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EAN : 9782070385461
244 pages
Gallimard (30/11/-1)
4.06/5   78 notes
Résumé :
A Rivière au Sel, en plein cœur de la forêt, on veille un mort, un homme qui s'est installé dans le village quelques années auparavant et dont on ne sait pas grand-chose.

Est-il cubain ? colombien ? A-t-il déserté ? Pourquoi est-il revenu en Guadeloupe ? Les réponses ne sont pas claires.

Cependant peu importe la véritable identité de cet homme. Ce qui importe, c'est l'image que les individus gardent chacun de lui et les modifications ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai découvert la littérature antillaise à la Fac. C'est dire si ça remonte ! J'ai de suite été attirée par cette ambiance magique, associée à la réalité, faisant du petit monde insulaire un peuple évoluant entre onirisme et dure réalité de la vie.

Francis Sancher est mort, assassiné. Comme il est de coutume, une veillée funèbre s'organise. Mais qui est le défunt ? Visiblement, un écrivain, et peut-être même celui qui est en train d'écrire le livre. Mais pourquoi est-il venu dans cette petite communauté de Rivière au Sel ? Chacun y va de son récit, racontant le passé du mort et ce qu'il a apporté. Les points de vue, positifs et négatifs, s'enchevêtrent. Nous avons affaire à une vingtaine de personnes, une vingtaine de voix. On comprend dès lors le titre : les narrations sont comme le rhizome de la Mangrove.

Entre mystères et déceptions, le roman laisse découvrir une Guadeloupe certes luxuriante mais complexe : complexité de ses habitants, des moeurs, de la culture...
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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C'est mon petit Théo qui m'a menée vers cette lecture. Je viens de lire, de la même auteure, avec lui « Rêves amers » qui nous a beaucoup plu et fait réfléchir sur la condition humaine, et subitement je me suis souvenue que dans les tréfonds de ma Pal un livre de Maryse Condé m'attendait depuis des années. J'ai des trésors incroyables dans ma Pal !


En cette veillée mortuaire, chacun tour à tour va prendre la parole en son for intérieur pour nous parler de Francis Sancher, retrouvé mort la face enfouie dans la boue grasse, pour évoquer leur rencontre et leur ressenti vis à vis du défunt. Certains l'ont aimé et beaucoup detesté.
On est étonné de la version de chacun et l'on se dit que définir une personne est un processus bien personnel et soumis aux interactions que chacun à avec l'autre. de plus, Francis Sancher incarne l'étranger par excellence, il est différent des îliens et dérange par sa pratique.
« Sans doute parce qu'il venait d'Ailleurs. D'Ailleurs. de l'autre côté de l'eau. Il n'était pas né dans notre île à ragots, livrée aux cyclones et aux ravages de la méchanceté du coeur des Nègres. »
Mais chercher l'autre c'est aussi se chercher soi-même et découvrir ainsi de quel bois on se croit fait.

C'est aussi à travers les révélations de chacun, toute une peinture de la société guadeloupéenne qui est brossée. On y découvre les anciennes rancoeurs contre l'esclavagisme, le racisme, la couleur de peau, la multiplicité des sangs mêlés et les différentes identités qui peuplent cette île.

Un roman choral d'une écriture très poétique, hautement colorée d'expressions créoles (et expliquées), et révélatrice des tensions internes de cette île papillon, richement décrite pour en évoquer la luxuriante nature.
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Challenge MULTI-DEFIS 2016
Item : Un livre d'outre mer (DOM / TOM)

Rivière au Sel, un matin. le cadavre de Francis Sancher est découvert. Lui qui fut la source de tant de ragots, de tant de calomnies, lui qui déchaina les passions, lui qui collectionna les ennemis plus que les amis repose désormais dans son cercueil. Autour de lui, les habitants veillent tout en se remémorant l'intrusion heureuse ou malheureuse que fut Francis Sancher dans leur vie. Autant de témoignages que de vaines tentatives de raconter cet homme mystérieux dont personne, au fond, ne savait rien mais qui, étrangement, initia en ces témoins un profond bouleversement.

Un roman chorale où les voix chantent une Guadeloupe marquée par l'esclavage, l'importance du sang et de la peau, le rejet de l'étranger et de la différence, les mariages sans amours, les espoirs comblés ou brisés, la politique et l'économie locale. Un roman végétal où la faune mais surtout la flore est omniprésente avec cette forêt dense où les destins se forgent.

Intriguant dans sa construction, envoûtant dans sa prose, "Traversée de la Mangrove" est une vraie belle découverte de l'oeuvre de Maryse Condé.
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C'est une veillée funéraire, sans famille éplorée ni pleureuses. Pendant que les femmes prient, les hommes boivent du rhum. Au cours de la nuit les voisins, habitants de Rivière au sel racontent :

Francis Sancher est vient de Cuba, a parcouru l'Afrique. Il  a débarqué à la propriété Alexis, lieu abandonné, peut-être hanté, il ne cherche pas à se lier avec ses voisins, exerce une certaine fascination surtout sur les femmes.

Roman choral.  Chacun livre sa version de l'histoire de Francis Sancher, et en même temps, se raconte. Diverses personnalités composent cette société métissée. Aussi bien, le propriétaire de la pépinière qui a l'ambition d'exporter ses fleurs jusqu'à la cour de la Reine d'Angleterre, Sylvestre le "zindien", Léocadie l'institutrice, Désinor le travailleur haïtien exploité qui rêvait de New York, Cyrille, le conteur, Sonny le demeuré, Xantippe l'homme des bois, le sauvage, aussi bien que les intellectuels Emile Etienne l'historien, Lucien, le révolutionnaire....Et les femmes souvent mariées très jeunes, femmes délaissées ou mères déçues, secrètement (ou pas) amoureuses de Francis Sancher. On devine de lourds secrets de famille. l'histoire et la politique affleurent dans les récits.

Il en résulte un livre passionnant, riche, qui soulève différents thèmes : le racisme toujours présent même si les sangs sont mêlés et les couleurs de peau nuancées, la lutte des classes, déclassement de l'ancien béké qui s'est allié à une femme noire, zindiens parvenus, allers et retours en métropole, négritude ou créolisation?

Et décor naturel luxuriant aux flancs du volcan, cultures de canne ou de bananes....

Un véritable coup de coeur pour le style inimitable de l'écrivaine!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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En 20 témoignages, le mystérieux Francis Sancher, mort dans ce village guadeloupéen, se dévoile...

Publié en 1989, ce roman de la Guadeloupéenne Maryse Condé est sans doute l'un de ses plus magiques.

Dans un petit village de Guadeloupe, à l'écart de la modernité, Francis Sancher, un homme mystérieux, est venu s'installer. Un matin, il est retrouvé mort dans un chemin peu passant. A la veillée mortuaire qui s'ensuit, les monologues intérieurs de vingt personnages vont se succèder pour élucider, à l'intention unique du lecteur, l'énigme que représente cet individu...

A travers les pensées, les actions, les souvenirs, les suppositions, les incohérences et les erreurs de ces différents villageois, c'est toute la société guadeloupéenne de ces cinquante dernières années qui va défiler en rangs serrés, avec ses beautés et ses errances, tandis que le lecteur se demande, indice après indice, révélation innocente après information battant en brèche les "témoignages" précédents, de qui et comment viendra la lumière sur Francis Sancher.

Une captivante construction romanesque.

"Quand la maison fut sur ses pieds, mais elle n'avait pas fière allure et Marval le charpentier s'en moquait ouvertement, ce fut Moïse qui vint y dormir et y boire des nuits entières. Faut-il le dire ? Les méchants ricanèrent. Cette amitié-là avait une sale odeur et les deux hommes étaient des makoumé ! Pour sûr !
Nombreux étaient ceux dans ce village guère dévot, mais perdu au fin fond des bois et de ce fait ignorant des vices courants dans les villes, qui n'avaient jamais vu de makoumé, à part Sirop Batterie qui s'habillait en femme les jours de Carnaval à Petit Bourg. Ils examinèrent les compères avec incrédulité. Moïse, passe encore ! Mais Francis ! Il n'en avait pas l'air ! Néanmoins la plante malfaisante de cette médisance crût et fleurit dans le terreau du village et ne s'étiola que lorsque éclata la nouvelle de l'affaire avec Mira. Un violeur de femmes peut-il être en même temps un makoumé ? Peut-on avoir goût aux femmes et en même temps aux hommes ? On en discute encore "Chez Christian" à Rivière au Sel. Pourtant ce qui dégoûta les habitants de Rivière au Sel et les monta contre Francis, ce ne furent pas ces douteuses relations avec Moïse. Ce ne fut même pas cette affaire de viol. Ce fut qu'il ne fit rien de ses dix doigts."
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ce mort-là est à moi. Ce n'est pas par hasard si c'est moi qui l'ai trouvé, déjà boursouflé, dans la trace à l'heure où le ciel saignait derrière la montagne. Je suis devenue sa maîtresse et sa complice. Je ne le quitterai qu'au moment où les premières pelletées de terre tomberont sur le bois de son cercueil.
Et pourtant, de son vivant, je ne le portais pas dans mon cœur, cet homme-là, et j'étais bien de l'avis de ceux qui s'apprêtaient à envoyer une lettre recommandée au maire pour qu'on l'expulse comme les Haïtiens et les Dominicains qui transforment les terrains de football de Petit Bourg en terrains de cricket. Vraiment, ce pays-là est à l'encan. Il appartient à tout le monde à présent. Des métros, toutes qualités de Blancs venus du Canada ou de l'Italie, des Vietnamiens, et puis celui-là, vomi par on ne sait quel mauvais porteur, qui s'est installé parmi nous. Oui, notre pays a changé, c'est moi qui vous le dis. Dans le temps, nous n'avions pas connaissance du monde et le monde n'avait pas connaissance de nous. Les chanceux bravaient la mer jusqu'à la Martinique. Fort-de-France était de l'autre côté du monde et l'on rêvait de l'or jaune de Guyane. Au jour d'aujourd'hui, pas une famille qui n'ait sa branche en métropole. On visite l'Afrique et l'Amérique. Les Zindiens retournent se baigner dans l'eau de leur fleuve et la terre est aussi microscopique qu'une tête d'épingle.
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- Tu vois, j’écris. Ne me demande pas à quoi ça sert. D’ailleurs, je ne finirai jamais ce livre puisque, avant d’en avoir tracé la première ligne et de savoir ce que je vais y mettre de sang, de rires, de larmes, de peur, d’espoir, enfin de tout ce qui fait qu’un livre est un livre et non pas une dissertation de raseur, la tête à demi fêlée, j’en ai déjà trouvé le titre : « Traversée de la mangrove ».
- On ne traverse pas la mangrove. On s’empale sur les racines des palétuviers. On s’enterre et on étouffe dans la boue saumâtre.
- C’est ça, c’est justement ça.
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Nos peaux étaient de la même couleur. Nos cheveux du même grain. Et pourtant, je vivais dans l'opulence sans souffrance dans une maison à galerie et à galetas. Je faisais écailler mon poisson par une servante qui me servait deux repas par jour. A leurs yeux, j'étais une traitresse ! Je souffrais de cet isolement, car j'aurais voulu qu'on m'aime, moi. Je ne savais pas que le Nègre n'aime jamais le Nègre.
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Il rêvait. A quoi ressemblait son île avant que l'avidité et le goût du lucre des colons ne la mettent à l'encan ? Au Paradis que décrivait son livre de catéchisme. Oui, c'est Loulou qui avait planté en lui cet amour des arbres, des oiseaux. Hélas, à présent la forêt était une cathédrale saccagée. Il fallait se contenter de piètres prises...
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Je me suis rendu compte que mon coeur était resté un oignon fragile, fragile, enveloppé de couches de peaux que je croyais coriaces, mais qui laissaient passer sans difficultés la lame du couteau de la souffrance.
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Videos de Maryse Condé (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maryse Condé
Augustin Trapenard rend hommage sur le plateau de la grande librairie à Maryse Condé décédée mardi 2 avril 2024 à l'âge de 90 ans. Sa disparition marque la fin d'une époque littéraire marquante. Cette écrivaine guadeloupéenne laisse derrière elle un héritage littéraire riche, composé de près de 70 livres qui ont profondément marqué les esprits avec notamment Segou, La migration des coeurs, En attendant la montée des eaux. Professeur et journaliste, elle était souvent citée pour le prix Nobel, reconnaissance de son engagement et de son talent indéniable. À travers ses écrits, Maryse Condé a toujours cherché à mettre en lumière les questions cruciales de son temps, notamment le racisme, l'esclavage et le colonialisme. Son oeuvre puissante a fait écho bien au-delà des frontières de son île natale, résonnant à travers les Antilles, l'Afrique et au-delà. En 2018, à Stockholm, elle exprimait avec fierté sa contribution à la reconnaissance de la voix de la Guadeloupe.

Maryse Condé restera dans les mémoires comme une figure majeure de la littérature francophone, ayant enrichi le monde des lettres par sa sensibilité, son engagement et son talent incontestable
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