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EAN : 9782825145388
383 pages
L'Age d'Homme (15/08/2015)
4.19/5   8 notes
Résumé :
«Macabre découverte sur les hauts de Lausanne. Hier aux environs de vingt heures, une femme a été retrouvée morte dans les bois d'Echallens. Deux adolescents domiciliés dans la région se promenaient aux abords de la forêt quand leur regard a été attiré par une couleur vive. Il s'est avéré qu'il s'agissait du corps d'une femme dont la tête était coiffée d'une perruque rose. »
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

Vous souvenez-vous de l'exposition parisienne controversée "Our Body, à corps ouvert" ? En 2009, à Paris, espace Madeleine, une vingtaine de cadavres étaient exposés à des fins mi-artistiques, mi-éducatives.
Une exposition qui a finalement été jugée illégale par la Cour de Cassation.

Transformer les corps de ses victimes en oeuvres d'art, en reproductions de célèbres dessins ou peintures pour être plus précis, est justement le hobby du tueur en série qui sévit dans le roman de la Fribourgeoise Marie-Christine Horn.
Et comme l'action se situe dans la région lausannoise, et qu'à Lausanne se situe le célèbre musée de la collection de l'art brut, c'est en s'inspirant de ce patrimoine culturel que ces meurtres aux macabres mises en scène auront lieu.
"ils étaient bel et bien face à un tueur en série qui transformait les cadavres de ses victimes en oeuvres d'art brut."

L'assassin s'inspirera d'artistes réels : Josef Hofer ( "le sexe de la femme dessinée avait été gratté jusqu'à la feuille, offrant au regard une béance blanche" ), Paul Gosch, Pascal-Désir Maisonneuve,  Sylvain Fusco, Josep Baqué. Autant d'artistes aux oeuvres extrêmement différentes que les plus curieux pourront visualiser sur internet.
Vous imaginerez ensuite l'état dans lequel on peut retrouver un cadavre inspiré de leurs toiles.
"Quel message voulait on transmettre en transformant des corps en oeuvres d'art brut ?"

Quant à cet art, si vous ignorez ce dont il s'agit exactement - ce qui était mon cas avant cette lecture -, il en est donné quelques définitions sommaires dans le roman : "le terme d'art brut avait été inventé par Jean Dubuffet et était le prolongement, entre autres, des travaux d'un certain docteur Hans Prinzhorn sur "l'art des fous", "l'art brut regroupe une catégorie d'artistes catalogués hors normes et hors des diktats de la société. Ca, c'est la définition lambda. Pas d'école d'art, pas de règles, aucune imposition des matières ou respect des dimensions, structures, techniques."
Indissociable initialement de la folie, l'art brut et la psychiatrie seront justement les deux principales thématiques du roman.
"Tu savais que de nombreuses personnes estiment que les oeuvres produites par des hommes et des femmes souffrant de troubles psychiatriques sont une des clés de compréhension de l'âme humaine ?"

La majeure partie de l'action se déroule au sein de l'hôpital psychiatrique de la Redondière, ou concerne son personnel. Cet établissement dont les occupants - qu'il s'agisse des médecins, des infirmiers ou des patients - sera au coeur du récit.
Les malades qui y sont internés sont répartis en catégories : les tentatives de suicide au deuxième étage, les toxicomanes au premier, et bien sûr il y a également les fous dangereux, les criminels jugés irresponsables, au sous-sol.
"Le sous-sol de la Redondière offrait un échantillonnage des plus dangereux cas de maladies psychiques, et on leur imposait en guise de chaperons des gens à l'expérience inexistante."
On retrouve dans cette zone sécurisée un quartier masculin avec notamment un jeune zoophile au complexe oedipien, un sadique particulièrement dangereux, des pédophiles... Et dans celui des femmes une nymphomane atteinte du VIH, une exhibitionniste qui se mutile ( "Elle s'était dévêtue et s'était lacéré les bras à l'aide d'un économe à légume" ) et surtout Corinne Faller, ancienne artiste désormais mutique, léthargique, qui quand elle a le sentiment d'être acculée peut mordre ses médecins ou leur projeter ses excréments. Violée par son mentor, un célèbre peintre dont elle suivait les cours aux Beaux-Arts, elle perdra alors son peu de raison et le tuera de trente-cinq coups de couteau. Elle a d'ailleurs peint des fresques avec son propre sang ou avec celui de sa victime ( "Sur les rapports des gendarmes, il était écrit qu'un pénis lui servait de pinceau." )
Quant au titre du roman, si vous pensiez que la couleur rouge était justement celle du sang coulant à flots, sachez que "Tout ce qui est rouge est diabolique" est une phrase prononcée par August Walla, autre artiste brut qui avait alors neuf ans, et qui sera diagnostiqué par la suite schizophrène puis interné.
Pour autant, les toiles rouges de Corinne laissent bien cette impression : "On y distinguait une mare de sang en mouvement, un lac rouge et vivant, une vague d'hémoglobine emprisonnée, impatiente et pressée d'émerger du support, qui ne tarderait pas à déborder et à dégouliner le long du mur en une explosion sanguinolante."
Ces personnes seront soignées tant par le dialogue, la création de liens, la lecture d'histoires, l'art-thérapie que par la médication lourde de tranquillisants.

C'est Nicolas Belfond qui a été propulsé responsable de cette unité, davantage grâce à ses aptitudes physiques lui permettant de se défendre face aux agressions, qui sont monnaie courante à la Redondière. Consciencieux, attentif au bien être des malades, il ne se fera pas que des amis en privilégiant des attitudes constructives même envers les pires criminels qu'une partie de son personnel ne supporte pas, estimant que leur place est en prison ou au cimetière. Principal personnage du livre, il est aussi un coureur de jupons invétéré, toujours à la recherche d'une nouvelle conquête, ce qui expliquera sa rupture avec une dénommée Anne qui le mettra à la porte et sa recherche d'appartement dans les petites annonces journalistiques. Malgré ses défauts, c'est un homme très attachant, ce qui ne m'a pas empêché de m'amuser de ses multiples déboires professionnels, sentimentaux ou judiciaires.

Pour l'enquête, on retrouve l'inspecteur Rouzier, déjà  présent dans un précédent roman policier de Marie-Christine Horn, la piqûre. Mais son rôle demeure secondaire et sa vie privée n'est quasiment pas évoquée, et pas un instant je n'ai été perturbé de ne pas avoir lu sa première enquête. A charge pour lui de résoudre ces meurtres, avec pour première victime une infirmière renvoyée de la Redondière aux graves manquements professionnels et dont on retrouvera le corps déguisé et mutilé : sexe charcuté au scalpel recouvert d'une feuille blanche, perruque rose,
appareil auditif alors qu'elle n'était pas sourde.

Roman policier moderne davantage que thriller, l'éditeur en parle comme d'un roman noir avec une dimension sociale et psychologique. C'est vrai pour l'aspect social : Outre son intrigue et la recherche du coupable on en apprend beaucoup sur les difficultés quotidiennes de ce genre d'établissement : les problèmes d'effectifs, la difficulté que représentent les soins, certains dilemmes moraux également ( quelles erreurs dénoncer, qui réinsérer ou non dans la société ), les raisons qui peuvent faire basculer un être humain dans les abysses de la démence, mais avec un trait volontairement grossi. La dimension psychologique est moins présente mais c'est une bonne chose. C'est justement parce que les personnages sont assez caricaturaux que le roman se lit aussi bien, et que son côté décalé fonctionne tant y compris dans des scènes qui auraient pu heurter certaines sensibilités.

Parce que le gros point fort du roman, c'est son humour. Pas très subtil, il est plutôt cocasse. Les petites réflexions des uns et des autres, les quiproquos et les situations qui prêtent à sourire de bon coeur sont légion. A titre d'exemple, quand Nicolas Belfond est convoqué par Rouzier au sujet d'Irène Volluz, l'infirmière retrouvée morte, il a dans sa poche sans le vouloir l'article correspondant au meurtre, les annonces immobilières se situant au verso de la feuille de journal, ce qui fait de lui d'emblée le suspect idéal.
Les personnages sont tous très hauts en couleur, et même s'ils peuvent paraître stéréotypés parfois, leurs réactions et leurs défauts offrent des moments savoureux. Qu'il s'agisse du médecin-légiste, des patients, de Nicolas qui découvre l'amour ou du directeur de l'établissement psychiatrique davantage préoccupé par la réputation de la Redondière que par le sort funèbre de certains membres du personnel soignant, chaque personnage offre à un moment l'occasion de s'amuser en lisant en dépit de la gravité des évènements.

Un grand merci à Babelio et aux éditions l'âge d'homme pour m'avoir fait parvenir ce roman, à la couverture très réussie d'Alex Kanevsky, illustrant particulièrement bien l'histoire.
Tout ce qui est rouge a été une lecture agréable, au sujet original, qui m'a incontestablement fait passer un excellent moment de lecture.
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Tout ce qui est rouge de Marie-Christine Horn. Livre lu dans le cadre de l'opération masse critique. Merci à Babelio et aux éditions l'Age d'homme de m'avoir sélectionnée.
Pour le coup c'est une première je n'ai pas le souvenir d'avoir lu un ouvrage issu de la littérature suisse auparavant.

L'ensemble de ce roman tourne sur deux thèmes majeurs: l'Art brutal et la psychiatrie.

Nous partons donc pour la Suisse aux environs de Lausanne:

Au sous sol de l'Hôpital psychiatrique la Redondiere se trouve une unité dédiée aux pathologies les plus graves: Onze véritables fous, cinq femmes et six hommes ( tueurs, violeurs, pédophiles...) y sont isolés pour de longues années. Hannibal Lecter aurait pu y avoir sa place sans problème. L'auteur, très précise, prendra le temps de présenter chacun d'entre eux. Après les patients passons au personnel...
Leur quotidien est difficile, les résidents sont imprévisibles, durs à maîtriser.
Les insultes et tentatives d'attaques sont monnaies courantes. Nicolas Belfond est responsable de cette unité depuis cinq ans. Cet ancien champion de kickboxing est dans sa vie privée un véritable prédateur à femmes, il enchaine les aventures d'un soir et ne peut pas s'empêcher de séduire tout ce qui bouge cela même quant il est déjà en couple. Il est secondé par Luc Dessibard dit "le Vieux", vingt six années d'ancienneté et par Mathieu Scybox arrivé depuis peu.

Après cette longue description détaillée voulue par l'auteur des lieux et de son fonctionnement pour nous mettre dans l'ambiance il est temps de lancer l'intrigue....

Le corps d'une ancienne employée de l'hôpital ,Irène Volluz a été retrouvé dans les bois. La mise en scène est méthodique : Elle portait une perruque rose, une robe qui n'était pas elle et a été mutilée au niveau pubis tel un meurtre de Jack l'Éventreur. C'est là que le second thème entre en scène...
En effet, il semblerait que le meurtrier ait reproduit une scène tirée d'un tableau de l'artiste Josef Hofer issu de l'art brut. Il s agit de créations exécutées par des personnes indemnes de culture artistique des productions de marginaux ou de malades mentaux : peintures sculptures, calligraphies... Ils dessinent sous l'impulsion de moment avec ce qui leur tombe sous la main.

Ensuite tous les ingrédients d'un thriller classique sont là: des victimes qui s'enchaînent, des mise en scène macabres et des corps mutilés, rapports d'autopsies, un inspecteur qui mène l'enquête et les médias qui mettent la pression. le mélange prend bien.
L'art brut, la curiosité l'emporte je n'ai pu m'empêcher de taper les noms des artistes cités afin de voir leur oeuvre. Toutes les références aux artistes d'art brut sont vraies. Sachez pour info que Leurs oeuvres citées sont visibles au musée de l'art brut à Lausanne. Bonne lecture !
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Un bon polar, d'un auteur suisse que j'ai découvert à cette occasion.
La plongée dans "l'art brut", un courant de peinture que je ne connaissais pas vraiment, n'étant pas très attirée, m'a beaucoup intéressée.
L'histoire est bien ficelée et se lit volontiers.
Un agréable moment de lecture.
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Un seul mot: Une bombe !!!
Un livre palpitant, impossible à lâcher. Une intrigue géniale et menée de main de maître.
Un style parfait, travaillé, très graphique où rien ne manque. Une plume vive, directe, forte, parfois crue. Un petit côté Vargas comme plusieurs l'ont dit.
Un descriptif de l'univers psychiatrique carcéral comme si on y était, admirablement défini. On apprend sur l'art, on découvre la folie, bien réelle de ces artistes. On tournoie dans ces univers à en attraper la nausée.
Des personnages tous complexes et complets dans leur descriptions. Attachants, touchant sans être mièvre et ça c'est top.
Une présence policière finalement très peu présente et ça n'enlève rien au suspens et à l'intrigue, bien au contraire.
Mais le must reste ce divin mélange entre le crime, la psychiatrie et l'art brut. Mélange de ses différences qui n'en sont pas vraiment puisque que quelque part tout est lié.
On essaye de comprendre qui ? Quoi ? Comment ? Avec les indices savamment laissé ici et là....jusqu'à en rester sur le cul ! Eh oui !!!
On retrouve avec plaisir l'inspecteur Rouzier de "la piqûre" et la petite allusion à "la malédiction de la chanson à l'envers" m'a fait sourire, surtout dans ce contexte ;)
D'ailleurs, en parlant des autres ouvrages du même auteur, je vous glisse un truc à l'oreille, puisque j'y suis. Y en a un autre qui est absolument génial, c'est pas un polar, c'est un truc qui ressemble à rien d'autre. C'est piquant, caustique, drôle, touchant, émouvant. le titre: "Le nombre de fois où je suis morte" et c'est, aussi, à lire absolument !
Fan des premières heures de Marie-Christine que je connais depuis pas mal années, j'avoue avoir été totalement bluffée par cet ouvrage. L'ai fini, posé et me suis dit " Oh la vache" Putain le truc" "Ah ouais Marie, là ...tu t'es défoncée ! "
Bref vous l'aurez compris, vais pas m'étaler de plus. Un gros coup de coeur, une pépite, que dis-je ? Une mine qui se doit d'être explorée. Que vous fassiez partie d'un mouvement vert pour la protection des arbres ou quoi que ce soit d'autre, peu importe...Y a des circonstances atténuantes. Ce livre DOIT être dans votre bibliothèque !!!
Et surtout.... bonne éclate !!!
Lien : https://my.over-blog.com/wri..
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Un peu grossier.... pas emballée
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
A force de remplir des tests de psychologie sur Biba ou Vogue, elles imaginaient détenir le secret de l'essence profonde qui animait les êtres vivants de ce monde en perdition. Elles cumulaient les points acquis sur différents quizz, et pensaient être autorisées à régler les problèmes amoureux de leurs copines parce qu'à la question :
"Est-ce que votre ami vous trompe s'il vous affirme avoir rendu visite à sa grand-mère la veille ?", elles avaient coché la réponse :
a ) probablement, si celle-ci est décédée depuis trois ans.
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Elle voulut se redresser et le mouvement lui scinda le bas-ventre d'une vive douleur. Par réflexe elle serra son sexe et s'étonna de la sensation gluante sur sa main. Portant les doigts devant son visage, elle retint un cri. Ils étaient maculés d'un sang rouge brunâtre, très différent de celui de ses menstruations, et de toute façon ces dernières ne devaient pas se manifester avant une dizaine de jours. La vue du magma foncé l'hypnotisait. Il glissait sur sa peau, poissait le bout de ses phalanges, et les remous qu'elle lui imposait modifiaient la couleur en nuances nouvelles. Elle se leva, étrangère à la douleur et aux taches coagulées imprimées entre ses cuisses, puis se dirigea vers le chevalet abandonné au centre de la pièce. Face au dessin, elle plongea son index à la source du sang et doucement, par appositions très précises, elle en colora la toile.
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Elle voulut se redresser et le mouvement lui scinda le bas-ventre d'une vive douleur. Par réflexe elle serra son sexe et s'étonna de la sensation gluante sur sa main. Portant les doigts devant son visage, elle retint un cri. Ils étaient maculés d'un sang rouge brunâtre, très différent de celui de ses menstruations, et de toute façon ces dernières ne devaient pas se manifester avant une dizaine de jours. La vue du magma foncé l'hypnotisait. Il glissait sur sa peau, poissait le bout de ses phalanges, et les remous qu'elle lui imposait modifiaient la couleur en nuances nouvelles. Elle se leva, étrangère à la douleur et aux taches coagulées imprimées entre ses cuisses, puis se dirigea vers le chevalet abandonné au centre de la pièce. Face au dessin, elle plongea son index à la source du sang et doucement, par appositions très précises, elle en colora la toile.
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