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EAN : 9782843441219
352 pages
Le Bélial' (30/11/-1)
3.61/5   73 notes
Résumé :
Une île du Pacifique à la fois tombeau de Magellan et unique territoire d'un arbre à papillons endémique...

Un homme au visage arraché par un tigre mais qui continue de protéger « la plus belle créature sur Terre », coûte que coûte...

Un Sioux oglala sur le chemin du terrorisme écologique...

Un trio de jeunes Japonais qui gagne sa vie en pillant la zone d'exclusion totale de Fukushima...

Des Aborigènes ... >Voir plus
Que lire après Sept secondes pour devenir un aigleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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En découvrant sa bibliographie, nous voilà d'ores et déjà saisis par la prolixité de Thomas Day, auteur spécialisé dans la littérature de l'imaginaire et la science-fiction. Des romans, des nouvelles, des anthologies, des recueils… un répertoire pour le moins impressionnant pour cet écrivain, né à Paris en 1971, qui enchaîne depuis vingt ans titres et récompenses et affiche à ce jour plus d'une dizaine de romans et une bonne cinquantaine de nouvelles.

Force est de constater que « Sept secondes pour devenir un aigle » est une belle preuve de la riche et fervente imagination de cet auteur inspiré, qui réussit à nous balader d'un bout à l'autre de la planète en se renouvelant sans cesse dans le fond et la forme, dans le style, la tournure, les lieux et les atmosphères, l'espace et le temps.

Gravitant autour d'un thème central, l'écologie et le rapport de l'homme à la nature, chaque histoire s'habille d'un climat qui lui est propre, d'un décor particulier, d'un caractère personnel, offrant ainsi le sentiment d'une lecture qui prend alors des allures d'aventure.
Une histoire, une équipée. de l'Asie à l'Amérique, du continent australien aux côtes japonaises, des forêts du Cambodge aux déserts de glace du Grand Nord, les six nouvelles qui composent le recueil sont un voyage :
- « Mariposa », nous transporte sur une île du Pacifique peuplée d'étranges arbres à papillons…
- Avec la nouvelle qui donne son titre au recueil, « Sept secondes pour devenir un aigle », l'on suit le parcours atypique d'un vieil indien sioux aux opinions radicales…
- Dans « Éthologie du tigre », véritable chant d'amour à la beauté sauvage du félin, l'on partage l'admirable détermination d'un homme à protéger cette espèce animale en voie de disparition…
- « Shikata ga nai » nous entraîne dans le Fukushima d'après la catastrophe, au côté de trois jeunes Japonais qui tentent de survivre en pillant la zone irradiée…
- « Tjukurpa » est une recherche des origines que vont entreprendre de jeunes Aborigènes en se servant des potentialités virtuelles…
- Quant à « Lumière noire », l'intelligence artificielle d'un ordinateur prenant le contrôle absolu de la planète propose une autre alternative à l'existence de Dieu…
Un recueil comme un voyage donc, qui, au-delà des sensations d'évasion qu'il procure, ouvre des pistes de réflexion sur l'état et l'évolution de notre monde.

Chacune des nouvelles de Thomas Day participent avant tout d'une volonté de questionnement sur les problèmes de la planète. On ne peut pas dire qu'elles relèvent à proprement parler de la science-fiction ; elles naviguent plutôt entre ses marges, empruntant ici et là au genre fantastique, à la fable, au conte, à l'uchronie et même à la poésie, pour semer par petites touches, comme de petits cailloux subtilement déposés, des questions d'ordre écologique.

L'oeuvre de l'écrivain, à la fois fantaisiste et raisonnée, intelligente et accessible, très documentée et détaillée, va au-delà des notions de genres, sapant habilement l'éternel clivage entre catégories littéraires, pour ne laisser place qu'à la dimension universelle de la littérature, celle qui permet, et de s'évader, et de penser le monde, à travers les subtilités de la fiction.

Ce que l'auteur apporte d'observations, d'interprétations personnelles, ce qu'il soulève d'interrogations sur le devenir d'une espèce dont la violence intrinsèque à sa nature est la cause majeure de sa propre déperdition, devient la matière première d'un ouvrage mettant en perspective les agissements intempestifs de l'homme sur une Terre qu'il n'a cessé d'irriter et d'exciter comme des tiques dans le pelage d'un chien, et les conséquences dramatiques, irrémédiables, que cela peut entraîner dans un futur pas si lointain.

Remercions l'opération Masse Critique et les éditions du Bélial pour cet ouvrage de qualité qui nous a fait découvrir un auteur diablement intéressant mais aussi un dessinateur de grand talent, Aurélien Police, dont les superbes illustrations en tâches d'encre et en coulures, offrent à l'ensemble du recueil une belle homogénéité visuelle.
Pour terminer, la postface de Yannick Rumpala sur la science-fiction à l'ère de « l'antropocène » clôt l'ouvrage de manière très édifiante en soulignant le rôle représentatif, éthique, imaginatif, d'un genre littéraire qui permet de responsabiliser l'humain sur son environnement et sur ce qui assurera (ou pas)son devenir.
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Je ne le répéterai jamais assez : Thomas Day compte sans aucun doute aujourd'hui parmi les meilleurs auteurs français, tout genre confondu. Fantasy, science-fiction, fantastique, uchronie, rien de l'effraie, tout lui réussit et « Sept secondes pour devenir un aigle » en est encore une fois la preuve. Si, plus de dix ans après le percutant et choquant « Stairways to hell », l'auteur ne semble en aucun cas avoir perdu de sa sincérité ni de sa noirceur, ses derniers écrits témoignent indéniablement depuis quelque temps d'une plus grande acuité, voire même de davantage de maturité selon Olivier Girard, auteur de l'avant-propos précédant le recueil. Moins d'excès, davantage de maîtrise et de profondeur. Autant de qualités que le lecteur avait déjà pu apprécier dans les derniers recueils en date de l'auteur, qu'il s'agisse de « Sympathies for the devil » ou encore de « Women in chains ». Après la violence faite aux femmes, voilà donc que Thomas Day se consacre à l'écologie, ou plutôt aux rapports entretenus entre l'homme et la nature. Comment vivre avec le fait que notre planète risque fort de devenir de moins en moins habitable? Quelle attitude adopter à l'égard de la nature alors que l'on sait désormais que l'espèce humaine menace le fonctionnement écologique même de la Terre et qu'elle est capable d'altérer l'ensemble du système de la planète?

Autant de questions essentielles que se sont appropriés depuis quelques années de nombreux auteurs des littératures de l'imaginaire, à commencer par ceux de science-fiction. A travers ce recueil de six nouvelles, dont trois inédites (certaines ayant déjà été publiées dans des revues ou anthologies telles que « Angle mort », « L'O10ssée » ou « Retour sur l'horizon »), Thomas Day offre à son tour quelques pistes de réflexion, sans jamais porter de jugement ou tomber dans le travers de la moralisation. de l'Amérique à l'Australie en passant par le Japon, le Pacifique et bien sur l'Asie, continent cher à l'auteur, les six textes du recueil nous plongent dans des décors tour à tour sublimes (la jungle cambodgienne, les vastes étendues désertiques australiennes) ou terribles (le monde mort de « Lumière noire »), mais toujours exotiques et prompts à enflammer l'imagination. Les magnifiques illustrations en noir et blanc réalisées par Aurélien Police et qui marquent le commencement de chaque nouvelle constituent également un bonus appréciable et participent très certainement au dépaysement du lecteur (on lui doit d'ailleurs également la sublime couverture de l'ouvrage). Mentionnons enfin la présence à la fin du recueil d'une postface très complète et fort instructive intitulée « Et la science fiction entra elle aussi dans l'antropocène », réalisée par Yannick Rumpala, docteur en sciences politiques.

Attardons nous à présent plus en détail sur les différentes nouvelles du recueil qui, en ce qui me concerne, sont toutes sans exception d'une qualité et d'une profondeur remarquables. Un style directe et cru mais infiniment poétique, des personnages tout en nuance, des décors dépaysant, et surtout des idées toujours originales : voilà ce que recèlent chacun des textes de Thomas Day. Parmi mes favoris figure sans aucun doute ici « Mariposa », nouvelle qui ouvre le recueil et relate l'expérience inoubliable vécue dans les années 1940 par deux soldats, l'un américain, l'autre japonnais, sur une petite île du Pacifique peuplée d'arbres à papillons aux étranges vertus thérapeutiques. Avec « Sept secondes pour devenir un aigle », direction l'Amérique où l'auteur aborde cette fois le thème du terrorisme écologique à travers l'histoire d'un vieil Indien bien décidé à se battre pour sauvegarder les derniers vestiges de son monde. Récit court mais intense qui ne manque pas de susciter chez le lecteur une foule d'interrogations. « Éthologie du tigre », consacrée à la lutte d'un homme pour protéger les tigres d'Asie, et « Shikata ga nai », mettant en scène un groupe de jeunes Japonnais gagnant leur vie en pillant la zone irradiée de Fukushima, sont également de belles réussites. Je serai un tout petit peu plus nuancée sur « Tjukurpa », histoire de quatre jeunes Aborigènes cherchant dans la réalité virtuelle à se reconnecter avec leurs racines, et « Lumière noire », récit post-apocalyptique, même si leur lecture fut également très plaisante.

Quoi de mieux, pour finir, que les mots d'Olivier Girard qui résume parfaitement toute la force et la subtilité de ce recueil dans les toutes dernières phrases de son avant-propos : « Thomas Day a longtemps hurlé. Désormais il suggère, montre et démontre en mille nuance. Sa voix n'en a que davantage de poids. »
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En six nouvelles et 300 pages, Thomas Day, auteur de textes de SF et de Fantasy (alias Gilles Dumas en tant qu'éditeur), partage ici sa vision (plutôt pessimiste) de l'état de notre monde et du sombre futur des hommes. Il prend résolument position pour le respect écologique de la planète Terre et « milite » même, dans certains de ses récits (dont le titre éponyme du recueil) pour le « deep ecology » (pensée radicale).
Dans la plupart de ses histoires, un élément ou aspect fantastique traverse -presque mine de rien- l'intrigue, sauf dans la dernière et plus longue nouvelle « Lumière Noire » qui est un texte de pure SF dans laquelle L'Intelligence Artificielle a supplanté l'homme... et dieu.
Je vais vous épargner l'habituel bla-bla sur le fait que dans un recueil on apprécie certains récits plus que d'autres ;-)
Peut-être parce que la cause pour les animaux en voie d'extinction me touche plus particulièrement, c'est « Éthologie du tigre » qui a trouvé ma préférence. Ce n'est pas seulement un voyage instructif à travers le Cambodge, mais aussi (surtout ?) un beau texte qui explique avec sensibilité comment un homme, pourtant défiguré par une tigresse, défendra cette espèce jusqu'au bout.
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Bon je fausse un peu la note du bouquin, je pense, car je n'ai lu que la nouvelle "titre" qui était dispo gratos chez le Bélial un temps (je ne sais pas si c'est toujours le cas).

Elle est courte (30 pages), mais percutante. C'est le second écrit de Thomas Day que je lis, vraiment j'adore son style, ses sujets, et comme j'avais écrit une histoire qui ressemblait à celle-là (avec beaucoup moins de talent, pour sûr, je ne suis pas écrivain), ça m'a fait plaisir de la lire écrite par un auteur "top" !

Je vais pas tarder à devenir fan. Non, que dis-je, je suis fan ! Je pense que le bouquin entier atterrira un jour ou l'autre dans ma pal, forcément...
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En Résumé : J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil de 6 nouvelles de l'auteur. On retrouve à chaque fois des histoires qui se révèlent efficaces, percutantes, et captivantes, mais qui surtout nous offrent des axes de réflexions vraiment intéressants et soignés. L'humain est souvent au centre de l'histoire, apportant sa vision et son espoir d'un monde qui est souvent malmené par l'Homme. Comme on l'annonce dans la préface, on sent bien que la plume de l'auteur s'est un peu assagie, moins de violence et de sexe, mais elle se révèle toujours aussi puissante et percutante, juste plus mature. A noter aussi une postface intéressante sur la science-fiction de Yannick Rumpala. Alors bien sur un ou deux textes m'ont paru légèrement en dessous ou m'ont un peu moins accroché, mais au final un très bon recueil de nouvelles qui mérite d'être découvert.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Une haine comme ça, elle ne vient pas de l'extérieur, c'est un sentiment intime, une marée qui emporte tout sur son passage, ça n'a aucun rapport avec la volonté. C'est quelque chose qu'on porte dans chacune de ses cellules, dans chacun des atomes qui les composent. Et si on arrive à conjuguer sa pureté avec cette haine, alors on peut devenir une sorte de fantôme ; mais pas évanescent, au contraire, dense, toujours plus dense. Pas un fantôme, le mot est mal choisi, mais une sorte de cavalier de l'Apocalypse qui serait ni chrétien ni biblique, un ange amérindien. Un oiseau-tonnerre.
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Les Jap's m'ont appris le respect de l'ennemi et le respect de l'Ancien Monde, celui d'avant les bombes atomiques. Ils aiment le passé, le respectent, et ils ont raison, on a beaucoup de choses à en apprendre. Nous, les États-Unis, sommes un pays trop jeune pour avoir tant de sagesse.
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Alasdair rejoignit Jasper sur le toit du camion.
« Là où il y avait le métaréseau, annonça l’enfant, Il a trouvé Son
chemin, le Jour Noir en est la preuve ; là où il y a la chair, Il a trouvé
Son chemin, j’en suis la preuve ; là où il y a la matière, Il a trouvé Son
chemin ; là où il y a l’espace se trouve Son chemin ; là où il y a le temps,
Il a trouvé Son chemin, mais Il ne l’empruntera pas, car pour revenir
d’une microseconde dans le passé il lui faudrait détruire la moitié des
éléments lourds du Système solaire et ainsi condamner toute vie sur
Terre. Expérience sans aucune valeur ajoutée. Ce n’est pas parce qu’on
peut faire une chose qu’on doit la faire. »
Jasper gratta sa barbe de trois jours et se tourna vers l’enfant.
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- Il y a les amis de l’argent, il y a les amis de la terre, et il y a ceux qui bouffent aux deux râteliers, la grande armée des gens malheureux. J’leur en veux pas, ils sont pétris d’ignorance ou d’indifférence, élevés dans le culte de la soumission. Ne fais pas ci, ne fais pas ça. Les plus disciplinés sont creux comme des poupées russes. (Johnny)
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une haine comme ça, elle ne vient pas de l’extérieur, c’est un sentiment intime, une marée qui emporte tout sur son passage, ça n’a aucun rapport avec la volonté. C’est quelque chose qu’on porte dans chacune de ses cellules, dans chacun des atomes qui les composent
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Vidéo de Thomas Day
Peter A. Flannery, en compagnie de Gilles Dumay, répond à nos questions concernant Mage de bataille (éd. Albin Michel Imaginaire) durant le festival Trolls & Légendes 2019.
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