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EAN : 9782365691871
320 pages
Editions Les Escales (02/03/2017)
3.62/5   88 notes
Résumé :
Tout commence par le froid glacial d'un hiver à New York et tout se termine sur le sable brûlant des plages de Jaffa.
Le hasard a fait se rencontrer et s'aimer une femme et un homme qui ne se seraient jamais adressé la parole dans d'autres circonstances. La femme, c'est Liat, une Israélienne dévorée par une nostalgie profonde de Tel Aviv. L'homme, c'est 'Hilmi, un peintre palestinien originaire de Ramallah.
À New York, espace neutre hors du temps et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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La rencontre d'une étudiante israélienne juive et d'un artiste palestinien à NewYork,
Liat et Hilmi. Ils vont s'aimer loin de leur pays, loin des obstacles politiques et religieuses, le temps d'un hiver glacial. Mais Liat, la narratrice, a mauvaise conscience, aimer un arabe, même à New York, même avec une deadline, l'inquiète et déteint sur son comportement. Arrivera-t-elle à franchir la " haie vivante"( titre originale du livre en hébreu ) qu'elle porte en elle, immiscée dans son identité, cette frontière conçue par la communauté juive à laquelle elle appartient ? C'est compliqué..........
Les écrivains israéliens ( Zeruya Shalev, Abraham Yehoshua, Amos Oz, Assaf Gavron, Eshkol Nevo....) ont en général en commun une profonde sensibilité à percevoir l'être humain dans toute sa complexité; une complexité renforcée par la précarité de la vie dans leur pays. Une sensibilité probablement aussi aiguisée face aux failles et différences créées par les hommes dans cette société "pot-pourri". Bien que le récit se déroule à l'étranger, Israël en est le troisième personnage. L'ombre de son histoire est l'autre face de cette lumineuse histoire d'amour.
Je raffole de la littérature israélienne et avec ce livre je suis servie pour la nième fois.
C'est le deuxième livre de Dorit Rabinyan, que je viens de lire, une écrivaine israélienne d'origine juive iranienne. Elle décrit avec beaucoup de finesse et de tendresse le quotidien de l'intimité d'un homme et d'une femme, où s'invite avec subtilité le conflit israélo-palestinien. Une histoire fortement inspirée de "son amitié " avec un artiste palestinien Hassan Hourani entre 2002 et 2003 à New York, Hourani n'étant plus de ce monde depuis. Pour résumer le coeur de cette trés belle histoire que j'espère vous serez nombreux à la lire je voudrais rapporter les propres propos de l'écrivaine, ". le temps que j'ai passé avec Hassan et ses amis a été à ce titre un temps libérateur : je me suis rendu compte à quel point nous sommes semblables, Israéliens et Palestiniens, bien que nous ayons été élevés dos à dos. Nous partageons les mêmes paysages, la même nourriture, le même langage du corps, le même tempérament. Nos langues sont soeurs, mais notre éducation et nos médias mettent les Palestiniens dans le même sac.Nous les voyons tous comme des terroristes, et eux nous voient tous comme des soldats en armes. Or nous avons beaucoup en commun."

"La haine ne nous sauvera pas. La haine n'engendre que la haine, alors que l'amour est sans limites. Je suis avec Dorit Rabinyan." (Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature )

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Installée chez un couple d'amis depuis 2 mois à New-York grâce à une bourse, Liat, étudiante en master à l'université de Tel-Aviv, a rendez-vous ce jour-là avec Andrew. Empêché, il envoie ‘Hilmi, son professeur d'arabe, s'excuser auprès d'elle. La jeune femme apprend qu'il vient de Ramallah et qu'il est artiste peintre. Après avoir bu un verre ensemble, c'est dans les rues de New-York qu'ils se promènent et sympathisent très vite. Une amitié qui ne tarde pas à se transformer en amour malgré leurs différences. Mais comment vivre pleinement cet amour sachant que, immanquablement, Liat va rentrer chez elle quelques mois plus tard ? Quel avenir peuvent-ils envisager quand leur peuple se fait la guerre depuis des décennies ? Tentant, tant bien que mal d'oublier tout cela, Liat et ‘Hilmi décident de vivre cette parenthèse amoureuse...

Ce roman, dédié à Hassan Hourani, a été qualifié de "livre à scandale" à sa sortie et a été retiré pour un temps au programme scolaire pour le bac, parce que perçu comme encourageant l'assimilation. "Sous la même étoile" nous dépeint, avec force et sensibilité, l'histoire d'amour entre une Israélienne et un Palestinien. Un amour déchu ? Voué à l'échec ? Immoral ? Si le conflit entre ces deux peuples dure depuis de trop nombreuses années, si un mur sépare ces deux territoires, Liat et ‘Hilmi, au coeur de New-York, vont vivre au jour le jour leur amour naissant. Mais est-ce si facile de faire abstraction, même si loin de chez soi, de leurs différences, aussi bien culturelles, politiques ou religieuses ? S'étant inspirée de sa propre histoire avec l'artiste Hassan Hourani, Dorit Rabinyan se livre avec beaucoup d'émotions et dépeint parfaitement aussi bien New-York sous un froid glacial que Tel-Aviv inondée de soleil. Par sa plume douce et sincère, l'auteure nous offre un récit à la fois touchant et puissant et interroge sur le poids de l'Histoire et de l'héritage...
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Remarquable de sensibilité, de poésie et réalisme...
Lorsque une amie m'a donné ce livre en me disant : " Peut- être que toi , tu aimeras, moi je n'ai pas accroché et l'ai abandonné au milieu", je n'aurais pas misé un kopeck sur ce bouquin, mais: New York , une histoire d'amour , et l'incursion dans d'autres cultures, ont vaincu mon a-priori.
Liat et 'Hilmi se rencontrent par hasard dans un café de la Grande Pomme. Après une double licence anglais/philo, , elle est là pour quelques mois.
Lui vit à New York, depuis 3 ans, il est artiste peintre.
Elle est juive , il est palestinien.
Un amour impossible ....
Un amour avec une date de péremption qu'ils choisissent d'ignorer au début, jusqu'à ce que la fin soit proche.
Et là, dans cette ville anonyme, cosmopolite, comme dans une bulle , ils apprennent à se connaître, s'affrontent, s'abandonnent, oublieux de l'hostilité qu'ils pressentent de chaque côté .
Coup de foudre, amour secret dans une ville qui devait former un cocon protecteur et qui connaîtra le pire épisode de froid depuis des années.
Puis le froid laisse la place à la chaleur de leurs pays respectifs...
70 petits kilomètres séparent Tel Aviv de Rammalah, mais cette barrière est infranchissable. Et pour bien le démontrer , les israëliens sont justement, en train de construire sur la rive ouest , un mur " en béton gris, menaçant, zigzagant comme une vilaine cicatrice à travers les collines, les champs et les villages". Une barrière, qu 'Hilmi appelle "un monstre". Le titre original en hébreu , ( Geder Haya) est la "haie", comme celle de figuiers de barbarie, qu' imaginait Liat, à la place du "monstre".
Au début du roman, j'ai été charmée par la qualité d'écriture, puis très vite, par le réalisme, l'intimité qui se dégage de cette histoire.
Et si c'était vrai ? ( comme dirait l'autre ...). La dédicace est sans appel et dit tout ce qu'il y a à dire...
Cette histoire qui a connu un succès retentissant en Israêl, a été retirée des programmes scolaires, car déclarée par le ministre de l'Education nationale, contraire aux valeurs du pays...
Ces quelques heures passées en compagnie de Liat et 'Hilmi, rapprochent les deux peuples, de mille et une façons.
Je n'ai pas pleuré pendant ma lecture, non.
Mais mes yeux se sont embués après, une fois le livre refermé, pour les personnages fictifs, et pour tous ceux qu'on devine réels , pour la dédicace, pour tout ce gâchis, pour la bêtise des hommes, pour toutes ces magnifiques phrases sur le bleu.
Bleu, où comment une auteure retombe sur ses pattes, tel un félin, , avec grâce et talent, tragiquement et poétiquement.
Superbe...
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L'amour entre une jeune femme israélienne et un jeune homme palestinien est-il possible, malgré les désaccords politiques qui séparent ces deux peuples depuis bientôt soixante-dix ans ?

Après Une histoire d'amour et de ténèbres d'Amos Oz, je poursuis ma découverte de la littérature israélienne avec Sous la même étoile de Dorit Rabinyan. Je remercie Bookycooky qui, par sa critique, m'a fait découvrir ce roman.

Liat et Hilmi se rencontrent par hasard dans un café new-yorkais où Liat attend Andrew, un ami américain qui n'a pas pu venir. Il lui envoie à la place son professeur d'arabe, Hilmi. Liat est étudiante en master de littérature anglaise et philologie. Son visa s'achève en mai. Hilmi est aussi un artiste, un peintre originaire de Ramallah. Ils vont tomber amoureux, ils sympathisent et se comprennent d'emblée, unis par ce physique moyen-oriental qui, un an après les attentats du 11 septembre 2001, leur attire parfois des ennuis. Liat lui raconte comment des agents du FBI viennent de frapper à sa porte et de l'interroger car un homme l'avait trouvée suspecte et l'avait suivie jusque chez elle. Il avait signalé une Moyen-Orientale qui envoyait des messages en arabe avec son ordinateur. Les enquêteurs, rassurés par la nationalité de Liat, comprennent vite qu'il y a méprise. Ce n'était pas de l'arabe mais l'hébreu de ses traductions. Cette anecdote les rapproche. Hilmi veut montrer à Liat son atelier mais il égare les clés de son appartement et ne peut rentrer chez lui. Liat le suit dans les rues de New York à la recherche de ses clés. Elle ne peut se séparer de lui, l'abandonner.

J'ai trouvé que ce récit du début de leur amour était à la fois émouvant et poétique, une triste métaphore de la condition du peuple palestinien qui ne peut rentrer chez lui. Les multiples guerres du conflit israélo-palestinien lui ont fait perdre une partie de sa terre d'origine. Liat est consciente du problème. Mais que peut-elle y faire ? Elle n'a que son amour à donner. Hilmi se met à l'appeler avec tendresse Baazi, contraction arabe de doux petit poix. Pour lui, elle ne sera désormais plus que Baazi.

Mais quel peut être l'avenir de leur amour ? Tout, en apparence, est voué à les séparer. Surtout la politique, car le conflit qui oppose Israéliens et Palestiniens depuis la création de l'État d'Israël ne peut que les rattraper, malgré la profondeur de leur amour.

Un livre d'« une finesse rare », commente Amos Oz. Ce mot est tout à fait approprié. C'est avec finesse et humanité que la difficulté de cet amour fort et sincère est évoquée, sans jamais attiser les haines et les rancoeurs, qui se sont forcément accumulées après tant d'années de conflit. Les disputes qui surgissent, de manière insidieuse, entre Liat et Hilmi n'éludent aucun des sujets qui divisent ces deux peuples, comme sur l'armée israélienne que Hilmi, qui est athée comme son défunt père, compare au Hamas : des armes et des textes sacrés dans les deux cas. Liat est souvent excédée. Elle ne comprend pas comment, à New York, ses positions peuvent devenir si droitières alors qu'en Israël, avec ses parents, elle est à l'opposé des idées conservatrices. Elle se sent prise dans un conflit de loyauté. Pendant ses deux ans de service militaire obligatoire, elle a juré sur la Bible de rester fidèle à l'État d'Israël. N'est-elle pas en train de trahir ? Cette angoisse la rend froide et lâche. Elle tient absolument à garder sa relation avec Hilmi secrète pour la préserver du regard, du jugement de ses proches : ses parents, ses amis israéliens, elle a peur de paraître déloyale, la fille qui trahit son pays et rejoint l'ennemi.

« Pour vivre heureux, vivons cachés », dit le proverbe. C'est ce que Liat essaie de faire avec Hilmi. Leur union n'en est que plus intense et passionnée. Ils sont si amoureux, si semblables, ils vont fêter ensemble le Nouvel An iranien, Norouz, chez des juifs américains d'origine iranienne et Hilmi connaît tous les mets succulents qui sont servis au cours de ce repas car les Arabes et les Orientaux s'en délectent aussi.

À la lecture de ce livre, on comprend les difficultés auxquelles doivent se heurter les diplomates lorsqu'ils essaient de réconcilier ces deux peuples antagonistes et pourtant cousins, selon la Bible (Ismaël, ancêtre du peuple arabe, et Isaac, ancêtre du peuple juif, ont le même père Abraham). Tant de tragédies sont difficiles à dépasser. Hilmi se souvient du village d'où sa famille a été chassée et où il ne souhaite même plus revenir, ce serait trop douloureux, il a fait sa vie ailleurs. Avec son frère Wasim, il pense qu'un État binational est, à terme, inévitable, alors que Liat ne peut s'empêcher de songer à la catastrophe initiale, la Shoah, l'extermination des juifs d'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, et craint qu'un nationalisme arabe vengeur ne remplace le sionisme, le nationalisme hébreu. À chaque dispute, elle se demande comment ils ont pu en arriver là, à ressasser encore ces vieilles histoires. « Qui cela peut-il bien intéresser ? Qui a encore de la force pour ça ? » « Laisse tomber », lui répond Hilmi.

Mais Hilmi et Liat s'aiment et se parlent. Ainsi, ils contribuent à faire reculer la haine et les préjugés. La dédicace « Pour Hassan Hourani (1973-2003) » laisse entendre que ce jeune homme prématurément décédé, qui, lui aussi, était peintre, a fortement inspiré le personnage de Hilmi.

« Tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles » écrivait Victor Hugo à propos des Misérables. J'aurais envie de le dire aussi pour ce livre Sous la même étoile qui n'oublie pas de mettre en valeur les points communs de ces deux peuples unis par l'amour pour une même terre dont la beauté aride est, dans les dernières pages, si bien décrite, à l'opposé du froid new-yorkais que Liat et Hilmi ne supportent pas, habitués qu'ils sont à la douceur du climat de leur pays, leur terre d'origine qu'elle se nomme Israël ou Palestine.
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« Duel amoureux moyen-oriental à New-York », ainsi pourrait se nommer le roman de Dorit Rabinyan que je viens de lire avec un plaisir certain.

Il semblerait qu'il ait suscité une vive polémique en Israël, pays de l'auteure. C'est que le sujet de cette romance est particulièrement sensible, tragique même : la relation plus que tendue entre l'état d'Israël et les territoires occupés depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

L'intrigue se déroule en majeure partie sous un hiver neigeux New Yorkais et réunit de manière inattendue Liat, une traductrice israélienne bientôt trentenaire, et Hilmi, un artiste bohème arabe.
Ce dernier a grandi à Hébron où ses parents ont atterri en 1967, après avoir fui les combats et quitté le camp de réfugiés de Jéricho, puis de Ramallah.
Coup de foudre, relation fusionnelle... la question politique emportera-t-elle tout sur son passage ?
Comment s'aimer dans cette passion hors norme quand les familles se haïssent depuis des générations et que rien ne s'arrange sur leur terre commune ?

Dorit Rabinyan décrit les rouages d'une relation différente, entre naïveté et excès selon l'homme et la femme. Écrire l'union de deux êtres issus de deux mondes à la fois si proches et tellement opposés était courageux, et donne un résultat magnifique dans ce livre pour ce qui concerne le plan géopolitique d'abord, et pour la narration de cette relation si complexe.
Hélas, je reproche, au-delà des qualités précédemment décrites, deux choses à ce texte : des longueurs à de trop nombreux passages, ce qui m'a mise parfois à la limite de l'indigestion, et une absence d'explication quant à ce que les personnages trouvent d'attirant chez l'autre.

De la passion, on ne sait rien, et cela manque cruellement selon moi.
La neige et le froid, même s'ils sont très importants, car ils contrastent avec la chaleur de leur terre d'origine, est omniprésente et prend trop de place à mon goût.

L'écriture a aussi son équilibre à trouver, c'est ce qui pêche dans ce roman pourtant très courageux.


Lien : http://justelire.fr/sous-la-..
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critiques presse (1)
LaPresse
16 mai 2017
Un roman inspiré de la vie de l'auteure israélienne Dorit Rabinyan, banni des écoles en Israël de surcroît - interdiction qui a suscité un tollé et fait exploser les ventes du livre après sa parution originale en hébreu.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Comme dans notre tradition, il y avait un ordre de bénédictions à réciter en l’honneur de la nouvelle année. La lumière des bougies symbolisait le bonheur ; les jacinthes, la croissance ; les pièces en chocolat étaient une promesse d’abondance, de réussite. Deux gros poissons rouges nageaient dans le réceptacle rond, en verre, posé au centre de la table ; à celui qui les regardait, une année de droiture et de fertilité était garantie. Il y avait encore sept types de nourriture, dont les noms persans commençaient par la lettre s – et qui passèrent de main en main avec vœux, prières : pour le renouvellement, des germes de blé ; pour la santé et la beauté, des quartiers de pomme ; pour la guérison, de l’ail confit en gousses ; pour la longévité et la patience, du vinaigre de vin ; la soucoupe de miel représentait le retour du soleil, et la poudre de sumac, d’un rouge-violet, renvoyait à la lumière de l’aube, les olives vertes...l'amour.
( Repas de fête du Norouz, Nouvel an zoroastrien )
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Autour de nous, les flocons continuaient à planer en silence, des étincelles de neige qui atterrissaient dans le noir, mais ‘Hilmi et moi avions déjà basculé de l’autre côté du monde. Du côté illuminé. Je me trouvais à Hod Hasharon, dans les champs verdoyants, si vastes, de mon enfance ; ‘Hilmi, encore très jeune, était du côté de Hébron, traversant des vallées, flânant entre les pins, les oliveraies. Je lui racontai les vergers – ces forêts de citrons, d’oranges et de clémentines –qui s’étendaient juste à côté de notre maison ; je relatai les longues virées chez nos amis de Ramat Hashavim, puis à la piscine de Neve Yarak, où nous nous rendions en coupant par les prés de Magdiël. Pour sa part, ‘Hilmi me décrivit les monts de craie qui entourent la demeure maternelle, à Ramallah – « ça ressemble à des vagues », fit-il, « comme une mer de collines muette », et il ouvrit grand les bras. Il revint également sur les longues journées passées à croquer le paysage, là-bas, au pied d’un haut mûrier. Cernés par le fer, l’asphalte et le béton, nous n’en persistions pas moins à poétiser sur les oliviers.
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Il plissa le front et me regarda avec cette expression de sympathie miséricordieuse, typiquement américaine.
- Oui, hein? Je t'ai épuisée, "Baazi", tu as l'air fatigué, dit-il dans un vague sourire.
Moins de trois heures s'étaient écoulées et, déjà, il m'inventait un petit nom. À un moment de notre parcours, il s'était mis à m'appeler "sweet pea", visiblement amusé. Ensuite, il avait traduit littéralement en arabe "doux petit poix", et repris ces mots avec un plaisir évident: "baazilah 'hilva", avant de passer à une mélopée lascive, sur laquelle il répéta plusieurs fois "sweet baazilah", pour finalement s'en tenir à "Baazi". Moins de trois heures s'étaient donc écoulées, et moi, m'adoucissant, je réagissais déjà à ce nom.
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Hilmi était l'universaliste, celui qui poursuivait la paix, affranchi de toutes les définitions renvoyant à des valeurs telles que l'État, la religion et autres sornettes comme l'hymne et le drapeau. Alors que moi, j'étais la femme à l'esprit pratique, lucide, qui se préoccupe d'accords de paix, et de broutilles du genre frontières séparant les États, souveraineté. Et je détestais me voir enfermée dans ce rôle. Je détestais ce pathos patriotique, absurde, qui reprenait le contrôle de ma personne chaque fois que face à son extrémisme, à son radicalisme arabe, j'étais forcée de pencher vers des opinions plus droitières, me trouvant ainsi repoussée du côté conservateur de mes parents.
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Ta tête repart en arrière, prise dans l'immense arc constitué d'ondes circulaires, d'encres pourpres, turquoises. et voici qu'elle plonge dans cette orgie de bleus : celui des rivières que tu peins, celui de tes cieux. Les bleus qui viennent toujours à te manquer avant les autres couleurs. cette kyrielle de nuances, sous-nuances, que nous avions vues, le tout premier soir, rangées l'une contre l'autre, dans des tubes épais - elles se répandent maintenant de partout, fusionnent, et toi, tu t'y enfonces intégralement ; les bleus du jour et les bleus de la nuit ; les bleus-gris, pâles, porcelaine, l'azur qui tire sur le vert. Tous rejaillissent et se répandent sur la toile infinie, liquide, et sur les pinceaux majestueux de la mer.
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