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Théo Varlet (Autre)Francis Ledoux (Autre)
EAN : 9782070375264
384 pages
Gallimard (02/02/1984)
4.14/5   47 notes
Résumé :
Le mot Taïpi désigne à la fois une région de l'île Nuku-Hiva, de l'archipel des Marquises, et la population qui l'habite. C'est ce pays et ces hommes que le jeune matelot Herman Melville, évadé du navire baleinier la Dolly, fut, vers 1843, amené à connaître.
Les Taïpis ont une horrible réputation : on les dit cannibales. Cela n'empêcha pas Melville et son camarade Toby de se réfugier chez eux. Contre toute attente, les deux fugitifs furent très bien accueilli... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Herman Melville, jeune matelot embarqué sur une baleinière la Dolly, las des conditions de vie à son bord − nourriture insuffisante et malsaine, capitaine tyrannique, campagne de pêche très longue, etc. −, profite d'une escale dans la baie de Nuku Hiva, île de l'archipel des marquises, tandis qu' y débarque l'Amiral Français du Petit-Thouars, pour s'évader avec Toby, un autre matelot. Ils espéraient rejoindre les cimes escarpées de l'île et attendre quelques jours le départ de la Dolly. Mais leur excursion, dans une nature exubérante, au milieu de mornes et de gouffres humides, devient vite difficile, en sorte qu'il leur faut choisir de façon hasardeuse entre deux vallées, celle des Hapaas ou celle des taïpis, deux peuples rivaux. Ce sera celle des taïpis, lesquels passent pour de redoutables cannibales. Mais contrairement à tout ce que les deux hommes pouvaient craindre, l'accueil est chaleureux bien que regorgeant très vite d'inquiétants mystères… Herman Melville sera accompagné de Kory-Kory et de la belle Faïaoahé. En dépit de moeurs qui demeurent pour lui le plus souvent incompréhensibles, il découvre alors un peuple insouciant, qui semble ignorer le travail et le chagrin, la nature pourvoyant à ses besoins, un peuple menant une vie heureuse et simple, loin des raffinements et des vices de nos civilisations. Melville est souvent frappé par leur beauté, une sorte d'harmonie, qui agit un peu sur lui comme un sortilège. Mais très vite il doit se rendre à l'évidence : il est devenu leur captif et les taïpis sont bien d'intrépides guerriers qui dans le secret d'une religion idolâtre pratiquent à l'encontre de leurs ennemis des actes de cannibalisme. Il tentera donc de fuir. Ce premier roman de Melville est d'abord un récit autobiographique et une relation de voyage, voire, dans ses descriptions de la vie d'un peuple et de ses coutumes, une oeuvre, quoique improvisée, d'anthropologue.


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Prisonnier privilégié des Taïpis.
Naviguant depuis plusieurs mois sur les eaux du Pacifique, la baleinière la "Dolly" fait relâche devant l'île de Nuku Hiva aux Marquises, archipel le plus septentrional de l'actuelle Polynésie française.
Parmi son équipage se trouve le jeune Melville, auteur futur du célèbre "Moby Dick". Exténué par les conditions effroyables en cours sur ce type d'embarcation, il décide de s'enfuir avec un compagnon d'infortune sur l'île, en partie méconnue. Après une traversée périlleuse dans des paysages époustouflants de montagnes, de forêts et de cascades primitives, les deux compères aboutissent dans la vallée de Taïpi, sensée abriter un peuple aux moeurs guerrières...et cannibales!
Retenus, plus que prisonniers, le séjour va leur être des plus doux et agréable. Notre jeune Melville, désormais appelé "Tommo", immergé dans cette société finalement des plus paisible, à l'encontre des plus mauvaises rumeurs, va être l'observateur heureux des particularités de ce peuple.
S'ensuivent des descriptions riches sur les rites, les relations sociales, le quotidien d'une population vivant à son rythme, exempte d'Etat, où l'argent n'existe pas et les liens unissant toutes les catégories sont des plus purs.
Un magnifique témoignage sur une civilisation qui, au milieu du XIXème siècle, est en sursis et sera bientôt ravagée et corrompue par la nôtre.
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Taïpi, c'est le premier roman de Melville, et son plus gros succès de son vivant. Basé sur la propre expérience de l'auteur dans les îles polynésiennes, le roman oscille entre récit anthropologique et autobiographique.

Au début de l'histoire, la nourriture commence déjà manquer à bord du baleinier où le jeune Tommo, narrateur et alter ego de Melville, a embarqué. L'équipage n'a pas vu l'ombre d'une baleine depuis des mois, le capitaine est un tyran… Tommo décide de fuir à la première occasion, accompagné par Toby, un autre marin. le bateau mouille finalement dans la baie de Nuku Hiva, ce qui permet à nos deux larrons de prendre la poudre d'escampette tranquillement. Sauf que leur fuite précipitée les amène chez les Taïpis, une tribu réputée féroce, sanguinaire, et... cannibale. Bien évidemment.

Mais dans Taïpi, rien n'est simple, et surtout rien n'est figé. La tribu se montre accueillante et pacifique, et si au début nos deux héros ont peur de finir à la casserole, c'est un sentiment de courte durée. Ils s'habituent doucement à vivre la vie édénique des natifs.

Cependant, plusieurs événements viennent perturber ce tableau trop parfait pour être vrai. Toby disparaît, et le cannibalisme des habitants se trouve avéré. Dans ces moments-là, le regard colonialiste de Tommo, dont il s'efforçait de se défaire, refait surface. Selon son « humeur », il voit les natifs comme des enfants, des guerriers, des cannibales, ou des geôliers.

C'est ce qui fait la force de ce roman, son regard instable qui permet la remise en question des idées reçues qu'on peut avoir, non seulement sur le sujet de cette « étude anthropologique », mais aussi sur l'anthropologue lui-même. Finalement, Melville nous en dit bien plus sur l'occident, et le regard eurocentriste (ce qui comprend aussi l'Amérique, qu'on se le dise) au XIXe siècle que sur la Polynésie.
Un chef-d'oeuvre.
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Nous sommes en 1843. Alors que le navire baleinier la Dolly fait relâche dans la baie de Nuku-Hiva dans l'archipel des Marquises, Tom, le narrateur, et son compagnon Toby, profitent d'une escale de leur bordée dans l'île pour déserter. Ils s'enfoncent au coeur des montagnes pour échapper à leurs poursuivants. Commence alors une marche harassante à travers la végétation luxuriante de l'île, ponctuée par des ascensions périlleuses, avec dans un coin de la tête la crainte de tomber sur les fameux taïpis à l'horrible réputation de cannibales. Un peu plus d'un demi-siècle après le destin funeste de James Cook dans les îles Sandwich, les Occidentaux vivent dans la hantise de ces peuplades qui consomment la dépouille de leurs victimes.
le livre de Melville tient à la fois du roman d'aventure et du récit ethnographique. Mais c'est ce deuxième aspect qui l'emporte. Très critique vis-à-vis de l'action des missionnaires religieux et des appétits de colonisation des Français, Melville a conscience que le peuple dont il partage la vie pendant quelques mois (pendant quelques semaines dans la réalité) sera bientôt corrompu par le commerce, les maladies apportées dans ces fragiles archipels. C'est peut-être cette conscience qui lui donne envie de tout noter. Sans comprendre les croyances religieuses de ses hôtes, l'auteur admire leur don pour le bonheur, leur vie exempte de propriété privée, la douceur de vivre qui y règne.
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Magistral! On a gardé "Robinson Crusoé", " le loup des mers", "les révoltés du bounty" et on oublierait presque ce "taïpi" tapi sous la mousse tropicale... La Polynésie avant qu'elle soit souillé par les essais nucléaire, avant, avant... Et on navigue sur les flots, on remonte le temps. Roman d'aventure, roman initiatique, roman? Juste ça? Non, Melville raconte une époque révolue. La magie de la littérature est bien là, faire ressurgir du néant le passé. Et on va, d'îles en îles, on tombe amoureux de ces polynésiens, on admire l'eau écarlate, on nage dans ces eaux chaudes, on vit sur ces plages qui n'existent plus et quand la dernière page arrive, c'est le dernier rivage qui s'estompe. On sait qu'on rentre au Port, que s'en est fini de l'exil, du périple en mer du sud. On regrette alors que le voyage n'ait pas été plus long...
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critiques presse (1)
BDGest
26 août 2016
Excellente introduction vers une œuvre qui, malgré les années, reste d’actualité de par sa réflexion sur l’acceptation des différences, cette relecture de Taïpi devrait séduire tant les bédéphiles que les amateurs de destinations lointaines et enchanteresses.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Du Petit-Thouars exhibait sur sa personne tous les ornements afférents à son grade. Il portait la redingote richement décorée d'amiral, la casquette galonnée et sur sa poitrine brillaient de multiples rubans et crachats; tandis que le simple insulaire se montrait dans toute sa nudité naturelle, hormis un léger pagne autour des reins.
Je pensais à la distance incommensurable qui séparait ces deux êtres. En l'un on pouvait voir le résultat des longs siècles de civilisation et de raffinements progressifs qui ont graduellement transformé la simple créature en une apparente réplique de tout ce qui est grand et élevé; à côté de cela, l'autre, dans le même temps, n'avait pas avancé d'un pas sur la route du progrès. "Et pourtant, me disais-je, insensible comme il l'est à des milliers de besoins et exempt de soucis harcelants, le sauvage n'est-il pas après tout le plus heureux des deux ?"
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Selon toute apparence, il n'existait ni tribunal ni cour d'équité; il n'y avait pas de police municipale pour appréhender les vagabonds ou les turbulents. Bref, on ne connaissait aucune disposition légale pour la préservation du bien public et de la société, ce qui est le but éclairé de toute législation civilisée. Et pourtant tout se passait dans la vallée avec une harmonie et une douceur sans égales, j'ose l'affirmer, dans aucune communauté de mortels de la chrétienté, fût-elle la plus choisie, la plus raffinée et la plus pieuse à la fois. Comment expliquer cette énigme? Ces insulaires n'étaient que des païens! des sauvages! voire des cannibales! comment donc arrivaient-ils, sans le secours d'aucune loi établie, à faire preuve, à un degré si éminent, de cet ordre qui est le plus grand bienfait et la fierté d'un état social? pp.278-279.
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Il n'y avait aucune de ces mille sources d'irritation que l'ingéniosité du civilisé a créées pour empoisonner son propre bonheur. Il n'y avait dans Taïpi ni créances hypothécaires, ni traites protestées, ni factures à payer, ni dettes d'honneur; pas de tailleurs et de bottiers exigeants; pas de fâcheux d'aucun genre, pas de juge de paix, pas de parents pauvres occupant sans rémission la chambre d'amis et obligeant à se serrer les coudes à table; pas de veuves ni d'orphelins réduits à la mendicité, pas de prison pour dettes, dans Taïpi; ou, pour résumer tout d'un seul mot, pas d'argent ! Cette "origine de tous les maux" n'existait pas dans la vallée. pp. 178-179.
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Il n'y a rien qu'un homme en difficulté considère avec plus de répugnance que l'obligation de faire demi-tour pour suivre en sens contraire un chemin déjà parcouru; s'il a un certain goût pour l'aventure , un tel procédé lui répugne même invinciblement tant qu'il reste encore quelque périlleuse solution qu'il n'ait encore affrontée.
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L'expédition des Marquises avait appareillé de Brest au printemps de 1842, et le secret de sa destination n'était connu que de son seul commandant. On ne saurait s'étonner que ceux qui complotaient une si insigne violation des droits de l'humanité aient tenté d'en voilé l'énormité aux yeux du monde.
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Herman Melville n'a jamais su que le roman qu'il avait écrit à l'âge de 31 ans deviendrait un jour l'un des livres les plus célèbres du monde. Il est mort dans la misère et son chef-d'oeuvre, « Moby Dick », n'est devenu un succès que près d'un demi-siècle après sa disparition.
« Moby Dick » d'Herman Melville, à lire dans sa nouvelle traduction chez Gallimard
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