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EAN : 9782809710557
210 pages
Editions Philippe Picquier (06/01/2015)
3.65/5   42 notes
Résumé :
"La société civilisée est un champ de bataille où l'on ne voit pas le sang couler. Vous devez vous préparer à faire face. Vous devez vous préparer à tomber. Ceux qui restent debout dans la rue de la vie avec pour seul but la réussite sont tous des escrocs."

Rafales d automne occupe une place à part dans l'oeuvre de Sôseki, par la portée subversive de son propos, l'audace de son jugement moral sur son époque, qui est aussi un jugement politique.
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Le roman débute par la description d'un professeur, ne souhaitant pas être traité comme le commun des mortels...convaincu qu'avec sa formation intellectuelle, il pourrait changer un tant soit peu le monde...Il se révèle trop orgueilleux, asocial, indifférent à ses renvois pour "insoumission" ou "insolence". Son épouse semble excédée de voir son époux rester en
marge; se moquant d'une carrière comme de l'argent !
Dôya renonce à l'enseignement, et se met à écrire des articles, des textes-enquêtes... contre une rétribution des plus modestes, quand il ne fait pas les choses gracieusement !!


Ensuite, nous faisons connaissance avec deux jeunes amis, dont l'un a été l'élève du professeur, ci-dessus décrit...Ces deux amis, très proches, sont aussi opposés que le jour et la nuit...
L'un, esthète, issu de famille aisée; l'autre , aspirant romancier à la santé fragile, qui tire le diable par la queue !

Nous assistons à leurs palabres, leurs visions de la vie et de la société, diamétralement contradictoires. Notre professeur malmené, Dôya, se retrouve à la porte d'un des deux jeunes gens, afin de réaliser une enquête sur les questions & attentes de la jeunesse...

Soseki doit, à travers ses personnages, transmettre ses propres convictions, colères... regrettant que la majorité des individus ne s'en tiennent qu'aux apparences , et à la position sociale...Texte qui a dû, en effet, paraître subversif, lors de sa publication initiale, en 1908....Soseki est très virulent vis à vis de cette société japonaise qui évolue dans un sens où les puissances de l'argent prennent toute la place au détriment des individus et des "hommes de bien"..., "savants comme tout homme de culture" !

Un roman philosophique, en quelque sorte !... Des digressions parfois un peu longues ou redondantes... mais ce texte reste étonnant, et toujours d'actualité dans un monde de plus en plus matérialiste !
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Sôseki est la statue du commandeur des lettres classiques japonaises, et une des principales figures intellectuelles de l'ère Meiji (1868-1912), celle de la grande modernisation du pays sous l'influence occidentale. A ce titre, le billet de 1000 yens a durant vingt ans été imprimé à son effigie. Et sorti d'un banal manga ou d'une histoire feel good, on sent immédiatement la qualité et l'esprit littéraire supérieurs, sachant que Rafales d'automne n'est pas son livre le plus connu, loin s'en faut. Sôseki a vécu un peu en Angleterre, il connaît bien la littérature et la culture européennes.

Takayanagi et Nakano sont deux camarades de promotion universitaire, section lettres. Vivant à Tôkyô, ils sont amis, mais leur statut social sont aussi différents que les deux côtés de la même pièce. Côté face, Nakano est un fils de bonne famille bien lancé dans la vie, il vit de sa plume, est optimiste, moderne et tourné vers un avenir radieux, il va se marier à une jeune femme de son milieu. Côté pile, Takayanagi vit sans le sou, il se sent seul, est un éternel pessimiste dépressif, et sa santé est précaire. Un jour, ils vont recroiser la route d'un de leur ancien professeur, Dôya. Lui non plus ne roule pas sur l'or. Il a déjà dû quitter ses postes plusieurs fois, au grand dam de sa fidèle et patiente épouse, pour tenir régulièrement des discours subversifs devant ses étudiants sur l'évolution de la société. En clair, un peu trop socialiste, alors qu'un grand vent capitaliste et de plus en plus nationaliste porte le pays…Takayanagi s'en veut d'avoir avec son compère contribué à chasser Dôya d'un de ses postes en Province, et va renouer le contact.

Comme souvent dans les grands romans japonais, l'activité n'est pas trépidante. le roman s'avère assez psychologique et très certainement en partie autobiographique. Sôseki commente les propos, les attitudes, les pensées de ses protagonistes, ce qui est un prétexte pour avancer ses propres conceptions sur les choses essentielles de la vie et de la société de son temps. Argent, position sociale et intellectuelle des savants et des politiques, littérature, amour, solitude, maladie…Sôseki en impose par sa pensée puissante, il y aurait tellement de citations à extraire ! Ce qui frappe, c'est la permanence, l'actualité, la modernité du propos. Plusieurs longs passages sont marquants, comme la scène où Takayanagi, qui assiste presque malgré lui à son premier concert classique, où l'on sent dans les tenues vestimentaires la société s'occidentaliser, laisse son esprit vagabonder, dans un monde aux références poétiques très végétales et fleuries. Ou encore celui exposant les jeux amoureux verbaux et mentaux de Nakano et sa fiancée. C'est brillant, intelligent, tellement intemporel !

Une lecture exigeante, qui allie le tragique et un certain humour, qui met en relief des destins individuels divergents, mis à l'épreuve par les transformations de la société de leur temps. Les personnages appréhendent les changements en cours à armes inégales, selon leur condition sociale et leur constitution physique et mentale. En ce sens, ce roman est intemporel, faisant écho aux évolutions actuelles souvent anxiogènes, ce "progrès" qui divise les conquérants et les craintifs.

Rafales d'automne, c'est la symbolique de la saison, chère aux Japonais, les feuilles qui tombent et l'omniprésence du vent dans ce roman, c'est la fin de quelque chose. Peut-être bientôt la fin de cette ère Meiji, nous sommes en 1908, c'est une sorte de bilan quarante ans après, et les temps à venir sont incertains...Sent-on une terrible guerre arriver, alors même que le Japon a déjà mis en déroute l'armée russe en 1905 ? C'est aussi Takayanagi qui ressent les premiers symptômes de la maladie, c'est la prise de conscience que la vie humaine ne pèse pas bien lourd et peut être emportée d'un souffle d'air. Les lectures sont multiples ! En tout cas l'acuité du regard de Natsume Sôseki est remarquablement perçante et pertinente, et ne peuvent que donner l'envie d'autres lectures de cet écrivain fondateur.
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Aujourd'hui tout se perd. le philosophe errant est une figure inconnue, le philosophe errant est devenu prof de philo anarchiste, content de se faire virer d'école en école, alourdi par le fardeau d'une épouse qui porte la culotte pour deux, mégère inconséquente qui rendrait dingue le plus équilibré des époux. Mais Dôya l'ignore. Dôya figure ce philosophe errant moderne autour duquel viendront peu à peu tournoyer deux jeunes hommes. D'un côté se trouve Nakano, plutôt bourge et bon vivant, et de l'autre Takayanagi, un type qui espère un jour porter une figure sombre de triple malheureux, une figure d'écrivain sans le sou. Ils tournoient pour apprendre, parce qu'ils sentent que ce Dôya peut les aider à mieux saisir le sens de leur vie.


Le livre raconte ainsi la transmission d'idées entre ces trois hommes, forçant sur le côté dissident sans parvenir toutefois à nous faire ressentir ce petit frisson d'angoisse, comme si nous aussi, lecteurs, étions parvenus à ce point de faille où l'on se sent à notre tour contaminé par la folie. Au contraire, ce discours de gentille amoralité libérée des conventions semble bien tristement banal, et on s'ennuie beaucoup plus vite que prévu.
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Je reste partagé après cette lecture.
On retrouve le grand théme de Soseki, celui de la prééminence de l'homme de lettre sur le marchand et l'usurier. La noblesse des arts par opposition à la vulgarité du monde des affaires et du commerce.
On suit les déboires professionnels d'un enseignant qui peine à trouver sa place dans une société dominée par la recherche du profit au détriment de la culture. Il préfère donc quitter l'enseignement pour essayer de vivre de sa plume. Ce qu'il ne parviendra pas à faire.
Ce récit est à resituer dans le contexte de l'ère Meiji, où le Japon s'engouffre dans la voie de l'occident, en essayant d'oublier son passé traditionnel. Soseki, à travers ce récit naturaliste, nous offre une fois de plus une réflexion sur cette époque de bouleversements de la société japonaise.
Pourtant, je n'ai été que moyennement convaincu. Beaucoup trop de longueurs et de répétitions. On comprend dès les premières page où il veut en venir. Un livre donc, dont on pourrait presque se passer. Je préfère relire "Je suis un chat" ou "le pauvre coeur des hommes".
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À l'ère Meiji, le Japon prend la voie de l'occidentalisation. Les changements s'amorcent, et pourtant Dôya ne s'y retrouve pas. Ayant essuyé deux échecs en tant que professeur, il finit par venir s'installer à Tokyo avec sa femme, en essayant de vivre de sa plume. Il reproche principalement à cette société de dénigrer la culture au profit de la réussite et de la richesse. Sa situation lui convient. Il fera la connaissance de deux jeunes hommes, l'un qui se trouve être jovial, profitant de son quotidien et d'un autre, Takayanagi. Ce dernier espère lui aussi vivre de sa plume. Leur rencontre sera sujette à bien des questions.

Il s'agit du premier livre de Sôseki que je lis. Je ne pense pas qu'il s'agisse du dernier, certains de ses livres ayant déjà attiré mon attention. La lecture a été assez monotone, et irritante. Cette irritation vient du personnage de Dôya. J'entends son avis et sa façon de penser, mais ne suis pas d'accord avec lui et encore moins avec la façon dont il traite sa femme. La première parution du livre fut en 1907. La place de la femme n'était même pas imaginée autrement qu'en épouse, mais comme elle le précise : c'est à l'homme de faire vivre son foyer…

C'est surtout l'histoire de personnes qui ne parviennent pas à trouver leur place dans la société parce qu'ils pensent différemment et ne recherchent pas de profit, mais à mettre en avant la culture qui à elle seule est une véritable richesse. Mais peut-elle nourrir ? C'est l'épouse de Dôya qui le lui fait remarquer. Les personnages sont bien individualisés, chacun avec leur personnalité.
Je regrette le rythme lent du livre avec beaucoup de répétition, des longueurs. La partie assez exaltante a été le discours de Dôya où justement, il faut être assez attentif à son propos. J'ai apprécié les réflexions sur le rapport à l'argent, les classes sociales. Les propos sont intéressant.

En bref :

Une lecture manquant de rythme, mettant en réflexion la richesse de la culture et celle du profit et de la réussite.
Lien : https://lecturedaydora.blogs..
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critiques presse (1)
Liberation
12 janvier 2015
Rafales d’automne est constitué pour une part importante de conversations polies, comme s’il fallait qu’une légèreté permanente englobe la violence des sujets traités, comme si c’était la seule manière de les aborder sans que leur cruauté ne détourne le lecteur.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Le savant n'a pas d'argent, en contrepartie il comprend la raison des choses, le bourgeois ne comprend pas la raison des choses, en compensation, il fait du profit ... Celui qui, consciemment, imagine trouver de la raison là où il y a de l'argent, est le pire des imbéciles qui soit. La plupart des gens se font une fausse idée. Il est riche et respecté, c'est sûrement quelqu'un qui comprend le pourquoi des choses ... Seulement, voilà, c'est précisément parce qu'il ne consacre pas son temps à se cultiver qu'il a le temps de gagner de l'argent. La nature est équitable, elle ne favorise pas le même homme en lui permettant de s'enrichir matériellement et spirituellement à part égales. Désavouant cette vérité par trop évidente, certains riches ont une haute opinion d'eux-mêmes ...
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Comment peut-on être si nonchalant dans ce vingtième siècle si profondément pénible ? Parce que j'aime autant te dire que moi, si j'écrivais quelque chose, ce ne serait pas dans le genre utopique, je ne suis pas un fournisseur de rêves, figure-toi ! Je n'ai pas besoin que ce soit artistique ! Même si je souffre, même si c'est une expérience douloureuse, je serai content si cela me permet de marcher sur les traces de ma vie intérieure. Poétique ou non, lyrique ou non, c'est une question qui ne m'intéresse pas. Même si je dois souffrir à en bondir de douleur, je veux qu'on comprenne ma souffrance, pour écrire de façon crédible, je serais prêt à me blesser moi-même. Derrière la nonchalance, derrière l'optimisme, enfouie si profondément que même en rêve on ne saurait l'imaginer, il y a la réalité, la substance de l'homme, j'ai envie de leur demander, comment, vous ne le saviez pas ? Je veux ouvrir les yeux aux dilettantes, pour qu'ils restent muets de surprise et les bras ballants et qu'ils baissent la tête de confusion. Oui, voilà ce que je veux.
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Takayanagi parlait peu, ne se mêlait à personne, il passait pour un misanthrope plein d'ironie. Nakano était un garçon ouvert, chaleureux, comblé de talents et aux goûts éclectiques. Depuis qu'ils étaient tombés l'un sur l'autre à l'improviste, ils ne se quittaient plus et entretenaient des rapports si familiers que leur relation était une énigme pour un regard extérieur. Le destin avait formé un ensemble de soie, Oshima doublé de Chichibu.
[**Deux endroits célèbres pour le tissage de la soie. Les kimonos en soi d'Oshima sont légers, souples et solides en même temps, de qualité supérieure ]
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Dans les faits, messieurs, vous ne disposez d'aucun idéal. A la maison, vous méprisez vos parents, à l'école, vous méprisez vos professeurs, dès que vous pénétrez dans la société, c'est pour mépriser les gentlemen. Éprouver du dédain pour le monde entier est une attitude, une simple pose. Car pour être en mesure d'afficher du mépris, il faut posséder un grand idéal. Si l'on ne nourrit pas soi-même un idéal, mépriser les autres est une forme de déchéance.
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Quant à lui, il s'agitait pour sa subsistance, et pour cela strictement. C'était une activité aussi sèche que le vent d'automne, qui ne laissait pas de place au moindre rayon de chaleur. Il travaillait pour s'acquitter de la tâche qu'un destin sévère lui avait impartie, pour vivre enfin, et racheté le péché d'être venu au monde. Il se jugeait aussi intelligent que n'importe lequel de ces spectateurs qui butinaient le plaisir avec l'ardeur des papillons, et n'éprouvait nulle honte à l'idée de leur être comparé de ce point de vue. S'il ne parlait pas, ce n'était certes pas parce qu'il n'avait rien à dire ou que les gens ne l'estimaient pas. Mais il usait tout son temps à lutter pour vivre, et on ne lui donnait pas l'occasion de s'exprimer. S'il taisait ce qu'il avait à dire et que le monde voulait entendre en vain, c'est parce que le ciel lui liait les mains. C'était parce qu'on lui scellait la bouche.
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Vidéo de Natsume Soseki
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Natsume Sôseki, Je suis un chat, traduit du japonais et présenté par Jean Cholley, Paris, Gallimard, 1978, p. 369, « Unesco ».
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