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EAN : 978B005R4CU5W
(29/09/2011)
4/5   6 notes
Résumé :
Ce livre est une oeuvre du domaine public éditée au format numérique par Ebooks libres et gratuits. L?achat de l?édition Kindle inclut le téléchargement via un réseau sans fil sur votre liseuse et vos applications de lecture Kindle.
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Que lire après Un héros de notre temps - Le DémonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Michel Lermontov,

Un Héros de notre temps.

Attention, chef-d'oeuvre.
Duel au sommet, beuveries épiques, paysages pittoresques et sauvages, chassé-croisé amoureux, désillusions de jeunesse, cavalcade dans les steppes, coeurs déchirés entre l'honneur et la passion, entre le bonheur est le désir, bref ! Tous les thèmes chers à nos amis russes sont présents dans l'ouvrage, un héros de notre temps. Michel Lermontov aurait pu avoir la renommée d'un Tolstoï, d'un Dostoïevski si sa vie avait duré quelques années de plus. Et pourtant, il est aujourd'hui un des pères fondateurs de la littérature russe grâce à deux oeuvres : le Démon (poème) et Un héros de notre temps.
Sa vie, comme sa production littéraire, est somme toute assez courtes mais d'une extraordinaire densité. Soldat de la garde, rébellion contre Alexandre 1er, exil, inspiration loin de la ville de Pierre, et retour triomphal, mort romanesque, inscription au panthéon des grands. Finalement, une certaine impression de déjà-vu : une sorte de Pouchkine militaire.
Tout d'abord, l'originalité d'Un héros de notre temps se trouve dans sa narration volontairement décousue. Les péripéties de Pietchorine, jeune lieutenant de l'armée russe, nous sont contées de la manière la plus originale. Deux voyageurs parlent de lui et évoquent ses faits d'arme, puis ils se séparent et l'un donne à l'autre le journal intime dudit Pietchorine que l'on va lire pour connaître un second pan son histoire pathétique. Cette narration donne de l'ampleur au personnage central qui est donc décrit dans un premier temps via le regard critique mais admiratif d'un ancien frère d'arme, puis dans un second temps, de l'intérieur, via l'expression de ses propre sentiments, couché avec brio sur un brouillon qui nous est livré.
Le contexte du livre : début du 19ème siècle, alors que la contagion des idées européennes a atteint la jeune intelligence russe à tendance dangereusement gauchisante, le Tsar fait le ménage et expulse à tour de bras aux quatre coins du vaste empire. Un de ces quatre coins est perdu dans le Caucase entre sa steppe et ses monts. Là-bas, la jeunesse gâtée et rebelle se retrouve exilée : officiers déchus après d'hasardeux duels, officiers à la réputation sulfureuse, conspirateurs, ils sont loin de tout et leurs énergiques velléités révolutionnaires se sont transformées en passions amoureuses avec les Tcherkesses, en fumée de pipe et eau-de-vie, en rivalités fatales et en combats héroïques contre un ennemi qui ne semble là que pour la gloire de se battre. Au final, quelle riche idée d'exiler ces jeunes gens et de les envoyer poursuivre des chimères dans un décor dont l'immensité dépasse leur radicalisme ! Notre héros est bringuebalé entre ces paysages somptueux et la ville des eaux ou les officiers désoeuvrés côtoient les jeunes filles désespérées aux milieux des montagnes.
Soyons honnête : « Héros » n'a pas l'acception que vous connaissez. Pietchorine n'a pas grand-chose d'héroïque si ce n'est un certain courage qui relève plus d'un mépris de la vie que d'une force morale. Il est prétentieux et misogyne, amoral et solitaire, il n'a pas de but, ne construit rien et ne croit en rien à part une ridicule idée de la « destinée ». Il joue des sentiments des autres et abandonne sciemment son bonheur pour son plaisir. Il est un enfant du 19ème siècle russe : celui des nihilistes. Mais hors de tout matérialisme, notre Pietchorine est juste un égoïste fini. Alors pourquoi un « héros » de notre temps ? Eh bien parce que les temps sont mauvais : les femmes s'ennuient du classicisme et cherchent la passion, la jeunesse est désoeuvrée, elle conspire contre le « vieux monde », elle a lu Schiller et Byron, chefs de file d'un romantisme aux tendances libérales. Et Pietchorine est l'enfant de ce siècle perdu, terreau fertile de l'apocalypse inévitable. Pietchorine est l'anti-héros symbolique, le fruit pourri d'une époque trouble.
Un héros de notre temps est aussi le premier roman psychologique russe. On connaît le talent de Dostoïevski pour avoir popularisé le genre, on sait désormais le nom du précurseur de cette fine et profonde description des coeurs et des esprits. L'analyse est si juste que vous vous surprendrez inévitablement à penser à votre propre entourage en découvrant l'authenticité et le réalisme des différents personnages. Cet aspect du roman vient probablement du fait qu'une bonne part des récits qui le composent est autobiographique.
Et puis que serait la littérature russe sans ses attachants défauts clairement assumés ? Que de hasards ! On parle du loup et comme par hasard, il sort du bois. On complote contre Pietchorine et comme par hasard Pietchorine passe sous la fenêtre et déjoue le noeud majeur de l'intrigue. Un homme gagne à la roulette russe et le soir même il prend un grand coup de sabre généreusement octroyé par un cosaque ivre qui « passait par-là », jouant surement le rôle de la « destinée » et donnant au texte l'aspect d'une parabole plus que d'un récit. Ces raccourcis ou ces coïncidences n'ont sans doute aucune espèce d'importance à l'époque où la superstition côtoie en permanence la réalité. Au fond, qu'importe tant le talent narratif de Lermontov inonde chacune des pages du livre. On oublie, amusé, ces petits coups de pouce du destin que l'auteur s'envoie allègrement.
Au final, on ne peut s'empêcher de penser que la littérature nous offre toutes sortes d'écrivains. Lermontov appartient à la catégorie des étoiles filantes dont la fin est aussi brutale que romanesque et mystérieuse. Plus le talent est grand et plus la carrière est courte ! Regardez Gogol est Pouchkine. En un si petit livre, Michel Lermontov offre un héritage incommensurable à la Russie littéraire et ouvre la porte à travers laquelle tant vont s'engouffrer.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Après avoir pris congé de Maxime Maximitch je traversai rapidement les défilés du Terek et du Darial ; je déjeunai au Kazbek, bus le thé à Larse, et me hâtai afin d’arriver pour le dîner à Vladicaucase. Je vous ferai grâce ici de la description de la montagne, d’exclamations qui n’expriment rien et de tableaux qui ne représentent pas grand’chose, excepté pour ceux qui n’y sont pas allés. Je ne vous ferai pas non plus de remarques statistiques que décidément personne ne veut lire.
Je m’arrêtai à l’hôtellerie où descendent tous ceux qui passent et où cependant personne ne put seulement nous faire rôtir un faisan et bouillir un peu de soupe aux choux, car les trois invalides à qui la maison était confiée se trouvaient tellement ineptes et tellement ivres, qu’il était impossible de chercher à obtenir d’eux quelque chose.
Ils me déclarèrent que je devais séjourner là encore trois jours, parce que l’occasion d’Ekatérinograd n’était pas encore arrivée, et par conséquent ne pouvait encore retourner. Quelle occasion ! Mais un mauvais calembour n’est pas une consolation pour un Russe, et afin de me distraire, je songeai à écrire le récit de Maxime sur Béla, ne pensant pas alors qu’il ne serait que la première partie d’une longue suite de récits. Vous avez vu comment un événement insignifiant peut avoir quelquefois des suites fâcheuses. Mais à propos, peut-être ne savez-vous pas ce que c’est que l’occasion ? C’est l’escorte composée d’une demi-compagnie d’infanterie et d’artillerie qui accompagne les transports militaires à travers le pays de Kabarda entre Vladicaucase et Ekatérinograd.
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Le Démon



extrait 3

.Ainsi donc, le malheur farouche
Fondait sur le palais bruyant ;
Thamar se jette sur sa couche,
éclate en sanglots déchirants,
Et son sein oppressé halète…
Tout à coup une douce voix,
Voix d’enchanteur et de poète,
Jaillissant de la nuit muette,
La remplit d’extase et d’effroi :
«O chère enfant en vain tu pleures :
D’un stérile espoir tu te leurres,
Si, sur un corps inerte et froid,
Tu crois répandre une rosée
Vivifiante, et si tu crois
Que, de tes larmes arrosée,
La chair morte peut refleurir…
Tes pleurs ne feront que flétrir
Et brûler la fleur de tes joues,
Et qu’enténébrer tes beaux yeux
Et cet époux auquel tu voues
Tant de soins, la clarté des cieux
à présent rayonne et se joue
Dans son regard transfiguré ;
Il entend des chants éthérés ;
Que sont donc la terre et ses songes,
O vierge, que sont tes chagrins,
Pour un hôte des deux sereins ?
Le deuil terrestre est un mensonge.
Crois-moi, doux Ange d’ici-bas,
Le sort d’un être périssable,
D’un être de chair, ne vaut pas
Un de tes pleurs inestimables !
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Le Démon



extrait 4

Oui, par le premier jour du monde,
Par l’effroi de son dernier jour,
Par la honte du crime immonde,
Par le victorieux retour
De la Justice et de l’Amour ;
Par l’épouvante de la chute,
Par l’immense orgueil de la lutte,
Et par ma brève ambition
Et mes espoirs d’une minute ;
Par l’immortelle vision
Que j’eus au temps de l’innocence,
Et qu’évoqué en moi ta présence ;
Par la redoutable imminence
De notre séparation ;
Par le sort de mes anciens frères,
Par tous les Esprits conjurés ;
Par mes vigilants adversaires,
Les archanges, par leur bannières,
Et par leurs glaives acérés ;
Par le ciel, par l’enfer, je jure,
Et par ce que vous adorez,
Vous, les tremblantes créatures ;
O Thamar, je jure par toi,
Par ta sainteté, par ta foi,
L’haleine de ta bouche pure,
Les vagues de ta chevelure,
Tes premières larmes, et par
L’éclair de ton dernier regard ;
Par mon bonheur, par ta souffrance,
Je jure enfin par mon amour
Que j’ai renoncé pour toujours
À mon orgueil, à ma vengeance.
Je ne sèmerai plus jamais
Le venin de la flatterie.
J’apprendrai comme on aime et prie ;
Avec le Ciel je veux la paix !
Je veux croire au bien ; vois, j’efface
D’une larme de repentir
Sur mon front foudroyé, la trace
Du feu céleste. — II va fleurir
Dans une paisible ignorance,
Le monde que par ma science.
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Le Démon


Extrait2

Errant sans but et sans asile
Dans le Désert de l’infini
Voilà longtemps que le Banni
Voit s’enfuir les siècles stériles
Emportés d’un essor fatal.
Sur notre monde de souffrance,
Sur la Terre, il répand le mal
Sans effort et Sans jouissance.
Mais la servile Obéissance
Des humains enfin laisse En lui
L’ennui du mal, le pire Ennui.
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Lire un extrait
Video de Michaïl Lermontov (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michaïl Lermontov
My Lonely Way, texte Mikhail Lermontov, musique Elisaveta Shashina, interprète Sergeï Lemeshev
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