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Philip Marlowe tome 6 sur 9
EAN : 9782070433155
Gallimard (21/06/1979)
3.94/5   194 notes
Résumé :
«À vrai dire quand j'ai fait la connaissance de Terry Lennox, il venait de glisser par la portière d'une Rolls décapotable, arrêtée devant l'une des boîtes les plus chic d'Hollywood. Enveloppée de vison bleu, une rousse étincelante se trouvait au volant. Je saisis l'homme sous les aisselles.
- Voulez-vous que j'essaie de l'installer derrière ? criai-je à la fille ;
- Mille regrets, mais je suis déjà en retard.
La longue voiture s'ébranlait silen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Sur un air de navaja... sincèrement le titre anglais est bien mieux « The long goodbye » car il colle parfaitement à l'histoire. Ce roman fut récompensé en 1955 du prix Edgard Allan Poe et porté à l'écran en 1973 par Altman sous le titre français « Le Privé ».
Pour commencer, il faut s'assoir avec un Gimlet à la main, assez frais de préférence. Et, bien installé dans le fauteuil de cuir usé du bar de l'hôtel, ouvrir un roman quand le soir tombe et que la salle est encore assez vide de monde. J'attends un compagnon de route qui tarde. Alors j'ouvre The long goodbye.
« La première fois que je vis Terry Lennox, il était fin saoul dans une Rolls Royce Silver Wraith devant la terrasse des Dancers. le gardien du parc à voitures avait sorti la Rolls et maintenait la portière ouverte ; car le pied gauche de Terry Lennox pendait à l'extérieur comme si son propriétaire en avait oublié l'existence. »
Merde, ça commence fort. L'ambiance me prend tout de suite, la Rolls, le bar, et la bibine, manque plus que la belle blonde aux longs cheveux, un sourire vague sur les lèvres et j'y suis !
Enfin Marlowe arrive, en retard comme d'habitude. Regarde, je commençais un bouquin d'enfer, lui dis-je en l'invitant à me rejoindre dans ce coin du bar, lumière tamisée propice à la confidence.
Il me répond qu'il connait déjà la fin et commande un Gimlet pour m'accompagner.
On discute de choses et d'autres mais je vois qu'il a un truc qui le chagrine. Je lui demande cash ce qui ne tourne pas rond, ça ce voit quand un mec est dans les embrouilles.
Mais Marlowe préfère le silence. Une fois qu'il a mis les pièces du puzzle en ordre, il se tait. L'amitié c'est ça aussi, le respect du silence.
Alors, je continue ma lecture et il reste. de toute manière, dans cinq Gimlet, on sera gris lui et moi, et le reste, on pourra s'en foutre. Les créatures de rêve aux jambes interminables et aux yeux violets, les petits caïds du coin, les richards qui annoncent la couleur aux flics dont une partie est pourrie... tout ça nous passera dessus.
Avec mon pote, on n'a rien à se dire de plus qu'on ne sache déjà sur cette société.
Trinquons aux meilleurs écrivains qui nous font passer du bon temps ! le reste peut attendre.
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« La première fois que je vis Terry Lennox, il était fin soûl dans une Rolls-Poyce ». Lennox est un alcoolique qui ne passe pas inaperçu : la mise élégante, le visage jeune mais marqué sur sa droite par des cicatrices, les cheveux prématurément blanchis, il traine sa gueule de bois et son air de chien égaré dans les rues de Los Angeles. Marlowe lui vient spontanément en aide et les deux hommes sympathisent. Un matin, Lennox débarque paniqué chez Marlowe et lui demande de l'aider à prendre la fuite au Mexique. C'est le début pour notre détective d'une longue enquête en deux temps qui le mènera dans les geôles de la brigade criminelle puis dans la propriété d'un écrivain à succès alcoolique.

C'est le sixième roman consacré à Philip Marlowe et le personnage est conforme aux traits de caractère définis dans les épisodes précédents. Il est guidé par un sens moral en béton. Il va se battre pendant cinq cents pages avec opiniâtreté pour sauver l'honneur de son ami, ce qui le conduira à résister aux pressions des policiers et du procureur, aux menaces des gangsters, à la séduction intéressée de femmes fatales et à la corruption de l'argent. Voilà Marlowe le vertueux à nouveau plongé dans les entrailles de la cité des anges.

Certains passages sont percutants. Chandler évoque sans détour la pollution de Los Angeles, la société de consommation, les conditions de détention, la spéculation immobilière et à ses yeux, le monde des affaires n'est que la face policée du gangstérisme. Un homme d'affaire tient dans sa main la presse, la police et la justice ; il peut éteindre une enquête criminelle qui toucherait ses intérêts. Des propos publiés dans une Amérique qui vient à peine de sortir du Maccarthysme.
Il est beaucoup question de l'alcoolisme et des centres de cure parfois dirigés par des escrocs. J'ai cru reconnaitre dans le personnage de Wade certains traits biographiques de l'auteur. Wade est un écrivain à succès brûlé par un mal qu'il n'identifie pas mais qui cherche à se détruire par la boisson. Il parle du travail de création et du monde de l'édition. Et puis il y a ce titre, ce « long goodbye », si chargé de sens à un moment où l'épouse de Chandler est gravement malade.

Les premières éditions ont réduit « The long goodbye » à sa simple intrigue policière, le texte étant amputé de ses passages trop descriptifs et chargé de termes d'argot. le roman est enfin disponible dans une version intégrale traduite correctement. Je n'ai ni la formation, ni le recul pour pouvoir évaluer la qualité d'une oeuvre littéraire, mais ce roman a répondu à toutes mes exigences : un roman noir parfaitement écrit, intelligemment construit, passionnant (500 pages et on ne s'ennuie jamais), disposant d'un fond politique et d'un sens moral. Une très belle découverte.
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Ce livre était à l'origine intitulé « The Long Good Bye », et rebaptisé « Sur un air de Navaja », pour des raisons que je cherche encore. Il ramassait la poussière de mes étagères depuis des années. J'avais acheté en bouquinerie l'édition originale avec la couverture noire de chez Gallimard noir. A l'intérieur, il y avait cachée à l'intérieur une coupure de presse du vendredi 25 Décembre 1992 du Monde appartenant au premier propriétaire. C'est comme ça que je sais que Chandler avait des difficultés à terminer ce roman, écrit sur le tard. (D'ailleurs, un de ses personnages écrivain est dans le même cas) Lorsqu'il avait été publié la première fois en 54 par Gallimard, ce roman avait été tronqué de 100 pages, mais en 92, la maison décida de le sortir en édition intégrale. C'est dans les détails de l'écriture de l'auteur que l'on peut apprécier toute l'étendue de son talent génial qui se trouve dans les digressions, dans les étourderies et les opinions personnelles, autant de choses précieuses qui nous ravissent ici et là.

En effet, Philippe Marlowe, privé sentimental, poseur nonchalant et voyou, observe en silence, et sait qu'une chose peut en cacher une autre. Il se méfie de tout et de tout le monde. Sauf peut-être de certaines personnes qu'il sait inoffensives. C'est d'ailleurs comme ça qu'un soir, il se prend d'affection pour un certain Terry Lennox, saoul fauché, plein de cicatrices sur son visage, mais en même temps très distingué et très poli. Immédiatement, il se promet de l'aider, et ne sait même pas lui-même pourquoi il veut le tirer d'affaire. Par instinct, il sait d'ailleurs qu'il aura des ennuis.

Mais Marlowe a beau avoir de l'instinct, il ne sait pas faire des miracles, et se fait souvent devancer par les événements. C'est ainsi qu'il est embarqué dans une affaire sordide où se succéderont des tas de personnages qui ne sont pas là pour se dire des gentillesses.

C'est très bien écrit, les dialogues sont fignolés, prétextes à de bons mots. le côté mauvais garçon est très présent et l'humour croustillant est absolument magnifique. L'intrigue est emberlificotée, et cela ralentit un peu la lecture. Un très bon roman qui nous fait prendre du temps et du bon temps.
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« Je descendis au drugstore du coin et y pris un sandwich au poulet et un café. le café était éventé et le sandwich aussi savoureux qu'un pan de chemise entre deux tranches de plâtre. Les Américains mangent n'importe quoi pourvu que ce soit grillé, maintenu par deux ou trois cure-dents avec un bout de laitue fripée qui dépasse des bords. »
C'est à ce genre de phrases, figurant désormais dans la traduction augmentée de The long Goodbye, censurées dans la version publié en 1954, intitulée « sur un air de navaja », que l'on reconnait le style Chandler, celui qui a fait école pour servir de modèle aux nombreux détectives qui viendront après Philippe Marlowe.
Le personnage du détective à la fois acteur et observateur, sans illusion sur le sens de son action, mais déterminé à la mener contre l'avis des autorités officielles ou souterraines est né grâce à Raymond Chandler.
Il n'est pas un simple détective, mais un philosophe en rupture de ban, sans illusion sur ses contemporains, et naturellement railleur :
« Il sortait tout droit d'un de ces ranchs bidon qui mettent toute la gomme sur le cheval au point que même la standardiste porte des bottes d'équitation pour répondre au téléphone. »
« Mais dans sa délicieuse cuisine immaculée, la ménagère américaine est incapable de de préparer un repas mangeable et la merveilleuse salle de bains est essentiellement un dépôt de déodorants, laxatifs, somnifères et produits divers relevant tous du racket de l'industrie cosmétique. Nous faisons les plus beaux emballages du monde, Mr. Marlowe, mais tout leur contenu est à jeter. »
On comprend l'effroi de l'éditeur de l'époque (1954) quant à la capacité du grand public français à recevoir ce type de raisonnement.
Volontiers buveur, et fumeur, iconoclaste, peu attiré par l'argent, s'affranchissant des règles du politiquement correct, n'en faisant qu'à sa tête, bravant le danger, souvent à son détriment, ainsi est Marlowe, pour l'éternité. Pas un super héros, mais un héros ordinaire cherchant à gagner simplement sa vie, sans s'emmerder mais en emmerdant les autorités un maximum.
C'est un réel plaisir de lire ces 500 pages pleines de rebondissement - je ne vous dirai rien sur l'histoire elle-même (Un chassé-croisé entre des personnes qui se sont connues autrefois et se retrouvent pour le pire) - au vocabulaire riche et imagé, à la philosophie souvent visionnaire, pessimiste, sans exagération, sur le devenir du monde.
Comme la citation de Hamlet figurant à la page 452, la devise de Marlowe pourrait bien être « Et que s'abatte la grande hache là où est le crime. »
Chandler forever.
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Raymond Chandler, encore un auteur découvert grâce au Challenge Solidaire 2024. le seul livre qui ait sans doute échappé à une purge pour faire place aux romans plus récents, The Long Goodbye ne m'a pas déçu, même si je ne me souviens pas d'avoir vu son adaptation cinématographique. Pour moi, Philip Marlowe, c'est Humphrey Bogart ou Robert Mitchum, le Los Angeles des années 50 avec alcool et tabac à gogo. Des armes à feu, mais très peu de sexe. Mais des regards et des silences qui en disent long...
Ce livre-ci n'est sans doute pas le meilleur de la série, mais si je recroise le chemin de Raymond Chandler, je n'hésiterai pas à lui refaire un bout de chemin en compagnie de Philip Marlowe.
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Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
D’un autre côté, j’avais envie de me défiler pour ne pas revenir mais ça, c’était la voix que je n’écoutais jamais. Parce que si c’avait été le cas, je n’aurais pas bougé de la ville où j’étais né, j’y aurais travaillé à la quincaillerie, aurais épousé la fille du patron, fait cinq gosses, aurais lu les bandes dessinées du journal du dimanche matin, calotté les mômes s’ils faisaient des bêtises, discuté avec mon épouse du montant de leur argent de poche et des programmes qu’ils pouvaient écouter ou regarder à la radio et à la télé. Je serais peut-être même devenu riche – riche pour un trou en province -, avec une maison de huit pièces, deux voitures au garage, du poulet tous les dimanches, le Reader’s Digest sur la table du salon, la femme avec une permanente en fonte et moi avec une cervelle comme un sac de ciment. Allez-y, les amis. Moi, je choisis la grande ville, sordide, sale, pourrie.
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Nous sortîmes dans la lassitude du soir ; il voulait marcher, me dit-il. Nous étions venus dans ma voiture et, pour une fois, j'avais réussi à payer l'addition. Je le regardais s'éloigner. La lumière d'une vitrine s'accrocha dans ses soyeux cheveux blancs et il disparut dans le brouillard ténu du soir. Je le préférais encore saoul, au bout de son rouleau, affamé, mais avec une étincelle de fierté. Ou peut-être était-ce moi qui préférais après tout jouer les saint-bernard ?
Il m'aurait raconté toute sa vie si je le lui avais demandé. Mais je ne cherchais même pas à savoir comment il avait été défiguré. Si je lui avais posé la question et s'il m'avait répondu, deux vies auraient peut-être pu être sauvées.
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- T'es drôlement verni, Marlowe. Deux fois de suite, tu t'en tires de justesse. Tu finiras par tourner mal. Tu t'es échiné pour ces gens-là et tu n'en as pas tiré un sou. Tu t'es aussi échiné pour un nommé Lennox, si je ne me trompe et ça ne t'a rien rapporté non plus. Comment fais-tu pour gagner ton bifteck ? T'as fait assez d'économies pour vivre de tes rentes ?
Je me levai et me plantai en face de lui.
- Je suis un romantique, Bernie. J'entends des voix qui pleurent la nuit, et je ne peux pas m'empêcher d'aller voir ce qui se passe.
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Là-bas, dans la nuit des mille et un crimes, des êtres humains meurent, sont mutilés, déchiquetés par des éclats de verre, écrasés contre des volants ou sous de larges pneus. Des êtres humains sont battus, volés, étranglés, violés, assassinés. Des êtres humains sont affamés, malades, rongés d'ennui, de solitude, de remords ou de crainte, cruels, fébriles, secoués de sanglots. Une ville qui n'est pas pire que les autres, une ville riche, vigoureuse et fière, une ville perdue, éclopée, vide.
Tout dépend de la place que vous occupez, du standing auquel vous pouvez prétendre.
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 Je possède des journaux, mais je ne les aime pas. Je les considère comme une menace permanente pour le peu qui nous reste de vie privée. Leurs constantes récriminations en faveur d’une presse libre signifient, quelques honorables exceptions mises à part, la liberté de tripatouiller dans les scandales, les crimes, la haine, la diffamation, le sexe, etc. Un journal est une affaire qui rapporte grâce à sa publicité. Je n’ai pas à vous apprendre ce qui assure les gros tirages.
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Vidéo de Raymond Chandler
Chronique animée par Fabien Delorme, consacrée aux grands noms de la littérature policière, dans le cadre de l'émission La Vie des Livres (Radio Plus - Douvrin). Pour sa seizième chronique, le 08 novembre 2017, Fabien présente l'auteur Raymond Chandler. Fabien Delorme est aussi conteur. N'hésitez pas à vous rendre sur son site : http://www.fabiendelorme.fr/ ou sur sa page Facebook : https://www.facebook.com/fabiendelormeconteur La page Facebook de l'émission La Vie des Livres : https://www.facebook.com/laviedeslivres62
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