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EAN : 978B003X1VHFU
Perrin (01/01/1913)
4.16/5   44 notes
Résumé :
Le docteur Stockmann découvre que les eaux de la station thermale de son village sont gravement contaminées par la tannerie locale. Il se met donc en devoir de prévenir la population. Mais, pour remédier au mal, des travaux dispendieux sont nécessaires auxquels s’ajoutent une publicité désastreuse pour la ville et une longue période de fermeture pour la tannerie et les bains… Aussi la municipalité, dont le maire n’est autre que le propre frère du docteur, tente de f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un Ennemi Du Peuple est un drame social de l'auteur norvégien Henrik Ibsen, une nouvelle fois visionnaire, après sa très remarquée et remarquable Maison De Poupée. Ici, il n’est plus question de la position de la femme dans la cellule familiale mais d’un sujet d’une actualité encore plus brûlante de nos jours.

Henrik Ibsen nous parle de santé publique, de pollution et des fameuses décisions cornéliennes écologie vs. économie. Osera-t-on aborder la question de la santé publique s’il y a des millions en jeu ? S’il y a toute une économie et des emplois locaux sur la sellette ? Que dira-t-on de celui qui dénoncera le scandale sanitaire ? Est-ce un bienfaiteur ou… un ennemi du peuple ?

Tomas Stockmann est un médecin apprécié et respecté dans sa petite ville natale. C’est même lui qui est à l’origine de la création d’un établissement thermal auquel personne ne croyait lorsqu’il en a émis l’idée et qui pourtant, désormais, assure la prospérité de la bourgade, directement ou indirectement, par les retombées immobilières, notamment.

Le projet d’établissement thermal proposant des bains pour les curistes ne fut entériné que lorsque les décideurs locaux se furent appropriés le projet et virent leur intérêt propre. À la tête de l’établissement, on retrouve tout le gratin du panier de crabes politique de la ville parmi lesquels on compte le juge Peter Stockmann, le propre frère du docteur mais qui ne partage pas du tout les mêmes visions de l’intérêt général que lui.

À telle enseigne que Tomas Stockmann est relégué au simple rang de médecin de l’établissement et soumis à la tutelle décisionnaire de son frère. Le docteur est opposé aux économies qui ont été faites sur la longueur des canalisations pour le captage de l’eau thermale qui, selon lui, est fortement polluée par les rejets toxiques des tanneries situées en amont. Lui préconise un captage plus distant qui garantirait la salubrité de l’eau et des soins prodigués au sein de la station thermale. Mais ces travaux ont évidemment un coût…

Après une période de flottement (sans jeu de mots), l’établissement commence à dégager des bénéfices et les curistes arrivent de plus en plus nombreux mais le docteur a remarqué des cas de dysenterie anormaux et a donc pris l’initiative de faire analyser précisément l’eau des thermes. Lorsqu’il reçoit les résultats, ses soupçons sont largement confirmés et il escompte bien en informer la population par le biais du journal local dont les rédacteurs voient d’un bon œil le fait de mettre quelques coups de pieds aux fesses de la clique dirigeante et de la pousser adroitement vers la sortie mais…

… mais le reste, c’est à vous de le découvrir. D’après moi, encore une excellente pièce d’Ibsen où le personnage du docteur Stockmann n’est pas sans rappeler son propre personnage et les propres déconvenues de l'auteur vis-à-vis de la critique suite à ses prises de position courageuses dans ses précédentes pièces.

De plus, Henrik Ibsen émet une idée qui peut paraître surprenante sous sa plume, celle que l’opinion de la majorité n’est pas forcément la plus légitime car intéressée et émanation de l'individu " moyen " voire " très, très moyen ". On peut évidemment ne pas être d'accord avec cette vision mais cela a le mérite de nous faire réfléchir et de nous mettre en perspective, nous autres dans nos propres vies et dans ce que nous vivons, par rapport aux situations décrites dans cette pièce.

Il aborde aussi la pusillanimité des masses et les retournements de veste comme il arrive à chaque coup dur ou à chaque fois qu'il y a quelque chose à gagner ou à perdre. En somme, un drame social en cinq actes de très bonne facture, peut-être un peu plus cérébral que scénique, d’où mes quatre étoiles et non cinq, mais c’est là une vision éminemment subjective, qui plus est, émanant d’une ennemie du peuple, c’est-à-dire, bien peu de chose.
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Créée à la MC2 de Grenoble en mars dernier, , la pièce de Henrik Ibsen "Un ennemi du peuple" mise en scène par Jean-François Sivadier arrive sur la scène du théâtre lyonnais des Célestins cette semaine.

Jean-François Sivadier, dont on avait pu voir le devenu culte Italienne Scène et Orchestre à la MC93 l'été dernier, met pour la première fois en scène un texte du dramaturge norvégien, un texte écrit en 1893.

1883, vraiment ? Comment un texte peut il être resté, plus d'un siècle après sa parution, aussi actuel ?

Comment peut-il continuer à raisonner ainsi en nous, aujourd'hui ? Au moment où il l'écrit, Henrik Ibsen se considère lui-même comme un ennemi du peuple, sous le feu des critiques de ses concitoyens envers Les Revenants.

Lorsque le Docteur Tomas Stockmann découvre que les eaux de l'établissement de bains de la ville, administré par son frère, sont contaminées, il entend en informer la ville, à commencer par son principal vecteur d'informations, le Messager.
En lanceur d'alerte, Tomas Stockmann se voit rejeté de tous et même, menacé.
Avec sa femme Katrine et sa fille Petra se retrouvent seuls, contre tous.

A commencer par le frère de Tomas, le préfet Peter Stockmann, qui administre l'établissement de bains, poumon économique et social de la ville. Puis, de Hovstad , du média Messager du peuple qui, après avoir promis un soutien solide à Tomas en publiant son rapport dans la prochaine édition de son journal, se défile, par crainte des représailles.

Un texte qui sonde la puissance de la vérité face aux affres de la manipulation d'une actualité incroyable !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Force et courage valent mieux que...

Henrik Ibsen est un immense dramaturge, surtout connu pour "Peer Gynt" ou "La maison de poupée". Cette pièce de théâtre, "L'ennemi du peuple", est un texte beaucoup plus politique dans lequel il fustige la dictature "des masses compactes", "le pouvoir des imbéciles", l'incapacité des hommes à prendre leurs responsabilités et à faire des choix adultes.
L'argument tourne autour d'une histoire de thermalisme, de bains souillés par les rejets de la tannerie de son beau-père. Sûr de ses arguments scientifiques, le personnage principal sera bientôt en bute à l'hostilité de la communauté et devra faire preuve de force et de courage pour ne pas se désavouer.
Bien qu'écrite en 1882, j'ai trouvé cette pièce d'une rare modernité, d'une actualité brûlante.
Il est utile de la lire ou de la relire lorsque ce qui nous attends est peut-être "le gouvernement par des imbéciles".
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C'est certainement un texte intéressant et inspirant. Sur les difficultés de faire valoir une voix que l'on pense véridique et salutaire pour le plus grand nombre, lorsque des intérêts économiques en sens contraire sont en jeu.

J'imagine moyennement cela mis en scène.

Pour le plaisir de lecture, que dire, j'ai davantage aimé Une maison de poupée.
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Tomas Stockmann, un médecin énergique, et son frère Peter, un préfet austère, sont les fondateurs d'un établissement de bains en plein essor dans une petite ville norvégienne. Tomas découvre que les eaux de cet établissement, qui fait vivre une bonne partie de la ville, sont en fait infectées et dangereuses pour la santé. Naïvement et en toute bonne foi, il est heureux de sa découverte, sans en comprendre les enjeux, et pense ainsi contribuer à l'amélioration du bien-être public en faisant part aux autorités (son frère) de la dangerosité de ses bains. Mais les choses ne sont pas aussi simples quand la politique s'en mêle.
Entre l'autorité conservatrice, le journaliste libéral qui veut à tout prix renverser le pouvoir, les petits-bourgeois modérés toujours prompts à défendre leurs sous, c'est à tout un système d'alliances et de virements de cuti auquel on assiste au cours de cette pièce satirique. Il n'y a pas de quoi rire, mais on ricane quand même de ces personnages typiques, qui tous, la main sur le coeur, invoquent l'intérêt général, alors que seuls des intérêts personnels, des ambitions mesquines, des petites histoires de coeur ou d'orgueil, les font agir.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
LE DOCTEUR STOCKMANN : Ah ! vraiment ! Les idées que nous nous faisons, nous, les hommes, nous sommes aveugles, pires que des taupes !
HOVSTAD : Que voulez-vous dire, monsieur le docteur ?
LE DOCTEUR STOCKMANN : N'est-ce pas l'opinion générale que nous vivons ici dans un endroit salubre ?
HOVSTAD : Je crois bien.
LE DOCTEUR STOCKMANN : Extraordinairement salubre même, un endroit qu'il faut chaudement recommander aux malades comme aux gens bien portants.
MADAME STOCKMANN : Mais, mon cher Tomas…
LE DOCTEUR STOCKMANN : Aussi l'avons-nous recommandé et célébré de notre mieux. J'ai écrit tant que j'ai pu, articles dans le Messager, brochures…
HOVSTAD : Oui, oui, eh bien ?
LE DOCTEUR STOCKMANN : Cet établissement balnéaire qu'on a appelé la grande artère, le nerf moteur de la cité, et je ne sais quoi encore…
BILLING : « Le cœur palpitant de notre cité », me suis-je permis d'écrire à un moment solennel…
LE DOCTEUR STOCKMANN : C'est vrai. J'oubliais. Eh bien ! savez-vous ce que c'est, en réalité, que ce superbe établissement ainsi glorifié et qui a coûté tant d'argent ? oui, savez-vous ce que c'est ?
HOVSTAD : Voyons ! dites-le-nous.
MADAME STOCKMANN : Oui, dis !
LE DOCTEUR STOCKMANN : L'établissement tout entier est une fosse pestilentielle.
PETRA : Les bains, père !
MADAME STOCKMANN : Nos bains !
HOVSTAD : Monsieur le docteur...
BILLING : C'est incroyable !
LE DOCTEUR STOCKMANN : Tout l'établissement n'est qu'un réservoir à peste, vous dis-je. Dangereux au plus haut degré pour la santé publique ! Toutes les immondices de Mølledalen, toutes ces puanteurs qui descendent de là-haut infectent l'eau des conduites qui mènent au réservoir. Et ces maudites ordures distillent ensuite leur poison jusqu'à la plage…
HOVSTAD : Jusqu'aux bains de mer ?
LE DOCTEUR STOCKMANN : Précisément.
HOVSTAD : Et comment avez-vous pu vous convaincre de tout cela, monsieur le docteur ?
LE DOCTEUR STOCKMANN : J'ai fait des recherches aussi consciencieuses que possible. Oh ! il y a longtemps que je soupçonnais quelque chose. La saison dernière, il y a eu des cas étranges parmi les baigneurs — des cas de typhus et de dysenterie.
MADAME STOCKMANN : Oui, c'est vrai.
LE DOCTEUR STOCKMANN : Nous pensions alors que c'étaient les curistes qui avaient apporté l'infection. Mais plus tard — cet hiver — il m'est venu d'autres idées. Je me suis mis alors à examiner l'eau, aussi bien que faire se pouvait.

Acte I.
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BILLING : Mais alors, vous ne prenez pas part aux élections municipales.
HORSTER : Il y aura donc de nouvelles élections ?
BILLING : Vous ne le saviez pas ?
HORSTER : Non. Je ne me mêle pas de ces affaires.
BILLING : Vous n'êtes pourtant pas indifférent à la chose publique ?
HORSTER : Ma foi, je ne m'y entends guère.
BILLING : Peu importe. On doit du moins prendre part aux votes.
HORSTER : Même ceux qui n'y comprennent rien ?
BILLING : Qui n'y comprennent rien ? Que voulez-vous dire ? La société est comme un navire. Tout le monde doit être à la barre.
HORSTER : Peut-être en va-t-il ainsi sur la terre ferme. En mer, cela ne réussirait guère.

Acte I.
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PETRA : Il y a tant de mensonges, à la maison comme à l'école. Ici, il faut se taire et là-bas nous devons mentir aux enfants qui nous écoutent.
HORSTER : Mentir, dites-vous ?
PETRA : Croyez-vous donc qu'on ne nous oblige pas à leur enseigner une quantité de choses auxquelles nous ne croyons pas nous-mêmes ?
BILLING : Oui, ce n'est que trop vrai.
PETRA : Si j'en avais seulement les moyens, je fonderais une école où les choses se passeraient autrement !

Acte I.
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LE DOCTEUR STOCKMANN : Publiez seulement mon article et je saurai le défendre.
HOVSTAD : Je ne le publierai pas. Je ne peux pas, je ne veux pas et je n'ose pas le publier.
LE DOCTEUR STOCKMANN : Vous n'osez pas ? Quel est ce propos ? N'êtes-vous pas directeur ? Et ce sont les directeurs, si je ne me trompe, qui dirigent les journaux !
ASLAKSEN : Non, monsieur le docteur, ce sont les abonnés.
LE JUGE : Heureusement.
ASLAKSEN : C'est l'opinion publique, c'est le public éclairé, les propriétaires immobiliers et autres, ce sont eux qui dirigent les journaux.

Acte III.
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ASLAKSEN : Celui qui attaque le gouvernement ne fait, du moins aucune tort à la société. Ces gens-là, voyez-vous, ne se soucient pas de nos attaques. On ne les déloge pas d'où ils sont, tandis que nos autorités locales, on peut les renverser et alors il peut en venir d'autres qui ne comprennent rien aux affaires. Et il peut en résulter un tort irréparable pour les propriétaires immobiliers et pour tout le monde.
HOVSTAD : Et l'autonomie, et l'éducation civique ? Qu'en faites-vous ? Y avez-vous réfléchi ?
ASLAKSEN : Quand un homme a un bien à conserver, il n'a pas le temps de réfléchir à tout, monsieur Hovstad.
HOVSTAD : Dieu me préserve, en ce cas, d'avoir jamais un bien à conserver !

Acte III.
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Connaissez-vous la pièce de théâtre qui illustre le mieux l'émancipation d'une femme jusque-là considérée comme une poupée, enfermée dans les contraintes de son foyer ?
« Une maison de poupée », Henrik Ibsen, c'est à lire en poche chez Folio.
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