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EAN : 9782228909655
293 pages
Payot et Rivages (05/03/2014)
3.79/5   7 notes
Résumé :

Ces variations sur l'esprit du XVIIIe siècle sont des variations sur un esprit rebelle et vagabond, fantaisiste, attaché à la jouissance singulière, au refus de tout comportement de groupe. Les oeuvres de Casanova, Sade, Laclos, Tiepolo, Mozart... analysées ici, ne cessent de tendre à développer une philosophie du plaisir, une intelligence du désir, un génie du moment. Un esprit révolutionnaire ? Libertin et libertaire plutôt, comme va le révéler le croiseme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Thomas Chantal – "Un air de liberté : variations sur l'esprit du XVIIIe siècle" – Payot et Rivages, 2014 (ISBN 978-2-228-90965-5)
NB : il s'agit – à trois exceptions près – d'un recueil de quinze articles précédemment publiés dans diverses revues entre 1985 et 2009 (voir précisions en p. 293)

On le sait, Chantal Thomas est une spécialiste aujourd'hui reconnue du XVIIIe siècle, et surtout de "l'esprit" qui régnait dans les cercles privilégiés de la société française de cette époque, qu'elle étudie et dont elle rend compte à travers ses études sur Sade et Casanova. Pour elle, il s'agissait d'un "air de liberté" qui s'incarnait principalement dans ce mouvement nommé "libertin", dérivé (ou dévoyé ?) des réflexions de divers philosophes du siècle précédent. Sur ce terrain-là, l'article le plus intéressant est sans doute le deuxième, intitulé "Sade et Casanova : deux visions du libertinage".

Par ailleurs, l'auteur déborde le cadre historique de l'Ancien Régime, et traite aussi de la période révolutionnaire, à travers de gens comme Madame Roland, Charlotte Corday, Mme de Tencin ou encore Mme de Staël. Sans oublier un article consacré à la reine Marie-Antoinette, dont l'auteur des "Adieux à la reine" ne pouvait faire omission.

Pour ma part, deux éléments au moins tempèrent le plaisir que je puis éprouver en lisant ce recueil d'articles.

- Primo, je ne puis comprendre les gens (hommes ou femmes) qui font ainsi un éloge démesuré, dithyrambique, de l'oeuvre de Sade. Pour ma part, j'ai à plusieurs reprises tenté de lire l'un ou l'autre de ses romans, je n'ai jamais pu dépasser une dizaine de pages, tant cela me paraît lassant et ignoble, malgré les quelques "grandes" déclarations "politico-philosophiques" insérées ça et là dans ce délire d'érotisme sanguinaire, exaltant la "liberté" de l'individu dans ce qu'elle a de plus égocentrique visant à détruire l'Autre.
Mon incompréhension augmente encore lorsque l'auteur d'une telle hagiographie sadienne est une femme se présentant comme féministe : j'ai alors de quoi tempérer mes interrogations, car j'ai à plusieurs reprises depuis l'avènement du MLF, croisé de ces brillantes féministes enragées vivant avec un compagnon dont une demi-douzaines de répliques au cours d'une conversation suffisait à prouver un machisme abyssal (l'une d'elle se faisait même tabasser par l'élu de son coeur sans en faire mystère, mais je ne sais si elle lisait Sade).... Et que l'on place au même niveau (p. 131) les écrits de Sade et ceux Crébillon fils ou "les liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos me paraît relever de l'hérésie la plus complète.

Secondo, l'auteur ne fait qu'effleurer un aspect pourtant fondamental de cette posture dite "libertine" surtout individualiste, à savoir qu'elle ne concernait – et ne pouvait concerner – que des membres de l'élite sociale et/ou intellectuelle. Ayant pour ma part enquêté sur le (triste) sort des "manouvriers" et autres "journaliers", je puis attester qu'ils n'étaient guère concernés par ce type de réflexions. Quant à leurs partenaires féminines, victimes d'une mortalité en couches absolument effarante, pouvaient-elles songer à autre chose qu'à simplement survivre ? Il suffit de se pencher quelques minutes sur le sort et la destinée des enfants trouvés ou abandonnés...
L'auteur le reconnaît d'ailleurs, sans s'y étendre, comme par exemple en page 133 (article "le goût des larmes") :
"Parce qu'il implique un sentiment de supériorité par rapport à toute instance de pouvoir, parce qu'il suppose loisir, fortune, et une approche désinvolte du monde et de ses intrigues, le libertinage est perçu par le peuple comme l'un des privilèges, parmi les plus enviés et les plus blâmés, de la noblesse. Une sourde exaspération se fait sentir tout au long du XVIIIe siècle face à l'impunité des abus libertins auxquels se livrent, avec ostentation, les grands du royaume".

Quelques deux siècles plus tard, des affaires comme Strauss-Kahn/Dodo-la-Saumure ou Baupain-l'écolo-féministe montrent que les gens se réclamant du "libertinage" sont et restent principalement les vieux libidineux supportant mal le retour d'âge, persuadés de rester séduisants alors qu'ils sont devenus de vieilles badernes ventrues (que n'achètent-ils des miroirs !)... Les temps ne changent guère.

Non, décidément, je ne puis adhérer à des affirmations comme (p. 131) :
"L'esprit de libertinage est essentiellement frondeur, subversif" : il me semble plutôt affecter des gens demeurés puérilement nombrilistes.
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Reprise d'articles de l'auteur sur l'esprit du XVIIIème siècle ou plutôt les esprits : celui de la légèreté, du libertinage symbole de l'aristocratie décadente et celui de la Révolution et même de la Terreur. le libertinage suppose loisir et fortune, désinvolture mais aussi esprit frondeur et subversif (Beaumarchais en est l'exemple), ce qui est perçu comme un privilège de la noblesse contre lequel vont lutter les révolutionnaires en prônant la Vertu.
Articles sur Mozart, Sade, Casanova, Naples, Beaumarchais, les liaisons dangereuses, Marie Antoinette, La Terreur, Mme Roland...

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"Parce qu'il implique un sentiment de supériorité par rapport à toute instance de pouvoir, parce qu'il suppose loisir, fortune, et une approche désinvolte du monde et de ses intrigues, le libertinage est perçu par le peuple comme l'un des privilèges, parmi les plus enviés et les plus blâmés, de la noblesse. Une sourde exaspération se fait sentir tout au long du XVIIIe siècle face à l'impunité des abus libertins auxquels se livrent, avec ostentation, les grands du royaume" (p. 133)
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