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Marc Eigeldinger (Préfacier, etc.)
EAN : 9782080703835
474 pages
Flammarion (02/04/1993)
3.83/5   214 notes
Résumé :
Les "Récits fantastiques" de Théophile Gautier (1811-1872) regroupent des nouvelles qu'il écrivit tout au long de sa vie. Pour lui, le rêve était une seconde vie, et s'il fut, au début de sa carrière littéraire, influencé par Hoffmann et Goethe, il devint en dépassant les frontières du réel pour le royaume des ombres, en transgressant les interdits, en entremêlant illusion et réalité, pressentiment et passé mythique dans des récits passionnants, l'un des maîtres de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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J'apprécie bien plus la fantasy que le fantastique en littérature. J'aime m'aventurer dans des univers créés de toutes pièces par un auteur, plutôt que me trouver confronté à l'irruption du surnaturel dans la vie de tous les jours, un surnaturel plus ou moins atténué par des explications liées au rêve, à la science. C'est notamment ce qui ne me fait pas reverer Lovecraft, à qui je reconnais pourtant d'indéniables qualités de précurseur.

Ceci étant dit j'ai plutôt passé un agréable moment avec ces Récits Fantastiques, surtout avec les deux dernières histoires (Avatar et Jettatura) qui ont l'avantage d'être plus développées. Le sens de l'écriture de Gauthier, son goût pour les remarques ironiques adressées directement au lecteur y trouve parfaitement à s'épanouir. Et les thèmes choisis y semblent plus originaux que dans les autres récits, parfois un peu redondants.

Après avoir lu Mademoiselle de Maupin, j'ai en tout cas découvert un autre versant du talent d'un auteur aux multiples facettes, bien ancré dans son époque et en relation avec nombre de ses contemporains. Il n'hésite d'ailleurs pas à se mettre lui-même en scène dans "Le club des Hachichins".
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Pour le lecteur d'aujourd'hui, les récits fantastiques de Théophile Gautier peuvent s'avérer décevants. Aucune overdose de surnaturel, de loufoque ou de barré ne surviendra suite à leur lecture. S'ensuivra juste un léger malaise, la sensation très altérée que l'incompréhensible peut surgir n'importe quand, sans prévenir, s'insinuer malicieusement dans l'existence calme et rangée de n'importe quel homme ordinaire, la chambouler de fond en comble, sans que personne d'autre que le principal intéressé ne le remarque, et s'en aller définitivement. Nous sommes donc bien loin de la définition que revêt aujourd'hui le fantastique…
Mêlant toujours le rêve et la consommation de substances hallucinogènes à ses récits, nous ne pouvons même plus être certains que ceux-ci découlent vraiment du fantastique. Ils semblent plutôt vouloir bifurquer du cours des choses par l'usage immodéré des techniques qui permettent aux hommes de décrocher quelques instants de la vie quotidienne.

« Il eût été capable, sans cette tendance funeste, d'être le plus grand des poètes ; il ne fut que le plus singulier des fous. Pour avoir trop regardé sa vie à la loupe, car son fantastique il le prenait toujours dans les évènements ordinaires, il lui arriva ce qui arrive à ces gens qui aperçoivent, à l'aide du microscope, des vers dans les aliments les plus sains, des serpents dans les liqueurs les plus limpides. Ils n'osent plus manger ; la chose la plus naturelle, grossie par son imagination, lui paraissait monstrueuse. »

Pour moi qui ne m'attendais pas à du fantastique de la sorte, la lecture de ces nouvelles m'a tout d'abord déçue. Noyés sous un flot de descriptions, de détails qui semblent insignifiants, les évènements fantastiques que subissent les personnages paraissent abordés de manière furtive, élucidés rapidement sans avoir réussi à transmettre tout leur potentiel surnaturel. Mais à la relecture, j'aperçois les choses d'une manière différente. L'ambiance que cherche à planter Théophile Gautier fait elle-même partie du fantastique et créé un univers propice à l'apparition d'évènements extraordinaires. Sans cela, le pied de la momie ne serait qu'une vulgaire babiole, alors qu'elle devient, grâce aux mots de Gautier, une amulette chargée d'une aura effrayante, dénichée par hasard chez un antiquaire mystérieux. Et le fantastique, dans ces nouvelles, s'étend aussi aux milieux fréquentés par Gautier. Cercles de fumeurs d'opiums, confréries secrètes, où l'on s'éclaire à la bougie, avant de repartir en voiture tirée par des chevaux…

Alors que je m'apprêtais tout d'abord à écrire un commentaire sévère sur ces nouvelles fantastiques de Gautier, je remets en question mon jugement. Certes, tout est si subtil, dans ces contes, qu'on peut rapidement tomber dans l'ennui, mais ce serait alors passer à côté d'une atmosphère magique et envoûtante, qui laisse dans le souvenir du lecteur une impression de fantastique diffus dans lequel on a souvent envie de se plonger à nouveau…

« Je ne regrette rien, puisque tu es sauvée : qu'ai-je perdu, en effet ? le spectacle monotone plus ou moins pittoresque où se déroulent les cent actes divers de la triste comédie humaine. – La terre, le ciel, les eaux, les montagnes, les arbres, les fleurs : vaines apparences, redites fastidieuses, formes toujours les mêmes ! Quand on a l'amour, on possède le vrai soleil, la clarté qui ne s'éteint pas ! »

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J'ai découvert par hasard ce livre dans une brocante, il était au départ destiné à mon mari qui aime le fantastique. Comme je connaissais Théophile Gautier pour sa poésie, j'ai été tentée de le lire et j'ai été subjuguée par son imaginaire si fertile, son atmosphère si particulier qui pourrait être grave de par le sujet et qui au contraire vous donne l'espoir d'un ailleurs réconfortant. Je pourrais le relire encore et encore. J'ai tout particulièrement aimé La Cafetière, Jettatura, Avatar, Omphale et Aria Marcella
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J'ai beaucoup apprécié ce recueil de nouvelles fantastiques qui m'a rappelé mes années de lycée quand nous avions étudié La cafetière pour l'épreuve du baccalauréat. La magie opère toujours, l'auteur nous fait voyager dans un monde où se mêlent rêve et réalité. Ces récits sont envoûtants, avec des personnages charismatiques et des endroits dépaysants.
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Jettatura, un de ces récits fantastiques, est une nouvelle, ou plutôt, un petit roman. Petit par sa longueur, mais ô combien grand par sa force !
La jettatura est le mauvais sort qui est jeté par le jettatore. le jettatore possède le mauvais oeil : d'un regard, volontaire ou involontaire, il peut aller jusqu'à tuer une personne.
Dans « Jettatura », du sublissime Théophile Gautier, Paul d'Aspremont aime Alicia Ward et Alicia Ward aime Paul d'Aspremont. Un mariage heureux et approuvé devrait conclure cet amour. Mais l'impitoyable jettatura va se mêler à cette belle histoire toute simple. En semant la destruction et la mort, la jettatura va révéler la plus grande histoire d'amour qui soit, va révéler la force que l'amour donne aux deux amoureux.
Dans Jettatura, vous reconnaîtrez la peur de Théophile Gautier du mauvais oeil auquel il croyait dur comme fer, au point de porter toujours sur lui une amulette en corail en forme de cornes pour conjurer le mauvais sort.
Pas de but moral, pas de but utile, seulement de la beauté dans l'écriture, les sentiments. L'humain dans ce qu'il a de plus grand, de plus noble — mais aussi fort qu'il soit, d'après l'auteur, jamais un homme ne pourra vaincre le mauvais oeil.
En un mot, c'est beau, c'est fort, c'est Théophile Gautier !
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Il me semble que mon corps est devenu perméable, et laisse échapper mon moi comme un crible l’eau par ses trous. Je me sens fondre dans le grand tout, et j’ai peine à me distinguer du milieu où je plonge. La vie dont j’accomplis, autant que possible, la pantomime habituelle, pour ne pas chagriner mes parents et mes amis, me paraît si loin de moi, qu’il y a des instants où je me crois déjà sorti de la sphère humaine : je vais et je viens par les motifs qui me déterminaient autrefois, et dont l’impulsion mécanique dure encore, mais sans participer à ce que je fais. Je me mets à table aux heures ordinaires, et je parais manger et boire, quoique je ne sente aucun goût aux plats les plus épicés et aux vins les plus forts ; la lumière du soleil me semble pâle comme celle de la lune, et les bougies ont des flammes noires. J’ai froid aux plus chauds jours de l’été ; parfois il se fait en moi un grand silence comme si mon cœur ne battait plus et que les rouages intérieurs fussent arrêtés par une cause inconnue. La mort ne doit pas être différente de cet état si elle est appréciable pour les défunts.
- Avatar
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— Kling, kling, kling ! — Pas de réponse. — Est-ce qu’il n’y serait pas ? dit la jeune fille.

Elle tira une seconde fois le cordon de la sonnette ; aucun bruit ne se fit entendre dans l’appartement : il n’y avait personne.

— C’est étrange !

Elle se mordit la lèvre, une rougeur de dépit passa de sa joue à son front ; elle se mit à descendre les escaliers un à un, bien lentement, comme à regret, retournant la tête pour voir si la porte fatale s’ouvrait. — Rien.

Au détour de la rue, elle aperçut de loin Onuphrius, qui marchait du côté du soleil, avec l’air le plus inoccupé du monde, s’arrêtant à chaque carreau, regardant les chiens se battre et les polissons jouer au palet, lisant les inscriptions de la muraille, épelant les enseignes, comme un homme qui a une heure devant lui et n’a aucun besoin de se presser.

Quand il fut auprès d’elle, l’ébahissement lui fit écarquiller les prunelles : il ne comptait guère la trouver là.

— Quoi c’est vous, déjà ! — Quelle heure est-il donc ?

— Déjà ! le mot est galant. Quant à l’heure, vous devriez la savoir, et ce n’est guère à moi à vous l’apprendre, répondit d’un ton boudeur la jeune fille, tout en prenant son bras ; il est onze heures et demie.

— Impossible, fit Onuphrius. Je viens de passer devant Saint-Paul, il n’était que dix heures ; il n’y a pas cinq minutes j’en mettrais la main au feu ; je parie.

— Ne mettez rien du tout et ne pariez pas, vous perdriez.

Onuphrius s’entêta ; comme l’Église n’était qu’à une cinquantaine de pas, Jacintha, pour le convaincre, voulut bien aller jusque-là avec lui. Onuphrius était triomphant. Quand ils furent devant le portail : — Eh bien ! lui dit Jacintha.

On eût mis le soleil ou la lune en place du cadran qu’il n’eût pas été plus stupéfait. Il était onze heures et demie passées ; il tira son lorgnon, en essuya le verre avec son mouchoir, se frotta les yeux pour s’éclaircir la vue ; l’aiguille aînée allait rejoindre sa petite sœur sur l’X de midi.

— Midi ! murmura-t-il entre ses dents ; il faut que quelque diablotin se soit amusé à pousser ces aiguilles ; c’est bien dix heures que j’ai vu !
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Le bonheur est une chose si rare en ce monde, que l'homme n'a pas songé à inventer des paroles pour le rendre, tandis que le vocabulaire des souffrances morales et physiques remplit d'innombrables colonnes dans le dictionnaire de toutes les langues.
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Je ne regrette rien, puisque tu es sauvée : qu’ai-je perdu, en effet ? le spectacle monotone plus ou moins pittoresque où se déroulent les cent actes divers de la triste comédie humaine. – La terre, le ciel, les eaux, les montagnes, les arbres, les fleurs : vaines apparences, redites fastidieuses, formes toujours les mêmes ! Quand on a l’amour, on possède le vrai soleil, la clarté qui ne s’éteint pas !
- Jettatura
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[…] rien ne meurt, tout existe toujours ; nulle force ne peut anéantir ce qui fut une fois. Toute action, toute parole, toute forme, toute pensée tombée dans l’océan universel des choses y produit des cercles qui vont s’élargissant jusqu’aux confins de l’éternité. La figuration matérielle ne disparaît que pour les regards vulgaires, et les spectres qui s’en détachent peuplent l’infini.
- Arria Marcella
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Vidéo de Théophile Gautier
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Vous en avez assez des anti-héros qui, à force d'ausculter leurs blessures intimes, finissent par vous flanquer le cafard ? Vous voulez un grand roman d'aventures, en costumes et décors du 17ème siècle ? J'ai ce qu'il vous faut…
« le Capitaine Fracasse », de Théophile Gautier, c'est à lire en poche chez Folio.
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Le pied de momie

Le narrateur de la nouvelle est :

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