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EAN : 9782864327172
72 pages
Verdier (07/03/2013)
4.14/5   11 notes
Résumé :


Une promesse est au cœur de ces tableaux : celle, faite par un jeune homme à un vieux poète dissident, d'écrire son histoire. Les années les ont éloignés, la promesse n'a pas été tenue. Le sentiment de cette dette resurgit quand le jeune homme se découvre gravement malade. Il s'efforce alors de s'en acquitter.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Se survivre est un court récit puissant en sept tableaux, sept étapes personnelles à la fois d'un parcours de renaissance d'un homme jeune face à la maladie, brutale, mortelle, terrifiante, le cancer, et aussi de témoignage envers un vieux poète dissident vietnamien à qui il avait promis d'écrire son histoire.
L'épreuve, combinée à la nécessité de témoigner enfin, donne naissance à une expérience intérieure singulière que Patrick Autréaux parvient de façon sensible et magistrale à nous faire partager.

« Elle (la maladie) me laissait en séquelle une urgence qui ne tolérait pas de tiédeur et que rien ne semblait capable de satisfaire. »

Bien sûr, le corps souffre, tous les repères habituels volent en éclat dans l'univers de la chimiothérapie, mais ce sont bien la confrontation avec la douleur, la peur de mourir et la nécessaire résistance en soi qui constituent le noyau essentiel de ce livre-source où puiser, s'abreuver grâce à la prose subtile de l'écrivain qui flirte en permanence avec la poésie ; cette poésie intime et palpitante qui n'advient peut-être que quand le superflu reste accroché aux rives de l'insignifiance, « prose qu'on découvre au pied du mur où tout tremble. le lieu même de l'évasion. ».

Quasiment en apnée, solitude et fatigue intense poussent à l'abandon, et pourtant « Ce qui avait résisté ? Je suis incapable de dire ce que c'était. Je savais seulement que quelque chose avait résisté en moi. »
Vous l'aurez sans doute compris, j'ai infiniment apprécié la façon dont le médecin psychiatre Patrick Autréaux dévoile ici sa nouvelle voie, son espace littéraire salvateur.

A chacun de trouver sa propre voie pour se sur-vivre après une lourde épreuve.
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L'écriture, pan d'humanité au bout de la maladie.

«Les livres se sont tous tus. Comprendre qu'on en sait plus qu'eux est effrayant. On se sent au milieu des ruines.»

Paru aux éditions Verdier en 2013, Se survivre est composé de sept courts récits, et vient clore un chemin d'écriture né de l'exil dans la maladie, ce cancer dont Patrick Autréaux a découvert l'existence à trente-cinq ans.

Du dénuement d'un homme mis à nu par le cancer, par les médicaments et les machines qui sondent ses cellules, puis de la guérison ont surgi une force poétique singulière et impressionnante, une écriture forcée par cet espace bouché d'une maladie au diagnostic initial définitif.

«Depuis mon hospitalisation en urgence un soir, après qu'on m'eut annoncé que les douleurs sans cause dont j'avais souffert depuis des mois étaient en fait un cancer, j'étais devenu un habitant de ce rien qui entoure tout. Au-dessus des bruits du monde et des nuées d'explications qu'on essaie de rassembler pour faire face, il y a un espace où les dieux ne vivent pas, où on n'entend plus rien des panthéons et des chants, où les échos cohérents de la vie ne sont pas perçus, non qu'ils se soient éteints, ils ne nous concernent plus. On peut ne pas s'apercevoir immédiatement qu'on y est entré, mais à force de zigzags en fauteuil roulant, de murs contre lesquels on est laissé, d'étoiles qu'on voit percer dans la douleur, à force d'attendre et d'épier, on renonce à tenter de rien déchiffrer. Certains nomment cela solitude.»

Soumis au protocole des traitements, le corps amaigri et menacé de stérilité avec la chimiothérapie ouvre une voie à un nouveau langage, à une nouvelle écriture mûrie dans cet espace au bord d'un trou noir.

Patrick Autréaux réussit à dire avec pudeur le ressenti intime de la maladie et le bonheur paradoxal de réussir à écrire à partir de cette situation-là.

«Le terrassement. Tant qu'on n'a pas vécu cela, il y a une part de soi qui reste inéclairée. de même que l'expérience d'être soulevé, maintenu en apesanteur dans un ailleurs d'une étrangeté et d'un exotisme nouveaux. Continent fendu. L'exil véritable. Même guéri, pas de retour possible.»

L'auteur s'était promis d'écrire la biographie d'un poète dissident rencontré des années plus tôt au Vietnam et semble saisir enfin avec la maladie l'expérience humaine de ce vieil homme au bord d'être anéanti.

«Le vieux poète avait été à certains moments de sa vie séparé de tout. Son regard en avait gardé trace. Il n'osait plus reprendre racine.»

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/03/25/note-de-lecture-se-survivre-patrick-autreaux/
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(...)

Ce qui est très beau également dans ces dernières pages, c'est que cette renaissance qui passe par une nouvelle occupation du corps s'accompagne par la naissance de l'écriture, ou plutôt le jaillissement d'une écriture nouvelle, d'une nouvelle langue. L'auteur affirme ainsi les liens indéfectibles entre les mots et le corps et l'impact que peuvent avoir les bouleversements physiques sur l'écriture et réciproquement. Un livre atypique qui touche et bouscule, du 100% Verdier donc.
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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critiques presse (2)
Actualitte
12 juillet 2013
Un récit fort, à la fois prose et poésie, d'une lucidité admirable, qui fait de la maladie un objet littéraire propre et de l'écriture, un acte thérapeutique puissant et touchant.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Telerama
19 juin 2013
Tout ensemble spéculatifs et intuitifs, singuliers et souvent très beaux, les sept chapitres de Se survivre sont comme les paliers de ce chemin initiatique, qui n'est pas sans lien avec le sacré.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Au début, je me disais : Et si ce qui arrivait était une chance ? Et si tout ce qui arrivait était une chance ? Et si le vrai malheur, c’était de n’avoir pas cette capacité de voir sa chance en tout, de faire une chance de tout ?
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Être écrivain, c’était bien plus qu’écrire mais sauver ce qui vous appartient de plus intime et dont on découvre qu’il n’est pas à soi.
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Au-dessus des bruits du monde et des nuées d’explications qu’on essaie de rassembler pour faire face, il y a un espace où les dieux ne vivent pas, où on n’entend plus rien des panthéons et des chants, où les échos cohérents de la vie ne sont pas perçus, non qu’ils se soient éteints, ils ne nous concernent plus.
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Qu’ils soient livres ou hommes, il est difficile de reconnaître ses amis.
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Compatir parfois est une manière de ne pas vouloir savoir.
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Video de Patrick Autréaux (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrick Autréaux
Patrick Autréaux - Les irréguliers .Patrick Autréaux vous présente son ouvrage "Les irréguliers" aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire 2015. http://www.mollat.com/livres/autreaux-patrick-les-irreguliers-9782070147618.html
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