AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070408450
439 pages
Gallimard (14/04/1999)
3.84/5   1417 notes
Résumé :
Comme les trois mousquetaires, ils sont quatre, embarqués dans une drôle d'aventure : écrire le scénario d'un feuilleton télévisé destiné à occuper l'antenne pendant les heures creuses de la nuit. Peu importe l'histoire puisque personne ne la regardera, la saga n'obéit qu'à un seul critère : coûter le moins cher possible en décors, acteurs et tournage. Et les quatre scénaristes, que tout sépare, ont été recrutés pour leur seul point commun : ils n'ont pas les moyens... >Voir plus
Que lire après SagaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (113) Voir plus Ajouter une critique
3,84

sur 1417 notes
Un régal d'humour sur la télévision et le processus créatif qui l'entoure.

Comme un des personnages du roman, j'ai grandi devant la télévision. Même si je suis devenue une lectrice assidue, je reconnais que la télévision a nourri mon imaginaire, elle m'a permis d'enrichir les images lues. Quand j'ai parcouru un livre sur la savane africaine, ce sont les images de « Daktari » qui ont permis de voir les lions et les girafes. C'est aussi la télé qui m'a montré les casaques des mousquetaires et la fureur des duels à l'épée, des images que j'ai pu utiliser ensuite en lisant Dumas. J'ai donc beaucoup de respect pour les artistes et les artisans qui ont rendu cette magie possible.

« Saga » raconte l'histoire de quatre scénaristes qui s'attellent à l'écriture d'une série télé, un bouche-trou pour compléter un nombre d'heures règlementaires. Ils ont le droit de faire n'importe quoi, pourvu que ça ne coûte rien. Et si ce n'importe quoi devenait un succès malgré tout ?

Cette saga est donc un hymne à la créativité, une créativité trop souvent brimée, non seulement par les contraintes commerciales des producteurs, mais aussi par toutes les autocensures et les envies de popularité.

Un roman qui traite de télé, qui n'explique pas le succès d'émissions parfaitement insipides (que je ne nommerai pas!), mais qui laisse un peu d'espoir en l'imagination humaine.
Commenter  J’apprécie          490
"Faites n'importe quoi! Faites n'importe quoi!" ordonne Séguret, un directeur de chaine française vénal et cynique à quatre scénaristes potentiels au chômage et donc aux abois.
Saga conte leur incroyable aventure au succès foudroyant, l'amitié née de leur synergie et les dessous pas toujours frais des productions à petit budget qui exploitent d'un côté pour ratisser plus large.Le feuilleton doit s'appeler Saga (comme ces grandes sagas américaines aux saisons multiples) et on leur demande d'écrire "de la merde dans l'urgence". Alors ils s'y mettent à fond et c'est leur créativité que nous montre Tonino Benacquista, une créativité née d'un imaginaire fécond et d'un travail d'équipe où chaque personnalité donne un plus à l'écriture du scénario.
Mathilde, "la pisse-copie du roman rose" (bonjour l'humour grinçant et les formules imagées) rejetée par son éditeur et amant apporte sa touche glamour.
Louis "le vieil has been" sera le leader.
Jérôme "le SDF fatigué" verse dans la violence (surtout depuis qu'on lui a volé ses idées) et son frère handicapé Tristan (cinquième roue de la charrette et cinéphile invétéré) suggère quelques "pillages de génie".
Marco, le narrateur "jeune scénariste fringuant prêt à travailler gratuitement" y mettra son énergie jusqu'à l'obsession et la perte de sa petite amie délaissée.
L'analyse psychologique est très fine, l'écriture alerte et enjouée, les dialogues truculents (car Tonino Benacquista intègre comme un livre dans le livre le scénario de la Saga dans son roman Saga).
L'auteur souligne ici le contraste entre l'individu et ce qu'il écrit, dénonce "l'amateurisme des acteurs" choisis puis leur implication au fur et à mesure que le succès vient. Il évoque les pressions subies par les scénaristes (lorsque le producteur veut tout contrôler,lorsqu'on les évince au bout de la première saison pour des questions financières),le peu de cas que leur accorde le producteur alors qu'ils sont les concepteurs des décors,des personnages,des décors.Il aborde toute l'industrie (ex:un jeu de l'oie tiré de Saga ou un parfum) qui papillonne autour d'un feuilleton qui marche.Il insiste sur les renforcements positifs enclenchés par un fan-club motivé.Il confie les difficultés d'un scénariste (et des acteurs) à ne pas se laisser envahir par les personnages.Il invente à chacun des destins,une revanche et une belle histoire d'amitié.
Saga est un roman pétillant, fort bien écrit, dont le sujet très intéressant nous fait pénétrer derrière l'écran télé,là où nous n'avons pas l'habitude d'aller.
On comprend après lecture pourquoi les lectrices de Elle lui ont attribué leur grand prix en 1998.
Toni Benacquista (devenu écrivain après des études de cinéma et divers petits boulots) est d'ailleurs un habitué des prix puisqu'il a obtenuli Grand prix RTL du livre 2002 pour Quelqu'un d'autre et le grand prix de la Littérature policière en 1992 pour La Commedia des ratés.
Commenter  J’apprécie          400
A celui qui se sentirait une âme de scénariste, ce roman est pour lui !
4 personnes, qui au départ ne se connaissent pas, sont recrutées pour écrire une série pour la télévision française, càd " n'importe quoi, tout ce qui vous passe par la tête, de toute façon ce feuilleton n'est pas destiné à être vu. Il sera diffusé à raison d'un épisode quotidien de cinquante-deux minutes, entre quatre et cinq heures du matin(...). Et pourquoi écrire, alors? "A cause des quotas...Ces conneries de quotas obligatoires de création française ! Création française...Rien que la réunion de ces deux mots m'écorche la langue. A part vous, les scénaristes, à qui ça peut faire un peu d'argent, ça intéresse qui, la création française?"
Le ton est donné...Ces 4 scénaristes vont s'en donner à coeur joie, puisque de toute façon, même la vie mondaine leur est refusée : "Un scénariste, même s'il intervient au tout début d'une aventure, passera toujours en dernier. le monde entier n'a d'yeux que pour les acteurs. Un scénariste, ça fabrique du rêve mais ça ne fait pas rêver."
Ils vont donc libérer leur imagination à s'en déchaîner les neurones : "Inutile de chercher à savoir si la Saga dérive ou garde le cap, c'est comme s'il y avait à bord quatre capitaines fous qui prennent le contrôle des machines quand bon leur semble. Mon Dieu, pardonnez-nous, nous ne savons pas ce que nous faisons. Parfois, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une écriture automatique à la façon de Dali et Bunuel, nous évoquons tout ce qui nous passe par la tête et abandonnons d'emblée ce que les autres rejettent sans qu'ils aient besoin de le justifier. Comme des enfants à qui personne n'interdit rien, nous nous amusons à repousser les limites de la décence et personne ne vient nous taper sur les doigts."
Cette "saga" les fera passer par toute la gamme des sensations.
Au début, la déprime de l'écrivain non lu, de l'artiste non reconnu ou de ... : "Il est facile d'imaginer la déprime d'un boulanger qui s'évertue à faire son pain tous les matins sans que personne ne le mange jamais."
Puis l'impression de folie douce, de ne pas adhérer au réel tout simple mais d'y chercher la complication : "Le travail du scénariste n'est pas très éloigné de celui du paranoïaque. Tous deux sont des scientifiques du soupçon, ils passent leur temps à anticiper sur les évènements, imaginer le pire, et chercher des drames affreux derrière des détails anodins pour le reste du monde. Ils doivent répondre à toutes les questions et prévoir les réactions d'autrui avec la même crainte de se faire piéger. "
Ensuite un certain désabusement pour arriver enfin au (non)-contrôle de la gloire...
Jubilatoire et éducatif ! Tout est pesé, décortiqué. La réaction des spectateurs, les relations avec la famille, les voisins, les amis, le patron, les acteurs, les journalistes...
L'après-"Saga" elle aussi est explorée, c'est peut-être cela qui tire en longueur.
Mais c'est effarant. Oui. Irréel? Ou plus que réel?
Commenter  J’apprécie          370
J'aime la plume de Benacquista, j'aime son imagination débordante.
Voilà, c'est dit...

Prenez 4 personnes qui n'ont pas grand chose en commun, et à qui l'on demande de faire n'importe quoi pour meubler notre petit écran et vous tenez la recette pour faire une bonne saga télévisée, ainsi qu'une sacrée critique de ce que nous consommons à la télévision.

Incisif, décapant, déroutant parfois (est-ce que moi-aussi je serai devenue une accro à ce programme?)...Du grand Benacquista...
Commenter  J’apprécie          441
Quatre scénaristes, issus de divers horizons, sont engagés pour créer une sorte de « soap », Saga, destinée à être diffusé entre 4 et 5 heures du matin pour combler les quotas de création française d'une chaine de télé. Mot d'ordre du producteur : « Ecrivez n'importe quoi ! » sous-entendu de toute façon personne ne regardera...
Ils vont donc s'en donner à coeur joie et contre toute attente l'audience va aller grandissante. La série se retrouve en prime time, le succès est colossal. Vont s'enchainer d'improbables péripéties, toutes plus farfelues les unes que les autres.
Je ne peux pas vous raconter, je préfère vous laisser le plaisir de les découvrir par vous-même.
L'auteur, Tonino Bénacquista, nous dépeint avec cynisme l'univers de la télé, de l'édition et dans une moindre mesure du cinéma et de la politique.
J'ai beaucoup aimé son analyse du métier de scénariste, ce qu'il est aussi. Les différences selon qu'on exerce ce métier en France ou aux Etats Unis nous sont clairement exposées et on comprend beaucoup mieux les raisons de la pauvreté de la création télévisuelle française. Tous nos présidents de chaines seraient bien inspirés de lire ce livre...
Difficile d'en dire plus sans trop en dévoiler mais quand on commence ce livre, on ne peut plus le lâcher tant il est prenant et bien écrit.
Donc n'hésitez plus et courrez lire Saga !!
Lien : http://bouquins-de-poches-en..
Commenter  J’apprécie          290

Citations et extraits (172) Voir plus Ajouter une citation
Je n'aime pas me fâcher avec Charlotte mais ce sont pourtant les seuls moments où je réalise à quel point je suis dingue d'elle.Elle a ce genre de beauté qui laisse indifférent quatre-vingt-dix-huit hommes sur cent, mais qui fascine les deux qui restent. Je suis l'un d'eux, et par chance, l'autre ne s'est jamais manifesté.
Commenter  J’apprécie          620
… je suis né devant une télévision. Et ce n’est pas une vue de l’esprit, la première image dont je me souvienne n’est pas le sein de ma mère mais une chose brillante et carrée qui m’a irrésistiblement attiré. […] La télé, c’était la découverte du monde en marche sous mes petits yeux ébahis. La télé, c’était le copain avec qui on ne s’engueule jamais, celui qui a toujours une très bonne idée en tête du matin au soir.

(p. 36)
Commenter  J’apprécie          240
Un deuxième enfant...Nous sommes en train de parler d'une vraie vie ! Une décision cruciale, des semaines d'espoir, des mois de gestation, des préparatifs incroyables, un investissement moral et psychologique, il faut tout ça pour créer quelqu'un.
Ce quelqu'un a, en moyenne, pour soixante-quinze ans d'espérance de vie. Et cette vie ne sera sans doute qu'une suite de petites étapes rituelles, bonnes et mauvaises. Pas de mystère lourd à porter, pas d'amour fiévreux et désespéré, pas d'héroïsme universel, pas de péripétie rocambolesque, rien que de la vie, tissée jour après jour.
CA, c'est de la création de personnage. Un seul cri de cet enfant sera plus chargé de réel que toute cette bimbeloterie sans queue ni tête sortie de mon imagination.
Commenter  J’apprécie          130
En y regardant de près, le travail du scénariste n’est pas très éloigné de celui du paranoïaque. Tous deux sont de scientifiques du soupçon, ils passent leur temps à anticiper sur les événements, imaginer le pire, et chercher des drames affreux derrière des détails anodins pour le reste du monde. (p. 145)
Commenter  J’apprécie          300
"Transgresser l'interdit, ce n'est ni voler une voiture ni casser la gueule de son pire ennemi. L'interdit, c'est bien autre chose, morveux. L'interdit n'est pas forcément la faute, ni le courage de la faire. L'interdit c'est... c'est faire un geste libre, tout simplement. Un geste qui n'est dicté par aucun code, aucune revendication, aucune revanche. Un geste libre, c'est...Jeter un violon par la fenêtre dans la quiétude du soir. Psalmodier dans une langue inconnue devant un miroir. Casser paisiblement des verres à pied tout en fumant un énorme cigare. Porter un chapeau grotesque et agir comme s'il était invisible. En somme, risquer avec délice de passer pour un dingue aux yeux des autres. Enterrer du même coup le rationnel, le bon goût et la norme. "
Commenter  J’apprécie          100

Videos de Tonino Benacquista (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tonino Benacquista
Il y a un an, déjà, nous, la librairie Dialogues à Brest, lancions ce nouveau podcast avec l'idée de faire entendre la voix d'auteurs et d'autrices qui posent un regard neuf sur le monde qui nous entoure. 29 épisodes plus tard, nous espérons avoir tenu parole. Et nous sommes bien décidés à ne pas nous arrêter en si bon chemin ! En attendant de nouvelles découvertes, c'est un épisode anniversaire un peu spécial que nous vous proposons aujourd'hui. Voici quelques morceaux choisis, des extraits qui nous ont marqués, et que nous avons sélectionnés rien que pour vous.
Bibliographie: - Soleil amer, de Lilia Hassaine (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18955847-soleil-amer-lilia-hassaine-gallimard - Être à sa place, de Claire Marin (éd. de l'Observatoire) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20086231-etre-a-sa-place-habiter-sa-vie-habiter-son-corps-claire-marin-editions-de-l-observatoire - La Voyageuse de nuit, de Laure Adler (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/17909272-la-voyageuse-de-nuit-laure-adler-le-livre-de-poche - La Carte postale, d'Anne Berest (éd. Grasset) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19134288-la-carte-postale-anne-berest-grasset - L'Amant, de Marguerite Duras (éd. de Minuit) https://www.librairiedialogues.fr/livre/10713-l-amant-marguerite-duras-les-editions-de-minuit - Cornebidouille, de Pierre Bertrand (éd. École des Loisirs) https://www.librairiedialogues.fr/livre/10983245-cornebidouille-pierre-bertrand-ecole-des-loisirs - Porca Miseria, de Tonino Benacquista (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19926528-porca-miseria-tonino-benacquista-gallimard - le Grand Monde, de Pierre Lemaitre (éd. Calmann-Lévy) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20145088-les-annees-glorieuses-le-grand-monde-roman-pierre-lemaitre-calmann-levy - Sale Gosse, de Mathieu Palain (éd. J'ai Lu) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18867763-sale-gosse-roman-mathieu-palain-j-ai-lu - le Droit du sol, d'Étienne Davodeau (éd. Futuropolis) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19099529-le-droit-du-sol-journal-d-un-vertige-etienne-davodeau-futuropolis - Toucher le vertige, d'Arthur Lochmann (éd. Flammarion) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18980776-toucher-le-vertige-arthur-lochmann-flammarion - L'Art de la joie, de Goliarda Sapienza (éd. le Tripode) https://www.librairiedialogues.fr/livre/9964608-l-art-de-la-joie-goliarda-sapienza-le-tripode
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (2858) Voir plus



Quiz Voir plus

Les titres des oeuvres de Tonino Benacquista

Quel est le titre correct ?

Les Morsures de l'ambre
Les Morsures de l'ombre
Les Morsures de l'aube
Les Morsures de l'ange

14 questions
54 lecteurs ont répondu
Thème : Tonino BenacquistaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..