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Arlette Pierrot (Traducteur)
EAN : 9782020680202
160 pages
Seuil (03/09/2004)
3.9/5   67 notes
Résumé :
En 1942, Tsili Kraus a douze ans. Elle est la " petite dernière " d'une famille nombreuse et vit dans un village d'Europe centrale. Quand la haine anti-juive éclate, tous s'enfuient, laissant Tsili pour garder la maison.
Mais personne ne reviendra... Tsili va se battre pour survivre. Elle passe trois années à se cacher, cueillant des fruits sauvages, volant de la nourriture, se réfugiant dans des granges ou des écuries. Jusqu'à ce qu'elle rencontre Marek, éva... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Un petit roman, des chapitres courts , un rythme costaud, des mots qui frappent. Tsili est une gamine qui suivit le monde sans trop le comprendre ou y participer. Sa famille fuit l'avancée des nazis en la laissant là ...elle va survivre comme elle peut zt grandir comme elle peut. Se cachant dans la forêt, subissant les coups en échange du gîte , mais survivre malgré tout . Ce livre est passionnant, les mentalités les plus atroces y dont dépeintes avec le regard de cette adolescente un peu " simple" ( un drame pour l'époque ) qui va pourtant être assez réactive pour sauver sa peau et s'adapter .
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1942, un petit village quelque part en Europe centrale...Tsili, gamine juive de douze ans, est chargée de garder la maison de sa nombreuse famille partie précipitamment...pour ne jamais revenir. Dès lors elle se met à errer aux lisières des forêts alentours, cherchant sa nourriture dans la nature, en volant, en mendiant ou en rendant de menus services aux habitants du coin. Elle n'est pas très éveillée ni très courageuse. Elle est aussi mal reçue pour être reconnue comme la fille de Maria, que tout le monde traitait de putain. Dans son isolement, elle rencontre Marek, un homme marié et père de famille, fugitif qui s'est échappé d'un camp...Au fil des jours monotones et oisifs, où seule la recherche de nourriture et le sommeil occupent Tsili, Marek buvant et délirant, ces deux êtres perdus vont se réchauffer en vivant quelques moments d'étreinte. Mais Marek n'en peut plus, il part...
Tsili est enceinte...pendant des mois, son isolement reprend...mais bientôt 1945 s'avance, des colonnes de juifs rescapés des camps arrivent...Intégrant le flot de réfugiés, Tsili marchera jusqu'à la côte dalmate, en attente d'embarquement pour la Palestine.

La vie de Tsili est mortifère, d'un vide sidéral. Les journées sont rythmées uniquement par la recherche de nourriture, pour survivre, par le sommeil, un sommeil peuplé de voix, de rêves comme des hallucinations. L'isolement confine presque à la folie, il n'y a plus de but, plus de chemin de vie ni de chemin physique d'ailleurs : la gamine est tétanisée et reste à camper à deux pas du village de ses parents. Le froid, l'humidité, la fatigue, la faim, la saleté...Et même lorsqu'elle intègre, enceinte et à bout de force, le groupe d'exilés, elle est encore longtemps esseulée, possédée par le souvenir de Marek.

J'ai trouvé l'atmosphère oppressante et désespérante, à cause de l'immense isolement de l'héroïne au sein d'une nature presque inquiétante, alors même que cette nature est paradoxalement fort peu décrite...et même lorsque Marek est près d'elle, on n'est pas rassuré : elle parle peu, lui est instable, imprévisible, oscillant entre colères et gentillesse. Tsili n'en est apparemment guère affectée, elle semble fascinée par les hommes bavards qui délirent et parlent comme des prophètes...

Une oeuvre étrange, à l'atmosphère presque onirique, où un destin individuel se fond dans le destin dramatique de tout un peuple, même si la fin redonne une forme d'espoir à ces êtres qui ont tout perdu, espoir de renaissance sur la terre de Palestine...

Un thème qui interpelle singulièrement aujourd'hui, à l'heure de l'exode des migrants.
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Dans ce roman Aharon Appelfeld nous raconte la vie d'une fillette de douze ans, Tsili, petite dernière d'une grande fratrie.
Lorsque les soldats viennent piller leur village, toute sa famille s'empresse de quitter leur foyer sauf Tsili, dont la mère demande de garder la maison jusqu'à leur retour qui, bien évidemment, n'aura jamais lieu.

Seule rescapée du massacre des villageois, la fillette va devoir se battre pour survivre. de ferme en ferme, elle tente de se nourrir tant bien que mal, mendiant une miche de pain par ci, par là pour apaiser son ventre affamé.
Souvent chassée pour être la fille de Maria, sa mère, connue pour être une " putain ", Tsili, rejetée de toutes parts, va vivre des aventures sordides, trop souvent battue, souffre-douleur des rencontres qui jalonnent sa vie de désolation jusqu'à sa rencontre avec Marek, un déserteur plus âgé qu'elle. Unis dans la même galère, l'amour doucement s'installe entre eux. Pour Marek, elle prendra des risques considérables en descendant dans un village voisin afin de lui apporter tantôt des vivres, tantôt de l'alcool et du tabac, jusqu'au jour où Marek décide d'aller lui-même se ravitailler, la laissant seule des jours durant au grand désespoir de Tsili qui sent la vie s'installer en elle. Hélas ! Marek ne reviendra pas et l'enfant qu'elle porte lui donnera la force de suivre les hommes, les femmes et les enfants fuyants un pays en guerre, perdus dans les affres de la Shoah, l'horreur dans toute sa noirceur et la mort qui n'en fini pas de roder à chaque instant.

Un récit déchirant, austère, dans lequel on ne peut qu'admirer la force qui habite la jeune Tsili mue par un incroyable instinct survie pour rejoindre la Palestine, une exode de tout un peuple, l'espoir pour tous les survivants d'un avenir sous de meilleurs auspices.
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Le 12 août dernier est sorti sur nos écrans le nouveau film du grand cinéaste israélien 'Amos Gitai, "Tsili" adapté du livre éponyme livre d'Aharon Applefeld.

Hélas, alors que le livre Aharon Appelfeld, évocation indirecte mais puissante et terrifiante de l'enfer de la Shoah est une belle réussite, le film de Gitai se perd dans un minimalisme et une conceptualisation rédhibitoire, rendant les personnage et les situations trop désincarnées.

Si je ne conseille malheureusement pas d'aller voir le film de Gitai (qui s'est un peu perdu après d'immenses films dans les années 90), il faut absolument lire le roman d'Aharon Appelfeld écrit en 1982, soit 20 ans avant l'obtention du prix Médicis Étranger qu'il a obtenu en 2004 pour ."Histoire d'une vie" , la suite logique et défictionnalisée de Tsili dans laquelle il dépeint ses propres années de guerre passées à se cacher de ferme en ferme, à vivre de rapines et d'expédients, en Robinson échoué dans une Europe entièrement asservie à l'objectif d'exterminer son peuple.

Grace à son ton dénué d'effet et de pathos, mais terriblement puissance, ce livre, qui nous interroge indirectement mais habilement sur notre place dans cette société de surconsommation, constitue assurément une des grandes oeuvres l'écrivain israélien le plus traduit dans le monde.... des livres à gagner chez moi en cliquant sur l'article!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Incipit :
"Peut-être ne faut-il pas raconter la vie de Tsili Kraus, dont le destin fut cruel et sans éclat. Il est douteux que nous aurions su en retracer l'histoire si elle n'avait été réelle. mais c'est arrivé, on ne peut cacher ces faits. (p7)"

1942 - Europe Centrale, nous n'en saurons pas plus mais il est très facile d'imaginer le contexte, de quelle guerre il est question. Elle s'appelle Tsili Kraus mais pourrait porter bien d'autres noms, elle a 12 ans, juive, presque muette et "simple d'esprit". Elle va être abandonnée par ses parents et ses frères et soeurs qui doivent fuirent à l'approche de la guerre. Elle va devoir trouver, dans la mesure de ses moyens, de ce que son âge et son esprit peuvent lui permettre, de quoi survivre en territoire hostile. Elle ne sait et ne comprend pas ce qui l'entoure et va faire son apprentissage de la vie, de la survie au fur et à mesure des rencontres :

"-Où étais-tu pendant la guerre ? demanda Tsili
-Pourquoi cette question ? Avec tout le monde, bien entendu. Tu ne le vois pas ? dit-il en tendant le bras (Son matricule, bleu sombre, était tatoué sur la peau.) Mais je ne veux pas parler de ça. Si je commence, je n'en sortirai pas. (p115)"

Je n'ai pas voulu mettre une autre photo que celle de la couverture de ce roman tellement on lit dans le regard et le sourire de cette enfant la misère mais aussi l'espoir. Tsili va souffrir de la faim, du froid, de l'isolement mais ne renoncera jamais, malgré les rebuffades, malgré l'exclusion, malgré les quiproquos elle va apprendre ce qu'est la guerre, l'isolement mais aussi l'amitié voire plus, grâce à Marek, un compagnon de voyages, enfuit d'un camp où sont restés femme et enfants. Entre eux va se nouer un lien qui va permettre à Tsili de grandir, trop vite peut-être.

Une écriture simple, l'énumération des faits, tels qu'ils sont pour garder de la distance et rendre le texte intemporel et universel. Il y met tout ce qui divise : les réputations, les origines, les peurs mais aussi l'inconnu, le différent, celui, même quand il s'agit d'un enfant, qu'on refuse d'écouter, de voir, d'aider parce qu'il fait peur.

Pendant plusieurs mois Tsili apprend la méfiance, la résignation, de ses précédentes rencontres, vit dans les souvenirs de ceux qui lui ont témoigné un peu d'amour, imagine ce qu'ils auraient fait et finit par ne  compter que sur elle-même car abandonnée de tous elle doit continuer sa route et celle-ci va la conduire, au bord de la mer, vers une terre promise mais cela elle ne le sait pas mais le devine, l'espère.

C'est un récit universel de tous ces enfants jetés sur les routes, déracinés, loin de leurs familles, une sorte de conte noir et monstrueux dans lequel Aharon Appelfeld a mis ses propres souvenirs d'orphelin évadé d'un camp, qui traversera une partie de l'Europe vivant de ce qu'il trouvait et rejoindra la Palestine en 1946 avec d'autres jetés sur les routes. J'ai rapproché ma lecture à plusieurs moments à La plus précieuse des marchandises de Jean-Claude Grumberg, conte réaliste sur le même thème avec ce que les mots peuvent évoquer de souffrances mais avec ici plus de distance.

Tsili, comme sur cette photo, reste une enfant, encore moins prête que les autres mais  peut-être parce qu'elle ne comprend pas l'horreur de ce qui l'entoure ou lui arrive, elle ne souffre pas ou ne le dit pas, elle n'a pas le choix, elle doit avancer et quelque chose en elle, sa simplicité peut-être, masquera l'horreur comme l'auteur utilise cette forme d'écriture épurée, distanciée pour raconter sans pathos, sans implication personnelle même si cela transpire à travers les lignes, ce qu'il a vécu enfant.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Le soir, il ralluma le feu. Ils mangèrent et burent une infusion d'herbes. Marek avait trouvé quelques bûches sèches qui brûlèrent bien en diffusant une agréable chaleur. Le vent aussi était doux et il apportait avec lui par hasard des ombres légères qui venaient d'au-delà de toute cette végétation, ce qui, semblait-il, avait une influence secrète sur Marek. Il se mit à pleurer de façon inattendue.
- Que se passe-t-il ?
- Je me souviens.
- De quoi ?
- De tout ce qui m'est arrivé l'année dernière.
Tsili se leva. Elle voulait dire quelque chose, mais les mots lui échappaient. Enfin elle parla.
- Je t'apporterai encore du tabac.
- Merci ! Je suis assis ici, je mange, je fume et ils sont tous là-bas. Qui sait où ?
Son visage gris s'assombrit, et une tache jaune s'épanouit comme un oeil sur son front.
- Ils reviendront tous, répondit Tsili sans savoir ce qu'elle racontait.
Ces paroles le calmèrent d'un seul coup. Il lui posa des questions sur sa randonnée et sur le village, sur la façon dont elle avait réussi à acheter les provisions ainsi que le tabac, et sur ce que disaient les paysans.
Ils sont calmes, dit Tsili d'une voix tranquille.
- Ils n'ont pas parlé des juifs ?
- Non.
Il resta quelques instants recroquevillé sans bouger. Ses yeux ternes que le manque de sommeil avait rougis se fermaient. Tout à coup, il s'écroula et s'endormit.
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Son bain lui avait fait du bien, mais il n'en fut pas de même pour les fruits. A cette époque, elle ne savait pas encore choisir entre tous les rouges et tous les noirs. Elle cueillait ce qui lui tombait sous la main : des myrtilles, des cerises, des framboises, des fraises. Le soir, elle fut prise de violents maux de ventre. Elle eut la diarrhée. Ses jambes maigres ne la portaient plus. "Mon Dieu, mon Dieu !". Les mots jaillissaient, mais ses cris étaient engloutis dans les hautes herbes. Si elle en avait eu la force, elle se serait traînée jusqu'au village et ses serait livrée.
Un paysan la surprit.
- Que fais-tu ici ?
- Je suis malade !
- Qui est ta mère ?
- Maria.
L'homme lui jeta un coup d'oeil dégoûté, grimaça et, sans plus la regarder, s'éloigna.
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Un homme s'approcha de Tsili pour lui demander : "D'où es-tu ?" Ce n'était pas lui, mais quelque chose en lui qui posait la question, comme dans un cauchemar.
Les yeux de Tsili semblaient s'ouvrir. Des mots qu'elle n'avait pas entendus depuis des années résonnaient à ses oreilles et les caressaient dans un murmure. "Si je rencontre maman, que lui dirai-je ?" Elle ignorait ce que tout le monde savait déjà : sauf cette poignée de survivants, il n'y avait plus de juifs.
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Marek ne revint pas le lendemain non plus.
.../...
Les jours passaient lentement, pesamment. Tsili ne s'éloignait pas. Une fois un cri jaillit du fond d'elle-même : Marek ! Sa voix résonna tout au long du versant. Personne ne répondit.
En un jour, les vents changèrent, ceux de l'hiver survinrent, ténus comme des couteaux aiguisés. Le feu brillait, mais ne réchauffait pas.
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Quand la haine se déchaîna, ils s'enfuirent touts en laissant la gare de la maison à Tsili. Ils se disaient qu'il n'arriverait aucun mal une petite fille débile et qu'elle veillerait sur leurs biens jusqu'à ce que la colère fût passée. Tsili obéit sans implorer. L'affolement était considérable et on n'avait pas le temps de penser.
Nous viendrons te chercher, déclarèrent les frères en chargeant leur père sur un brancard.
cette même nuit, les soldats envahirent les maisons et les pillèrent. Ce fut un hurlement énorme, les cris montèrent jusqu'au ciel.
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Videos de Aharon Appelfeld (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aharon Appelfeld
Dans Qui-vive, la narratrice, Mathilde, semble perdre pied dans un monde toujours plus violent et indéchiffrable. Perdant le sommeil, puis le sens du toucher, elle s'arrime à des bribes de lumière des feuillets retrouvés à la mort de son grand-père, une vidéo de Leonard Cohen à Jérusalem, les réflexions douces-amères de sa fille adolescente et décide subitement de partir en Israël pour tenter de rencontrer ce qui la hante. de Tel-Aviv à Capharnaüm puis à Jérusalem, ses rencontres avec des inconnus ne font qu'approfondir le mystère. Trajectoire d'une femme qui cherche à retrouver la foi, ce roman initiatique interroge avec délicatesse le sens d'une vie au sein d'un monde plongé dans le chaos.
À l'occasion de ce grand entretien, l'autrice reviendra sur son oeuvre d'écrivaine où l'enfance et la guerre tiennent une place particulière, ainsi que sur son travail de traductrice.
Valérie Zenatti est l'autrice d'une oeuvre adulte et jeunesse prolifique. Elle reçoit en 2015 le prix du Livre Inter pour son quatrième roman, Jacob, Jacob (L'Olivier, 2014), et le prix France Télévisions pour son essai Dans le faisceau des vivants (L'Olivier, 2019). Son premier roman adulte, En retard pour la guerre (L'Olivier, 2006) est adapté au cinéma par Alain Tasma et réédité en 2021. Elle est également la traductrice en France d'Aharon Appelfeld, décédé en 2018, dont elle a traduit plus d'une dizaine de livres.
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