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EAN : 9781091504042
L'Arbre vengeur (23/08/2013)
4/5   3 notes
Résumé :
Chacun porte en soi un trésor fait de mots anciens, de langues apprises puis négligées, de lieux aimés et disparus : une géographie intime de signes et d’espaces qu’il faut réinventer pour mieux les mettre au jour.
En voyageant, en écrivant, Thierry Laget confie à ses phrases le soin de restituer, voire de susciter le souvenir. De la Toscane à l’Angleterre, de l’Auvergne natale à la Touraine, ce sont autant de provinces du seul pays qu’il vaille de conquérir ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il est des livres qui nous font voyager dès la lecture de leur titre, et Provinces de Thierry Laget est de ceux-ci. Ce seul mot dont les lettres se détachent sur la couverture, énigmatique en ce qu'il ne désigne aucun lieu précisément, devient celui qui, pour le lecteur acceptant de s'ouvrir à la multitude des possibles qu'il engendre, s'offre comme une véritable promesse. Cette promesse, c'est celle ressentie également par le narrateur à mesure qu'il découvre de nouveaux territoires, qu'il s'agisse de l'Auvergne, terre d'accueil, de la Touraine, terre d'exil, de la banlieue de Londres, terre inconnue, ou de l'Italie, terre d'élection. C'est également celle que l'écrivain fait renaître en écrivant sur ces petits riens, ces petits détails qui deviennent autant d'occasions susceptibles de faire ressurgir la scène du souvenir en autant de moments d'épiphanies. Que la mise en vente de la maison de son enfance devienne l'occasion d'une dernière visite de celle-ci ou que l'achat d'un dictionnaire d'auvergnat-français rappelle à la mémoire la voix de ce grand-père qui aimait à s'exprimer dans ce patois, nombreuses sont les infimes circonstances qui permettent cette résurgence. Pour autant, il ne s'agit pas ici de se livrer à une simple anamnèse personnelle. Il n'est nullement question de se laisser aller à une nostalgie exacerbée, mais plutôt de faire entendre un magnifique chant, capable de célébrer tout autant des espaces visités ou habités que la langue qui les traverse. Car c'est bien de cela qu'il est question derrière toute cette géographie intime que l'on parcourt au fil des pages. Thierry Laget construit un nouveau territoire où il fait bon habiter, celui du langage. Tous les personnages y évoluent, depuis le grand-père dont on a déjà fait mention jusqu'au professeur, maître dans la maîtrise de la langue latine et chargé de la transmettre, en passant par la grand-mère, adepte du français et capable de réciter « La Nuit de mai » De Musset jusqu'à son âge le plus avancé. Tous les idiomes y trouvent ainsi leur place, et il faut encore ajouter l'anglais et l'italien pour parachever ce tour de ceux connus, réunis finalement en une seule et même Babel. Aucun n'y est supérieur à l'autre tandis que l'auvergnat même accède au statut de littérature : « cette littérature vaut celle des livres, pour les illettrés, et pour les autres elle est un ultime écho des temps qu'ils n'ont pas fréquenté, quand les pâtres, lassés de poursuivre le cours des étoiles, inventèrent ce qui est plus grand qu'elle : la poésie. » (p. 28). Toutes trouvent ainsi leur place dans l'espace de la page, les citations se multipliant, donnant à entendre des sonorités diverses qui offrent leur musique à ce texte que l'on se surprend parfois à lire à voix haute tant on est tenté d'en faire résonner la beauté. Une véritable communion s'instaure alors sur cette nouvelle scène de l'intime créée par les mots, où narrateur et lecteur peuvent se retrouver et accéder à une connivence sans égale, le partage s'instaurant à chaque instant. Une autre dimension s'ouvre pour ce récit, que l'on pourrait presque qualifier de portrait multiple ou intemporel, et qui se déploie dans tous les cas hors du temps, en uchronie. Quel latiniste en effet, quelle que soit la génération à laquelle il appartient, ne se souvient pas de sa découverte enthousiaste de Catulle, de ses vers érotiques, des difficultés éprouvées à se confronter à la langue de Tacite ou encore à ces leçons de grammaire dont on oubliait le lendemain le contenu, et de la beauté de ces moments où « chaque mot était un baiser que nous recevions, qu'on nous donnait, que nous donnions » ? Quel amoureux de l'italien peut nier avoir été séduit par la « musique », par l'« harmonie » qui s'en dégage, par l'esprit de communion qu'il symbolise souvent, sans qu'on ne se l'explique ? Si « l'inconscient est structuré comme un langage » ainsi que le formule Thierry Laget après Lacan, l'auteur nous donne généreusement accès au sien, et nous laisse dans le même temps nous confronter au nôtre propre, comme en un miroir.

Un grand merci à Babelio et aux éditions de L'Arbre Vengeur pour cette lecture réalisée dans le cadre de l'opération Masse Critique, et qui fut pour moi une merveilleuse découverte!
Lien : http://ecumedespages.wordpre..
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Composé d'une douzaine de fragments autobiographiques, de souvenirs éparpillés dans l'espace et dans le temps, l'auteur pointe ce qui fait le sel de l'existence, de la vie et du souvenir : le langage. Il a été brinquebalé à droite à gauche, et les langues se sont promenées avec lui. le Français, sa langue natale, le patois auvergnat - la langue de son grand-père, le latin (la langue qui rend immortel), l'anglais dont il ne comprenait pas un mot mais qui fut la langue des premiers émois sensuels, et enfin l'italien, celle de l'âge adulte et de l'amour.
Un très beau livre, parfois trop précieux, trop nostalgique, mais au message fabuleux : parler, c'est vivre.
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Vidéo de Thierry Laget
Lecture par Thibault de Montalembert
Avec Thierry Laget "Des nouvelles de Proust"
Rencontre animée par Nathalie Crom
On n'avait pas tout lu. On ne savait pas tout. D'une part : neuf nouvelles que Bernard de Fallois a découvertes en rassemblant des manuscrits dispersés, de brefs récits initialement destinés à figurer dans Les Plaisirs et les Jours mais que Proust a écarté, sans doute en raison de leur audace qui aurait pu heurter son milieu. D'autre part : un récit passionnant et haletant que nous livre Thierry Laget sur la base de nombreux documents inédits eux aussi. 10 décembre 1919 : le prix Goncourt est attribué à Marcel Proust pour À l'ombre des jeunes filles en fleurs. Aussitôt éclate un tonnerre de protestations. Pendant des semaines, Proust est vilipendé dans la presse, brocardé, injurié, menacé. Son tort ? Ne plus être jeune, être riche, ne pas avoir fait la guerre, ne pas raconter la vie dans les tranchées. Pour cette soirée consacrée à l'immense Marcel, Thibault de Montalembert nous lira quelques nouvelles et Thierry Laget nous contera cette « émeute littéraire ».

À lire – Marcel Proust, le Mystérieux correspondant et autres nouvelles inédites, éditions de Fallois, 2019 – Thierry Laget, Proust, prix Goncourt, une émeute littéraire, Gallimard, 2019.
Le lundi 9 décembre 2019 - 21H00
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