Démarrer un livre d'
Anne Bragance est toujours, pour moi, synonyme de très bons moments de lecture en perspective à passer. Celui-ci ne déroge pas à la règle.
Je trouve qu'
Anne Bragance possède l'art et la manière de traiter de sujets sociaux à la fois sombres et importants de manière très facile à suivre. le ton est juste, vrai, empathique, grave... Elle s'attache aux personnages qu'elle met en scène, moi aussi, et cela me touche profondément.
Là il s'agit d'une mère et de son fils âgés respectivement de 40 et de 17 ans.
Au moment où le roman démarre, Mathilde vient de quitter son énième compagnon car il la frappe. Et manifestement, elle est coutumière du fait p.46 "Je tombe en amour comme on se tord la cheville, un petit accident de terrain, je ne prends pas garde, et clac, je pars en vrille, je me retrouver étalée, offerte, la proie idéale pour un prédateur. Désormais cet homme fera de moi ce qu'il voudra, je serai sa chose, son objet, sa distraction préférée. Vous savez, petit juge de mon coeur, ce sont des enfants les hommes, ils possèdent enfin un jouet qu'ils ont convoité, qui leur plaît infiniment, avec lequel ils s'amusent un moment et le moment d'après ils se mettent à taper dessus, ils tapent jusqu'à le réduire en miettes et ne s'arrêtent que lorsqu'ils l'ont démoli."
Pour son fils Camille, c'est la goutte qui fait déborder le vase et il jure de massacrer le prochain qui osera porter la main sur sa mère. Et pourtant, c'est un grand calme, un amoureux des livres, des beaux mots… et il commence à s'intéresser à une fille en particulier p.160 "Je suis au bout de sa main, il m'emmène, me promène lui aussi, il me montre les lieux qu'il aime, me présente à des gens qui lui sont chers comme son grand-père Jules ou le docteur Trévier. Il m'offre des livres qu'il a lus et aimés. Ensuite, il m'interroge sur ma lecture.
Et encore, et surtout, il m'invite dans ses pensées, ses soifs, ses désirs, ses projets les plus fous et même ses erreurs, il n'oublie jamais de tout partager avec moi. Les mots, les phrases qu'il pose entre nous sont des cadeaux, jamais personne ne m'en a fait de pareils, de plus beaux."
Dans ce dernier roman d'
Anne Bragance, il est question de maltraitance subies par les femmes, de la manière d'élever un enfant quand on est une mère seule (au fil de votre lecture, vous découvrirez la raison de l'absence ; c'est d'ailleurs l'occasion de très belles pages), de la façon dont certains détenus brésiliens sont invités à purger leur peine de prison en découvrant la littérature et en en même temps de reconstruction, de vie, d'espoir, d'amour, de bonheur, de vieillesse, de lecture…
Je n'ai pas trouvé ce livre misérabiliste. Au contraire, il m'a fait le plus grand bien tout en me donnant des idées et des envies de reconversion professionnelle possible.