« Un déjeuné de soleil » : un foisonnement !
D'abord dans la forme, au début, avec un incessant mouvement d'aller retour passé présent qui nécessite une certaine concentration, mais qui, malgré tout représente assez bien le côté désinvolte des années trente.
Ensuite dans le contenu : à dix-sept ans - on est en 1925 - Stanislas Beren débarque en France à Paris. Au lycée, il ne parle pas un mot de Français mais se lie d'amitié avec André Garrett dont la mort à la guerre laissera à son fils, Daniel, le loisir de le remplacer dans l'amitié de Beren ; puis de devenir son éditeur… Il faut dire que Stanislas Beren est devenu, entre temps, un écrivain à succès.
Les voyages de l'écrivain et de son éditeur nous emmèneront de Venise à Londres dans un tourbillon de conquêtes féminines pas toutes heureuses au milieu d'une jet set un peu surannée telle que
Michel Déon aime à les décrire : charmante et désuète à la fois.
De bien belles pages… même si parfois, l'insertion de textes rend la lecture malaisée.
On rencontre là des amis communs à Stanislas Beren et
Michel Déon, de même qu'on assiste à une critique à peine voilée du surréalisme.
«
Un déjeuner de soleil » est souvent présenté par la critique comme l'ouvrage le plus abouti de l'auteur, du Déon à l'état pur, en quelque sorte… Pour ma part, j'ai souvent eu l'impression de Déon faisant du Déon ; comme si l'auteur se caricaturait lui même. Dommage.