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EAN : 9782707316851
188 pages
Editions de Minuit (02/02/2000)
3.81/5   32 notes
Résumé :
Dernier opus de la saga familiale commencée avec Les Champs d'honneur, ce texte se présente comme un dialogue avec la mère, disparue sans avoir pu lire les pages qui allaient enfin la concerner. Le père, le grand-père, la grand-mère avaient tous trouvé une place dans le panthéon du petit Jean, qui les célébrait chacun leur tour. Mais la mère, elle, était restée un peu exclue des oeuvres, en retrait du ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce qui caractérise Jean Rouaud à mes yeux c'est son aptitude à la narration avec une touche gracieuse d'humour. Un véritable conteur que j'aime à lire avec son style frais dans lequel je retrouve sa description des journées pluvieuses de Loire inférieure ou des voyages en 2cv qui m'avaient emballé dans les « champs d'honneur ». Cette magnifique façon de zoomer sur un détail, une attitude, un objet, pour édifier un paysage psychologique

Cette fois c'est la mort et, au-delà, la vie intime de sa mère l'auteur évoque, notamment les visites supposées de ses chers disparus et plus particulièrement du seul homme de sa vie : son mari disparu si jeune.

Il est curieux de constater que jean Rouault se met rapidement à transformer la biographie de sa mère en celle de son père. Et oui, ainsi ressurgit cette vie des années 40 à 60 marquée par le patriarcat, la pression religieuse, la séquestration du féminisme.

Finalement, plus que la figure de la mère, puis celle du père, c'est plutôt celle de l'amour de ses parents l'un pour l'autre qui est évoqué. Ce long deuil de sa mère qui se clôt par sa propre mort.

Et puis cette question : comment, pour ce fils, accepter qu'au delà de cette mort, ses parents se retrouvent.

Un roman questionnant sur un sujet que nous rencontrons tous un jour où l'autre, prétexte à de très belles pages.
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N° 1521 – Décembre 2020

Sur la scène comme au cielJean Rouaud - Les éditions de Minuit.

Saint Thomas d'Aquin craignait l'homme d'un seul livre. On peut donner à cette maxime le sens qu'on veut mais en ce qui concerne jean Rouaud, son oeuvre est tellement consacrée à sa famille qu'on peut sans doute dire qu'il est cet homme, cet écrivain qu'il n'est pas forcément nécessaire de craindre. En effet après « Les champs d'honneur » qui mettait en scène son grand-père, « Les hommes illustres » qui parlait de son père, « Le monde à peu près » dont il évoquait le deuil et « Pour vos cadeaux » qui était consacré à sa mère, le présent roman lui est également dédié. Il clôt ce vaste hommage familial que notre auteur a décidé d'explorer et qui a nourri son oeuvre romanesque.
Il va donc nous parler de sa mère, Annick, morte à près de 95 ans et qui menaçait de faire une centenaire et lui d'évoquer les mannes de Jeanne Calment qui fut un temps la doyenne de l'humanité. Il met en exergue sa propre citation « Elle ne lira pas ces lignes », euphémisme pour indiquer qu'elle est déjà morte à la date de la publication de ce livre. Depuis qu'on l'a découvert grâce à son prix Goncourt en 1990, il ne cesse d'écrire sur sa parentèle ce qui chez lui témoigne d'une véritable envie. Autour du thème du souvenir l'auteur alterne ses propres réflexions et donne la parole à cette femme, fragile silhouette en deuil, trop tôt veuve et chargée de famille, revenue à la vie par le miracle des mots. Je me suis toujours interrogé sur le sort posthume des hommes et des femmes qui sont morts sans laisser de traces, de leur parcours ici-bas, chanceux ou malheureux et sur l'opportunité offerte à un descendant complice que la notoriété a distingué, de leur redonner vie dans les pages d'un livre. C'est à la fois un hommage et une forme de résurrection.
Il est beaucoup question de mort, de la Camarade , mais surtout de notre passage sur terre, transitoire, bref au regard de l'âge de la planète et surtout imprévisible puisque, même si nous faisons semblant d'être immortels et vivons en occident sans penser à notre destin, nous sommes mortels et seulement usufruitiers de notre propre vie. Il poursuit ses réflexions personnelles sur la solitude qui accompagne la vieillesse, celle qui tient la main de la « grande faucheuse » parce que, face à elle, dans ce combat perdu d'avance, on est toujours seul, deux thèmes qui collent à la condition humaine.
Il profite des derniers instants de ses personnages pour se livrer à des considérations personnelles sur les souffrances qu'on pourrait aisément épargner aux agonisants. Il note les derniers moments de cette mère qui, au pas de la mort, est partagée entre la certitude qu'il n'y a rien que le néant après elle et la volonté de croire qu'on y retrouve ceux qu'on a aimés dans une improbable résurrection. Reprenant Montaigne, ce qu'elle craint ce n'est pas la mort mais de mourir parce que ça n'a pas de sens ! Jean Rouaud va même lui faire parler de son cher époux, Joseph, le père de l'auteur, trop tôt disparu, en lui faisant révéler des détails sur sa vie et pour cela il fait même appel aux souvenirs de ses amis de jeunesse, quand il n'était encore que collégien ou maquisard en réaction contre le STO. Il parle lui-même de cet homme, que son métier de « représentant de commerce » tenait éloigné du foyer familial comme d'un être lointain, presque d'un étranger, d'un absent avant même sa disparition.
Je suis toujours partagé après avoir refermé un roman de Jean Rouaud. J'aime son parti pris personnel d'écriture qui explore son passé personnel et celui de sa parentèle mais, tout au long de cette chronique, je n'ai cessé de déplorer la longueur de ses phrases. Même si elles sont bien écrites, humoristiques parfois, elles n'en sont pas moins un peu trop longues ce qui ne facilite pas la lecture. Je note que vers la fin de ce roman, l'une d'elles ne fait pas moins de quatre pages!
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Au grand théâtre de la vie, on joue souvent le rôle qui nous est imparti, on ne montre que certaines facettes de notre personnalité. Une fois mort, ceux qui restent jugent,évaluent, analysent,discréditent ou réhabilitent la relation.
Sur la scène comme au ciel est le dernier volet d'une suite romanesque (et autobiographique) sur les origines de Jean Rouaud (qui a obtenu le prix Goncourt général en 1990 pour Les champs d'honneur qui commençait la série par la figure du grand-père). Cet ultime tome évoque la mère, Annick, récemment disparue de leucémie.
Jean Rouaud parle d'elle et la fait parler tour à tour, pour en brosser un portrait mi-tendre, mi-sec, pour évoquer ses souvenirs d'enfant et ses souvenirs à elle d'épouse et de femme, pour revenir sur ses écrits relatifs à sa famille, pour comprendre les non-dits et la comprendre elle, pour revenir sur les périodes douloureuses de la maladie et du deuil, pour lui parler enfin, à elle et à "son grand Joseph", "son homme unique" dont elle était "le petit loup chéri".
Sur la scène comme au ciel: le livre pudique d'un fils "déboussolé" qui s'adresse à "ses deux piliers réunis par delà la mort".
Emouvant!
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Après un livre écrit APRES le décès de sa mère, l'auteur imagine, dans Sur la scène comme au ciel, Comment l'aurait-elle pris, si elle avait pu le lire? L'auteur imagine justement quel aurait été son avis, ses critiques, ses corrections. Voilà l'idée. Ne pas imaginer de grand déballage, la famille n'est pas de ce genre là. C'est l'émotion qui souvent vous envahit, c'est la pudeur de l'auteur que l'on respecte. Magnifique livre, qui clôt le pentalogie.
"Après avoir beaucoup abusé de vous, de votre temps de vie, je vous rends à vous-mêmes, mes familiers illustres, je vous laisse en paix."

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Toutes les lettres que j’ai reçues le disent, mais sur le coup on les lit à peine. On s’intéresse à la signature, on a une pensée vers ceux-là qui vous assurent de leur sympathie, et on se promet, le moment venu, un peu de force revenue, de les remercier d’un petit mot. Ce qui vous paraît une tâche de plus en plus ardue à mesure que les jours qui suivent le drame vous apportent un courrier de ministre. Autant de lettres pour dire à quelques nuances près la même chose, qui vous apprennent rien sinon que leur auteur vient d’apprendre ca que vous êtes trop bien placé pour savoir déjà. D’ailleurs dès la première ligne les larmes affluent et le reste se perd dans le brouillard. Vous avez déjà cheminé un peu dans la douleur, vous vous êtes éloignés de quelques heures, de quelques jours, de la seconde d’effroi où la vie d’un homme a basculé dans les ténèbres, de sorte que vous avez commencé lentement à vous extraire de la violente aspiration de cette zone de mort, et la première ligne bienveillante, compatissante, qui vous assure de son soutien et de sa peine vous renvoie à cet instant zéro.
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Je n'ai pas de conseil à donner à quiconque mais si vous avez la possibilité de mourir dans votre fauteuil à quatre vingt ans après avoir jardiné une partie de l'après-midi, trouvé un mot de huit lettres au jeu télévisé, avalé du bout des lèvre une tisane et déclaré en déposant la tasse sans trembler au centre de sa soucoupe, maintenant je vais somnoler un peu, et pouf, on croit que vous êtes endormi, n'hésitez pas, soyez preneur. (p.35)

Tel que relevé pour "Les fils de la pensée" http://xn--rflchir-byac.net
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La fantaisie peut aussi être intérieure pour qui préfère la discrétion et redoute rien tant que faire parler de soi ou se donner en spectacle, une fantaisie secrète qui n'a pas besoin d'un public, un art modeste qui fait que sur les photos de groupe, par exemple,on n'aperçoit de moi, la plupart du temps qu'un sac à main qui dépasse, ou une mèche argentée,profitant pour une fois de ma taille pour me glisser derrière de plus grands.
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Le temps pour les vies procède comme pour les tableaux, les recouvrant d’une pellicule terne qui fait douter de l’éclat de leur jeunesse.
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C'était le bon moment pour mourir.J'avais au cours de ces trente-trois ans de solitude pris l'habitude de me soustraire au regard des autres.
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Au programme de la rentrée d'automne 2023 : 0:00 Introduction 1:01 *_perspective(s)_ de Laurent Binet* 1:15 *_À ma soeur et unique_ de Guy Boley* 1:29 *_l'enragé_ de Sorj Chalandon* 1:55 *_Rose nuit_ d'Oscar Coop-Phane* 2:30 *_strange_ de Geneviève Damas* 2:50 *_Le Jour des caméléons_ d'Ananda Devi* 3:06 *_Adieu Tanger_ de Salma El Moumni* 3:17 *_Le Grand Feu_ de Léonor de Récondo* 3:47 *_Comédie d'automne_ de Jean Rouaud* 3:58 *_Croix de cendre_ d'Antoine Sénanque* 4:11 *_Impossibles adieux_ de Han Kang* 4:39 Conclusion
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