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Charles Burghard (Traducteur)
EAN : 9782707165794
266 pages
La Découverte (27/07/2010)
4.36/5   36 notes
Résumé :
Rosa Blanca est le nom d'une hacienda, propriété de l'Indien Hacinto Yanez. À ses yeux, elle est la propriété de ceux qui y ont vécu, y vivent, ou y vivront : plus que le propriétaire, il en est le gardien, et il ne peut - ni ne veut - donc la vendre. Mais nous sommes au Mexique dans les années 1920, après la chute de la dictature de Porfirio Diaz, et la compagnie pétrolière américaine Condor Oil Company. qui possède déjà tous les champs pétrolifères alentour, veut ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans cette violente satire du capitalisme triomphant publiée en 1929, l'année du krach historique de Wall Street, l'auteur mythique B. Traven, nom de plume d'un écrivain communiste allemand émigré au Mexique, dénonce avec détermination la puissance destructrice des grandes compagnies pétrolières américaines, à travers la lutte emblématique qui oppose le propriétaire indien d'une hacienda mexicaine, la Rosa Blanca, située malheureusement pour lui sur un champ pétrolifère, et le président habile et sans scrupule de la Condor Oil Company, qui veut acquérir ses terrains à tout prix. Ce sera la lutte du pot de terre contre le pot de fer, de l'innocence contre le machiavélisme, du bon sens immémorial qui veut que les hommes aient besoin de la terre pour y faire pousser leurs récoltes et manger à leur faim, contre l'avidité à la recherche de toujours plus de profit, d'argent, de pouvoir.
Ce roman écrit il y a presque un siècle semble visionnaire, car de la destruction impitoyable des faibles par la cupidité des puissances financières - ici pétrolières - aux crises économiques provoquées par une spéculation éhontée, de la lutte inégale entre l'argent avec ses vautours aux serres apparemment propres et les victimes humaines de ces stratégies sans âme, aux pouvoirs réels de ces magnats multimilliardaires qui font et défont les politiques du monde entier (cf p 72, "Ce n'est pas de la Maison Blanche à Washington, mais d'un conseil d'administration de ce genre que peut dépendre le sort du monde"), rien ne semble avoir changé.
Le texte, chargé d'une ironie amère, dénonce, démontre les agissements de ces grands prédateurs à travers le comportement de l'un d'entre eux, Mr Collins, président de la Condor Oil Company, toujours en quête de plus de profits, notamment pour couvrir de cadeaux fastueux ses diverses maîtresses, et pour lequel Hacinto Yañez, le maître de la Rosa Blanca, ne sera qu'un pion facile à éliminer, physiquement.
Une lecture qui laisse le sentiment amer que, malgré la prise de conscience et la lucidité, les mêmes terribles mécanismes continuent à sévir en nos temps de crises et d'incertitudes.
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J'ai eu beaucoup, mais beaucoup de mal à lire ce livre.
Cela partait pourtant bien, le premier chapitre m'avait comblé. On y parlait des Indiens, de leurs terres, de leurs cultures… Et puis, plus de cent pages, sur Mr Collins, président de la Condor Oil Company est son pouvoir, sa richesse, ses femmes… Je n'en pouvais plus.
La fin est somme toute évidente, de toute façon l'auteur le dit depuis le début. Tout cela va mal se terminer pour l'indien Haciento Yanez propriétaire de la Rosa Blanca.
L'écriture de B. Traven est particulière quand même, avec beaucoup de répétition et un peu naïve (cela m'a énormément gêné)…
Je ne sais pas si je renouvellerai une lecture de cet auteur, j'ai en tout cas mis de côté « la révolte des pendus » un roman incontournable.

Bonne lecture !
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B.Traven démonte les ressorts du capitalisme et de l'âme humaine au travers d'un roman mettant en scène un caïd du grand capital, des Indiens et des Mexicains humbles et patriotes.
S'il y a une morale à en retirer cela pourrait être que:
Si vous avez maille à partir avec un capo du grand capital vous ne pouvez gagner ni même faire match nul en jouant proprement car vous n'aurez avec vous ni la presse, ni la loi, ni les Etats, ni les syndicats et à fortiori non plus la morale ni la religion.
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Une observation implacable, cohérente, lucide, actuelle, du capitalisme dans toute l'ampleur de son avidité... dans un livre écrit en 1929. Un peu moins d'un siècle plus tard, (et malgré beaucoup de déclarations et d'engagements à plus de vertu), la formule est toujours en place et fonctionne, au plus grand bénéfice d'une minorité sans état d'âme MAIS riche(issime).
Rosa Blanca n'a pas pris une ride : les tribulations des habitants d'une hacienda mexicaine convoitée par un grand consortium pétrolier qui dresse des plans de plus en plus complexes pour se l'approprier; ou si l'on regarde de l'autre côté du miroir : les tribulations d'un président d'un grand consortium pétrolier qui se doit de réussir un coup d'éclat pour remplir son compte en banque mis à mal par l'entretien de ses maîtresses et qui doit venir à bout d'une bande de culs terreux attachés à leur terre et leur mode de vie...
Un livre d'une belle maîtrise, qui analyse plus qu'il ne dénonce. Intemporel.
Monsieur B.Traven est un maître, et je lui tire mon chapeau.
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Apparemment, "Rosa blanca" commence comme "La révolte des pendus" ou "La charrette", deux autres superbes romans de B. Traven. Nous sommes dans l'état de Veracruz, au Mexique et l'auteur, avec son habituel talent, nous plonge dans le quotidien d'une hacienda tenue par l'indien Hacinto Yañez. Sur 800 hectares plusieurs familles, en parfaite harmonie, produisent maïs, haricots, chile (piments), canne à sucre, oranges, citrons, papayes, tomates, ananas mais aussi élèvent des chevaux, des boeufs, des porcs… La vie est paisible. Enfin, chacun vit et la solidarité n'est pas un vain mot grâce au système du parrain (compadre) et de la marraine (comadre) permettant aux familles de s'entraider en permanence, d'une génération à l'autre.
Cette tradition, héritée des Indiens, était forte au Mexique jusqu'à l'arrivée de Christophe Colomb… Petit à petit, les colonisateurs espagnols ont imposé leur logique d'exploitation, oubliant que la terre est d'abord nourricière.
Hélas, le patron de l'hacienda doit affronter la voracité de la Condor Oil Company (COC) qui veut à tout prix acquérir ses terres pour agrandir ses champs de pétrole. Cela se passe peu après 1920 et tout ce qu'écrit B. Traven est terriblement d'actualité, encore aujourd'hui. Nous partons alors dans le pays voisin, les USA où nous faisons connaissance avec Mr Collins, Président de la COC. Tous les détails de sa vie et de son irrésistible ascension nous permettent de comprendre les ressorts du capitalisme, de l'exploitation honteuse des mineurs à l'empire du tout pétrole. Pour conclure, l'auteur écrit cette phrase terrible : « Que nous importe l'homme, seul le pétrole est important. » Aujourd'hui, le mot pétrole serait-il interchangeable avec le mot nucléaire ?
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
On trouve chez tout homme la crainte plus ou moins grande qu'il sera récompensé ou puni pour les fautes qu'il commet ou qu'il a déjà commises. Ce sentiment n'a rien à faire avec la croyance à un jugement après la mort. Non plus qu'avec une punition correctionnelle, l'homme entrant en conflit avec la loi, et ayant à répondre de ses actes devant les tribunaux.
Non, la punition dont je veux parler, et que tous les hommes sentent et redoutent instinctivement, est d'un autre genre. Les gens appréhendent qu'un acte de ladrerie dont ils se seront rendus coupables ne se retourne contre eux-mêmes ou contre ceux qu'ils aiment. Beaucoup craignent de reperdre tout le bien qu'ils ont acquis par des moyens vils ou illégitimes. D'autres ont peur, quand ils ont commis une mauvaise action, que le malheur ne s'acharne plus tard sur eux, qu'ils ne tombent malades et ne deviennent infirmes et que, s'ils ne sont pas atteints eux-mêmes, leurs femmes, leurs enfants ou leurs meilleurs amis n'en pâtissent. Certains vont jusqu'à croire qu'il leur sera fait un jour exactement la même chose que ce qu'ils ont fait aux autres.
C'est là une des raisons psychologiques pour lesquelles presque tous les hommes se fixent une limite qu'ils n'osent pas dépasser. C'est cet instinct qui seul rend possible la vie sociale et permet aux hommes de combiner leurs efforts.
1929, éd. la découverte, p. 200
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Le samedi matin, la grève éclata dans toutes les mines debl'Anthracite Company. C'était la grève dont la Compagnie avait besoin pour encaisser le bénéfice de la manœuvre. C'est toujours la même chose : les ouvriers font rarement grève quand le moment leur est favorable, mais bien plutôt quand cela est utile au capitalisme. Ce n'est pas par sottise, mais pour obéir à des lois d'airain. Quoique fassent les ouvriers, ils feront, sous le régime capitaliste, ce qui est profitable au capitalisme parce qu'ils sont une partie du capitalisme, parce qu'ils sont, tant que ce régime se maintiendra, liés à lui à la vie et à la mort.
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Toutefois, Hacinto Yanyez, le patron de la « Rosa Blanca », était un Indien. Et comme il était Indien et qu'il se soumettait aux vieilles lois indiennes sans en connaître le texte même, parce qu'il les avait dans le sang, tout conflit entre une Compagnie pétrolière américaine et lui devait nécessairement aboutir à un drame. Car les armes qu'il savait manier et auxquelles il était habitué ne pouvaient rien contre une grande Compagnie américaine qui était obligée de gagner des milliards pour permettre à ses actionnaires de posséder un yacht de luxe et de faire des achats sur les boulevards de Paris.
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Cependant ces crises économiques ne sont pas provoquées par des puissances surnaturelles et mystiques, mais toujours et uniquement par le fait qu'une personnalité, ou d'un groupe de personnalités, interrompt brutalement la marche reguliere de le vie économique pour retirer de son intervention un grand avantage personnel.
p.113
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Ce que l'on estime le plus,c'est ce qui vous coûte le plus cher. Meme la fille n'aime sincèrement que l'homme pour lequel elle est obligée de gagner de l'argent et qui, par surcroît, la roue de coups à l'occasion.
p.55
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Videos de B. Traven (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de B. Traven
« Nul dieu ne t'aidera, nul programme, nul parti, nul bulletin de vote, nulle masse, nulle unité. Je suis le seul capable de m'aider. Et c'est en moi-même que j'aiderai tous les hommes dont les larmes débordent. » B. Traven est Traven Torsvan qui est Berick Torsvan qui est Otto Feige qui est Hal Croves, qui est Ret Marut, enfin, je crois. B. Traven est né un an avant la mort de Karl Marx, enfin, je crois. B. Traven est un romancier allemand et un activiste anarchiste, un de ces hommes de l'ombre au petit chapeau rond qui font bouger l'histoire sans perche à selfie. […] Il a pris un nom différent partout où il a fait de la prison. Il a fait de la prison partout où il a incité à la révolution. […] » (Thomas Vinau, 76 clochards célestes ou presque, Éditions le Castor Astral, 2016)
« L'homme qui a tant fait couler d'encre dans les dernières décennies de sa vie est mort le 26 mars 1969 dans la ville de Mexico à des âges différents, non sans avoir épuisé plusieurs identités dont aucune ne paraît être la vraie. le succès des romans de Traven […] a déclenché une « chasse » à un individu qui ne se laissait pas photographier […]. La seule chose prouvée est que B. Traven ne fait qu'un avec Ret Marut […]. […] le proscrit réussira à débarquer, dans des conditions ignorées, sur les côtes du Mexique au cours de l'été 1924. La vie qu'il va mener sous le nom de Torsvan, ingénieur américain, pour être moins mystérieuse, n'en reste pas moins secrète […]. […] Cet apatride sans identité obtient finalement la nationalité mexicaine en 1951. […] Il faut considérer le romancier […] comme un aventurier écrivain qui a passé la majeure partie de sa vie à égarer les soupçons – pour mieux enfoncer les preuves de son humanité comme autant de clous dans les têtes molles du siècle. […] » (B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018)
« […] Quoique mes oeuvres soient traduites en dix-sept langues, je n'ai ni maison ni argent et je ne possède qu'un minimum de vêtements indispensables. […] » (B. Traven, Lettre à Solidaridad Internacional Antifascista)
0:00 - L'art des Indiens 4:27 - 2e extrait 4:45 - 3e extrait 4:59 - 4e extrait 5:32 - Générique
Référence bibliographique : B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018
Image d'illustration : https://www.gettyimages.fi/detail/news-photo/traven-schriftsteller-d-portrait-im-profil-undatiert-news-photo/537147851
Bande sonore originale : Bensound - Tomorrow Tomorrow by Bensound is licensed under a CC BY 4.0 Attribution International license.
Site : https://www.bensound.com/royalty-free-music/track/tomorrow
#BTraven #LeGrosCapitaliste&AutresTextes #LittératureAllemande
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