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EAN : 9782246675518
262 pages
Grasset (01/09/2005)
3.2/5   5 notes
Résumé :
" Nous avons rendez-vous avec l'Islam. Ce rendez-vous est quotidien, dans nos villes d'Europe, mais aussi à Karachi, à New York, à Téhéran et à Istanbul. Depuis le 11 septembre 2001, depuis les attentats de Madrid, de Londres et de Charm el-Cheikh, peu de monde en Occident doute que nous soyons entrés dans une phase de confrontation active avec cette civilisation. Longtemps relégué dans une friche folklorisée de notre imaginaire, l'Islam revient sur la scène de l'hi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Alexandre Adler est probablement l'un des esprits les plus intelligents de son temps. Depuis près de vingt ans, il commente avec une culture époustouflante l'actualité internationale à la télévision ou dans la presse (Courrier international, le Monde, L'express, le point ...). En 2002, il franchissait le pas en publiant son premier essai "J'ai vu finir le monde ancien", justement salué par la critique (il obtint le prix 2003 du Livre politique) et par le public. Quelques livres plus tard il nous revient avec un essai sur l'Islam - dont la photographie de couverture n'est pas sans similitude avec celle de "J'ai vu finir ..."

Sans doute a-t-il cédé à une certaine mode éditoriale - comme il l'avait fait un an plus tôt avec "L'Odyssée américaine" - en consacrant un livre supplémentaire à une région dont on n'a jamais autant parlé que depuis le 11-septembre. Affirmer que "l'espace de l'Islam (...) revient de plus en plus vite au centre de notre univers mental et politique" (p. 56) est au mieux une évidence, au pire une lapalissade. Mais cet essai n'est pas inutile dans la mesure où il nous invite à nous focaliser sur les deux pays qui, selon Adler, tiennent les clés d'un éventuel "islam modernisé" : la Turquie et l'Iran.

Alexandre Adler, qu'on a parfois suspecté de néo-conservatisme pour son appui sans nuance de la politique de George Bush en Irak, est trop subtil pour adhérer sans réserve à la théorie du "choc des civilisations". le principal conflit ne se joue pas, dit-il, aux frontières sanglantes de l'Islam décrites en son temps par S. Huntington "mais bien au contraire au coeur de l'Islam lui-même avec des personnages capitaux pour l'avenir démocratique de notre comme le regretté Ahmed Shah Massoud en Afghanistan, Kemal Dervis en Turquie, les frères Khatami en Iran, le défunt Rafic Hariri au Liban (...)" (p. 13). Tout le mérite de son court mais dense essai est de nous inviter précisément dans les deux principaux pays musulmans où se joue la dialectique de l'Ancien et du Moderne.

On peut lui reprocher, dans les deuxième et troisième parties de son ouvrage, d'avoir voulu pousser le parallélisme un peu loin en multipliant les références croisées entre la Turquie et l'Iran. Certes, ces deux pays ont connu les mêmes vicissitudes liées à la menace d'un environnement hostile et au difficile passage à la modernité. Pour autant la situation à Ankara et à Téhéran est bien différente.

La Turquie est "vectorisée par son rapport à l'Europe" (p. 216). Alexandre Adler - dont les parents ont échappé au génocide en fuyant l'Allemagne vers la Turquie - ne cache pas être "très favorable" à la candidature européenne de la Turquie (p. 10). Il décrit un pays en marche forcée vers la modernité, à la fois économique et politique où l'accession au pouvoir du parti islamiste AKP doit moins à une flambée de fondamentalisme qu'au discrédit qui a frappé l'ensemble de la lasse politique. Il prédit une édulcoration thermidorienne de l'AKP et un probable retour au pouvoir du centre-gauche et du centre-droit laïques.

Rien de tel en Iran. Alors que la Turquie, selon Adler, est aimantée par l'Europe, l'Iran n'est aimantée par rien. Sans doute la disparition du régime baasiste en Irak pourrait-elle lui conférer ce rôle de superpuissance régionale que le Shah avait, à son époque, si ardemment recherché. Mais l'époque n'est plus la même, le soutien indéféctible des Etats-Unis a cédé la place à une franche hostilité et l'environnement reste toujours aussi instable (l'Irak à l'ouest, l'Afghanistan au sud, la Russie au nord), nourrissant une paranoïa proprement chiite. Adler décrit fort bien le hiatus qui existe entre le président Ahmadinejad et son peuple. le premier est un ancien Moudjahidine, enferré dans un discours anti-sioniste et ani-américain passé de mode. le second aspire, sinon à l'adhésion pure et simple au modèle que lui propose l'Occident, du moins à la possibilité d'en consommer librement les fruits.

Dans la dernière partie de son livre, Adler se livre à un exercice de prospective proprement étourdissant. du plus catastrophiste au plus optimiste, il passe quelques scénarios en revue. le premier verrait l'Iran et la Turquie se déchirer les dépouilles de l'Irak, les premiers soutenant la majorité chiite, les seconds la minorité sunnite pour mieux étouffer les velléités d'indépendance kurdes. de fil en aiguille deux axes se constitueraient : "à un axe chiite Iran – Irak - Liban s'opposerait un axe sunnite Turquie – Syrie - Arabie saoudite" (p. 209). Ce scénario semble toutefois peu crédible à l'auteur. Il estime notamment que l'Irak n'est pas prête à basculer sous domination chiite mais qu'une forme de cohabitation s'y instaurera. Plus optimiste encore, il pense que les ambitions nucléaires de l'Iran seront canalisées.
Ces deux hypothèses sont discutables. Parier sur la pacification de l'Irak, c'est postuler que les Etats-Unis organiseront leur retrait en fonction de l'état du pays, alors que tout porte à croire qu'il sera guidé par les priorités politiques américaines. de la même façon démontrer comme le fait magistralement Adler que l'accession au statut nucléaire de l'Iran conduira, par effet de domino, via l'Egypte, l'Arabie saoudite, la Turquie et même le Japon, à une prolifération mondiale que les Etats-Unis ne sauraient tolérer ne signifie pas pour autant qu'elle soit impossible.

Le message de "Rendez-vous avec l'Islam", comme l'était déjà celui de "J'ai vu finir le monde ancien" est résolument optimiste. Espérons que l'avenir lui donnera raison.
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Alexandre Adler vient de sortir un nouveau livre:”Le monde est un enfant qui joue”.

On l'attendait depuis 4 ans. Je le commenterai très prochainement.

Le précédent était “Rendez-vous avec l'Islam”. Voici la critique que j'avais formulée à sa sortie.

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Alexandre Adler est indéniablement un géopolitologue de grand talent, à l'érudition certaine et doté d'une vision à la fois pertinente, originale et perpétuellement en mouvement.
.../...
Lien : http://www.bir-hacheim.com/r..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les francs-maçons sont très actifs dans l’armée où ils prennent la relève en une génération des janissaires alévis de Roumélie, ainsi que dans l’éducation. Les premiers lycées modernes à Salonique et à Istanbul ont pour professeurs et dirigeants des dönmehs connus, tous également francs-maçons. Mustapha Kemal fréquentera l’un d’eux à Salonique avant de passer ses examens militaires. L’un des fondateurs au moins du mouvement Jeune-Turc, le 14 juillet 1889, jour centenaire de la prise de la Bastille, est un Dönmeh avoué, Sükrü Bey. Plusieurs généraux dönmehs se battront à la tête de leurs troupes – ce sont tous des artilleurs ou des sapeurs – dans les dernières et malheureuses guerres de l’empire, et l’entourage de Mustapha Kemal, malgré sa totale rupture avec son comploteur ministre des Finances dönmeh Djavid Bey, sera toujours rempli de sabbatéens (et par ailleurs d’une théorie de francs-maçons musulmans sunnites à l’origine, de rite écossais).

Si l’on ajoute que les grandes victoires militaires des années 1918-1922, notamment sur les Grecs très chrétiens, auront été remportées avec l’aide empressée de l’Armée rouge, Lénine et Trotsky dépêchant même le vice-commissaire Frounzé pour appuyer et conseiller la nouvelle armée turque renaissante, il n’en faudra pas davantage pour que naisse chez les vaincus politiques traditionalistes de cette très difficile période, le mythe du complot maskomya (maçons + communistes + juifs) qui plaisait tant à Erdögan dans sa belle jeunesse islamiste où il lui consacra une pièce de théâtre.

Mais c’est aujourd’hui à gauche ainsi qu’à l’extrême droite laïque des Loups gris que ce mythe, version locale du protocole des Sages de Sion, renaît avec force et entêtement. (pp. 175-176)
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En Afghanistan, les Tadjiks sont de purs persanophones, et leurs rivaux Pathans (ou Pashtounes), malgré leur morgue très particulière, qui provient chez certaines de leurs tribus d’une origine juive hautement proclamée, parlent tous – au-dessus d’une certaine condition – ce qu’ils appellent la « langue de cour » ou dâri, qui n’est que du pur persan, un peu archaïsant, un peu « québécois ».

Dans l’Inde traditionnelle, les influences persanes, en penture comme en poésie, demeuraient dominantes jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, et une langue au moins de l’ouest de l’Inde, le sindhi, parlé à Karachi et dans les campagnes du bas Indus, est plus chargée encore de vocables persans que le turc djagataï. Certes, la très grande majorité de ces iranophones kurdes, baloutches, pathans sont sunnites ainsi que les Tadjiks, purement persanophones (mais qui comprennent une minorité ismaélienne fidèle à l’Aga Khan dans le Pamir, à laquelle appartient l’actuel président du Tadjikistan, Imam Ali Rakhman). Il n’empêche que l’influence culturelle de l’Iran y est demeurée dominante. Face à la pression de l’armée pakistanaise et des intégristes arabes, n’est-ce pas vers Téhéran que s’est spontanément tourné le leader des Tadjiks afghans Ahmed Shah Massoud, ainsi que son allié le mollah sunnite modéré antiwahabbite Burhanuddin Rabbi ? De même au Tadjikistan, c’est Téhéran qui soutenait avec Massoud, depuis son réduit afghan, l’insurrection « islamo-démocrate » locale ; Massoud y a d’ailleurs poussé, dès 1995, ses alliés à se réconcilier avec les communistes soutenus par Moscou, dans le cadre plus général de l’alliance globale de l’Iran avec la Russie. (pp. 96-97)
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Que veut vraiment Poutine? - Séminaire RDJ .Que veut vraiment Poutine? - Séminaire RDJ du 15 mars 2015 Avec : Michel Eltchaninoff, essayiste et rédacteur en chef à Philosophie magazine, auteur de Dans la tête de Vladimir Poutine (Actes Sud) et Alexandre Adler, historien, éditorialiste à Europe 1 et au Huffington Post ENTRÉE LIBRE ET GRATUITE Les séminaires de la Règle du jeu Tous les dimanches à 11h Au cinéma Saint-Germain 22 rue Guillaume-Apollinaire Paris 6ème Métro : Saint-Germain-des-Prés Informations : redaction@laregledujeu.org ? 01 45 44 98 74 laregledujeu.org
>Science politique (politique et gouvernement)>Idéologies politiques>Islamisme (Idéologies et partis politiques) (27)
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