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Trilogie Ragdoll tome 1 sur 3
EAN : 9782221197721
464 pages
Robert Laffont (09/03/2017)
  Existe en édition audio
3.71/5   1036 notes
Résumé :
Un "cadavre" recomposé à partir de six victimes démembrées et assemblées par des points de suture a été découvert par la police. La presse l'a aussitôt baptisé "Ragdoll", la poupée de chiffon. Tout juste réintégré à la Metropolitan Police de Londres, l'inspecteur "Wolf" Fawkes dirige l'enquête sur cette effroyable affaire, assisté par son ancienne coéquipière, l'inspecteur Baxter. Chaque minute compte, d'autant que le tueur s'amuse à narguer les forces de l'ordre : ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (292) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 1036 notes
À l'issue de son procès, Naguib Khalid accusé d'être le serial-killer connu sous le nom du Tueur Crématiste, tueur de 27 enfants en 27 jours se voit reconnu non coupable. L'Inspecteur William Oliver Layton-Fawkes (Wolf) ayant travaillé à l'arrestation de ce monstre voit rouge et décide de se substituer à la justice. Se précipitant sur Naguib Khalid, il lui assène des coups et l'aurait tué si d'autres policiers n'étaient pas intervenus. Suite à cet acte, il est interné une année durant dans un hôpital psychiatrique, le St Ann's Hospital où il apprend quelques mois plus tard l'arrestation de Naguib Khalid pour un nouveau meurtre.

Quatre années ont passé, l'inspecteur est réintégré dans ses fonctions et voilà qu'il est appelé sur une scène de crime à quelques pas de chez lui où est découvert un corps comportant des parties de six victimes et dont la tête est celle de Naguib Khalid. Pour apporter encore plus d'horreur à la scène, le cadavre pointe de son doigt la fenêtre de l'appartement de Wolf et, le serial killer annonce via une liste ses six prochains meurtres prévus avec nom et date prévue dont le dernier n'est autre que… l'inspecteur lui-même. Une course contre la montre commence pour les membres du Homicide and Serious Crime qui en plus d'identifier l'identité des 6 morceaux de cadavres, leur lien … doivent en plus se charger de protéger les autres victimes.
C'était sans compté sur l'intelligence du serial killer qui semble anticiper chacun de leurs gestes et fait preuve d'ingéniosité et, sur l'engouement médiatique sinistre pour Ragdoll (nom donné au serial killer) où le public semble prendre un plaisir morbide à suivre le compte à rebours de chacune des futures victimes…


Un thriller psychologique que le lecteur a sincèrement du mal à lâcher. 😈
Nous suivons l'enquête à la fois de l'intérieur avec l'enquête policière, les investigations et de l'extérieur grâce à Andrea, l'ex-femme de Wolf et journaliste à sensation. Étonnamment, le lecteur pourrait s'attendre à lire un thriller psychologique sanglant où l'auteur s'attarderait sur la description de scènes de crimes macabre (solution de facilité)… mais non, pas d'hémoglobine, de viscères ou autres horreurs comme chez Frank Thilliez par exemple. Daniel Cole utilise simplement son talent d'écriture et de conteur pour nous accrocher et nous garder en haleine via justement le développement de l'enquête qui au fur et à mesure révèle de nouveaux éléments qui captivent le lecteur.
L'intrigue se dévoile petit à petit, et Daniel Cole entraîne le lecteur dans des zones qu'il n'aurait jamais envisagé voire soupçonné. 😈

Les personnages sont extrêmement bien choisis : En plus de l'inspecteur Wolf, nous avons une équipe de policier de différents âges comme Baxter, ancienne coéquipière, amoureuse de Wolf et encline à la bouteille et partant au quart de tour, Finlay à deux mois de la retraite plus posé et réfléchi voire débonnaire, Simmons leur chef qui n'hésite pas à mettre la main à la pâte pour aider dans l'enquête quitte à s'attirer les foudres de son supérieur et, Edmunds, le bleu de l'équipe qui va petit à petit se dévoiler et prendre en assurance.
De l'autre côté, nous avons les médias avec le personnage d'Andrea l'ex de Wolf hésitant entre carrière et morale quant aux informations à donner mais qui toujours se trouve une bonne excuse pour expliquer ses choix ; son supérieur Elijah, un être cynique et sans morale qui est juste là pour faire monter l'audimat.
Enfin, les victimes ! Chacune d'elles apporte un nouvel élément à l'édifice et petit à petit le fil rouge entre elles apparaît. le lecteur éprouve différents sentiments en fonction de la personne menacée : haine, dégoût, peine, compassion.


Mon seul regret… La tension. C'est simple, ce thriller possède une histoire prenante qu'on suit avec un vrai plaisir sadique mais la tension psychologique n'est pas présente comme on pourrait s'y attendre. Je m'attendais à une intrigue qui monterait crescendo avec l'apothéose finale : la révélation. Ici, la tension est plutôt digne des montagnes russes avec des moments palpitants croisé avec des moments plus calmes. Ce livre me fait d'ailleurs penser par son style aux romans de Robert Galbraith concernant son détective Strike. Même ton, même humour mais une écriture remarquable.


Je tiens à remercier les éditions Robert Laffont pour ce livre en avant-première avec cette épreuve non corrigée. J'ai pris un vrai plaisir à le lire et il est difficile de se dire que c'est terminé.
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un bouquin aussi prenant à s'en bouffer les doigts pour connaitre la suite, page après page ! A en oublier de donner ses croquettes à ma fille et de vérifier les devoirs de mon clebs ( ou l'inverse hum ). M'en fout, pas le temps !
Daniel Cole prend le lecteur au collet via une tension générée par un course contre la montre derrière un tueur qui a annoncé une liste de victimes associée à des jours précis. A chaque fois, une question : comment le tueur va s'y prendre.
Au fil des assassinats, de nouveaux éléments sont lâchés, laissant le lecteur dans le doute absolu sur l'évolution de l'enquête, les ressorts des crimes et l'identité du serial killer.
Les personnages principaux sont très intéressants, du jusqu'auboutiste inspecteur Wolf ( lui-même sur la liste du tueur ) au jeune stagiaire hyperclairvoyant Edmunds. Tous sont complémentaires même s'ils n'ont ni les mêmes motivations, ni le même passé, ni la même attitude.
J'ai également grandement goûté à l'humour de l'auteur lorsqu'il évoque le cirque médiatique ultra-voyeuriste qui transforme l'affaire en cynique téléréalité.
Le final est quelque peu capillo-tracté ( pas sûre d'avoir tout compris ) avec sa touche faustienne, mais pas grave, le plaisir est là.
Plutôt impressionnant comme premier roman.
Merci Babelio pour cette découverte et hâte de rencontrer l'auteur le jeudi 5 avril dans vos locaux parisiens !
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En 2010, à Londres a lieu le procès d'un tueur en série, Naguib Khalib surnommé "le tueur crématiste" car il a fait périr par le feu 27 gamines en 27 jours ! L'inspecteur qui a permis son arrestation s'appelle William Fawkes, surnommé "Wolf". Après de longues délibérations, faute de preuves suffisantes et d'accord unanime du jury, le condamné est déclaré "non coupable". Wolf entre alors dans une fureur sans égale et se précipite sur le "libéré" qu'il manque tuer à coups de poings, de pieds. Il est finalement maîtrisé par un gardien et suite à cet épisode sanglant est transféré dans un asile psychiatrique durant un an.

Il apprend durant son séjour à l'hôpital que "le crématiste" a récidivé ce qui accentue sa rage et envoie dès lors le gracié en prison.

4 ans plus tard, il est réintégré dans le service de police criminelle chaperonné par un sergent proche de la retraite : Finlay.

L'équipe est un jour appelée dans un appartement proche de celui de Wolf où elle découvre avec horreur un corps composé de 6 victimes, toutes les parties de leur anatomie ont été cousues ensemble : une jambe noire, une blanche, une poitrine de femme et la tête que Wolf reconnaît aussitôt comme celle du crématiste qui pourtant purgeait sa peine en prison.
L'équipe est devant une énigme qui monopolise toute leur attention : à qui appartiennent les 6 parties de corps cousues ensemble à part la tête identifiée ? Cette macabre découverte porte désormais le nom de "Ragdoll"(poupée de chiffon en anglais) Donc à qui appartenaient ces morceaux de personnes et pourquoi ont-elles été ainsi "réunies" ?
L'histoire se corse lors de la découverte d'une liste des 6 prochaines victimes ainsi que la date de leur "exécution", le dernier nom de la liste est celui de Wolf ...

Dès lors, l'équipe s'arrache les cheveux pour tenter de trouver un motif commun qui expliquerait ce que veut l'assassin et tenter par là de le démasquer avant qu'il n'ait le temps d'achever sa sinistre "mission".
Parce que effectivement, les meurtres se succèdent selon la liste prévue par le mystérieux assassin et les moyens choisis sont toujours indécelables jusqu'à l'exécution de la victime.

Je passe délibérément sur les caractéristiques des différents membres de l'équipe car il m'a fallu un certain temps pour retenir qui était qui. Je mentionnerai uniquement l'ex femme de Wolf, Andrea car elle est journaliste et prend des initiatives malencontreuses en divulguant des informations qui auraient du rester au secret de la police, en un mot, elle fout la pagaie plus souvent qu'à son tour car elle est très carriériste et ambitieuse. Et un petit mot sur la coéquipière de Wolf , Emily Baxter qui est amoureuse de lui ...

Les recherches se poursuivent et ... les meurtres continuent comme prévu.

Quelques bonnes idées qui amènent une certaine tension nerveuse mais un rythme parfois un peu lent passé au sein des disputes au sein de l'équipe et une fin tarabiscotée que je ne suis pas certaine d'avoir entièrement comprise. Un moment agréable toutefois et un livre qui se lit aisément si ce n'est l'enchevêtrement des membres de la police qui passent la plupart de leur temps à se disputer. Un thriller à lire en vacances par exemple mais j'ai déjà lu mieux assurément ce qui ne m'empêchera pas de lire la suite "L'appât".
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Ragdoll par ci. Ragdoll par là.
A force d'en entendre parler, je m'y suis collé. J'ai pas été scotché.

Fatigué de toutes ces maisons d'édition vendant leur dernier rejeton comme le phénomène de l'année. Comme un p'tit arrière-goût de déjà vu comparable à ces innombrables matchs de boxe affichés régulièrement comme le combat du siècle. Problème, il n'y a généralement qu'un siècle en cours pour plusieurs prétendants au titre.
Mais peu n'importe, tant va la cruche à l'eau qu'à la fin la caravane passe. Enfin j'me comprends.

Alors quid réellement de cette Poupée de Chiffon.
Tout comme dans la chanson de Polnareff, elle dit non aux enquêteurs, semble les narguer du haut de ses divers membres constitutifs, tous d'origines non contrôlées.
C'est vrai que le pitch claque.
Un assemblage de membres suturés appartenant à six vicitmes différentes.
Une death list égrenant six nouvelles cibles en sursis avec, en point d'orgue, la tête de l'enquêteur principal de cette affaire, l'inspecteur Wolf, y a réellement de quoi hurler de plaisir.

Je referme le dernier joyau du polar sans la moindre extinction de voix. Pas dû gueuler assez fort.
Si l'extase littéraire est aux abonnés absents, le plaisir pris à jouer avec cette poupée est, lui, tout à fait réel.

La dramaturgie fonctionne pas mal.
Une équipe aussi diverse que variée, à défaut d'être avariée, semble perdre pied, forcément, dans cette enquête retorse à souhait.
Problème, les personnages présentent moult stéréotypes lus et relus. Entre un Wolf traumatisé par un passé dégueulasse, une coéquipière tétant de la boutanche tout en couvant de ses yeux de biche son boss et un assistant bien plus finaud qu'il n'y paraît, rien de nouveau à se mettre sous la dent sur pivot. Mention spéciale, toutefois, à l'ex de Wolf en journaliste aux dents longues et pointues tiraillée entre sa carrière et sa déontologie, même si la déontologie journalistique fait plutôt figure d'oxymore, à la base.

Je disais donc que le récit déroulait tranquillou sans pour autant surprendre plus que cela. Notamment au niveau du lien tragique unissant tous ces morts en sursis. Là, j'ai juste envie de huer sobrement. Bouuuh.
Si le final m'a plutôt convaincu agréablement d'où ce "Oh, sans déconner" tout en économie, les motivations et la genèse du super vilain m'ont laissé... dubitatif.
Et j'aime pas dubitater, comme l'impression de m'être fait avoir comme un bleu.

Il semblerait qu'une suite soit à l'ordre du jour.
Si j'y vois inscrit meilleure suite de tous les temps de l'univers, je crois que je me casse colère...
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"The thrill is gone", chante B. B. King...

C'est malheureusement ce qui m'est arrivé avec ce "bestseller mondial qui obsède les médias".
"Vous aussi, vous serez touchés !" - touchée, coulée...
Ce n'était peut-être pas le moment idéal d'entamer le livre de Cole juste après "Le manuscrit inachevé" de Thilliez; on a affaire au même "ragdoll", un bonhomme assemblé à l'aide de plusieurs cadavres, mais celui de Thilliez a un but (si je peux m'exprimer ainsi) et une existence justifiée (même si c'est immonde). Pour celui de Cole, je me demande pourquoi le meurtrier s'est donné tant de peine...?
L'idée de livre est pourtant bonne - un cercle vicieux "faustien" (comme l'appelle l'auteur) où nos actes passés resurgissent et nous attrapent. Tout le monde sait qu'il n'est pas bon de signer un pacte avec le Diable.

William "Wolf" Fawkes fait partie du contingent de ces flics sombres et tourmentés qui n'en font qu'à leur tête. Il pète un câble en s'acharnant sur un meurtrier libéré par le jury à l'issue du procès.
Il est donc interné dans un hôpital psychiatrique, pendant que le "tueur crématiste"récidive et retourne dans la prison. Mais les dés sont jetés et la partie commence.
Wolf réintègre la police au moment où la marionnette cousue de six cadavres différents est découverte dans un appartement vide en face du sien - et elle le pointe du doigt !
Qui sont ces victimes ? Quel est ce message ?
Et dans la foulée, la liste des prochaines victimes avec les dates de leur mort est adressée à son ex-femme, Andréa, qui travaille pour une chaîne TV. Le meurtrier est-il assoiffé de gloire ? En tout cas, le dernier nom sur la liste est celui de William "Wolf" Fawkes.

L'histoire est bien ficelée, si l'on veut bien croire que les choses peuvent vraiment se passer comme ça - alors je me suis prêtée au jeu, tout en essayant de comprendre pourquoi certains personnages continuent obstinément dans leur mutisme, tandis qu'un mot aurait suffi pour tout débloquer... et je ne parle pas que des meurtres.
Etrangement, j'avais l'impression que les policiers ne mènent pas une enquête systématique - ça butine, ça papillonne - le seul qui fournit un véritable effort est le jeune lapin stagiaire Edmund, qui sert accessoirement du profileur-amateur (dans l'affaire de cette envergure !).
Le meurtrier est si ingénieux que cela frôle Arsène Lupin.
Le système de protection des personnes en danger laisse à désirer; et de toute façon, les médias savent tout, tout de suite !
Alors, comment adhérer vraiment à l'histoire, dont la fin vaporeuse présage qu'il faudrait acheter une suite ?

"Le lecteur de "Ragdoll" devrait avoir le coeur bien accroché" !
Je ne sais pas pour le coeur; dans mon cas c'étaient plutôt les paupières qui tombent et les sourcils qui remontent en lisant quelques touches humoristiques qui m'ont fait penser à des séries TV des années 80.

Mais bon, Daniel Cole est un gentil garçon, il défend la cause des animaux, et c'est son premier roman. Et c'est les vacances, alors tout va bien !
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critiques presse (1)
LeFigaro
21 avril 2017
L'histoire d'un tueur ironique et d'un flic obstiné que l'odeur du sang rend fou.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
Celui que la presse avait baptisé Le Tueur Crématiste avait été le serial killer le plus prolifique de toute l'histoire de Londres : vingt-sept victimes en vingt-sept jours. Chaque fois une prostituée dont l'âge ne dépassait pas les quatorze-seize ans. Dévoilant au commun des mortels les réalités effroyables qui se déroulaient en bas de chez eux, l'affaire avait connu un retentissement extraordinaire. La majorité des victimes, abruties de sédatifs avant d'être brûlées vives, avaient été retrouvées en train de se consumer. Quand, d'un coup, les meurtres avaient cessé, les policiers s'étaient trouvés désemparés, sans le moindre suspect. Tout au long de l'enquête, le Metropolitan Police Service avait été cloué au pilori, accusé d'avoir été incapable d'empêcher l'assassinat d'innocentes jeunes filles. Pourtant, dix-huit jours après le dernier meurtre, Wolf procédait à l'arrestation du coupable.
L'homme dans le box des accusés s'appelait Naguib Khalid. Musulman sunnite d'origine pakistanaise, Britannique, il travaillait comme chauffeur de taxi dans la capitale. Il avait des antécédents judiciaires, des délits mineurs d'incendies criminels et vivait seul. Lorsqu'on avait présenté à la cour les relevés ADN établissant un lien entre trois des victimes et la banquette arrière de son taxi, appuyés par le témoignage accablant de Wolf, l'affaire avait semblé entendue. Or, l'accusation s'était entièrement effondrée à l'audience.

Les rapports de surveillance collectés par l'inspecteur et son équipe avaient été contredits par des alibis. Il avait été établi que Khalid avait été l'objet de violences et d'intimidations au cours de sa garde à vue. Une expertise médico-légale contradictoire avait démontré que l'ADN carbonisé ne pouvait être considéré comme une preuve fiable, et enfin, pour le plus grand bonheur des avocats de la défense, la Direction de la police des polices de Londres avait présenté une lettre de source anonyme, datée de quelques jours avant le dernier meurtre, qui exprimait des doutes sur la manière dont Wolf conduisait l'enquête et sur sa santé mentale – au point de le considérer comme « obsédé », « rongé par l'affaire », et de recommander une mutation immédiate sur un autre dossier. Celle-ci, qui était déjà la plus monstrueuse du moment, prit alors encore plus d'ampleur. La police était pointée du doigt pour avoir utilisé Khalid comme un bouc émissaire idéal afin de masquer son incompétence. Le directeur et le sous-directeur du SC & O mais aussi toute la police criminelle subirent des pressions : face à la corruption flagrante qui régnait dans leurs services, on les exhorta à la démission. Pendant ce temps-là, les tabloïds se délectaient de détails sordides et croustillants sur la vie de l'inspecteur tombé en disgrâce : son alcoolisme, ses probables tendances à un comportement violent, lesquelles avaient bel et bien conduit son mariage au naufrage. À tel point qu'il fallut rappeler à l'ordre l'avocate de Khalid pour avoir suggéré que Wolf devrait peut-être échanger sa place avec son client. Tout au long des débats, Khalid observait ce cirque avec perplexité, n'affichant pas même une lueur de satisfaction à passer du statut d'ange de la mort à celui de victime.
Le dernier jour du procès se termina comme on s'y attendait. La défense et le Ministère public présentèrent successivement leurs conclusions, et ce avant que le juge ait pu fournir ses instructions aux jurés : un bref résumé des preuves, certes limitées mais reconnues valides, accompagné de quelques conseils pour appréhender la complexité de la loi. Les jurés, au nombre de douze, s'éclipsèrent ensuite par la porte située derrière la barre des témoins pour délibérer. Assis autour d'une imposante table en bois pendant quatre heures et demie, les membres du jury entamèrent des discussions en vue de rendre leur verdict.

.........

— Vous, membres du jury, déclarez-vous l'accusé Naguib Khalid ici présent coupable ou non coupable des vingt-sept chefs d'accusation de meurtre ?

Bien qu'elle ait connaissance de la réponse, Samantha se surprit à retenir son souffle. Dans l'assemblée, plusieurs chaises grincèrent à l'unisson tandis que des oreilles impatientes, sur le qui-vive, se penchaient vers l'avant...

— Non coupable.

Samantha jeta un coup d'œil à Khalid, fascinée ; elle guettait sa réaction. Le visage enfoui dans ses mains, il tremblait de soulagement.

C'est alors que fusèrent les premiers hurlements de panique.

En un éclair, Wolf avait bondi vers le banc des accusés et, avant même qu'un des policiers n'ait eu le temps d'intervenir, il agrippa la tête de Khalid pour l'extirper hors du box. Dans un cri étouffé, l'homme atterrit brutalement au sol tandis que Wolf l'agressait avec une sauvagerie et une violence inouïes. Il lui défonça plusieurs côtes, à coups de pied, à coups de poing, jusqu'à s'en faire saigner les phalanges.
Une alarme retentit quelque part. Wolf fut frappé au visage, et du sang afflua dans sa bouche. Il recula en titubant vers les jurés, fit chuter une femme sur son passage. Il lui fallut quelques secondes seulement pour se redresser, le temps que des policiers s'interposent entre lui et le corps supplicié qui gisait au pied du box des accusés. Il contre-attaqua mais sentit des mains fermes retenir son corps chancelant et l'obliger à s'agenouiller, avant de le plaquer finalement au sol. Manifestement exténué, il poussa un long souffle qui se mêla aux relents de sueur et à l'odeur du bois ciré. Il suivit des yeux la matraque qu'avait laissé tomber l'un des flics blessés, roulant jusqu'au panneau du box, qu'elle percuta avec un son mat.

Khalid avait l'air mort, mais Wolf voulait en avoir le cœur net. Mû par un ultime shoot d'adrénaline, il se dégagea brusquement puis rampa à toute vitesse vers l'homme inanimé déjà recouvert de taches brunes, là où le sang imbibait le tissu de son complet bleu marine bon marché. Wolf tendit la main vers l'arme en métal et enroula ses doigts autour de la surface lisse et froide. Il l'avait relevée à hauteur de tête lorsqu'un violent choc le fit tomber en arrière. Désorienté, il n'eut que le temps de voir le policier de garde, affecté au banc des accusés, brandir sa matraque pour la seconde fois et lui fracasser le poignet.

...............

QUATRE ANS PLUS TARD

Une odeur familière, quoique peu prononcée, s'intensifiait au fur et à mesure que Wolf progressait vers la porte ouverte au bout du corridor. C'était l'odeur de la mort, reconnaissable entre mille. Les gens qui travaillent dans ce genre d'environnement finissent vite par s'habituer à ce mélange unique de merde, de pisse, de chair putréfiée et d'air vicié.

Wolf recula dès qu'il entendit un martèlement de pas précipités provenant de l'intérieur. Une jeune femme se précipita sur le seuil, se laissa tomber à genoux et vomit juste à ses pieds. Il patienta poliment, attendant le moment opportun pour lui suggérer de dégager, quand résonna un autre bruit de pas. Il recula instinctivement et le Sergeant Emily Baxter déboula dans le couloir.

— Wolf ! Je me disais bien que je t'avais vu rôder dans le coin ! s'écria-t-elle par-dessus les têtes silencieuses. Sérieux, si c'est pas cool, ça ? (Elle baissa les yeux vers la femme prise de haut-le-cœur et pliée en deux.) Puis-je vous demander d'aller dégueuler ailleurs, s'il vous plaît ?

La femme s'éloigna à quatre pattes, honteuse. Baxter, tout excitée, saisit le bras de son collègue et l'escorta à l'intérieur de l'appartement.
........
— Simmons ne t'a pas dit ?

— Pas dit quoi ?
Elle l'entraîna à travers l'appartement bondé, éclairé seulement d'une dizaine de lampes torches disposées aux endroits stratégiques. Bien que peu envahissante, l'odeur s'accentuait au fur et à mesure que Wolf avançait. À la quantité de mouches qui filaient à toute vitesse au-dessus de lui, il devinait que la source fétide n'était plus très loin.

Le logement offrait une belle hauteur sous plafond. Il n'était pas meublé et apparaissait beaucoup plus spacieux que celui de Wolf. Pour autant, il n'était guère plus agréable. Les murs jaunis étaient percés de nombreux trous d'où s'échappaient des fils électriques et des isolants poussiéreux qui pendaient vers un sol nu. Ni la salle de bains, ni la cuisine ne semblaient avoir été rénovées depuis les années soixante.

— Il ne m'a pas dit quoi ? répéta-t-il.

— C'est l'affaire du siècle, Wolf ! affirma Baxter, ignorant la question. Le genre de crime que tu rencontres une seule fois dans ta carrière.

La tête ailleurs, Wolf repéra la seconde chambre et se demanda si le loyer n'était pas trop élevé pour le clapier pourri qui lui servait de maison, de l'autre côté de la rue. Ils pénétrèrent dans la pièce principale, pleine de monde, et machinalement Wolf chercha un cadavre par terre, entre les jambes des flics et les équipements de rigueur.

— Baxter !

Elle s'arrêta et se tourna vers lui avec agacement.

— Qu'est-ce que Simmons ne m'a pas dit ?

Derrière elle, les techniciens regroupés devant une imposante baie vitrée s'écartèrent. Avant qu'elle ait pu répondre, Wolf s'était déjà approché en vacillant, le regard accroché par un point lumineux qui les surplombait ; la seule source de lumière que la police n'avait pas apportée avec elle : un projecteur braqué sur une scène lugubre... Le corps, dénudé, crispé en une posture qui n'avait rien de naturel, paraissait flotter à une trentaine de centimètres au-dessus du plancher irrégulier. Il avait le dos tourné vers le mur et semblait regarder par l'immense baie vitrée. La silhouette tenait en l'air grâce à des centaines de fils invisibles, eux-mêmes solidement retenus au plafond à l'aide de deux crochets de levage métalliques.

Il fallut un bon moment à Wolf pour identifier ce qui était le plus déconcertant dans la scène surréaliste qui s'offrait à ses yeux : une jambe noire attachée à un torse blanc. Incapable de comprendre ce qu'il contemplait, il s'avança. Peu à peu, il remarqua les énorme
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— Qu'est-ce que Simmons ne m'a pas dit ?
[...]
Il fallu un bon moment à Wolf pour identifier ce qui était le plus déconcertant dans la scène surréaliste qui s'offrait à ses yeux : une jambe noire attachée à un torse blanc. Incapable de comprendre ce qu'il contemplait, il s'avança. Peu à peu, il remarqua les énormes points de suture qui reliaient des morceaux de corps mal assortis, la peau étirée là où elle avait été percée ; une jambe d'homme noir, une jambe blanche ; une grande main d'homme d'un côté, une main fine et hâlée de l'autre ; une chevelure noir de jais emmêlée qui retombait de manière perturbante sur la poitrine menue et couverte de taches de rousseur d'une femme. Baxter vint se placer auprès de lui, se délectant sans complexe de son écoueurement.
— Il ne t'a pas prévenu... Un cadavre certes, mais... six victimes ! [...]
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— [...] J'ai l'agent de police Castagna au bout du fil pour vous. C'est au sujet d'Andrew Ford.
— Je le rappellerai, dit Wolf.
— C'est urgent, il menace de sauter par la fenêtre.
— Castagna ou Ford ?
— Ford.
— Pour s'échapper ou se suicider ?
— Du quatrième étage ? Je dirais, cinquante-cinquante.
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— Si vous laissiez tomber ce rictus stupide et me racontiez pourquoi on ne pouvait pas se rencontrer à votre bureau? [...]
— Dans la presse, on n'aime pas trop voir des flics fouiner un peu partout dans nos locaux. Pourquoi pas votre bureau ?
— Dans la police, on n'aime pas trop voir des journalistes fouille-merde, suffisants et qui - puent l'après-rasage fouiner un peu partout dans nos locaux. Voila pourquoi.
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Le corps dénudé, crispé en une posture qui n'avait rien de naturel, paraissait flotter à une trentaine de centimètres au-dessus du plancher irrégulier. Il avait le dos tourné vers le mur et semblait regarder par l'immense baie vitrée. La silhouette tenait en l'air grâce à des centaines de fils invisibles, eux-même solidement retenus au plafond à l'aide de deux crochets de levage métalliques.
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Le Prix Bête Noire donne la parole aux libraires ! Pour sa sixième édition, ce sont quatre polars français et étrangers qui ont été sélectionnés. A l'issue de la lecture et des votes, il n'en restera qu'un. Nous avons posé quelques questions à Camille Racine, responsable éditoriale de cette collection Robert Laffont, pour en savoir plus sur ce prix qui a déjà récompensé Daniel Cole, Ilaria Tuti, Fabrice Rose, Mathieu Lecerf et Olivier Gallien.
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Quel est la partie manquante du corps de Naguib Khalib ?

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