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EAN : 9782221112328
288 pages
Robert Laffont (20/08/2009)
3.92/5   267 notes
Résumé :
Lorsque l'enfant disparaît... Lorsque, ce jour-là, Denise Desantis entre dans un magasin, elle est pressée et elle laisse son dernier-né dans la poussette, devant la porte.

Lorsqu'elle ressort, la poussette est vide. Les investigations du juge commencent par l'interrogatoire de Denise Desantis, la mère. C'est une femme ordinaire, effacée.

Mère de quatre enfants. Tout prouve son innocence. C'est une femme sans histoires. Et pourtant...
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Critiques, Analyses et Avis (68) Voir plus Ajouter une critique
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PEPITE ! 6 ETOILES !!!

Vais-je parvenir à décrire l'atmosphère typique de ce petit coin de banlieue, de ce vieux quartier pas loin de Liège, patrie de Simenon ?

Simenon, justement....il pourrait en parler mieux que moi, de cette histoire contée par Armel Job, lui aussi originaire de la région liégeoise, lui aussi conteur des petites gens et des grands drames. Simenon et Armel Job...oui, ce sont 2 auteurs belges ayant réussi à percer l'âme humaine jusqu'au tréfonds, à s'immiscer dans le quotidien sordide ou tout simplement banal des familles ou des êtres solitaires. « Que font les gens dont on a volé l'enfant en dehors des quelques minutes où on les voit à la télévision supplier les ravisseurs d'avoir pitié d'eux ? Un jour, deux jours, ils peuvent pleurer. Ils n'ont plus la force de parler ni même de se lever le matin. Mais après, que faire ? Il faut bien continuer à vivre, s'asseoir à table, étendre le journal, se saisir du petit couteau à éplucher » ...

Nous y voilà. Denise Desantis, mère de famille irréprochable, est effondrée. Son enfant a disparu alors qu'elle était entrée quelques minutes dans le magasin « L'Etoile », en laissant la poussette dehors. La ronde des policiers peut commencer. La ronde des témoins aussi. Et la valse des rumeurs. Qui, du rempailleur renfermé, de la jeune fille battue par son père, de la patronne de café au coeur entier, de l'oncle pas très sérieux, de la mère dignement éplorée, qui faut-il croire ? le juge Conrad a bien sa petite idée, mais bon...Il faut procéder de façon correcte. Et donc nous assistons à toute cette procédure, aux questions lancinantes, aux questions pièges, et surtout à la reconstitution, morceau d'anthologie à la fois vif, grave et raconté avec tellement d'ironie qu'on jubile.

Car c'est de la jubilation intellectuelle que j'ai ressentie tout au long de ma lecture, jubilation mâtinée de beaucoup de compréhension et très souvent de compassion. L'esprit du lecteur va et vient, décortique, accepte, nie, et finalement est bien perplexe. Armel Job se joue de nous, d'une manière tellement fine et caustique, tellement intelligente et psychologue, qu'on se laisse dériver, comme un ballot sur la Meuse très proche...pour finalement aboutir à l'amour infini d'une mère.

Ce roman policier, à la fois intimiste et exhibitionniste, dramatique et ironique, rempli de malentendus et de vérités assénées, m'a marquée et me poursuivra durablement ! Je le recommande chaudement, il touche à la part la plus secrète de chacun d'entre nous tout en excitant notre sens du mystère.


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Denise, mère de famille de quatre enfants, s'en va à l'épicerie, son dernier enfant David, 13 mois dans la poussette. Elle le laisse quelques minutes sans surveillance le temps d'une petite course et là c'est le drame, David n'est plus dans la poussette.

J'ai retrouvé cette saveur belge dans la plume d'Armel Job, l'enquête nous amène en province liégeoise au plus près de gens communs.
Sous forme d'enquête, on suit le quotidien de cette famille, leurs habitudes, leurs misères. le juge Conrad décortique jusqu'au dépouillement, qui est cette mère laissant seul son bébé sans surveillance ? Enlèvement, infanticide ?
Le doute est subtilement distillé dans ce roman avec un portrait fin des personnages. La vie d'une famille disséquée à la loupe avec grande clarté.
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« Dans la demi-heure qui précédait, on avait vu passer en tout et pour tout un scooter et une fourgonnette de fleuriste. N'importe qui laisserait sa poussette en confiance dans un endroit si paisible. »
C'est ce qu'a fait Denise Desantis, mère attentionnée de quatre enfants, le temps d'aller acheter quelques bricoles dans une boutique. Mais David, son bébé de treize mois, a disparu. Comment ?

Tandis que l'affaire Dutroux hante les esprits dans ce petit coin de Belgique, l'inspecteur et le juge en charge du dossier semblent vite avoir une idée du coupable et des événements. La construction de l'intrigue s'apparente de ce fait à celle d'un épisode de Columbo, avec une reconstitution minutieuse des circonstances d'un drame dont on connaîtrait d'avance le dénouement. On pense également à Maigret, parce que cette histoire simple et douloureuse a des allures de fait divers d'une petite ville rurale paisible.

Armel Job reprend un sujet rebattu en littérature policière, certes, mais le traite avec suffisamment d'originalité et de finesse pour rendre son intrigue à la fois singulière, crédible et touchante - notamment grâce au personnage du juge, coincé entre deux douleurs de femmes, de mères.
Si la pirouette finale n'est pas complètement une surprise, elle rend ce drame familial encore plus bouleversant.
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Armel Job, je l'ai découvert il n'y a pas si longtemps, c'est mon troisième roman de cet auteur belge, liégeois que je n'hésite pas à qualifier de Simenon contemporain, tellement son style et ses intrigues m'y font penser.
Il situe cette histoire en 2001 lorsque la Belgique est encore groggy de l'affaire Dutroux, toute disparition d'enfant la ramène à ces profond traumatisme et dysfonctionnement judiciaire.

Denise Desantis sort un jour avec ses deux petits garçons, Antoine trottine à ses côtés tandis que David dort dans son landau. Elle doit juste s'arrêter deux, trois minutes dans une boutique et laisse la poussette à l'extérieur du magasin, David sagement endormi dedans.

Elle en ressort quelques instants de plus tard,…la poussette est vide !

Le village est paisible, à cette heure, pratiquement aucun badaud ne circule, les deux petites rues principales sont quasiment désertes. Un enlèvement d'enfant, à cet endroit, à cet instant, c'est tout bonnement incroyable, incompréhensible, impossible. Et pourtant…

La police fédérale se voit confier l'affaire, le juge Conrad chapeautant deux inspecteurs. L'enquête démarre avec de maigres indices, quelques témoins dont les dires recoupés ne peuvent correspondre à la vérité et une reconstitution qui ne va pas beaucoup faire avancer l'enquête, quoique…

Armel Job met un soin particulier à effeuiller la personnalité des protagonistes, tant des parents du petit disparu, que des enquêteurs et des personnages secondaires. Sa plume intimiste nous restitue avec vraisemblance l'atmosphère d'une époque où la méfiance, le jugement, le repli sur soi sont exacerbés depuis l'affaire Dutroux.

L'auteur se joue de son lecteur dans un subtil et perpétuel anachronisme qui participe à l'ambiance savamment orchestrée, à l'atmosphère sobre et grise de ce roman.

Encore un bon livre d'Armel Job.
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Armel Job est un artiste, une sorte de Simenon qui aurait autant d'ironie discrète, autant de don d'observation, mais plus de coeur et d'empathie,et encore plus de sensibilité aux petits, aux sans-grade.

Quelle subtilité , aussi, dans l'art de nous faire comprendre le non-dit, de nous faire corriger nos jugements à l'emporte-pièce, de nous faire entrevoir, discrètement, et comme timidement, la vérité - comme si on levait un coin de rideau sur une pièce un peu sombre, un peu oubliée, et si modeste, et qu'on y trouvait un trésor.

Le juge Conrad enquête sur une suspicion d'infanticide, dans un petit village de la région liégeoise, frappé par le chômage, la pauvreté et encore marqué par les heures douloureuses de la guerre, de l'occupation, de la "question royale" qui ont sourdement divisé les habitants, lesquels mènent des existences familiales ou solitaires, mais repliées sur elles-mêmes.

Un monde fortement clivé entre hommes et femmes: difficulté de se parler, entre hommes et femmes, entre taiseux et expansives, entre timides et secrètes, entre gens de peu-de-mots, - petites gens aux grandes peines , gens simples mais qui ont pourtant tant de choses compliquées sur le cœur, tant d'amour ou de haine, tant de secrets..

Les femmes et leur désir d'amour, les femmes et leur instinct maternel, côtoient de façon presque menaçante le monde concret des hommes qui les chérissent, les désirent, les protègent...quand ils en sont, à leur insu, les protégés.

L'enquête, transparente, prévisible, n'est que la partie visible de cet iceberg de sentiments forts, indicibles.

On se dit "ah, bien sûr, ce n'était que cela" et ce disant, on se trompe, on passe à côté de la vérité profonde qui ne se dira jamais, mais qui est enfouie dans le cœur des mères, les vieilles et les jeunes, jalousement, farouchement gardiennes du secret enfoui dans la force de leur amour.

C'est pour cette finesse-là, cette discrétion hors pair et cette intuitive compréhension que je n'ai pas peur d'affirmer : "Tu ne jugeras point" est une perle rare.

Merci Latina, toi qui une fois de plus m'as fait découvrir un grand auteur belge! Et un livre inoubliable.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Madame Desantis, il est tard. Nous reprendrons dans la matinée. Avant de partir, je vais résumer rapidement les faits une dernière fois. Interrompez-moi si je me trompe. Et si la moindre idée vous vient à l'esprit, dites-le-moi. D'accord?
– Oui, monsieur le juge.»
La femme a les yeux gonflés. Elle est assise, très droite, face au juge d'instruction. Ses bras croisés reposent sur la table de la cuisine. Un mouchoir à carreaux entortillé dépasse de son poing droit.
«Vous êtes partie d'ici vers le milieu de l'après-midi, disons entre quinze heures et quinze heures trente, et vous vous êtes rendue à pied au magasin L'Étoile où vous êtes arrivée un peu avant seize heures. Vous emmeniez votre petit garçon, Antoine, et, dans une poussette, votre fils David. Vous êtes entrée dans la boutique en laissant la poussette dehors.
– Oui, monsieur le juge.
– Vous n'avez pas voulu prendre la poussette parce qu'il y a des marches.
– Je n'en avais que pour quelques minutes. David s'était endormi. Il était attaché. J'avais relevé la capote et fermé le protège-pieds. Il était bien à l'abri. Il ne faisait pas beau, mais pas vraiment froid, seulement un peu de vent, comme je vous l'ai dit. Je l'ai laissé pour qu'il prenne le bon air.
– D'accord. Vous êtes restée environ un quart d'heure dans le magasin avec Antoine.
– Oui.
– Et quand vous êtes ressortie, la poussette était vide. David avait disparu.
– Oui, monsieur le juge.»
Un sanglot soulève sa gorge, mais elle ne pleure pas. Son dos ne touche pas le dossier de la chaise. Elle porte un chemisier blanc à courtes manches boutonné jusqu'au cou.
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Lui aussi, le cancer l'a cueilli. Il ne fumait pas, ne buvait pas. Mais, forcément, il respirait la colle à chaussures à longueur de journée. Dans l'atelier, son odeur flottait en permanence malgré la porte quasi toujours ouverte sur la rue Velbrück. Un arôme de moutarde, qui lui arrachait des larmes quand il ouvrait un nouveau pot, mais qu'il aimait. Il fut bien étonné lorsque les médecins lui annoncèrent que son parfum l'avait tué. Il pensait, lui, que c'était le travail qui le tuait : clouer, piquer, coudre douze heures par jour. Pas cette douceur, tout de même, qui tempérait son esclavage. On ne peut compter sur rien.
(p. 84)
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[ dans un bar ]
Juste sous la table des enquêteurs se trouve une bouche de chauffage par le sol. Au plafond de la cave, elle s'emboîte à un caisson en aluminium, sous lequel un escabeau est rangé. Elle y grimpe et colle son oreille. Autant l'avouer : ce n'est pas la première fois qu'Angela recourt à cette ruse. Comme de juste, elle aime savoir ce que ses clients pensent d'elle. Sans ce moyen, elle ignorerait, par exemple, combien ils apprécient sa poitrine. Elle ne s'en offusque pas le moins du monde. Bien au contraire ! (…) Angela porte des pulls moulants, des cols en V, et se penche avec altruisme sur les clients pour les servir à table.
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En temps ordinaire, on aurait pu compter sur les habitués du café Sole Mio, mais c'était Vendredi saint. Angela, la tenancière, n'aurait pas toléré qu'on caresse la bouteille le jour où, pour tout breuvage, le Christ en croix n'avait reçu que du vinaigre au bout d'une éponge.
(p. 14)
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En dehors de sa théorie sur la chance, le chef Harzee en a une autre, au sujet de l’investigation policière : c’est la théorie de la narine. La plupart des enquêteurs passent leur temps à collecter des indices. Quand ils pensent en avoir récolté un nombre suffisant, ils les jettent dans un entonnoir, ils secouent et ils attendent que la vérité sorte de l’autre côté. On appelle ça la méthode scientifique. C’est très à la mode dans les séries américaines.
Harzee, lui, ne procède pas ainsi. Il arpente le terrain et il hume tant qu’il peut. Au bout d’un certain temps, sa narine picote. Il aspire à fond, tendu comme un chien d’arrêt, puis , ça y est. Il tient son idée. Alors seulement, il passe aux indices.
A ce propos, il y a une circonstance que l’on néglige souvent. C’est que certains indices, cent pour cent crédibles, n’en sont pas moins fallacieux. Dans la méthode scientifique, ils risquent de rester en travers de l’entonnoir.
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Videos de Armel Job (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Armel Job
Interview d'Armel Job, principalement à propos de son roman "Une drôle de fille". Il répond également à quelques questions sur son processus d'écriture.
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