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EAN : 9782752902719
576 pages
Phébus (30/08/2007)
3.84/5   48 notes
Résumé :
Disons-le d’emblée : Redemption Falls est sans aucun doute le plus grand roman de Joseph O’Connor. En multipliant comme à l’infini les points de vue, il donne à ses personnages une vertigineuse complexité. Cent personnages traversent le livre, tous magnifiquement vivants. Mais inoubliable est le couple formé par James O’Keefe et Julia, bouleversants sont leur histoire et les liens qui les unissent. Sous la plume aussi sensible qu’acérée de O’Connor, la petite ville ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
le dernier roman de Joseph O'Connor (auteur entre autres d'Inishowen L'îlot non loin de l'ïle) est un oriflamme qui se déchire dans le feu et la boue de l'Amérique, une bannière étoilée du sang des rebelles du Sud,des victimes et des assassins,interchangeables.Nous sommes à la fin de la Guerre de Sécession et Joseph O'Connor brasse très habilement avec lyrisme et réalisme quelques destins individuels qui vont se couler dans l'immense maelstrom qu'est n'importe quelle après-guerre,plus encore quand il s'agit d'une guerre civile.Un révolutionnaire irlandais échappé des bagnes de Tasmanie,son épouse métisse sud-américaine,un frère et une soeur séparés par le conflit Nord-Sud et d'autres.

Redemption Falls a la force des fresques sans la mollesse un peu sirupeuse qui souvent s'y attache.De construction très originale le roman fait appel aux témoignages,aux affiches,aux chansons pour constituer un ensemble cohérent sur cette période difficile de l'Amérique,sans véritables vainqueurs tant les haines et les rancoeurs demeurent tenaces entre migrants misérables et propriétaires arrogants.Joseph O'Connor ne s'autorise aucune démagogie ni aucun simplisme.Il sait décrire comme personne ces bourgs fantômatiques, ces réfigiés en haillons,ces justices sommaires,ces violences partagées et ces cieux du Nord-Ouest parcourus par la délicatesse d'un aigle sur lequel il prend le temps de s'attarder.Cet homme là est un immense prosateur qui une fois de plus fait mériter à l'Irlande ce beau titre de Terre des Lettres.Je ne peux que vous conseiller d'embarquer sur un vapeur et de remonter le grand fleuve jusque vers ces Territoires du Nord-Ouest,vierges et violents,baroques et sordides, humains,trop humains,par le fer et par le sang.
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On va rapidement passer sur "Joseph O'Connor = le frère de Sinead O'Connor" et que décidément, quelle famille !
Redemption Falls fait partie de ces livres qui demandent un effort à leur lecteur et qu'on termine en se disant que ça en valait la peine.
L'écriture est dense, complexe (j'ai parfois pensé à William Faulkner), et la forme fait se succéder de multiples points de vue. le genre de livre dont on ne peut pas lire 10 pages de temps sans être rapidement perdu.
Le récit se passe au lendemain de la guerre de sécession (ça m'a peut-être aidé à penser à Faulkner...) et est porté par la croisée de deux destins : un irlandais, général nordiste rebelle, et un gamin qui a accompagné les armées sudistes. Chacun traine derrière lui ses fantômes, n'est peut-être plus capable de vivre dans la société des hommes. A ces deux beaux personnages centraux, Joseph O'Connor associe des seconds rôles tout aussi intéressants et torturés, et tout ce beau monde évolue dans un univers d'après guerre en friche.
Une des grandes réussites de ce roman est le soin apporté à l'écriture de chaque chapitre, équilibré et précis. le changement de voix entre chacun permet à Joseph O'Connor d'éviter les scènes de transition qui alourdissent souvent les romans. Certains chapitres pourraient être des nouvelles à part entière, exercice auquel Joseph O'Connor est par ailleurs familier.
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( 16/09/ 2012 )

Il est des livres historiques qui nous éloigne de la compréhension interne de l'Histoire et il est des romans qui bien qu'imaginaire, nous font comprendre une période de l'Histoire de l'intérieure... C'est le cas de "Redemption Falls", un grand roman pour moi!!

Je vous dis d'emblée... Je ne l'ai pas lu pour les personnages qu'on y rencontre même si au fil des pages, j'ai commencé à m'y attacher.

On est en 1866, après le Guerre de Secession, les Etats - Unis apprennent à vivre leur unité parce que même si sur papier, il n'y a plus de nord et de sud, la frontière est encore là dans le coeur des hommes. Or lors de la Grande Guerre en Europe, si trace de passé il y a chez les survivants et les descendants, pour nous elle n'est plus visible... Ce qui marque une évolution rapide! Mais c'est peut être aujourd'hui ce qui nous empêche de totalement comprendre ce pays parce qu'il y a bien encore aujourd'hui un avant Sécession avec les descendants de cette époque et un après avec les nouveaux migrants qui n'ont aucun lien avec les début de la conquête des Etats - Unis... Il y a donc deux Amériques, chacune évoluant en parallèle et ne comprenant pas l'autre parce que pas les mêmes racines historiques.

Ici ce livre exprime de façon magistrale ce qui s'est joué avant l'unité. Ce que chacun est venu chercher dans ce pays en conquérant une parcelle de terre et aussi comment il a été une belle caisse de résonance aux révoltes irlandaises, qui fait que les Etats - Unis de maintenant ne peuvent être comprise sans découvrir L Histoire irlandaise.

Comme vous le voyez, je vous parle d'Histoire au lieu de la trame du roman... Mais peut être parce qu'il aurait pu tracer la vie de tout ancêtre éloigné d'un natif Américain et que dès lors, l'identité de nos héros n'a pas d'importance.... A vous de voir!
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Ça commence avec l'image d'un femme qui marche. Elle marche tellement longtemps que c'est à peine croyable. Les kilomètres ont tant usé ses misérables souliers qu'au bout d'un moment, elle marche pieds nus. Elle est sale et maigre à faire peur, elle a faim, elle a froid, elle croise des hommes qui la malmène -bien sûr, c'est un euphémisme- mais elle est portée par une volonté farouche, elle ne s'arrête ni ne baisse la tête, elle ira jusqu'au bout de sa quête...

Cette femme, c'est Eliza Duane Money. C'est d'ailleurs à peine une femme, elle n'a que dix-sept ans, mais elle est déjà terriblement endurcie contre les coups durs que sa condition lui fait inévitablement subir.
Être une femme pauvre dans ce monde d'hommes, au lendemain de cette fratricide et sanglante guerre de Sécession, c'est être vouée à n'être presque rien, à subir la brutalité des désirs bestiaux, subir une domination masculine évidente, violente et inique.

Le but de sa quête tient en un mot, ou plutôt en un nom : Jeremiah. Jeremiah est le jeune frère d'Eliza. Il s'est enfui du foyer familial, et son errance l'a mené à Redemption Falls, ville (fictive) du sud des États-Unis, dont le gouverneur récemment nommé, James O'Keefe, peine à asseoir son autorité.
Il faut dire que les circonstances jouent contre lui : James a été placé là par le gouvernement de l'union après la victoire des confédérés, et les sudistes, vaincus, voient d'un très mauvais oeil l'irruption de cet intrus, qui de surcroit est irlandais. La propension du gouverneur à la bouteille et la violence de ses crises de fureur font par conséquent les choux gras de la presse locale. Redemption Falls est la ville de péquenots par excellence, perdue au milieu de nulle part, noyée sous la poussière que génère une terre aride et infertile. Pourtant, le "Col O'Keefe", surnommé aussi "Le sabre", fut, en son temps, une légende.

Condamné par le royaume d'Angleterre pour ses activités subversives et révolutionnaires à la résidence forcée en Tasmanie, il parvint à s'évader de l'île ...

Oh, là, là, ça ne va pas du tout, je suis en train de trop en dire. D'autant que la sagesse de ce résumé à la chronologie linéaire ne peut pas vous donner la mesure du souffle qui habite le roman de Joseph O'Connor. Vous devrez reconstituer tous les éléments de son histoire comme si vous construisiez un puzzle. Une bribe de journal par ici, un échange épistolaire par là, quelques chansons et poèmes vous imprégnant au passage d'une atmosphère tantôt guerrière, tantôt sentimentale... Il est très difficile de rendre compte compte de la richesse de ce récit au rythme entêtant, où se bousculent souvenirs et compte-rendus pseudo historiques, où se côtoient héros déchus et femmes du monde, indiens et brigands... L'ensemble étant servi par une écriture qui sait se faire saccadée ou lyrique, les phrases sèches et sans verbe alternant avec de longues tirades éloquentes.

C'est fort, violent, odorant, émouvant...
C'est foisonnant mais complètement maîtrisé, si bien que le tout forme un ensemble parfaitement homogène...

... que dire de plus ?

Mais... que faites-vous encore là ?
Courez, courez à la librairie la plus proche pour vous procurer ce petit bijou !!
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Si l'Histoire est écrite par les vainqueurs, à la lecture de ce roman étrange on peut se demander qui a remporté la guerre de Sécession.
Première particularité : le personnage principal, le général O'Keeffe, est une ruine, terrassé par ses échecs et ses traumas.
Deuxième : la construction du roman, qui enchaîne passages narratifs, lettres (dont certaines écrites à l'oreille), chansons, retranscriptions partielles de témoignages, poèmes... Et pour ne rien arranger, la chronologie sautille un peu. Autant dire qu'il faut s'accrocher.
Et enfin : le roman s'apparente à une enquête, une reconstitution de l'histoire d'O'Keeffe et de son entourage, au point que je me suis sérieusement demandée si ces gens avaient existé (mais non).
Le résultat est noir, extrêmement riche, poétique comme peuvent l'être la rage et la misère.
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 décembre 2007
Lecture jeune, n°124 - Sur fond de guerre de Sécession, ce roman met en scène une foule de personnages et nous conduit de la Louisiane, aux Territoires des Montagnes, en passant par New-York, le Canada et les champs de batailles. Au coeur du récit, une petite ville minière et son gouverneur, l’ancien révolutionnaire irlandais le général O’Keefe ; un héros déchu, craint et méprisé de tous à commencer par sa femme, Lucia, si belle, si cultivée et qu’il a tant aimé... Des dizaines de personnages surgissent, dont Eliza, 16 ans, émigrante irlandaise qui part à la recherche de son frère Jeremiah. Ce roman grandiose et désordonné, nous décrit une nation qui se cherche dans la violence et une nature sauvage pas encore domptée. Redemption Falls est aussi une fresque de l’émigration irlandaise et alterne récits, ballades, rapports et articles de journaux. Le style de O’Connor fait merveille ; concis, rapide, haletant, et poétique. L’émotion sous-tend chaque page. Michelle Brillatz
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Nudité inhabituelle. Solitude dans un corps. Cette image que nous repoussons de nos parents, de nos ancêtres, de gens qui vécurent il y a longtemps, qui n'étaient pas comme nous, qui n'éprouvaient pas nos sentiments, dont le désir est effrayant parce que c'est de là que nous sommes issus. Il y aura un jour un poème anonyme où cet instant sera évoqué ; son intranquilité, ses doutes, un baiser sur la poitrine d'une femme, ses doigts dans la dentelle d'une chemise de nuit pleine de métaphores, car le corps est un fond de métaphores aux mains d'un versificateur, qui sait combien nous avons peur. Brisé à la guerre. Touché par amour ou par manque. Désiré dans la nuit. Imaginé dans la rue. "Cette main vivante", a écrit son poète préféré. "Je te la tends".
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La Bible dit que les doux hériteront de la Terre. Au paradis, peut-être. Pas dans l'Ouest. Parce que je vais te montrer une frontière qui s'appelle le centième parallèle, et à l'ouest de cette ligne là, mon frère, les doux héritent que de la merde
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Quand c'est qu'il avait bu, on rentrait point dans sa chamb'. Fallait fout' le camp. N'importe où. Pa'ce qu'y se foutait bien de ce qu'y faisait alors, dame... Les Irlandais, y boivent comme les Indiens. C'était rien qu'du poison pour lui. Ça faisait ressortir le pire en lui... Y pensait pu qu'à ses problèmes... Ça renforçait ses démons... Les Français, y savent boire un peu. Les Russes. Les Suédois. Les Allemands, y peuvent boire jusqu'à temps qui pousse de la barbe aux grenouilles... Mais l'Irlandais, y sait pas quand c'est qu'y faut s'arrêter.
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Mon père était croque-mort à Rédemption Falls à l'époque. Il avait quitté l'est du Texas au printemps soixante-cinq. Pouvait pas s'habituer à voir les nègres libres comme l'air. Il est monté dans le Nord parce qu'il y fait froid là-haut en hiver, et il croyait que les nègres monteraient pas vers le froid... Il avait des préjugés quand il était jeune. Après, il a changé. Quand il est mort, il détestait tout le monde, pas de différence. On peut considérer ça comme un progrès.
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Cet imposteur de l'Indiana. Voilà ce qu'en disait Duggan. Le visage marqué à l'acide du président. Grêlé, boursouflé, comme un personnage de Poe ; comme si les égratignures et les coups du burin du sculpteur avaient déjà commencé à travailler l'icône. Les anecdotes à propos de sa gentillesse étaient trop nombreuses pour être toutes rapportées ; elles en disaient aussi long qu'elles masquaient la vérité. Car il était à l'image du pays, c'est ce qu'il vous semble à présent : généreux, rigide, ombrageux, autodidacte, épris de sa langue, dur comme un clou de cercueil. Il vénérait tant la liberté qu'il la réprimait si nécessaire ; il enterrerait la moitié de ses concitoyens sous les prairies qu'ils avaient conquises afin que l'autre moitié pût vivre selon la loi. Vous jugez vos cauchemars terribles ? Rendez grâce que ce ne soient point les siens. Que ces yeux n'ont-ils pu voir dans le miroir ?
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Joseph O'Connor commente son roman, "Muse".
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