendant des heures, on relit une fois de plus le bateau ivre, et c'est le bleu du ciel sur terre, façon de dire qu'il se passe quelque chose dans le coeur, dans le corps, et que cela vient de l'oeuvre et de rien d'autre. » .----Une merveille en perspective, à dénicher !!!
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J'avais souvent entendu parler de ma proche compatriote Françoise Lalande (nous sommes nées dans la même province à 40 km de distance) mais je n'avais encore jamais eu l'occasion de lire l'un de ses livres. Mais comme on le dit trop souvent hélas, " nul n'est prophète en son pays" Grâce à Babélio et à la dernière organisation de Masse Critique, j'ai enfin pallié cette lacune.

Germain Nouveau, poète varois, qui a côtoyé les grands de son époque (Verlaine, Rimbaud, Cros...) et qui a pas mal bourlingué est revenu finir sa vie au pays, à Pourrières là où il est né.

Le narrateur, instituteur retraité de Pourrières, vieux garçon un peu marginal comme Germain, est considéré par les villageois comme le meilleur ami du poète. Et c'est à ce titre, qu'il est approché par deux jeunes Parisiens, poètes amateurs, au lendemain du décès de Germain Nouveau.

Entre vérité et imagination, il racontera ce qu'il sait ou croit savoir de son ami. Pour ce faire, il invitera même les jeunes gens à déambuler à travers la campagne, à pique-niquer ou à trinquer autour d'un verre de rosé comme il le faisait avec Germain Nouveau. Son récit prend la forme d'un long monologue, parfois intérieur. Car notre instituteur se sent coupable de la mort de son ami.

J'avoue que j'ai parfois eu du mal à entrer dans l'histoire. J'ai recommencé les premiers chapitres car j'avais du mal à suivre. Les longues phrases m'ont déroutée; je devais les relire, les décortiquer.

C'est vraiment le seul reproche car ce livre m'a fait découvrir un poète inconnu. le ton est léger, et j'oserai même dire poétique.

Ce livre m'a donné l'envie d'en lire d'autres de Françoise Lalande. Et d'en conclure que les Editions Luce Wilquin ne m'ont jamais déçue! (un peu de chauvinisme wallon ne fait pas de tort! :-) )

Merci aussi à Babelio pour cette belle rencontre.
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Merci aux Editions Luce Wilquin et à Babelio pour cette jolie découverte.

Je ne connaissais ni l'auteure, ni Germain Nouveau, mais je ne m'arrête pas à ça, j'avais déjà eu le grand plaisir de faire la connaissance de Louis Hémon à travers une biographie lue pour un Masse Critique, et j'étais plus que prête à retenter l'expérience.

J'ai été quelque peu déroutée au début par la longueur des phrases, qui constituent à chaque fois un paragraphe entier. Donc à ne pas lire le soir avant d'aller se coucher. Mais en journée, quand on est en forme et qu'on n'a rien envie de faire d'autre que lire, eh bien il a été mangé d'une traite!

L'originalité de l'histoire tient dans le fait que Nouveau est raconté par l'un de ses rares amis à deux jeunes admirateurs venus de Paris, ce qui rend le récit très vivant. On se promène avec eux, on découvre le personnage en même temps qu'eux.

Le style est beau, c'est un vrai plaisir à lire, les pages se tournent toutes seules, et ce fameux petit pincement au coeur en arrivant à la fin.

J'ai aimé, vraiment. C'était un superbe moment.
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Je l'avoue, je connaissais Germain Nouveau que de nom et découvrir à la fois le poète qui a partagé des errances avec Rimbaud et la plume de Françoise Lalande m'intéressait doublement. Avant de lire le roman, je me suis un peu informée sur le net à propos du personnage.

Autre aveu, le roman ne m'a pas appris beaucoup plus que mes petites recherches (il faut dire qu'il ne fait « que » 118 pages), il vaut surtout par le point de vue adopté et par l'écriture de l'auteur.

Françoise Lalande choisit de donner la parole à un obscur habitant de Pourrières, qui fut voisin de Germain Nouveau l'homme a été instituteur, si j'ai bien compris, il avait en tout cas le goût de transmettre son amour du français, de la poésie à de jeunes disciples, et il fut le compagnon de marche et de boisson dans les dernières années du poète varois. Son premier contact avec Nouveau, au retour de celui-ci dans sa petite ville natale, a été rugueux mais l'amitié bourrue qui en a découlé immédiatement était bien réelle (toujours dans la fiction, bien sûr). le voilà qui transmet à son tour de la vie et de l'oeuvre non publiée de Nouveau à deux de ses fans en quelque sorte, venus tout exprès de Paris, eux-mêmes poètes.

Mais que transmettre quand on ne connaît soi-même que des bribes ? C'est à la fois l'intérêt et la limite du roman de Françoise Lalande. L'auteur est certainement bien informée, à la fois sur Germain Nouveau et sur Arthur Rimbaud, à propos duquel elle a écrit d'autres ouvrages, mais les inconnues du narrateur resteront pour nous des blancs dans la biographie de Germain. Cette mise en abyme est un peu frustrante à mon goût, il me semble que la vie de l'homme était assez romanesque pour ne pas avoir recours à un narrateur supplémentaire.

Ceci dit, le style de Françoise Lalande rend compte à merveille de la profusion, de l'excès, de la folie qui caractérisent la vie de monsieur Nouveau. Les phrases coulent, abondent et débordent sur la page, il faut s'adapter à leur longueur au début, elles rendent bien compte du feu intérieur qui devait bouillonner en Nouveau. Elles témoignent aussi de l'amour des mots et de la poésie, de la quête mystique, de la solitude, si rudes, à nouveau comme un feu intérieur en l'homme qui connut et fut bouleversé par la Commune en 1871 et par la Première guerre mondiale, car sa vie ne se limite pas à la seule rencontre brûlante de Rimbaud, autre grand incompris de sa famille et de son terroir.

Pour ma part, la rencontre fut à fois exigeante et un peu frustrante.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Je suis persuadé que les êtres se divisent en deux catégories, la première, celle des enfances heureuses, la seconde, celle des enfances douloureuses, cela donne des êtres différents dans la vie, les premiers seront mieux armés, plus confiants en eux-mêmes, ayant connu l'amour d'une mère, ils seront aimés des femmes, les autres seront plus fragiles, à la poursuite d'une impossible compensation, mais certains d'entre eux trouveront leur force dans l'expression d'un art. (p.106)
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Nous nous interrogions sur la notion de voyage, nous cherchions à saisir cette mystérieuse aspiration à autre chose, parce que le quotidien devient pesant ? -Cette impression ne jette pas tout le monde sur les routes-, commenta Lucien, il arrive que le quotidien nous lasse et nous irrite, -j'ai besoin d'un changement-, qui de nous n'a jamais formulé cette phrase ?, mais on reste, on continue, sinon la planète ne serait plus qu'un territoire où tous les citoyens seraient en mouvement perpétuel, quel vertige d'imaginer cela ! (p.94)
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(…) soudain et contrairement à mes habitudes, je cassais les règles de la convivialité, je faisais bande à part, du coup, notre soirée en serait moins fusionnelle, j’en concluais que les exceptions, partout, de tout temps et quel qu’en soit le domaine, étaient toujours mal vécues, ressenties comme une agression, par conséquent, toute exception et leur auteur se mettaient en danger, il fallait l’assumer. (p.84)
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Oui, mais, pourquoi est-ce plus délicat de parler sexe que de poésie ?
Paul avait raison, ce n'était ni plus, ni moins, il était difficile de bien parler des deux,et, surtout de débusquer l'impossible vérité des êtres, tout au plus, je chercherais à m'en approcher.
Or, rien n'est plus étranger à l'homme que l'amour, j'entends par là que rien ne lui est plus mystérieux que ce sentiment qui nous enlève à nous-mêmes et s'il ne nous enlève pas à nous-mêmes , c'est qu'il n'est pas amour, il sera attirance, désir, cannibalisme, désir de tuer ou de dominer ou d'exploiter, ruse, intérêt, égoïsme ou vanité, et davantage encore, mais il ne sera pas amour. (p.102)
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« Toujours, c’est de son odeur dont nous nous souviendrons, ce jour-là, le 7 avril 1920, nous avons dit ce n’est pas normal, nous trouvions tous qu’il sentait mauvais quand nous le croisions sur la route, des effluves douçeâtres annonçaient son arrivée, des fumets singuliers flottaient longtemps après son passage, mais ce n’était pas important, nous-mêmes nous ne fleurions pas tous la rose, c’est sûr, mais vraiment depuis quelques jours, on ne l’avait plus aperçu, sa maison commençait à trop fleurer le bouc, alors nous avons dit ce n’est pas normal, et nous en avons parlé au maire, comme si une inquiétude nouvelle nous rongeait, nous les habitants de Pourrières, le maire lui-même s’est montré préoccupé, une odeur comme celle-là, ce n’était plus de l’ordre de l’étable aux brebis, il y avait une nuance humaine dans cette odeur putride, c’était gênant, moins pour le nez que pour l’âme, vous comprenez ce que je veux dire ? » (p. 9)
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