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EAN : 9782221128350
630 pages
Robert Laffont (14/03/2013)
4.05/5   107 notes
Résumé :
À l'aube de la première Guerre de l'Opium, sont réunis à Canton des personnalités aussi disparates qu'un marchand parsi, un raja déchu, un peintre en quête d'amour et une jeune botaniste française à la recherche d'une fleur extraordinaire.

Canton, XIXe siècle.
Un bouillonnement de langues, de peuples et de cultures. Commerçants chinois en robe de soie et longue natte dans le dos, Britanniques compassés de la Compagnie des Indes orientales, mar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Un fleuve de fumée, est l'histoire vraie, romancée de la guerre de l'opium entre la Chine et la Grande Bretagne. Elle y est relatée d'après l'expérience de trois protagonistes: Barham, un marchand indien, qui vend de l'opium sur le port de Canton, Neel, une sorte de scribe indien, à l'histoire mystérieuse, employée par Barham sur son navire le Anahita, et enfin, Paulette puis Chinnery; la première étant une français née en Inde, passionnée de botanique et partant à la recherche de plantes (dont une en particulier), et le second, son ami d'enfance, peintre et fils illégitime d'un autre grand peintre, qui va l'aider à trouver cette plante, en allant à sa place à Canton, car les femmes étrangères y sont interdites de séjour, et qui va lui écrire régulièrement pour l'informer de l'avancée de ses recherches, mais surtout lui raconter ce qui se passe à Canton. Car la période est tumultueuse. L'Empire Chinois, après plusieurs rumeurs avortées, est cette fois ci décidé à stopper la vente d'Opium sur son territoire. C'est un roman que l'on aborde sous deux angles. Du point de vue littéraire c'est un pur conte, un peu style mille et une nuits, mais plus par l'univers décrits que par le style. Ce dernier est fluide, simple, très agréable, qui vous emmène en douceur, sans fioritures, mais avec une précision qui vous fait entrevoir les couleurs de Fanqui Town et de sa place bigarée; le Maidan, sentir les odeurs des épices et de la mer, entendre les vagues lors des tempêtes, la chaleur accablante et le vacarme de la citée surpeuplée, et surtout goûter aux mets asiatiques servis lors de somptueux banquets (je ne vous raconte pas mon état en ce mois de Ramadan!!!!). Et puis surtout, Gosh n'a pas hésité à utiliser les langues pratiquées par tous, ainsi que les expressions et termes spécifiques, avec surtout, cette nouvelle langue, typiquement Fanqui Townaise, parlée entre commerçants de toutes nationalités, et faite de mélange de mots simples destinée à la compréhension directe , le pigdin ( enfin je crois :p ). Mais très vite, on rentre dans le vif du sujet. C'est un roman terriblement actuel, avec ce qui se passe en Grèce, les vagues de migrants, et les politiques économiques partagées entre protectionnisme, ouverture sur le marché mondial et loi suprême du libre échange. En gros, les occidentaux, et à leur tête la Grande Bretagne, sont installés dans Canton- un port réservé par la Chine- via des sociétés marchandes privées, importent quantités de produits, mais l'exportation est moindre, vu que les Chinois, ont ce qu'ils leur faut chez eux et n'ont pas vraiment besoin d'autre chose. La balance économique est donc déséquilibrée en faveur de la Chine, et ça ne plaît pas trop aux occidentaux. Comment faire? et bien créer un besoin parmi les chinois, afin de renverser la vapeur, en les inondant d'Opium, cultivé massivement en Inde (colonie britannique à l'époque), d'où la réaction de la Chine. Je ne rentre pas plus dans les détails de cette histoire pour ne pas gâcher la lecture, même si on connaît le dénouement de l'histoire, mais le déroulement des événements, montre comment seul le dollar , renforcé par le racisme et soutenu par une arrogance rageante, vont mener, ce qui ressemblait à une requête légitime, formulée de la façon la plus ..gentille j'allais dire, à un Casus Belli pour déclarer la Guerre, et poursuivre le commerce de l'Opium en Chine, alors que celui ci est strictement interdit....en Occident. Mais ce n'est pas la même chose, parceque les chinois n'ont pas la même valeur humaine que les anglais ou les américains, à la rigueur , on peut les assimiler aux mangeurs de grenouilles mais pas plus ( c'est pas moi qui le dit :) ). Mais attention, le livre n'est pas manichéen, et il est clairement mentionné que des chinois, notamment des mandarins ont clairement profité de ce commerce pour s'enrichir, mais les torts sont clairement partagés. Un fleuve de fumée est le second volume d'une trilogie, que j'ai follement envie de lire.
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Passionnant et magnifique !
Si vous rêvez d'exotisme, de lointains voyages, le tout dans un contexte historique bien balisé et superbement documenté, il est temps d'embarquer sur le brigantin Redruth depuis Port Louis à l'île Maurice ou bien sur le trois mâts Anahita depuis Bombay. Tous deux cinglent vers « un fleuve de fumée » c'est-à-dire la Rivière des Perles entre Macao, Canton et Hong Kong. le premier est affrété par un horticulteur anglais désireux d'échanger des arbres d'Amérique contre des camélias rarissimes et inconnus en Europe, le second est rempli de caisses d'opium.
Nous sommes en 1839, l'opium est interdit à la vente et à la consommation en Chine depuis plus de cents ans mais, corruption aidant, les livraisons de la marchandise venue des Indes n'ont cessé de croître (200 caisses en 1730, 40 000 en 1838) et toutes aboutissent à Canton, seul port autorisé à commercer avec les « diables étrangers » par Fanqui Town, l'enclave contigüe concédée aux négociants étrangers. L'empereur, conscient des ravages causés sur toutes les couches de la population chinoise, décide de sévir et de faire enfin respecter l'embargo. Les cales des navires sont pleines d'opium, un nouveau gouverneur incorruptible vient d'être nommé et la tension monte.
Nous retrouvons certains des personnages de la saga débutée par « Un océan de pavots », Paulette la jeune botaniste, Neel le raja déchu, l'intendant Nob Kissin Baboo et son patron anglais Burnham, mais le personnage principal est, cette fois, un négociant hindou, parsi plus précisément, qui se trouve être un très gros trafiquant d'opium du nom de Bahram Moddie.
Les événements historiques servant de trame sont rigoureusement exacts et les personnages secondaires du roman respectent leurs attitudes, discours et écrits de l'époque. Ainsi on croise et on écoute : William Jardine (de Jardine & Matheson), le gouverneur chinois Lin Xexu, le capitaine anglais Elliott, le journaliste John Slade ou l'Américain Charles King, seul occidental à respecter l'interdiction d'introduire de l'opium en Chine.
La langue est toujours aussi chatoyante et inventive pour immerger le lecteur dans l'action. Au milieu des saveurs étranges, des couleurs, des fleurs innombrables et des parfums exquis, Bahram le Parsi mène, depuis vingt ans, ses affaires en apportant sa pierre à l'empoisonnement du pays qui fait sa fortune. Aimé de tous ses employés et apprécié des Chinois avec qui il commerce, il n'est pas qu'un vulgaire et ignoble trafiquant. Sa vie est plus riche, plus exaltante à Canton qu'à Bombay. En cette année 1839, son bateau, comme tous les autres, n'a pas pu s'engager dans la Rivière des Perles et attend près d'un îlot désolé nommé Hong Kong. Il s'inquiète de savoir s'il va pouvoir enfin se débarrasser de son énorme cargaison pour rembourser prêts et commanditaires en engrangeant le plantureux bénéfice de son entreprise. On dit que l'opium apaise les angoisses…à quel prix ? Vous le saurez sans doute à la fin de ce voyage ensorcelant.
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Un fleuve de fumée est la suite d'Un océan de pavots mais les deux romans d'Amitav Ghosh peuvent se lire de façon indépendante. Plusieurs voix interviennent dans le récit qui se concentre sur la communauté étrangère de Canton, autour de 1840, alors que les autorités chinoises ont décidé de s'attaquer aux trafiquants d'opium qui s'enrichissent en toute illégalité. Riche en détails, parfois trop, Un fleuve de fumée ne décevra pas les amateurs de sagas historiques. le style fouillé de Ghosh, son talent à capter l'essence d'une époque et à camper des personnages plus vrais que nature font merveille. le ton est souvent ironique, épinglant sans aménité la morgue occidentale, un colonialisme sans vergogne qui finit par se heurter à une culture orientale incompréhensible pour ces capitalistes du XIXe siècle dont l'humilité n'est pas la qualité première. Outre Canton, l'opium est l'autre "star" du livre, son commerce dûment décrit à travers une kyrielle de personnages qui n'ont guère de moralité à exploiter cette manne. le roman est bigarré, nourri d'un nombre incalculables de termes obscurs que Ghosh n'a pas souhaité expliciter dans un lexique, la lecture n'en étant d'ailleurs pas affecté. Dense, romanesque, intimiste, fluide : Un fleuve de fumée est l'oeuvre d'un écrivain qui marie grande Histoire et fiction avec un rare bonheur. Vivement la dernière partie de cette trilogie opiacée !
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Second tome de la trilogie de l ibis
Dont je vous avait dit le plus grand bien cfr « un océan de pavots « tome 1

Il est surtout question ici du commerce de l opium ,du train de vie assez fastueux à Canton des négociants en opium .Bien vite ;un nouveau gouverneur chinois va essayer de mettre fin au juteux trafic de l opium

Qq retours en arrière pour retracer le parcours des intervenants du premier roman

Les protagonistes sont attachants
-Paulette ,jeune orpheline cultivant des plantes rares avec l aide d un vieil anglais passionné de botanique

-Zachary Reid , marin afro-américain qui arrive à se faire passer pour blanc ,il était sous officier su r l Ibis lors de la traversée vers l île Maurice (Time 1) il est réduit ici à jouer les l amants de lady Chatterley en cédant aux avances de l épouse de son patron ,le puissant mr Burnham (trafiquant
d opium n° 1)

Neel ,le nabab déchu (mon préféré avec Kesri voir tome 3)qui finira en agent de renseignement pour les rares chinois intègres et idéalistes qui veulent mettre fin au trafic

-Bahram , rastignac indien qui fera fortune ds le trafic ,loin de sa dédaigneuse belle famille ,son fils illégitime etc

Bref un roman -monde:plongez!
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Bof... bof.. bof ! Ce qui m'avait plut dans le premier tome c'était la manière dont, sous couvert d'une histoire épique et pleine d'aventure, Amitav Ghosh décrivait la société indienne du début du XIX° siècle permettant d'expliquer en partie et de comprendre les tensions, les rigidités, les rancoeurs qui ont nourries l'histoire de ce sous-continent. Dans ce second tome, l'histoire se déplace en Chine en plein début de la première guerre de l'opium, il faut attendre les trois quarts du roman pour retrouver au travers des événements qui se précipitent à Canton, l'analyse subtile décrivant les relations colons entre occidentaux, entrepreneurs indiens, riches commerçants chinois et madarins chinois. le roman est un long descriptif de repas, de plats les plus étonnants, de vêtements typiques, de toutes les types de transports pouvant flotter,... sans parler des longs descriptifs de plantes, fleurs, jardins, parcs,... Finalement l'épique et l'aventure ne sont pas très présents, l'analyse politique, sociale et économique quelque peu mis en arrière. La construction même du roman est pour moi l'illustration que Amitav Ghosh a perdu le fil de sa narration et test en tâtonnant d'autres styles (épistolaire par exemple) ou aborder des thèmes qui auraient pu être intéressant mais qui ne sont pas suffisamment développer (l'art et plus particulièrement la peinture comparé entre l'occident, l'inde et la chine..) car arrivant sans logique dans la trame de la trilogie.
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
18 juin 2013
Comme toujours, la langue de Ghosh entraînera l’adhésion des uns (dont nous) ou le rejet des autres. [..] Mais ne vous effrayez pas, ces mots n’entravent pas le récit, clair comme un roman populaire ; ils y ajoutent une poésie particulière et une belle couleur locale.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesEchos
23 avril 2013
Transformer le commerce international en littérature : voilà un talent rare que le romancier indien Amitav Ghosh déploie comme personne.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Certains de ces articles émanaient des pèlerins, missionnaires, soldats et voyageurs impécunieux qui passaient par le port. Beaucoup arrivaient de bien plus loin, après avoir été dérobés, chapardés ou pillés par les pirates dans des coins reculés de l'océan Indien - car parmi ceux qui fréquentaient régulièrement ces eaux, il était bien connu qu'il n'y avait pas mieux que le Wordy Market pour disposer des vêtements volés. Là, plus encore que dans d'autres bazars, les acheteurs avaient intérêt à examiner leurs acquisitions avec soin parce que beaucoup étaient marquées de taches de sang, de trous de balles, de coups de dague et autres enlaidissements. La prudence était spécialement requise dans le domaine des atours plus somptueux - manteaux à panneaux chao-pao et robes brodées chang-fu -, nombre d'entre eux provenant de tombes et sépultures et se révélant souvent, après inspection, être mangés aux vers. Toutefois, s'il y avait des risques à faire ses courses là, ils étaient amplement compensés par les avantages : dans quel autre endroit un déserteur aurait-il pu échanger son tricorne et sa gorgerette contre un costume anglais ? Qu'un lieu pareil ne soit pas autorisé à exister pour toujours était évident, mais, tant qu'il était là, le Wordy Market était reconnu comme une bénédiction par tous.
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Fleurs et opium, opium et fleurs !
Curieux de penser que cette ville qui a tant absorbé de l'horreur du monde lui ait donné tant de beauté. En lisant tes lettres, je suis étonnée de penser à toutes ces fleurs qu'elle a expédiées autour de la terre : chrysanthèmes, pivoines, lys tigré, glycine, rhododendrons, azalées, asters, gardénias, bégonias, camélias, hortensias, primevères, bambou, un genévrier, un cyprès, roses-thé grimpantes et roses remontantes - et bien d'autres encore. Si c'était en mon pouvoir, j'ordonnerais à tous les jardiniers du monde de se rappeler, quand ils les plantent, qu'elles sont toutes arrivées dans leur jardin grâce à cette ville entre toutes les villes - cet endroit surpeuplé, puant, bruyant, voluptueux que nous appelons Canton.
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Quel festin, Bahram-bhai !
Tu sais, Zadig Bey, quand j'étais un petit garçon...nous avions si peu d'argent que quand ma mère faisait cuire du riz, elle nous faisait même boire le "page", l'eau dans laquelle il cuisait. Une fois ou deux par mois, nous nous partagions quelques morceaux de poisson séché, et nous considérions cela comme un festin. Et maintenant...J'aurais souhaité que ma mère ait pu voir tout cela. Je me demande ce qu'elle aurait dit.
Zadig le gratifia d'un sourire taquin : Et qu'aurait-elle dit si elle avait su que tout ceci était dû à l'opium ?
Elle aurait dit qu'un lotus ne peut pas fleurir si ses racines ne trempent pas dans la boue.
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Il révéla quelque chose qui stupéfia tout le monde : le nouveau commissaire payait apparemment tous ses frais de voyage de sa propre poche !
La nouvelle fut accueillie par des exclamations d'incrédulité : l'idée qu'un mandarin puisse refuser de s'enrichir aux dépens de l'Etat paraissait ridicule à tous.
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Si nous montrons des signes de faiblesse, nous sommes perdus : c'est le moment où plus que jamais nous devons être fidèles à nos principes.
_ Principes ? s'exclama Mr King avec étonnement. Je ne vois pas quel principe peut soutenir la contrebande de l'opium !
_ La liberté n'est-elle pas un principe tout autant qu'un droit ? N'y a-t-il aucun principe en jeu quand des hommes libres réclament la liberté de conduire leurs affaires sans crainte des tyrans et des despotes ?
_ Avec ce raisonnement, rétorqua Mr King, n'importe quel assassin peut prétendre qu'il ne fait qu'exercer ses droits naturels. Si la charte de vos libertés entraîne mort et désespoir pour d'incalculables multitudes, alors elle n'est rien d'autre qu'une licence de massacre
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Rencontre avec le romancier Amitav Ghosh, auteur de "Le grand dérangement : d'autres récits à l'ère de la crise climatique" et de "Gun Island".
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