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Fernande Dauriac (Traducteur)
EAN : 9782228899680
284 pages
Payot et Rivages (18/03/2005)
3.7/5   72 notes
Résumé :
Lorsqu'il publie ce livre en 1926, Aldous Huxley (1894-1963) n'a pas encore écrit Le Meilleur des mondes mais il est déjà le porte-parole des intellectuels anglo-saxons.
Dans ce qui est, bien plus qu'une chronique de voyage, un véritable itinéraire spirituel, ce sceptique que tout intéresse saisit l'instant avec humour et un sens rare de la formule. En quête de l'incertaine vérité de l'homme, il doit bien reconnaître que " voyager c'est découvrir que tout le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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En 1926, à trente deux ans - il n'a pas encore publié « le meilleur des mondes » - Aldous Huxley entreprend de faire le tour du monde : de Londres, il se rend aux Indes, en Thaïlande et en Malaisie, à Singapour et Bornéo puis en Chine et au Japon. Enfin aux Etats unis avec San Francisco, Los Angelès, Chicago et New York…

« le tour du monde d'un sceptique » est en quelque sorte le journal de bord d'un grand voyageur… A ceci près qu' Aldous Huxley est un grand voyageur particulier : outre le compte rendu de ses admirations et de ses déceptions d'ordre esthétique, comme face au Taj Mahal, il analyse finement les sites visités avec l'oeil d'un européen. D'où sa prise de conscience de l'antagonisme viscéral entre l'orient et l'occident ; une opinion que partagera Arthur Koestler dans « le lotus et le robot », journal de bord là aussi - publié en 1961 - de son voyage en Inde et au Japon. Il en reviendra « fier d'être européen »…

Quant aux Etats Unis, le cynisme du capitalisme lui fait craindre le pire… Huxley visionnaire ? La crise de 1929 n'est pas loin…

« Sceptique ». le mort n'est pas trop fort… Il est même un peu faible. Un livre très intéressant pour tous ceux qui se passionnent pour l'histoire des civilisations et leur évolution.
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Un tour du monde à l'anglaise car, à l'exception du Japon et des Etats Unis, Huxley fait un peu le tour du propriétaire, il voyage à travers l'Empire Britannique.

J'ai été relativement surpris par le ton condescendant dont il use à l'égards des pays et des peuples visités. Je ne connais rien de la trajectoire intellectuelle de l'auteur à part son " Meilleur des monde" qui m'en avait laissé une image plutôt humaniste.

Je découvre ici un intellectuel lucide et conscient de l'inéluctabilité de la fin du Raj mais néanmoins persuadé de la légitimité de son pays à diriger son empire coloniale avec une morgue aristocratique et un complexe de supériorité qui confine à la carricature.

Pour être juste avec Huxley, reconnaissons qu'il ne ménage point ses compatriotes, responsables politique, expatriés ou non, dans le constat chagrin qu'il dresse de l'Empire.

Et le voyage alors ?
Et bien c'est une fenêtre ouverte sur le monde de l'entre deux guerre et malgré les réserves évoquées plus haut, le regard de l'auteur reste pertinent et passionnant.

J'affabule peut-être, mais ses observations sur l'organisation en castes de la société indienne me semblent préfigurer celle du "meilleur des monde".

Lecture hautement intéressante
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Oeuvre digne de figurer dans une hypothétique bibliothèque idéale. Avec ce même esprit critique et caustique qu'habitait un certain Albert Londres, Aldous Huxley, à travers ce "tour du monde d'un sceptique" publié en 1926, nous rappelle aussi, par la finesse de son regard et son style précieux, un autre brillant grand voyageur, le Suisse Nicolas Bouvier et son célèbre "L'usage du monde" (d'ailleurs publié chez le même éditeur). Ces voyages en Inde, en Malaisie, en Indonésie et au Japon ne constituent pourtant que l'arrière-plan d'un recueil de pensées humanistes et avant-gardistes, des idées d'autant plus réjouissantes qu'elles surgissent alors d'un humble esprit visionnaire à peine âgé de 32 ans. Il arrive parfois que l'auteur se trompe (notamment lorsqu'il aborde la peinture sous les tropiques), mais même alors ses nombreux aphorismes sonnent d'une incroyable justesse. Sa critique du joug anglais en terre indienne ne sombre pas dans un manichéisme facile, les paradoxes de l'Amérique joyeuse et puritaine sont délicieusement dépeints, la destruction des valeurs de la société moderne américaine judicieusement argumentée. Un exemple de ce caractère visionnaire ? "Partout sur le globe, les producteurs d'Hollywood sont les missionnaires et les agents de propagande de la civilisation blanche", une thèse largement développée dans un ouvrage publié plus de 80 ans plus tard, "Mainstream" de Frédéric Martel. Un ouvrage idéal qui accompagnera le voyageur en quête de pittoresque : "Il n'y a pas de touriste que ne hante le désir de 'sortir des sentiers battus'. D'abord parce qu'il veut faire quelque chose que les autres n'ont jamais fait. le besoin d'être unique, d'une façon ou d'une autre, augmente au fur et à mesure de la standardisation". La conclusion, sous la forme du retour à Londres, est une véritable charte du Grand Voyageur : "revenu au point de départ, plus riche de beaucoup d'expériences, plus pauvre de nombreuses convictions perdues, de beaucoup de certitudes détruites. Convictions et certitudes ne sont que trop souvent concomitantes de l'ignorance. le fruit de la connaissance et de l'expérience est généralement le doute."
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Après la première guerre mondiale à laquelle il n'a pas combattu à cause de problèmes de santé, Aldous Huxley entreprend un tour du monde. Son récit commence à Port-Saïd en Egypte pour se terminer à son retour à Londres. L'Asie, notamment l'Inde, la Birmanie et la Malaisie, alors fleurons de l'Empire britannique; pour ensuite visiter Java, Bornéo, les Philippines, le Japon - après une escale à Shangaï. Puis la traversée du Pacifique pour de brefs récits sur San Francisco, Los Angeles et New York avant de revenir à Londres.
Aldous Huxley décrit aussi bien ses compatriotes touristes ou expatriés que les peuples, les sites et les paysages traversés. Mais l'image est très superficielle, étant donné qu'il ne semble s'attarder nulle part et seulement vouloir voir le plus de chose en un temps donné. Si, à son retour à Londres, il affirme : " le voyage est maintenant terminé et me voici revenu au point de départ, plus riche de beaucoup d'expériences, plus pauvre de nombreuses convictions perdues, de beaucoup de certitudes détruites". On dirait qu'il a réussi à barrer de sa bucket list "faire le tour du monde" et qu'il peut enfin passer aux choses sérieuses : écrire, bien installé en Angleterre.
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Aldous Huxley n'est pas qu'un observateur c'est aussi un penseur critique sur l'organisation sociale et comme le titre l 'indique un authentique septique.

J ai savouré ses descriptions.

Celle de Bombay est très drôle l'énumération des différents style d'une ville qui a été construite entre 1860 et 1900 est inoubliable:

On passe du «style gothique vénitien» au «style ornementé français du quinzième siècle» en passant par le «style gothique du quatorzième siècle» et pour finir «le style moyenâgeux de Mr Trubshawe» et comme le rajoute Aldous Huxley avec son humour si britannique: «Mr Trubshawe resta prudemment imprécis.»
Cet auteur m'a sidéré par la modernité, la pertinence et parfois la profondeur de ses propos.
Son livre est publié en 1926, et la partie la plus intéressante et la plus longue de son voyage se situe en Indes.
Il passe ensuite en Malaisie, en Chine, au Japon, aux USA, et revient à Londres.
C'est une époque où, un Anglais aux Indes est amené à s'interroger sur la supériorité, ou la soi-disant supériorité, des valeurs du colonisateur par rapport à celles du colonisé.
Bien loin de simplifier les situations, il nous entraîne à chaque fois dans une réflexion qui nous étonne.
Je prends un exemple, il est amenée à faire une promenade à dos d'éléphant, il explique d'abord ce que représente un éléphant pour un homme important à Jaipur, puis avec un humour très britannique décrit ce mode de transport,
" au risque de paraître ingrat, je dois reconnaître que, de tous les animaux que j'aie jamais montés, l'éléphant est de beaucoup le plus inconfortable."
Suit une explication précise de l'inconfort.
Comble de l'horreur, ce jour là l'éléphant se soulage.

Une pauvre paysanne se précipite pour recueillir les excréments du royal animal.
Première remarque sur les différences de statuts
"elle nous donna du Salaam Maharaj ", nous octroyant dans sa reconnaissance le titre le plus pompeux qu'elle pût trouver"
Il continue sa réflexion et après sa gène, d'être aussi nanti, il finit par conduire sa réflexion sur l'utilité de recycler les excréments. Et voici sa conclusion:

« Notre oeuvre , quand on la compare à celle des vaches et des éléphants, est remarquable . Eux, font, de façon automatique , du fumier; nous, nous le recueillons et en faisons du combustible. Il n'y a pas là matière à déprimer; il y a là de quoi être fiers. Pourtant , malgré le réconfort de la philosophie, je restai songeur.»

Trois pages de réflexions sur les excréments d'éléphant .. nous laissent un peu songeur mais très amusés également!
A son arrivé à Manille, il est sollicité par la presse, il réfléchit alors sur ce qu'est la notoriété et il se scandalise d'être plus sollicité par les journalistes parce qu'il est un écrivain déjà célèbre. Il se dit que s'il avait été un scientifique dont les recherches pourraient être très importantes pour l'avenir de l'humanité, il aurait été beaucoup moins connu.
Je me suis alors demandé ce qu'il penserait de notre époque ou une jeune femme devient célèbre pour avoir dit "Allô quoi "!

J ai moins aimé ses descriptions et ses remarques sur les USA, pourtant ça commençait bien avec la description de la publicité pour une entreprise de pompes funèbres qui est vraiment très drôle!



Un livre à déguster et qui vous surprendra!
Lien : http://luocine.over-blog.com..
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est pourtant pas le besoin de faire quelque chose d'unique qui rend le touriste si anxieux de quitter "les sentiers battus". Ce n'est le plaisir, anticipé de se vanter de sa performance. Le romantisme incorrigible qui est en chacun de nous, croit, avec une foi à toute épreuve, qu'il trouvera hors des sentiers battus quelque chose de bien plus remarquable; il pense que ce qu'on ne voit qu'avec les peine et difficulté est, pour cette raison même, ce qui mérite d'être vu. Tout voyageur poursuit un fantôme qui, perpétuellement, lui échappe; il espère sans cesse découvrir un nouveau mode de vie qui soit en quelque sorte fondamentalement différente de ceux qui lui sont familiers. Il s'imagine capable, dès qu'il la rencontrera, d'entrer magiquement en contact avec cette existence merveilleuse, de la comprendre et d'y participer. Dans les endroits que tout le monde connaît, sur les sentiers battus, il ne trouve jamais ce qu'il cherche. Sur les sentiers, quelle que soit la partie du monde où ils conduisent, les hommes et les femmes vivent toujours a peu près de la même façon et nul sésame ouvert ne donne accès à leur être caché. Mais peut-être hors des sentiers battus, dans les petits coins perdus où les hôtels sont exécrables, où l'on trouve les crapauds dans la salle de bains - peut être dans les endroits où il n'y a pas d'hôtel du tout, mais seulement des refuges pleins de mille-pattes - peut être dans les endroits où l'on doit dresser sa tente et emmener des porteurs chargés de provisions et de munitions pour une excursion de plusieurs semaines - peut être là où il n'y a que jungle et sangsues, serpents, précipices et vampires, et parfois Pygmée avec un chalumeau et des flèches empoisonnées... Peut-être... Mais au milieu des crocodiles et des cannibales, le secret vous échappe encore. La vie, là aussi, reste fondamentalement la même. Les hommes et les femmes sont aussi difficiles à connaître. Et même un peu plus, somme toute, car notre connaissance des Pygmées est rudimentaire, et le petit peuple est craintif.
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Etant stupides et sans imagination, les animaux se conduisent souvent plus sagement que les hommes. Ils font efficacement et instinctivement ce qu'il faut au moment où il le faut. Ils mangent lorsqu'ils ont faim, cherchent de l'eau lorsqu'ils ont soif, font l'amour en sa saison, se reposent ou jouent lorsqu'ils en ont le temps. Les hommes sont intelligents et imaginatifs, ils regardent derrière eux et en avant; ils inventent d'ingénieuses explications aux phénomènes qu'ils observent; ils cherchent des moyens compliqués et détournés pour atteindre des buts lointains. Leur intelligence qui a fait d'eux les maîtres du monde, les fait souvent agir en imbéciles. Aucun animal, par exemple, n'est assez intelligent ni assez imaginatif pour supposer qu'une éclipse est l'oeuvre d'un serpent qui dévore le soleil. C'est là un genre d'explication qui ne peut venir que dans le cerveau humain. Et seul un être humain peut inventer des gestes rituels dans l'espoir d'influencer en sa faveur le monde extérieur. Tandis que l'animal, fidèle à son instinct, vaque tranquillement à ses occupations, l'homme doué de raison et d'imagination perd la moitié de son temps et de son énergie à faire des choses complètement idiotes. Avec le temps, il est vrai, l'expérience lui apprend que les formules magiques et les gestes rituels ne lui donnent pas ce qu'il demande. Mais jusqu'à ce que l'expérience le lui ait appris - et il met étonnamment beaucoup de temps à apprendre-, l'homme, à bien des égards, se conduit de façon infiniment plus stupide que l'animal.
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Les ouvriers des industries indiennes se recrutent dans les villages. Dans les villages, la force de la tradition est grande et les règles de conduite sont religieusement et, par la suite, implacablement imposées. Quand la pression du dehors est relâchée et que ces campagnards industrialisés se trouvent dans les bas-fonds des grandes villes, jouissant d'une liberté inaccoutumée, leur moralité menace ruines.
Le contact avec des étrangers, qui jouent le jeu de la vie selon d'autres règles qui ne leur sont pas familières, tend à affaiblir en eux la force des commandements auxquels, au village, ils obéissent sans discussion. Car les morales, si excellentes et efficaces qu'elles puissent être, prises chacune séparément, se détruisent les unes les autres. Elles sont comme les araignées: des cannibales pour leur propre race. Mises ensemble dans le cerveau d'un homme simple, elles s'entre dévorent, et le laissent sans morale du tout. Or, la vie des villes affaiblit à la fois le pouvoir du campagnard de résister aux tentations criminelles et multiplie les occasions de criminalité profitable. Au village, où les actions de chacun sont connues de tous, l'honnêteté, la chasteté, la tempérance constituent la meilleure politique. Dans les bas-fonds d'une grande ville, où tout homme est, pour ainsi dire, anonyme et solitaire dans la foule, elles deviennent vite inefficaces. Trop souvent le paysan honnête, chaste et sobre, est, par la ville, transformé en ivrogne, voleur et débauché.
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En discutant avec des européens qui vivent et travaillent en Orient, j'ai constaté que, s'ils aiment l'orient (et c'est le cas pour la plupart), ils l'aiment toujours pour la même raison. Là, disent-ils, un homme est quelqu'un: il a de l'autorité, il est considéré; il connaît tous les gens qui comptent, on le connaît. Dans son pays, ce même homme est perdu dans la masse, ne compte pas, n'est personne. La vie en orient satisfait le plus puissant des instincts: celui de l'affirmation de soi. Le jeune homme qui quitte un faubourg de Londres pour prendre un petit emploi aux Indes, devient membre d'une petite communauté gouvernante. Il vit au milieu de trois cent vingt millions d'Indiens auxquels il se sent supérieur, qu'il s'agisse d'un coolie ou d'un maharajah, d'un paria ou d'un brahmane parfaitement éduqué, d'un paysan inculte ou d'un titulaire d'une demi douzaine de diplômes européen. Lui-même pût être mal élevé, stupide et ignorant: peu importe, sa peu est blanche. La supériorité aux Indes est affaire d'épiderme.
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Ceux qui aiment sentir qu’ils ont toujours raison, et qui attachent une grande importance à leurs propres opinions, feraient bien de rester chez eux. En voyage, vous perdez vos convictions aussi facilement que vos lunettes, mais il est plus difficile de les remplacer.
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