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Staline, la cour du tsar rouge tome 1 sur 3

Florence La Bruyère (Traducteur)Antoinette Roubichou-Stretz (Traducteur)
EAN : 9782262034344
736 pages
Perrin (21/10/2010)
4.19/5   32 notes
Résumé :

La vie privée de Staline est longtemps restée mystérieuse. Grâce à l'ouverture de ses archives personnelles, Simon Sebag Montefiore offre enfin un portrait inédit, saisissant et intime de l'homme et de sa cour. Dans ce premier volume, il retrace l'ascension du " chef suprême ", depuis sa consécration en 1929 jusqu'à l'invasion allemande en juin 1941, en passant par les grandes purges et l'assassinat de Trotski.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Stalin : The Court of the Red Tsar
Traduction : Florence La Bruyère et Antonina Roubichou-Stretz


Ce livre, scindé en deux tomes - 1929/1941 d'une part et 1941/1953 d'autre part - pour les besoins de l'édition, complète "Le Jeune Staline" dont nous avons déjà parlé. le point de vue de Montefiore, à mille lieues des préoccupations d'un Ian Kershaw , n'a pas changé : il essaie d'expliquer Staline le Dictateur, Staline l'Organisateur de massacres en série, Staline le Coryphée (un titre qu'il aimait, paraît-il) de la Déportation en masse, par Staline l'homme, ce qu'il a laissé apparaître d'humain, en mal comme en bien, dans ce qu'il fut. Tâche ardue s'il en est quand on songe à la carrure historique du personnage ici mis en cause. Mais tâche honorable et on ne peut plus passionnante qui, sans justifier, sans pardonner, tente au moins d'expliquer.

Aux failles enregistrées chez le "camarade Koba" au temps de sa jeunesse de terroriste et de chef de bandes, toujours à l'affût de fonds à braquer afin de constituer une trésorerie valable à un Lénine qui se la coulait douce dans son exil helvète, Montefiore ajoute ici celle qui, selon lui, fut "la goutte d'eau" qui fit déborder le vase : la mort brutale, officiellement par suicide même si l'on accusa Staline de l'avoir assassinée dans une crise de colère, de sa seconde et dernière épouse, Nadejda Sergueïevna Allilouïeva.

Déjà, en 1907, lorsqu'il était revenu en catastrophe de l'un de ses mystérieux voyages pour assister aux derniers moments de sa première femme, Ekaterina Svanidze, morte à vingt-sept ans soit de la tuberculose, soit du typhus, Staline avait montré une affliction qu'on peut croire sincère même si, bien entendu et ainsi qu'il le laissa entendre, la victime dans l'histoire, c'était lui et non pas celle qui venait de le quitter pour toujours. Mais le passage à l'acte de Nadejda éveilla chez lui un désespoir encore plus absolu, probablement parce que Staline, de vingt-cinq ans l'aîné de la disparue, avait déjà cinquante-six ans en 1932 et parce qu'il était bien trop intelligent pour ne pas se rendre compte qu'il était impossible de corriger les nombreuses erreurs qu'il avait commises dans sa vie privée.

Selon Montefiore, qui puise ses sources dans les mémoires longtemps non autorisés des proches du dictateur, ceux qu'il liquida comme ceux qu'il laissa vivre, Staline le Monstre est né de ce suicide qui confirmait, non seulement à ses yeux mais aussi à ceux du monde soviétique et même du monde entier, l'échec de Staline l'être humain. Bien sûr, jusque là, Staline n'avait jamais fait dans la dentelle. Il comptait à son actif pas mal d'attentats et d'assassinats. Mais si horribles qu'ils fussent, ces meurtres étaient tous politiques : il s'agissait surtout d'éliminer les ennemis des bolcheviks, puis certains bolcheviks eux-mêmes qui voyaient d'un mauvais oeil la confiscation du pouvoir par le Géorgien.

A compter de la mort de Nadejda, tout change et chacun, qu'il fasse partie des familiers ou qu'il n'ait jamais vu le dictateur qu'en photo, peut devenir l'ennemi de Staline - et, par conséquent, est susceptible de se voir arrêté, fusillé ou déporté du jour au lendemain. La paranoïa qui rampait en lui dès son passage dans la clandestinité, paranoïa somme toute normale dans de telles conditions d'existence où il ne fallait accorder l'intégralité de sa confiance à personne, cette paranoïa propre au terroriste à travers L Histoire se libère alors des quelques chaînes qui la maintenaient encore en respect. A un Staline qui a déjà vécu plus d'un demi-siècle, il ne reste plus que le Pouvoir et sa saveur à la fois merveilleuse et empoisonnée. Et ce Pouvoir, bien sûr, il doit être le seul à le maîtriser, le seul à le posséder : peu importe le prix à payer et plus on tuera et plus on déportera, mieux ce sera.

Et puis, Staline doit façonner son image de Dirigeant supérieur, faire en sorte qu'elle soit la seule dont on souvienne - faire en sorte qu'elle efface Josef Djougachvili, l'homme qui n'a su préserver de la Mort ni l'une, ni l'autre de ses épouses, le père qui ne saluera son fils aîné comme un homme de valeur que lorsque celui-ci, prisonnier des Nazis, se sera suicidé pour ne pas trahir son père et son pays, le père qui laissera son cadet s'enfoncer dans l'alcool et la corruption, le père enfin que sa fille pourtant adorée reniera un jour.

C'est cette manipulation marquée au coin de la démence et de l'irréel que nous raconte Montefiore, égrenant les noms de tous ceux qui, par intérêt et surtout pour ne pas mourir, acceptèrent d'entrer dans le jeu pervers du Dictateur. Beaucoup, comme Iakov, comme Iagoda, comprirent trop tard que le Grand homme goûtait un plaisir sadique à leur confier le poste de bourreau en chef et que le nombre de torturés et de fusillés n'y ferait rien : ils y passeraient aussi - comme tout le monde. Après tout, Staline n'était pas disposé à épargner les membres de ses belles-familles successives, coupables le plus souvent de "bavardages" sans grande conséquence : pourquoi se serait-il montré plus clément envers ses hommes de main les plus vils ? ...

La seule chose qu'on reprochera à ce livre, c'est une traduction certainement moins soignée que celle du "Jeune Staline" A part cela, il s'agit de l'une des biographies les plus intéressantes qu'on ait jamais consacrée à Staline, l'Homme et le Monstre. ;o)
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J'ai une appréciation assez, euhm, chambranlante? des biographies, alors faut dire que j'ai pas commencé cette lecture avec la meilleure des dispositions. Mais! Comme j'avais entendu des tonnes de choses élogieuses sur ce livre, & comme ça fait à peu près huit mois que mon copain me harcèle jour & nuit pour que je le lise, j'ai fini par m'y plonger.

& c'est pas une biographie au sens strict, je crois. On suit Staline, oui, mais à peu près seulement à partir de la fin des années vingt, quand il commence à s'imposer comme véritable successeur de Lénine. (Alors pas de longs chapitres sur son enfance difficile ou les prénoms de ses deux meilleurs amis de l'école primaire ou sa première job comme cireur de souliers -- ce qui m'a vraiment soulagé, parce que je sais pas pour vous, mais moi les il est né un vingt-neuf décembre & était un enfant particulier & etcétéra, ça fait partie des choses qui m'intéressent le moins AU MONDE.) Mais ce n'est pas non plus un manuel d'histoire de l'URSS entre 1927 & 1953, ou même une une vitrine sur ce que pouvait être la vie quotidienne à cette époque -- c'est, comme l'indique le titre, le récit de tous ces gens qui, au fil des ans, se sont agglutinés autour de la personne de Staline & ont fini par constituer, souvent à leurs dépens, parfois contre leur gré, une petite noblesse bureaucratique, une véritable cour en orbite autour du chef d'État.

L'auteur gagnera certainement pas de prix avec sa prose, mais c'est fonctionnel & ça passe. le contenu est pas toujours présenté clairement, il y a des chapitres qui se succèdent de façon confuse, presque pêle-mêle, & on a parfois l'impression que Montefiore a passé tellement de temps à accumuler du matériel que, une fois arrivée l'étape de la rédaction, il a pas voulu se défaire de ce que toute personne normalement constituée qualifierait d'excédent -- mais ce sont des détails. Ce qu'on a ici, c'est un livre solide, pas dépourvu de temps morts ou de redondances, mais qui souligne admirablement bien la cruauté & le ridicule des extrêmes du pouvoir, ses contradictions incroyables, les hasards de l'histoire.

Ça me réconcilie presque avec les biographies.
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Une biographie immense et très complète de Staline. L'auteur, Simon Sebag Montefiore, est historien spécialisé dans l'histoire de la Russie. C'est une biographie unanimement reconnue, publiée dans 20 pays et qui a reçu leprix du livre d'histoire de l'année 2004 par le British Book Awards.
Une foule de renseignements sur la vie sociale et politique de la Russie dans ce début du 20ème siècle, période troublée s'il en est.
Une analyse poussée des rapports souvent orageux et difficiles que Staline entretenait avec ses proches: ses conseillers politiques, ses collaborateurs et .. sa mère.
Un excellent et prodigieux travail d'historien.
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Cette biographie originale est particulièrement intéressante en ce qu'elle est centrée sur cette énigme : comment est-il possible que l'entourage de Staline n'ait à aucun moment été capable d'arrêter le(s) massacre(s) en se rebellant contre le petit père des peuples, même lorsqu'il a été le plus vulnérable, lors du déclenchement de l'opération "Barbarossa" ? Et comment se fait-il que cette réaction se soit produite si facilement contre Beria, qui espérait bien chausser les bottes de son défunt maître et n'était pourtant pas lui non plus un enfant de choeur ? le livre n'apporte d'ailleurs pas de réponse définitive à ces interrogations mais il les éclaire d'un jour particulier, quotidien, intime et, il faut bien le dire, peu réjouissant quant aux vulnérabilités de la nature humaine.
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On ne peut qu'admirer le travail de l'historien.
A lire absolument pour avoir une vision plus acérée de l'époque stalinienne et du monde durant le règne de ce personnage si particulier.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les sentiments de Staline pour sa mère avaient dû être mitigés à cause des corrections qu'elle lui infligeait et de ses prétendues liaisons avec ses employeurs. La clé de cette énigme de la mère sainte et de la putain se trouve peut-être dans la bibliothèque de Staline. En effet, il a souligné un passage de Résurrection de Tolstoï, qui parle d'une mère à la fois bonne et méchante. Mais elle avait tendance à lâcher des commentaires peu délicats, bien que plein d'humour caustique.
Un jour, Staline, assis à ses côtés et tous sourires, lui posa une question révélatrice:
"Pourquoi me battais-tu si fort?"
"C'est pour ça que tu as bien tourné" répondit-elle avant de demander:
"Iossif, qui es-tu maintenant au juste?"
"Eh bien, tu te souviens du tsar? Je suis un peu un tsar."
"Tu aurais mieux fait de devenir prêtre" lui répondit-elle, remarque qui enchanta Staline.
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C'est alors que Staline comprit que la mort était l'instrument politique le plus simple et le plus efficace
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Ma parole, est-ce qu'on imprime des journaux spéciaux pour toi?
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Videos de Simon Sebag Montefiore (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Simon Sebag Montefiore
En une centaine de lettres poétiques, scandaleuses, inspirantes, drôles, érotiques ou déchirantes, signées de personnages illustres de l'Égypte antique à nos jours, Simon Sebag Montefiore, émérite historien britannique, nous raconte l'histoire du monde et célèbre le pouvoir des mots.
« Simon Sebag Montefiore n'a pas son pareil pour raconter l'Histoire piquante, horrible, passionnée ou choquante. » The Times
« Certaines lettres sont révolutionnaires et visionnaires, d'autres sont très personnelles, mais toutes sont fascinantes. » The Daily Mail
En savoir plus : https://calmann-levy.fr/livre/les-lettres-qui-ont-change-le-monde-9782702168875
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