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EAN : 9782367190303
87 pages
Tristram Editions (04/09/2014)
3.33/5   9 notes
Résumé :


Françoise, une jeune bourgeoise parisienne, prend un matin la route de Ramatuelle, pour les vacances. Dans les Maures, un accident criminel dont elle est témoin fait basculer son existence, jusqu'alors parfaitement ordonnée, dans une dimension sauvage, sept jours durant.

Rédigé par Françoise elle-même, le récit de cette semaine fatale -nu, intense, impitoyable, comme les événements racontés -est illuminé par des visions saisissantes d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A une époque maintenant assez lointaine, ne disposant pas de liste interminable de titres et d'auteurs à lire continûment alimentée suite à mes longues déambulations virtuelles au coeur de la blogosphère littéraire, je m'accrochais, pour assouvir mon insatiable besoin de lire (parce qu'à ce stade, ce n'est même plus une passion), à ce que je considérais comme des "valeurs sûres", comprenez des auteurs déjà lus et appréciés...

C'est ainsi que je me suis à plusieurs reprises tournée vers Pierre Bourgeade, dont l'oeuvre, très éclectique, fut la source d'une satisfaction fluctuante... depuis, mes pratiques livresques sont devenues papillonnantes (il y a tant à lire, et si peu de temps), mais c'est avec plaisir que j'ai retrouvé cet écrivain inclassable à l'occasion de l'activité "Un mois, un éditeur" organisée par Sandrine, les éditions Tristram étant en ce mois de novembre à l'honneur.

Françoise d'Elbée, mariée à un grand banquier parisien, est mère de deux jeunes enfants. Elle-même est issue d'une riche famille bourgeoise, dont elle a reçu une éducation puritaine, dénuée de toute affection. Passive, vide d'émotions, de sentiments et de désirs, elle subit une existence dont elle est comme absente. Vierge au moment de son mariage, ses rares ébats avec son époux l'ont confortée dans ce vague dégoût qu'elle éprouve pour le corps -qu'il s'agisse de celui des autres ou du sien-, source de méconnaissance et de désintérêt.

Françoise vit, ou plutôt végète dans une bienséance mortifère...

Et puis... tout bascule. Comme chaque été, elle se rend, une semaine avant le reste de sa famille, dans leur maison de vacances, à Ramatuelle. Peu avant son arrivée, elle est témoin, sur la route, du viol et du meurtre perpétrés par deux jeunes hommes qui font basculer leur victime prisonnière de son véhicule dans un ravin, où il explose. Contre toute attente, l'héroïne évoque, face aux forces de l'ordres survenues sur les lieux, un accident, dédouanant les agresseurs, qu'elle invite de surcroît chez elle.

C'est Françoise elle-même qui, à l'issue de l'aventureuse semaine passée avec les deux hommes, couche sur le papier, d'une écriture tranchante et serrée, les événements qui l'ont ponctuée. Au cours de ces quelques jours, elle s'est libérée des carcans dans lesquels l'avait enserrée son éducation, accueillant la brutalité de ses compagnons avec une sorte de curiosité distante, devenant leur objet sexuel et la complice de leurs délits.

Son récit est empreint d'un étrange détachement, dépourvu de toute notion de bien ou mal, comme si le vide émotionnel de sa vie l'avait amputée de tout discernement moral. Son témoignage est par ailleurs émaillé de souvenirs macabres et incongrues (visions de cadavres, de scènes de tortures diffusées à la télévision...) qui le rendent d'autant plus perturbant.

Et c'est bien là que réside la force de ce texte, dans sa capacité à susciter à la fois fascination et malaise, face à cette femme qui plonge dans ce déraisonnable et dangereux abandon, dans cette sensualité violente et implacable -à l'image du soleil de plomb qui brille sur Ramatuelle- qui ne semble même pas lui procurer quelque plaisir, mais la conforte dans le fait qu'elle est passée à côté du sel de la vie, et qu'elle est irrémédiablement anesthésiée à toute sensation, qu'elle soit bonne ou mauvaise...

"Ramatuelle", dont le format est celui d'une novella, souffre quelque peu de cette brièveté, la rapidité avec laquelle s'enchaînent les événements amoindrissant leur crédibilité. J'ai malgré tout apprécié sa dimension sulfureuse et son ton original.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
C’est ici que Gérard Philipe est enterré. Mes parents l’avaient vu une fois, il y a bien longtemps, au Palais des Papes, à Avignon, jouer le Cid. Dans ses films, j’admirais son allure, sa manière de se tenir droit, sa manière de marcher, ce mélange de jeunesse et de défi. Célèbre pour avoir tué, ou pour incarner un tueur. On montre les tueurs sous les traits de monstres, mais ils sont souvent beaux, rayonnants, tramant les cœurs après eux. Les hommes le nient, les femmes le savent. Je hais les lâches, les mous, je puis admirer celui qui risque, celui qui viole, celui qui tue.
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On dit que lorsque l’on coupe la queue d’un lézard, la queue repousse. On dit que si on coupe un serpent par le milieu, les deux morceaux se recollent. Si on coupait la queue d’un homme, je me demande si elle repousserait. Si on coupait un homme en deux, avec une tronçonneuse, il est probable que les deux morceaux ne se recolleraient pas. La preuve, lorsqu’on décapite un homme, la tête ne se recolle plus. J’aurais aimé voir des exécutions à Paris, autrefois. Il paraît que ça se faisait en public, il n’y a pas encore très longtemps, on allait au théâtre, à l’opéra, on soupait en robe longue, les hommes en habit, et on allait voir, au lever du jour, fonctionner la guillotine. Il paraît qu’on entend trois bruits presque en même temps, un bruit sec, qui est le bruit que fait le couperet, un bruit fin, qui est le crissement de la lame dans le cou, un bruit sourd, qui est celui de la tête qui tombe dans le panier.
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Dans la vie qu’ils m’ont fait mener, on apprend vite. Je crois que je pourrais me prostituer sans problème. Je m’en faisais un monde, ce n’est rien. Les femmes qui font de riches mariages ne sont-elles pas des prostituées ? Autre chose : en deux nuits, j’ai appris à satisfaire deux hommes ensemble, leur arracher la force qui est en eux jusqu’à ce qu’ils tombent de sommeil.
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On dit que les fils sont passionnément attachés à leur mère, mais je n’ai jamais rien senti de tel en Pierre, et si j’avais senti quelque chose de ce genre, je ne l’aurais sûrement pas supporté. Mes enfants ne me ressemblent pas physiquement. Ils ressemblent à leur père. Je n’ai jamais souffert de cela. Je n’aurais pas aimé qu’ils me ressemblent.
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Je crois voir une bouche trop rouge, des yeux trop maquillés. Une prostituée ? Je connais ce mot, je sais ce que sont les prostituées, mais j’imagine mal le détail de leur commerce. Je n’aurais sûrement pas pu me prostituer. Je me maquille très peu. Je n’aurais jamais pu supporter tout ce rouge à lèvres sur la bouche.
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Videos de Pierre Bourgeade (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Bourgeade
Jean-Hubert Gailliot - Éditions Tristram .Jean-Hubert Gailliot des éditions Tristram vous présente deux ouvrages de Pierre Bourgeade. Rentrée littéraire 2014. "Venezia" http://www.mollat.com/livres/bourgeade-pierre-venezia-9782367190297.html "Ramatuelle" http://www.mollat.com/livres/bourgeade-pierre-ramatuelle-9782367190303.html Notes de Musique : None Music/Unknown Album/Seizure's Palace. Free Music Archives.
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