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Claude Noël (Autre)
EAN : 9782264030368
357 pages
10-18 (23/10/2001)
4.17/5   130 notes
Résumé :

« Cinq années d'ennui, sans même le son des trompettes ! » Dans ce livre, George Orwell relate son expérience d'officier dans les forces de l'ordre en Birmanie de 1922 à 1927. II marque également sa prise de conscience personnelle et son interrogation sur le destin de l'Angleterre en tant que puissance coloniale.

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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Ramené en souvenir d’un voyage en Birmanie, ce récit m’a fait plonger en pleine époque coloniale, vers 1920. Sans doute largement inspiré par sa propre expérience de fonctionnaire de Sa Majesté sur place (aux « Indes », comme on disait), Orwell nous raconte le quotidien de la petite communauté britannique (une dizaine de personnes) de Kyautkada, bourgade provinciale en bordure de jungle.
Quasiment oubliés (et oublieux) de la Mère Patrie, ces exilés volontaires ont pour point de ralliement le « Club », où ils se réunissent quotidiennement, accablés de chaleur, d’ennui et d’alcool. Le gin mis à part, leur autre passe-temps favori est de critiquer les Birmans, accusés de tous les maux, et qualifiés, entre autres, de sales fainéants bons à rien qui, ingrats, ne pensent qu’à se soulever contre leurs bienfaiteurs civilisés. En vertu de l’ « incontestable » suprématie de la race blanche, les colonisés sont « naturellement » rabaissés au rang d’esclaves ou de bêtes de somme.
Imaginez alors la tête de ces Rosbifs quand leur parvient une lointaine circulaire leur enjoignant d’intégrer un « indigène » au sein du Club. Certains manquent s’étouffer de rage, voyant là le début de la décadence du glorieux Empire des Indes.
D’autres péripéties s’enchevêtrent à ce psychodrame de l’élection d’un « nègre » au Club : l’arrivée d’Elizabeth, jeune nièce écervelée (elle a des excuses) des Lackersteen, qui va chambouler le cœur de Flory (il a des excuses aussi), célibataire endurci par la force des choses (càd par l’absence de femmes occidentales dans ces contrées) ; les manœuvres et complots en tous genres fomentés par le détestable U Po Kyin pour s’attirer les faveurs des Blancs, et/ou des pots-de-vin, et/ou des avancements (tous les coups seront permis).

Premier roman de George Orwell, ce qu’il décrit n’est sans doute pas très éloigné de la réalité de l’époque, et c’est consternant. Entre le désœuvrement des colons et l’incurie de certains fonctionnaires locaux, les Indes britanniques semblent plus proches de la décadence que de la gloire. Le racisme à l’encontre des Birmans (et des races autres que blanche) est effrayant. Ils ne sont tolérés que parce qu’ils sont utiles.
Orwell n’est pas tendre avec ses compatriotes, et on peut supposer que le jeune Flory est son double romanesque, considéré comme « bolchevik » en raison de ses idées égalitaristes.
Certains personnages sont croqués férocement (et pas seulement dans le clan anglais), mais le ton n’est pas dépourvu d’un certain humour british.
Récit bien écrit, dans un style classique et linéaire, ce livre est agréable à lire. Mais je déconseille l’édition Ivrea, de qualité médiocre (mauvais papier et encre, marges intérieures parfois très limitées).

Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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C'est le premier roman, publié en 1934, d'un inconnu nommé Eric Blair. Qui ne signera plus que sous le nom de George Orwell.
La première édition de Burmese Days , traduite sous le titre La tragédie Birmane , avait été publiée en France en 1946.
C'est une histoire tragique qui se déroule dans une petite ville du nord de la Birmanie. Quelques individus y tournent en rond , les réunissent l'ennui , l'alcool, et le dégoût de la race inférieure indigène.

Le personnage central, Fleury, est sans doute le seul que je sauverais de ce gâchis. Ce n'est pas un mauvais bougre, mais il a une très mauvaise image de lui, et est, forcément, très soucieux du regard posé sur lui. Il aime la Birmanie, il a des amis indiens, mais les soutenir publiquement est au dessus de ses forces.
Mais il ne faut pas croire que ce soit plus sain de l'autre côté où la corruption règne.
C'est un livre tout à fait autobiographique. Né au Bengale, Eric Blair est rentré à l'âge d'un an en Angleterre. Son père est employé des services de lutte contre l'opium; la famille de sa mère fait du commerce en Birmanie.
Et à 19 ans, il s'engage dans la police impériale indienne... Il sera policier en Birmanie pendant ces 5 ans, et c'est bien là, en Birmanie, que sa lucidité devant les injustices en a fait l'écrivain qu'il est devenu.


C'est un livre que j'ai mis longtemps à lire, non pas parce qu'il est difficile, pas du tout, bien au contraire, les descriptions si justes de cette bêtise humaine n'ont pas pris une ride, et pourraient être transposées à notre époque dans n'importe quel petit cercle fermé. Rien n'a beaucoup changé, hélas.
Mais parce que baigner dans cet univers est assez pesant ( se rajoute le poids de la nature, la jungle, très étouffante..) que le pauvre Fleury me faisait pitié, et que je craignais la fin. Je l'ai fini, pas de surprise...

Très bon et réaliste document, beau et triste roman.


Un ( long) extrait:
" Ah, docteur, soupira Fleury, étendu sur sa chaise longue, quelle joie de me retrouver ici après ce fichu Club! Quand je viens vous voir, j'ai le sentiment d'être un pasteur non conformiste en goguette qui ramène une putain de la ville. C'est si bon de se sentir en vacances, loin de ces gens là- il pointa un talon en direction du Club- de mes bien-aimés collègues bâtisseurs d'Empire.
Le prestige britannique , le fardeau de l'homme blanc, le pukka sahib sans peur et sans reproche et tout le bazar! Ca soulage, une petite parenthèse comme ça.
- Allons, allons, cher ami, voyons, je vous en prie!Ce n'est pas bien! Il ne faut pas dire des choses pareilles de ces honorables gentlemen anglais.
- On voit bien docteur, que vous n'avez pas à supporter les propos de ces honorables gentlemen. Moi, je les ai supportés jusqu'à la limite de ma patience: Ellis et ses "sales nègres", Westfield et ses plaisanteries, Macgregor et ses citations latines éculées et ses " veuillez donner quinze coups de fouet au porteur"......
... - Ecoutez, monsieur Flory, vraiment, il ne faut pas parler comme cela! Pourquoi dites-vous toujours du mal des pukkha sahibs, comme vous les appelez? Ils sont le sel de la terre. N'oubliez pas les grandes choses qu'ils ont réalisées , n'oubliez pas les grands administrateurs qui ont fait de l'Inde britannique ce qu'elle est..... Voyez la noblesse de sentiments des gentlemen anglais! Leur admirable loyauté les uns envers les autres! Même ceux d'entre eux dont le comportement n'est pas des plus louables- car certains Anglais sont effectivement arrogants, je vous l'accorde- ont les grandes, les solides qualités qui nous manquent, à nous autres Orientaux. Sous leur écorce rugueuse, ils ont des coeurs en or.
- Disons de plaqué or. Il y a entre les Anglais installés dans ce pays une sorte de camaraderie complètement bidon. C'est pour nous une tradition que de nous saouler la gueule de conserve , d'échanger des invitations à dîner et de faire semblant d'être amis, alors que nous nous haïssons cordialement. Nous appelons ça nous serrer les coudes. Il y a là une nécessité politique. C'est la boisson, bien sûr, qui fait tourner la machine; sans elle , nous deviendrions tous fous furieux et nous nous mettrions à nous entretuer au bout d'une semaine. Tenez, docteur, voilà un beau sujet pour un de vos essayistes distingués: de la boisson en tant que ciment de l'Empire!
Le docteur secoua la tête.
" Je ne sais vraiment pas, monsieur Flory, ce qui vous rend cynique à ce point. C'est horriblement gênant. Un gentleman anglais si doué, si comme il faut, tenant des propos séditieux dignes du Patriote birman!
- Séditieux? dit Flory. Je ne suis pas séditieux le moins du monde. Je ne veux absolument pas que les Birmans nous éjectent de ce pays. le ciel nous en préserve! Si je suis ici, c'est pour faire de l'argent, comme tout le monde. Je suis contre ce vieux canular de fardeau de l'homme blanc, voilà tout. Je refuse de poser au pukka sahib. C'est assommant. Ces pauvres connards du Club eux- mêmes pourraient se révéler un peu plus vivables si, tous autant que nous sommes, nous ne vivions pas dans un perpétuel mensonge.
- Quel mensonge, cher ami?
- Mais, voyons, celui qui consiste à prétendre que nous sommes ici pour le plus grand bien de nos pauvres frères de couleur, alors que nous sommes ici pour les dépouiller, un point c'est tout. Je suppose que ce mensonge est on ne peut plus naturel. Mais il nous corrompt de diverses manières que nous n'imaginons même pas. Nous avons constamment le sentiment d'être des spoliateurs, des menteurs; ce qui nous rend coupables et nous amène à nous justifier sans trêve ni répit. C'est là le fondement d'une bonne partie de notre conduite infecte à l'égard des indigènes. Nous pourrions être à peu près supportables, pour peu que nous voulions bien admettre que nous sommes des voleurs et que nous continuions à voler sans complexes..."


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Un excellent roman, le premier d'un auteur qui devait devenir célèbre après sa mort avec la fameuse dystopie "1984".
Birmanie coloniale britannique, années 1920. Dans une petite station, où les colons anglais s'occupent essentiellement d'administrer cette partie est de l'Empire Indien et d'en exploiter les ressources forestières, les quelques ressortissants britanniques mènent une vie d'ennui et de boisson, centrée autour du Club qui leur est exclusivement réservé. Parmi eux Flory se distingue par ses relations d'amitié avec un médecin indien, le Dr Veraswamy, et par le fait qu'il considère Birmans et Indiens comme des êtres humains et non comme des peuples inférieurs, contrairement à Ellis, ouvertement raciste. Souvent taxé de "Bolcho" en raison de son humanisme, il souffre pourtant de la solitude et de l'exil, noyant son mal-être dans l'alcool ou dans une relation avilissante avec une concubine. C'est alors que survient Elizabeth, nièce orpheline du couple Lackersteen et jeune fille à marier, et Flory, malgré ses complexes, fait figure de héros à ses yeux, pour l'avoir sauvé d'un buffle inoffensif, puis lui avoir fait partager une partie de chasse. Il tombe amoureux et se prend à rêver au mariage... C'est compter sans le jeune lieutenant de cavalerie Verall et les intrigues tortueuses d'un sous-magistrat birman sans scrupules dont l'ennemi est le médecin indien, et donc par ricochet Flory.
Une peinture sans concession de la mesquinerie et de l'ennui de la vie coloniale, du mépris des Occidentaux pour la population, une évocation émerveillée de la nature et des usages birmans, des moments forts comme la partie de chasse ou une rébellion spontanée et avortée qui fait trembler les Européens, un drame à l'intrigue impeccable, un suspense qui croît au cours de la lecture. Bref un remarquable classique à redécouvrir.
Lu en V.O.
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Ce roman publié en 1934 s'inspire de l'expérience de l'auteur qui fut officier anglais en Birmanie entre 1922 et 1927.
Flory, le personnage principal, est un homme d'environ 35 ans, célibataire, il est marchand de bois et ami du docteur Veraswami ce que lui reproche férocement les autres membres du Club, tous des colons plutôt aigris, racistes… Quant à lui, Flory, il aime la Birmanie, ses autochtones. Bien évidemment cela ne suffit pas à faire un roman, vient s'ajouter aux querelles des « blancs » une histoire d'amour, des complots, d'ailleurs le magistrat Birman U Po Kyin est prêt à tout pour réussir.
Orwell dépeint très bien cette atmosphère lourde de racisme, de haine, de jalousie, de révoltes, de mesquinerie de la vie coloniale, ce qui donne du réaliste au roman, beau sous la plume d'Orwell mais bien triste par son histoire, on se révolte en le lisant, le poil se hérisse parfois, voir souvent.
Un très bon roman dont l'intrigue vous tient tout le long de sa lecture, pas de longueurs, belle écriture.
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Livre acheté et lu pendant mon séjour en Birmanie. Quoi de mieux, que de lire cette intrigue coloniale dans le pays même ?
On suit une petite communauté anglaise dans un poste reculé et oublié dans le nord du pays.
Les conflits entre les « contre » et « pro » colonisation se font déjà sentir. On assiste souvent au mal-être des Britanniques, nostalgiques de la mère-patrie, qui se retrouvent à essayer de préserver leurs traditions anglaises au milieu d'une culture qu'ils jugent inférieure mais qui tend à les acculturer. Mais, loin de tout manichéisme, les Birmans ne sont pas toujours présentés comme respectables. On assiste alors à des complots, des retournements de situation, en fonctions des alliances personnelles.
Certainement autobiographique, Orwell ayant été soldat dans ce pays, ce roman est une petite merveille.
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critiques presse (1)
LeMonde
17 décembre 2018
Orwell écrit un ouvrage radicalement anticolonialiste, qui traite autant de la mise au pillage du patrimoine naturel des colonies que de la misère faite aux colonisés. Il inaugure par là une œuvre tout entière portée par cette idée : avoir raison impose parfois de penser non seulement contre soi-même et contre son camp, mais aussi contre toute la société dont on est le rejeton.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
« Mon cher docteur, dit Flory [personnage qui incarne Orwell], comment pouvez-vous imaginer que nous sommes ici pour autre chose que pour voler notre prochain ? C’est pourtant très simple. Le fonctionnaire maintient le Birman à terre tandis que l’homme d’affaires lui fait les poches. [...] Jamais nous n’avons appris aux Indiens un seul métier utile. Nous n’osons pas : cela nous ferait trop de concurrence sur le marché. Nous avons même anéanti certaines industries. Les mousselines indiennes, par exemple : où en fait-on aujourd’hui ? Autrefois, vers 1840, on fabriquait encore en Inde des navires qui tenaient la mer et que l’on savait faire naviguer. Maintenant, pas question de fabriquer ici le moindre bateau de pêche. Au 18° siècle, les indiens savaient fondre des canons qui valaient bien n’importe lequel de nos canons européens ...

Mon ami, mon ami [Ce personnage est un birman « blanchi », une réplique de « l’oncle Tom » colonisé], vous oubliez le tempérament oriental ! Comment pourrions-nous par nous même suivre le progrès, avec notre apathie, notre superstition ? Vous du moins, vous nous avez apporté la loi et l’ordre - l’inébranlable justice anglaise et la pax britannica ...

Je ne nie évidemment pas, dit Flory, que nous n’ayons modernisé ce pays dans une certaine mesure. Nous ne pouvons faire autrement. [...] Mais nous ne civilisons pas les Birmans : nous ne faisons que les contaminer. Où croyez-vous donc que vont mener les progrès de la civilisation moderne, comme vous dites ? Rien qu’à produire des gramophones et des chapeaux melons. Il m’arrive parfois de penser que dans deux cent ans d’ici, il ne restera plus rien de tout cela. - Du pied, il désigna l’horizon. Les forêts, les villages, les monastères, les pagodes, tout aura disparu. Il n’y aura plus à leur place que des pavillons roses à cinquante mètres de distance l’un de l’autre ... » (extrait pages 52-55 d’une Histoire birmane, Ed° IVREA 1996)
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? Quoi, il va se marier ? interrogea Ba Pe.
? J'en suis certain. Quand un Blanc se met à aller à la pagode anglaise, c'est pour ainsi dire le commencement de la fin
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« Pauvre gars, dit Westfield. Un vrai martyr de la bouteille, hein ? L’alcool lui suinte par tous les pores. Il me fait penser à l’histoire du vieux colonel qui roupillait toujours sans moustiquaire. On demandait aux domestiques pourquoi et les domestiques répondaient : »la nuit, maître trop saoul pour remarquer moustiques ; le matin, moustiques trop saouls pour remarquer maître. » (page 27)
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Qu’elle joie de rencontrer quelqu’un qui aime les livres ! Je parle évidemment de livres dignes d’être lus, pas de ces ordures qu’on emprunte au Club. Mais je parle, je parle sans arrêt. J’espère que vous voudrez bien m’en excuser. Quand je tombe sur une personne qui sait que les livres existent, j’explose comme une bouteille de bière chaude. (Page 109)
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C'était une femme incapable, sotte, geignarde, qui négligeait tous ses devoirs en prétextant une sensibilité dont elle était totalement dépourvue.
Après s'être vaguement occupée durant des années de féminisme et de pensée transcendantale et avoir fait quelques tentatives littéraires avortées, elle s'était, en fin de compte, lancée dans la peinture. La peinture est le seul art que puisse pratiquer une personne sans talent ni persévérance au travail. Elle posait dons à l'artiste exilée parmi les "philistins", ce qui lui donnait toute liberté pour ennuyer tout le monde.
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