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EAN : 9782203035881
142 pages
Casterman (27/10/2010)
3.87/5   35 notes
Résumé :
Une chronique vigoureuse et attachante de l'adolescence dans une cité ouvrière de l'est de la France, au milieu des années 60, racontée de "l'intérieur" d'une bande de copains d'enfance, élevés dans l'ombre portée de l'usine du coin. Le choc des générations et des classes sociales, les filles, la musique, les bars, le manque d'argent mais l'amitié plus forte que tout... Et puis bien sûr à l'arrière-plan, comme toujours chez Baru, un regard aigu et exigeant porté sur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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C'est la nouvelle année 1966 à Villerupt, devenu lieu du festival du film italien dont Baru dessine les affiches chaque année.

C'est la chronique du dépucelage d'Hervé dans les hauts lieux de la sidérurgie et de l'immigration italienne. Il ne fait pas dans l'ellipse en soulignant le côté phallocrate, à replacer dans l'époque et le milieu.

Tout est en place: des coups de serpe pour les dessins, des personnages rustiques, des aventures adolescentes chez les fils de prolo.

C'est la première B.D. d'Hervé Baruella dit Baru, fortement autobiographique, qui nous fait respirer les fumées des hauts fourneaux, premier tome de trois albums qui seront republiés en une intégrale.
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« A quenne guette no, satisfac'choeune… A quenne guette no, satisfac'choeune… Cos' a twaï… Ena twaï… Ena twaï… A quenne guette no… A quenne guette no ».

Villerupt, Meurthe-et-Moselle.

A 18 ans, Hervé Baruela – surnommé Baru par ses copains – s'apprête à fêter la nouvelle année. Rien d'exceptionnel cette année, le programme de la soirée est sensiblement le même que celui des années précédentes : rencard au bar habituel puis tournée des différentes « chouilles » du coin avec Le Robert, le Kader, le « Bébé », l'Ahmed, le Massimo…

On est vendredi 31 décembre 1965, il est 18 heures 30 et les copains ont fait le pari que Baru perdrait son pucelage dans les trois jours…

-

Cette intégrale regroupe Part ouane (publié en 1984 et récompensé l'année suivante par l'Alfred du meilleur Premier album), Part tou (publié en 1986) et Part tri (1986). Ce succulent package du triptyque a été édité à l'occasion de l'attribution du Grand Prix de la Ville d'Angoulême à Baru en 2010.

Pour l'heure, Baru revient en terre natale avec cette série qu'il a débutée vers l'âge de 35 ans. L'état d'esprit de l'adolescence y est parfaitement rendu, avec ce soupçon de nostalgie qui s'avère être bénéfique pour le récit. On sent l'auteur amusé et nostalgique. Les potes, les vannes, les filles, les fêtes arrosées, la baston… le scénario est riche, dynamique, il pétille. A la fois personnage et auteur, Baru ne se prend pas au sérieux et raconte sans retenue les quelques heures mémorables de Nouvel An inoubliable. Peu avare en détails, il parle à livre ouvert d'amitié, de sexe et d'alcool sur un contexte de société à peine dévoilé : l'usine et les perspectives de carrière étriquées pour ces jeunes. D'ailleurs, c'est bien la présence de cette étrange femme qu'est l'usine qui crée l'ambiance particulière de cet album.

Le bassin sidérurgique sert de décor à cette « tranche de vie », il y a une ambiance propre à ce quotidien, Baru la retranscrit à merveille. Ceci ajouté au fait que le patois local et les travers linguistiques de ce coin paumé sont présents dans les répliques des personnages, je ne vous cache donc pas le plaisir que j'ai eu de me plonger dans l'album ! Étant née en Lorraine, j'étais donc aux premières loges pour profiter de la présence des déterminants (le, la) devant les prénoms. Cela a pour moi quelque chose de chantant, de familier et de convivial. Il est aussi question de « loute », de « tarin », de « skoumoune », de « trumeau » et de gens « ronds comme des queues de pelle »… le lecteur ressent rapidement l'atmosphère du lieu et profite de la complicité qui unit les personnages, leurs répliques sont très spontanées et réalistes. On perçoit bien les petits moments de tensions, les susceptibilités des uns et des autres…

Entre les lignes, il est question d'un tissu relationnel cosmopolite et de familles d'immigrés implantées sur un bassin sidérurgique initialement prometteur en termes d'emploi. Mais en 1965, l'horizon commence déjà à se ternir (l'usine fermera définitivement 9 ans plus tard, en 1974).

L'usine a façonné les rapports sociaux. Les familles vivent au rythme des trois-huit. L'alcool fait partie de la vie de tous les jours. A la fois source de convivialité et « béquille du quotidien », il sert de liant et de contenant aux relations entre jeunes (qui le consomment immodérément) et moins jeunes (qui le consomment par habitude voire par besoin). Ici, il n'y a pas de fossé entre les générations du moins, il y a une sorte de générosité dans les rapports humains qui dépasse la frontière de l'âge. On parle spontanément de tout avec ses pairs comme avec ses proches, mais ce sont les amis qui, bien sûr, profiteront des détails truculents. Les rapports sont sincères, chaleureux, francs et spontanés… et il n'est pas rare de croiser son daron au café du coin ; dans ce cas-là, on trinque, on « squatte » un peu ensemble puis les groupes se reforment, les jeunes d'un côté et les vieux de l'autre.

Une convivialité propre aux milieux ouvriers ?

A mesure que l'album avance, l'ébriété des personnages est de plus en plus avancée. Ainsi, ces derniers se libèrent, les réticences disparaissent, on ose des choses un peu folles car après tout… c'est Nouvel An !!! Comme tout bon poivrot qui se respecte, ils ne feront pas l'économie de quelques discussions existentielles. Ces temps où les esprits s'assagissent et le rythme narratif se pondère un peu nous permettent de mieux cerner certaines personnalités. Il est notamment question d'employabilité, de carrière et de l'accès aux études supérieures. Ces discours ne s'étalent pas dans le misérabilisme, d'autant que les personnages – sous l'effet de l'alcool – ont tendance à fonctionner par association d'idées et sautent rapidement à un autre sujet de conversation, la lecture restant fluide et ludique pour le lecteur.

Un dessin dynamique accompagne ces propos. Dès la première planche, sa rondeur invite le lecteur à se mettre à l'aise et renforce cette convivialité dont je vous parlais plus haut. Et puis après tout… on est là pour fêter la nouvelle année, ne pas se prendre au sérieux !
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Un titre pareil, Quéquette blues, lâché de façon débonnaire par François Busnel à La Grande Librairie, n'a pu que me faire éclater de rire. J'ai donc emprunté la BD à la bibliothèque municipale, curieuse d'en savoir plus.
Passé les premières cases, on entre rapidement dans le vif du sujet, soit la perte du pucelage d'Hervé, dix-huit ans à la fin de 1965, sur lequel ses potes exercent une pression sans relâche. Les fêtes du Nouvel An seront l'occasion, pour la bande de copains, d'écumer quantité de bars afin de satisfaire les pulsions sexuelles du puceau. L'action est campée dans la communauté de Villerupt et ses environs (Meurthe-et-Moselle). le dessin est rugueux, sanglant et franchement un peu glauque avec ces images de hauts-fourneaux polluants et de sales gueules avinées. Quand au propos, il se situe bien confortablement au ras des pâquerettes (j'entends mon mari me dire, non, mais à quoi t'attendais-tu?) Mais il y a surprise et elle attend à la toute fin pour se dévoiler avec cet ajout de planches verdoyantes représentant Villerupt aujourd'hui. Cette curiosité première que j'avais, je l'ai donc assouvie avec ces dernières notes de l'auteur venant compléter le volet historique de son histoire. Internet a fait le reste, pour mon édification personnelle.
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Années 60, Villerupt (Meurthe et Moselle), nous sommes à la Saint Sylvestre et Hervé (dit Baru) et ses potes ont une mission : faire la fête, boire des coups (à l'oeil c'est mieux) et draguer les filles. de plus, un pari a été fait : Hervé doit perdre son pucelage dans les trois jours. S'en suit la tournée des bals, bistros et autres baltringues de troisième catégorie (passé une certaine heure on est plus trop regardant sur la qualité des établissements).

Quequette Blues dont Roulez Jeunesse ! est l'intégrale est une oeuvre de jeunesse de Baru. Bien avant la mode des biographies/autofictions, Il nous raconte donc un épisode de sa jeunesse. Plus que l'anecdote qui sert de fil rouge au récit, c'est la fresque sociale décrite par Baru qui est formidable. La bande de potes dont chaque membre est issu de l'imigration de l'époque (italien, polonais, kabile), le décalage entre cette jeunesse et les parents (rock versus valse), le racisme latent qui profite du plus petit incident pour surgir et l'usine. Cette usine, qui hante toute l'histoire (on est jamais bien loins des haut-fournaux), c'est le véritable personnage pivot de l'histoire; à la fois salvation (elle emploie toute la région) et enfer (le travail est dur et sans répit). Tout le monde finit à l'usine d'une façon ou une autre, quand on sait le sort qu'a reservé l'histoire à la sidérurgie dans cette région on ne peut que frémir au devenir de ces populations.

Plus de 40 ans sont passés depuis les faits racontés et le propos de cette BD est encore totalement d'actualité aujourd'hui. Pas beaucoup de choses ont changé, les jeunes veulent toujours faire la fête, leur parents ne les comprennent pas, les cons sont toujours cons et l'avenir professionnel noir comme le charbon. le récit de Baru est exemplaire, il va au-delà de ce qu'il raconte rendant la lecture de cette BD passionnante. Petit bémol néanmoins sur le dessin très brouillon par moment (la mise en couleur n'aidant pas). C'est une oeuvre de jeunesse et sa ce voit, malgré tout on décèle déjà tout ce qui va faire de Baru un très grand auteur : l'urgence du trait, la peinture sociale sans concession et la finesse de ses personnages.

A lire absolument.
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Quelle claque ! Je referme Quéquette blues et je suis encore hallucinée par la révélation : je suis une fille de Baru... Enfin, comme il le dit dans sa postface, pas de Baru en tant qu'homme, mais fille du vrai héro de la bédé, fille du lieu, de cette vallée qui vit les dernières heures de gloire de la sidé.

Je suis née plus de 30 après lui, pas très loin du fameux Villerupt : l'histoire de Baru racontée dans Quéquette blues, c'est l'histoire de mon père et de ses potes dans les années 60 : fils d'immigrés à l'avenir tout traçé (ton père bosse à l'usine, tu bosseras à l'usine et peut-être bien que tu y crèveras aussi). C'était sans compter les fermetures d'usine à tour de bras et les licenciements du matin pour l'après-midi. Tous dégoûtés par la machine à casser les hommes mais tous nostalgiques en revenant sur les friches industrielles mal reconverties ou dans les villes frontalières transformées en cités dortoirs, non plus ouvrières mais annexes bon marché du Luxembourg et de ses guichetiers de banque.

Dans leur bande d'immigrés italiens de l'époque, ça se serrait les coudes et ça avait envie de s'intégrer et de faire mieux que papa. Dans notre famille, on en est à la troisième génération de sidérurgistes. Sauf que depuis, on a perdu tous les hauts-fourneaux. Sauf qu'a force d'intégration on a perdu cette fraternité. Alors, ouais, on a fait mieux que papa, on est dans des bureaux maintenant et plus sur les planchers de coulée ou dans les ateliers à risquer sa peau... mais on a toujours ce pincement au coeur, dès qu'on s'éloigne trop de notre vallée grise. Et Baru rend ce sentiment magnifiquement bien dans Quéquette blues.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
A l’usine, t’iras pas, en clair, ça veut dire : t’es pas comme nous. Je connais la chanson, elle dure depuis un p’tit moment maintenant. Depuis que eux, après le Certif’, sont allés en apprentissage et que moi, j’ai continué l’école… Je suis déjà dans l’autre camp. Putain, ça m’esquinte des raisonnements pareils ! Mais bon, j’ai beau m’en foutre, n’empêche que des fois, je peux pas m’empêcher de me sentir coupable. Mais allez… c’est Nouvel An bon Dieu !… Et dans un verre ou deux, on n’y pensera même plus
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L'amour, la quête.
Le mariage, la conquête.
La nuit de noces, la quéquette.
Le divorce, l'enquête.
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Videos de Baru (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Baru
*Rediffusion du live du 27 janvier 2024 sur la chaîne Twitch de Glénat et de Ultia*
Du mercredi 24 au samedi 27 janvier 2024, Ultia vous fait vivre le Festival International de la BD d'Angoulême en direct sur Twitch. Présentation du stand, interview d'auteurs.ices et de dessinateurs.rices, visites d'expositions, tutos dessins...
Au programme de cette vidéo : Rencontre avec Raphaël Pavard pour À mourir entre les bras de ma nourrice. Découvrez la BD : https://www.glenat.com/1000-feuilles/mourir-entre-les-bras-de-ma-nourrice-9782344031025
La trajectoire périlleuse d'une mère de famille dans une cité tenue par des trafiquants. Fatoumata, femme de ménage qui élève seule ses trois filles, n'aurait jamais dû accepter le marché des dealers de la cité. Rien ne se déroule comme prévu et elle se retrouve au coeur d'une guerre qui la dépasse... Une guerre dont elle devra se sortir, une fois de plus, toute seule. Roman noir, portrait de femme, À mourir entre les bras de ma nourrice est une oeuvre pleine de suspense et à la mise en scène remarquablement orchestrée. le duo de scénaristes Mark Eacersall et Henri Scala, qui a déjà fait ses preuves (GoSt 111, Cristal 417) est cette fois-ci accompagné du dessinateur Raphaël Pavard. Ce prodige signe ici son premier album, en couleurs directes, d'une force graphique sans précédent, rappelant parfois les grandes heures d'un Baru, version réaliste. le récit offre une immersion à hauteur d'homme (en l'occurrence ici, de femme) dans l'univers d'une cité de la drogue. Aussi documenté et haletant qu'une saison de The Wire ou un film de Jacques Audiard, À mourir entre les bras de ma nourrice met en scène une héroïne touchante et originale, prête à tout pour améliorer son quotidien et protéger les siens.
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