The Goon, tome 13 : Malchance, impair & manque...

Le titre original de cet album est : "Once upon a hard time".
En effet, les temps sont durs pour le goon, l'habituelle clique d'affreux veut sa peau.
Il cherche des renforts auprès d'un mafioso, qui se retourne contre lui.
Une embellie pourtant dans la vie mouvementée du Goon, il trouve l'amour avec un grand A!
Ou pas....
Sombre, c'est sombre, l'humour décalé, très présent dans l'album précédent, et (presque) absent.
Trahison, violence, vengeance, c'est le lot du Goon.
Tout ceci est un peu déprimant...
Mais il reste, l'immense talent d' Eric Powell, qui nous offre au passage, sa version de "l'île du Docteur Moreau".
Le prodigieux graphisme de l'auteur, aide à faire passer la pilule qui autrement serait bien amère !

Le titre anglais est bien meilleur. Once upon a hard time... jeu de mots sympathique, bien préférable à la référence à la roulette du titre français, car l'album ne contient rien qui parle de casino ni de roulette. Les éditeurs français sont parfois mal avisés.

Evidemment, "il était une dure fois"... cela fait un peu "belge", et cela pourrait finir en "il en avait une dure, une fois"... ce qui ferait rappliquer Clara Morgane à grands pas.

Les temps sont durs pour le Goon. Effectivement, les méchants se rassemblent et vont lui faire passer un sale quart d'heure. Mais cela, ce n'est pas neuf. Ce qui est neuf, par contre, c'est le spleen du Goon. Et quand on parle de spleen... c'est un pu... de désespoir à la hauteur du Goon. Tout le tome est empreint d'une détresse, d'un mal de vivre que le Goon traîne... Comme si au moment de l'estocade finale, le voilà qui se mettrait à douter du bien-fondé de sa démarche. Tout se bouscule et il en vient même à remettre en cause sa propre existence. le Goon serait-il candidat au suicide???

Un tome très noir, très intérieur aussi. Viscéral. Poignant. Où le combat est une nouvelle fois un prétexte pour aborder les états d'âmes du Goon. Et pour ne rien gâcher il est plaisamment agrémenté de croquis et de portraits.

Beaucoup de frustration pour cette série. La frustration d'avoir du passer par 3 tomes très moyens à mon goût (10, 11 et 12) pour arriver à ce dernier tome qui est superbe.
En un tome, Powell me donne une claque sur le développement de ses personnages, sur sa construction narrative sur le titre et sur l'évolution de sa série (passée de chapitre "sketch" à un fil rouge avec une vraie profondeur).
Certes le tome ne manque pas de défaut, un côté convenu, une approche vue et revue, mais cela n'enlève en rien une très bonne exécution de sa part.
Rien à redire sur les dessins, dans la continuités des derniers tomes, par contre le travail sur les couleurs est excellent. C'est ces dernières qui nous plongent directement dans le titre et on est en immersion dans le récit.