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EAN : 9782330034733
388 pages
Actes Sud (01/10/2014)
3.15/5   20 notes
Résumé :
Depuis plus de trente ans, Lieve Joris ― qui appartient à l'univers littéraire des écrivains voyageurs que sont Bruce Chatwin, V. S. Naipaul, Ryszard Kapuscinski ou encore Nicolas Bouvier et Blaise Cendrars ― quitte régulièrement l'Europe pour tenter de saisir l'extrême complexité du monde. Dans Sur les ailes du dragon, elle relate ses allers-retours entre Dubaï, la Chine, l'Afrique du Sud et le Congo afin de saisir les échanges qu'entretiennent aujourd'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Un reportage journalistique sur les liens humains entre l'Afrique et la Chine. L'auteur nous invite avec elle au gré de ses rencontres à Dubaï, Guangzhou, Beijing, Shanghaï, l'Afrique du Sud et le Congo. On plonge dans des vies qui évoluent sur deux continents : les africains attirés par la Chine essentiellement pour des raisons commerciales et les chinois qui sont aussi attirés par la culture et le mode de vie africains. Deux cultures qui peinent à se comprendre mais qui se réunissent sur l'autel du commerce international, pas celui des multinationales à l'origine des dérives bien connues de la mondialisation, mais le commerce à l'échelle des petites entreprises individuelles ou familiales, des boutiquiers qui font de l'import/export en partageant un container sur un grand cargo.
Il est captivant de suivre ces hommes et ces femmes dont on fait peu état dans les médias mais qui sont tant d'acteurs du monde globalisé, de pouvoir observer d'une certaine distance, propice à la réflexion, les problèmes d'intégration et les barrières culturelles que peuvent vivre tous les hommes aux quatre coins de la planète.
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Lieve Joris nous emmène dans l'univers complexe de la mondialisation...pas celle des multinationales, du CAC 40 et des mouvements financiers accessibles aux seuls initiés, mais celle des hommes et des femmes qui commercent, qui échangent et qui voyagent. Elle les accompagne à Dubaï , en Chine, en Afrique du Sud, au Congo. Elle partage un peu leur vie ; quitte à être quelque peu envahissante.
En Chine, elle va rencontrer des africains qui viennent pour le commerce, friands des produits à bas coût qu'ils revendront dans leur boutique; qui y font leurs études ou que les circonstances de la vie ont poussé à s'établir là; exilés nostalgiques ou résignés. Elle rencontre aussi des chinois qui vont partir en Afrique, parfois inquiets de ce qu'ils vont trouver, ou qui en reviennent avec des souvenirs divers ou encore des universitaires spécialistes de la culture africaine.

Il y a Cheikna, commerçant malien vivant au Congo; Li Shudi, chinois d'Afrique du Sud "qui ressemble à un Afrikaner en tenue de safari" qu'elle rencontrera dans les deux pays; Maggie, employée à l'ambassade de Namibie ; Albert, fils ambassadeur rwandais et dirigeant du Rwanda Development Board en Chine; Jacques, congolais ex-étudiant en Chine et qui y dirige une société espagnole; Théodore, étudiant congolais des beaux arts un peu égaré dans sa vie chinoise; Joseph, seul étudiant noir de l'Institut d'études africaines de Jinhua; le professeur Li Baoping, victime d'un vol d'ordinateur portable dans un bus camerounais avec tout son matériel de recherche; Richard commençant chinois établit au Cap où il emploie des congolais .... et tant d'autres qui traversent ces pages fourmillantes de vie.

Ces portraits et ces histoires de vie nous montrent les différentes facettes et les différentes couleurs de ces relations pas toujours simples.
C'est un tableau nuancé mais sans concession qui se dessine sous nos yeux avec un débordement d'énergie vitale mais aussi les difficultés, les incompréhensions culturelles et le racisme. Les représentations de certains chinois sur les africains sont proprement déroutantes au XXIeme siècle : par exemple telle mère de famille ne veut pas que son fils parte travailler en Afrique car il va devenir noir , ou encore tel étudiant qui demande ingénument à un africain si c'est vrai qu'ils vivent dans des arbres en Afrique. Certains africains pensent, de leur côté, qu'on peut tout acheter en Chine, y compris des organes. Ils ne comprennent pas ces hommes qui travaillent tout le temps sans jamais prendre le moindre temps pour un peu de plaisir, pour le simple échange humain.
Mais, il s'agit surtout d'un monde actif, remuant , plein d'énergie, en pleine bagarre pour améliorer son quotidien et trouver une place ; toute une richesse de relations économiques et humaines qui se créent et se développent en dehors de l'Occident. En cela ce témoignage est passionnant et riche d'enseignements mieux savoir comment change le monde, comment se construit la Chinafrique, ce que font les chinois en Afrique et les raisons qui les y poussent.

Lieve Joris a cette qualité remarquable de s'effacer devant le monde qu'elle raconte : elle parle d'eux, de leur histoire, de leur témoignage, pas de son voyage à elle, comme cela arrive parfois à certains écrivains du voyage. Elle ne juge pas mais essaie d'être fidèle à ceux qui lui ont accordé de leur temps ( en tout cas je le crois en la lisant) sans cacher parfois les côtés sombres.
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Lieve Joris nous emmène dans l'univers complexe de la mondialisation...pas celle des multinationales, du CAC 40 et des mouvements financiers accessibles aux seuls initiés, mais celle des hommes et des femmes qui commercent, qui échangent et qui voyagent. Elle les accompagne à Dubaï , en Chine, en Afrique du Sud, au Congo. Elle partage un peu leur vie ; quitte à être quelque peu envahissante.
En Chine, elle va rencontrer des africains qui viennent pour le commerce, friands des produits à bas coût qu'ils revendront dans leur boutique; qui y font leurs études ou que les circonstances de la vie ont poussé à s'établir là; exilés nostalgiques ou résignés. Elle rencontre aussi des chinois qui vont partir en Afrique, parfois inquiets de ce qu'ils vont trouver, ou qui en reviennent avec des souvenirs divers ou encore des universitaires spécialistes de la culture africaine.

Il y a Cheikna, commerçant malien vivant au Congo; Li Shudi, chinois d'Afrique du Sud "qui ressemble à un Afrikaner en tenue de safari" qu'elle rencontrera dans les deux pays; Maggie, employée à l'ambassade de Namibie ; Albert, fils ambassadeur rwandais et dirigeant du Rwanda Development Board en Chine; Jacques, congolais ex-étudiant en Chine et qui y dirige une société espagnole; Théodore, étudiant congolais des beaux arts un peu égaré dans sa vie chinoise; Joseph, seul étudiant noir de l'Institut d'études africaines de Jinhua; le professeur Li Baoping, victime d'un vol d'ordinateur portable dans un bus camerounais avec tout son matériel de recherche; Richard commençant chinois établit au Cap où il emploie des congolais .... et tant d'autres qui traversent ces pages fourmillantes de vie.

Ces portraits et ces histoires de vie nous montrent les différentes facettes et les différentes couleurs de ces relations pas toujours simples.
C'est un tableau nuancé mais sans concession qui se dessine sous nos yeux avec un débordement d'énergie vitale mais aussi les difficultés, les incompréhensions culturelles et le racisme. Les représentations de certains chinois sur les africains sont proprement déroutantes au XXIeme siècle : par exemple telle mère de famille ne veut pas que son fils parte travailler en Afrique car il va devenir noir , ou encore tel étudiant qui demande ingénument à un africain si c'est vrai qu'ils vivent dans des arbres en Afrique. Certains africains pensent, de leur côté, qu'on peut tout acheter en Chine, y compris des organes. Ils ne comprennent pas ces hommes qui travaillent tout le temps sans jamais prendre le moindre temps pour un peu de plaisir, pour le simple échange humain.
Mais, il s'agit surtout d'un monde actif, remuant , plein d'énergie, en pleine bagarre pour améliorer son quotidien et trouver une place ; toute une richesse de relations économiques et humaines qui se créent et se développent en dehors de l'Occident. En cela ce témoignage est passionnant et riche d'enseignements mieux savoir comment change le monde, comment se construit la Chinafrique, ce que font les chinois en Afrique et les raisons qui les y poussent.

Lieve Joris a cette qualité remarquable de s'effacer devant le monde qu'elle raconte : elle parle d'eux, de leur histoire, de leur témoignage, pas de son voyage à elle, comme cela arrive parfois à certains écrivains du voyage. Elle ne juge pas mais essaie d'être fidèle à ceux qui lui ont accordé de leur temps ( en tout cas je le crois en la lisant) sans cacher parfois les côtés sombres.
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Sur les ailes du dragon décrit les relations parfois compliquées qu'entretiennent l'Afrique et la Chine. L'auteure, qui a beaucoup voyagé en Afrique, nous emmène d'abord au Congo où elle nous présente des personnes en affaire avec les Chinois. Beaucoup sont des commerçants qui achètent des produits Made in China pour les revendre avec profit sur les marchés africains. Elle nous emmène ensuite à Dubaï où s'effectuent de nombreux achats de marchandises en provenance de Chine.
La troisième partie du livre se passe en Chine, et cette fois l'auteure s'intéresse à la fois au commerce et au domaine de l'art, et nous fait rencontrer de multiples personnages ayant voyagé en Afrique. Enfin la quatrième et dernière partie se passe en Afrique du Sud, où quelques Chinois se sont installés et tiennent des commerces. Cette partie est également l'occasion de rencontrer des Africains de l'Ouest ayant émigré en Afrique du Sud pour y chercher une vie meilleure.

Ce récit est l'occasion de découvrir les rêves de chacun, des Africains souhaitant faire fortune avec les produits chinois, et des Chinois dont l'avenir est bouché dans leur pays et qui désirent s'expatrier pour voir plus grand. Naturellement tout ne se passe pas comme prévu pour les uns comme pour les autres, et le choc des cultures est parfois violent. Ce livre est aussi l'occasion de découvrir les préjugés des uns et des autres sur leurs correspondants étrangers, et là aussi c'est souvent violent. Exemple : "Le gouvernement chinois appelle les Africains nos frères, son patron les appelle ces bons à rien de Noirs."
"Est-ce vrai qu'en Afrique vous vivez dans les arbres ?" "Oui, bien sûr que nous vivons dans les arbres, et tu sais que la Chine a un ambassadeur au Rwanda ? Eh bien, il habite à trois arbres de chez moi".
Les différences entre les deux peuples sont omniprésentes et ne facilitent pas la communication. Les Africains trouvent que les Chinois n'expriment rien, les Chinois eux, trouvent que les Africains ne sont pas fiables, au final il y a peu de mélange entre les deux communautés qui souvent ne se comprennent pas. "Un Chinois qui gagne 200 rands en économise 90. Un Africain qui gagne 100 rands en dépense 200".
Les Chinois vivant en Afrique découvrent aussi la violence, car ils sont particulièrement visés par les voleurs, d'autant plus qu'ils sont installés dans des pays qui ne sont pas les plus sûrs, les exemples de l'auteure étant le Congo et l'Afrique du Sud. Enfin il y a la corruption, même si elle existe aussi en Chine, et les arnaques qui menacent tout Chinois qui manque de vigilance.

Sur les ailes du dragon nous fait découvrir un univers inconnu des Européens puisqu'il concerne les Africains et les Chinois, et c'est tout l'intérêt du livre. La partie la plus longue est celle qui se passe en Chine, et elle aurait mérité d'être raccourcie. L'auteure nous y présente des tas de personnages dont beaucoup n'apportent pas grand-chose au récit, le point commun semblant être une consommation élevée de baijiu, l'alcool local, et on tourne clairement en rond en attendant la partie suivante. Dommage.
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critiques presse (3)
Bibliobs
23 décembre 2014
Il était temps, en effet, que quelqu'un renverse la perspective et dise l'énergie, les ambitions, les souffrances individuelles qui accompagnent ce nouvel âge colonial.
Lieve Joris le fait avec l'intelligence et l'humilité des meilleurs écrivains itinérants: en donnant la parole à des dizaines de personnages qui, passés d'un continent à l'autre, découvrent le racisme et l'exil.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
20 octobre 2014
La Belge Lieve Joris suit les tribulations du continent noir à Canton, Pékin ou Shanghai. La mondialisation comme vous ne l'avez jamais lue.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
06 octobre 2014
Le résultat, pour un Européen, est déstabilisant : il découvre la Chine par les yeux des Africains, l’Afrique par les yeux des Chinois. Il voit tout un monde d’échanges se développer sans l’Occident, sur les lieux de ses fantômes, avec une énergie, une mobilité, une passion et une mélancolie qu’il n’imaginait pas forcément [...].
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Peu après, il était dans le métro et un petit garçon a demandé à son père : “Pourquoi il est noir, le monsieur ?
— Parce qu’il ne se lave pas”, a répondu le père. Autour d’eux, tout le monde s’est mis à rire. Théodore a attendu que les rires se taisent pour prendre la main du gamin dans la sienne et lui dire : “Regarde ma peau, elle est noire parce qu’elle contient beaucoup de mélanine. Vous en avez moins, et les Blancs encore moins. Je viens d’un pays où il fait très chaud et la mélanine me protège contre les rayons ultraviolets du soleil. Ton papa ne t’aime pas, sinon, il ne te mentirait pas."
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Un jour, un étudiant chinois est venu le voir et lui a dit : “Je m’excuse de te demander ça, mais est-ce vrai qu’en Afrique vous vivez dans les arbres et que vous ne vous habillez que pour venir ici ?”
Le genre de type que Franck adore faire marcher : “Oui, bien sûr que nous vivons dans les arbres, et tu sais que la Chine a un ambassadeur au Rwanda ? Eh bien, il habite à trois arbres de chez moi.” Alors ils comprennent qu’il y a quelque chose qui cloche et ils vont s’informer plus sérieusement.
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“Pourtant, c’est un problème que nous n’ayons pas de religion, dit-il, pas de jours saints, pas de vendredi comme les musulmans, pas de samedi comme les juifs, pas de dimanche comme les chrétiens – nous travaillons toute la semaine. Nous sommes amoraux, seuls l’argent et la science comptent pour nous. Les gens ont bien des autels pour les ancêtres à la maison, mais c’est ce que j’appelle de la superstition pragmatique : ils ne servent qu’à demander des faveurs matérielles.”
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j’avais lu un article rapportant que des familles chinoises dont un enfant était mort célibataire cherchaient à se procurer les os d’une défunte que leur enfant pourrait encore épouser dans l’au-delà. L’article était accompagné de la photo d’un paysan qui avait été arrêté, en 2005, en possession des ossements de six femmes : il voulait les vendre aux parents de jeunes hommes décédés dont les esprits agités continuaient à errer.
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Récemment, Albert a rencontré une Ougandaise dans un ascenseur. Elle lui a demandé son numéro de téléphone. D’abord il a refusé, puis il a accepté.
Quand elle l’a appelé, il l’a invitée à passer au magasin des Duseja et il lui a fait la morale. “La vie que tu mènes, c’est pas bien, a-t-il dit, je suis pasteur et… — Mais où est le problème, a-t-elle répondu. J’ai plein de clients qui sont pasteurs !”
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Videos de Lieve Joris (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lieve Joris
Lieve Joris - Sur les ailes du dragon A l'occasion des Correspondances de Manosque 2014, rencontre avec Lieve Joris autour de son ouvrage "Sur les ailes du dragon, voyages entre l'Afrique et la Chine" aux éditions Actes Sud. Récit traduit du néerlandais par Arlette Ounanian.
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