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EAN : 9782246858461
107 pages
Grasset (04/01/2017)
3.75/5   118 notes
Résumé :


Ça commence comme une nouvelle d'Alice Munro : lors de son déménagement, une romancière est abordée par sa voisine du dessus qui l'a reconnue, et l'invite chez elle pour parler de Charlotte Delbo.Ça continue comme un récit d'Isaac Babel. Car les parents de Jenny, la voisine née en 1925, étaient des Juifs polonais membres du Bund, immigrés en France un an avant sa naissance.

Mais c'est un livre de Geneviève Brisac, un « roman vrai » en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
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Entre roman et récit l'auteur met ses pas dans ceux de Jenny-Plocki, Eugènie , dite "Nini, née en 1925, dont elle retrace le portrait intime et le destin .....
Leurs voix se mêlent, se croisent, se répondent avec grâce, d'une manière fort émouvante, convaincante, intense, qui prend aux tripes.
Au coeur de ce "roman vrai ", en forme de traversée du siècle, l'auteur cède la parole à Jenny, au hasard d'un déménagement !

Celle -ci l'a reconnue et l'invite chez elle pour parler de Charlotte -Delbo l'auteur de "la trilogie d'Auchwitz" dont j'ai déjà parlé ailleurs......

Jenny dit:" Je ne suis personne,pourquoi parler de moi? Et pourtant nous parlons d'elle .
De la rafle du Vel d'Hiv à laquelle elle a échappé le 16 juillet 42......
Geneviève .B écoute attentivement la parole de Jenny , l'histoire de ses parents émigrés juifs polonais , déportés, jamais revenus, puis ses années de survie dans la capitale occupée, la peur, la faim, les humiliations, une merveilleuse amitié avec Monique, l'engagement politique à gauche, les crimes du stalinisme, la guerre d'Algérie, mai 1968.
L'auteur concentrée, questionne , réinvente "le plus loyalement possible la vie de Jenny", confronte leurs passions littéraires, interroge sa propre vie, ses engagements, le deuil de ses parents.
On passe d'un temps à l'autre, d'un lieu à un autre;
Pas de sensiblerie, aucune noirceur, pudeur et sobriété donnent un ton authentique , inédit, une puissance infinie à ce "récit - témoignage ."
Un texte tissé serré, économe, d'une intensité rare, beau et touchant , (des faits palpables, implacables,), étonnant de maîtrise , vivant, précieux, la petite histoire dans la "Grande," par le pouvoir évocateur des mots .

Ce récit mélange de façon subtile celui de la narratrice et celui de Jenny, - ne jamais renier ses convictions, - lutter contre l'anéantissement -ne jamais renoncer à ses idéaux malgré les tragédies et les deuils ......
L'auteur rend justice à ces" Héros de l'ombre" , leur redonne vie comme au père de Jenny , qui , dans le train qui le conduisait vers la mort a écrit ces mots à ses enfants: "Vivez et Respirez "....
Un texte pour lutter contre l'anéantissement et l'oubli !
Mais ce n'est que mon avis , bien sûr !
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Avec « Vie de ma voisine », Geneviève Brisac nous propose un court roman émouvant qui nous fait parcourir les principaux évènements du XXe siècle.

La narratrice qui vient d'emménager dans un nouvel appartement fait la connaissance d'Eugénie Plocki, dite Jenny, sa voisine. Celle-ci lui propose de lui parler de Charlotte Delbo qu'elle a bien connue. Commence alors un long dialogue entre les deux femmes ou Jenny se raconte.
L'histoire de ses parents juifs, polonais et athées, arrivés en France dans les années 20. Sa naissance en 1925, la vie et les petits boulots de ses parents qui vendaient des chaussettes par lots de six paires ou trois sur les marchés.
Les années 30 et le Front Populaire, la trahison de la politique de l'Union Soviétique.
Arrive la guerre, les mesures anti-juives, le recensement des Juifs et l'obligation de porter l'étoile jaune. « Il faut aller chercher les morceaux de tissu imprimés de couleur jaune dans les commissariats et les échanger contre un ticket de vêtements……. Ensuite les découper selon les pointillés. Replier les bords et les coudre sur les vêtements. Il y a trois étoiles obligatoires par personne ». Les rafles. La famille est arrêtée, parquée dans une villa de banlieue, on leur annonce que les enfants Français pouvaient partir : « Mes parents se regardent, ils n'échangent pas un mot, ils décident ensemble que nous allons sortir. Ils sont les seuls à avoir pris cette décision. Les autres parents préfèrent garder leurs enfants avec eux, ils pensent qu'ainsi ils pourront les protéger ». « Les autres enfants sont restés. Et tous sont morts. On peut lire leurs noms sur les plaques des écoles».
Le temps de la survie, la fin de la guerre et ce deuil impossible. Et puis ce message de son père écrit en Yiddish, lancée du train qui les porte à l'abattoir :
« Zayt ruhik kinder - Soyez tranquilles les enfants
Mame un ikh - Maman et moi
Mir forn avekh - Nous partons
Tsuzamen tsu - Ensemble
Papa
Lebt un hoft - Vivez et espérez ».
C'est ce qu'elle fera.

D'une écriture simple, fait de courtes phrases sans fioritures, « Vie de ma voisine » est un témoignage fort sur la Shoah, parfois un peu brouillon, mais bouleversant.
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Cet ouvrage est la retranscription d'un échange entre l'auteur et Jenny Plocki.
Née en 1925, rescapée de la rafle du Vélodrome d'Hiver, Mme Plocki est une militante de gauche, engagée dans l'enseignement et le féminisme. Elle a été la compagne pendant 60 ans de Jean-René Chauvin, lui, rescapé des camps de concentration et membre du comité central du Parti communiste internationaliste.
Le décor est planté pour ceux qui, comme moi avant cette lecture, ne connaissent pas ces personnalités (au sens propre comme au sens figuré).
Il s'agit donc du témoignage de cette femme à travers ses épreuves et ses engagements au cours du XXème siècle. Ce qui m'a bouleversée est le récit des insidieuses exactions quotidiennes qu'elle a subies ainsi que sa famille en tant que Juifs pendant l'occupation, les détails du quotidien qui échappent aux livres d'Histoire et aux romans, souvent mélodramatiques, qui se déroulent à cette époque.
Parce que Mme Plocki est d'une pudeur absolue mais aussi parce qu'elle a le sens de la narration, on ressent la terrible profondeur des contours qu'elle n'aborde que du bout des lèvres, sans victimisation. Elle tire sa force de l'amour de ses parents, de leur éducation dont la dernière marque est relatée dans une scène incroyable (« directives et conseils » de la mère au moment de l'arrestation du 16 juillet 1942).
Est évoquée également la politisation de l'adolescente qui accompagne son père aux manifestations et notamment à celles des grèves de 1936 ; mais aussi le goût de la culture transmis par des parents plutôt avant-gardistes, bienveillants et respectueux de la liberté de leurs enfants. Ils seront les repères qui lui permettront de finir ses études malgré les circonstances et de donner un sens à son existence en s'engageant dans le militantisme.
Ce récit mélange de façon subtile celui de la narratrice et celui de Mme Plocki, leurs activités communes liées à leur statut de voisines (une recette de cuisine, un conseil en jardinage) et la présentation des souvenirs que Mme Plocki a conservé comme son étoile jaune mais aussi le carnet des spectacles auxquels elle a assisté dès avant-guerre.
Je recommande vivement la lecture de ce « roman vrai ». A travers le témoignage de ce tragique destin individuel, il rappelle en force la cruauté des uns envers les autres, l'inhumanité devenue norme d'Etat à une époque pas si lointaine de la nôtre mais dont les témoins directs auront bientôt disparu.

Je remercie les Editions Grasset et Netgalley pour cette bouleversante découverte.
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Une rencontre, lors du déménagement de Geneviève BRISAC dans son nouvel immeuble, va se produire avec Jenny PLOCKY. Leur lien : Charlotte DELBO.

Une amitié va naître entre elles et Jenny va se confier à Geneviève. Mais sans mièvrerie, sans apitoiement sur ce qu'a été sa vie. On remonte le temps avec Jenny, on fait un tour d'horizon des années 1900 à nos jours.

Un petit livre très court qui se lit facilement, tout en pudeur. Je l'ai lu en une soirée. Pour ne pas oublier, surtout en ces périodes troubles. « Vivez, espérez », voilà le message que nous délivre Jenny PLOCKY.
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L'auteur aménage dans un nouvel immeuble et sympathise avec une voisine, Jenny, qui, au fil des jours lui raconte sa vie.
Née en 1926, ses parents étaient des juifs polonais athées, aux idées très larges.
On parcourt ainsi l'Histoire, de 1930 à nos jours.
Jenny a eu une existence très exposée, surtout dans sa jeunesse, mais jamais ne se plaint. C'est une personnalité très attachante.
Certes, tous ces évènements horribles ont déjà été dits et redits, mais en même temps ils ne le seront jamais assez.
Et ils continuent à nous glacer.
Le fait que ce soit un témoignage actuel les rend encore plus poignants.
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critiques presse (4)
LeMonde
28 mars 2017
Geneviève Brisac livre avec sensibilité le parcours d’une figure de la gauche révolutionnaire, rescapée de la rafle du Vél’d’Hiv en 1942.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
15 février 2017
On passe d'un temps à l'autre, d'un lieu à l'autre, le texte est tissé serré, d'une extrême économie, d'une formidable intensité.
Lire la critique sur le site : Telerama
Culturebox
09 février 2017
Un témoignage essentiel, comme chaque voix portant cette mémoire, que la romancière transmet avec vigueur et délicatesse.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaCroix
03 février 2017
Geneviève Brisac, avec une grande économie de moyens, raconte une et plusieurs vies dans les tragédies du siècle dernier.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
"Elle est la ménagère parfaite que sa mère lui a appris à être au village, parce que la Pauvreté enseigne aux filles à se servir de tout ce qu'elles ont sous la main,tout récupérer, ne rien gâcher, être attentive à tous les détails.
Elle aspire à autre chose. Vivre Vraiment et Vivre Libre ......"
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" Des années de contact avec la peau humaine donnent au bois le plus grossier une teinte noble et semblable à l'ivoire. Il en va de même pour les mots .
Il faut leur appliquer une" paume tiède "et ils se transforment en un "trésor vivant ".
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A cette époque, grâce à un ami, Roger Hessel, le frère de Stéphane Hessel, je découvre les auberges de jeunesse. J’adhère au mouvement des A.J. Ce sont des jeunes gens qui souvent ont été résistants : ils n’étaient pas suspects aux yeux des nazis, qui y voyaient une organisation de jeunesse tournée vers le sport et la nature. Jouant longtemps double jeu, ils ont pu faire des choses magnifiques. Nombre d’entre eux ont été déportés, nombre d’entre eux sont morts. C’est, en 1948, une organisation qui allie l’esprit de 36 et le goût des vacances partagées, entre jeunes gens. Un monde joyeux peuplé de bicyclettes, où l’on s’habille en short, chemise retroussée aux coudes, aux pieds des grosses chaussures, à la bouche les chants de marche et les chants révolutionnaires , les chants traditionnels et les chansons d’amour.
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p.147 et 148 Je n'ai jamais rien fait d'autre qu'appliquer, avec plus ou moins de réussite et de grâce, les principes auxquels je tiens. Les appliquer à la vie de tous les jours. Je ne crois à rien d'autre. La créativité partagée jour après jour, dessin après dessin. L'égalité entre les enfants, jour après jour, incident après incident. La lutte contre les peurs, qui sont toujours peurs de l'inconnu et peur de l'autre et peur de soi-même et honte.
La hiérarchie illégitime : les inspecteurs, les directeurs, les petits caïds, ne m'ont jamais fait peur.
Je ne vois pas d'autre manière de préparer l'avenir. Lutter contre la peur, c'est difficile.
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Jenny aurait voulu être archéologue. Elle aurait pu être une mathématicienne géniale. Elle proteste et me frappe, quand je dis cela, mais je l’ai entendue cent fois regretter de n’avoir pas fait davantage d’études, au lieu de quoi elle a passé sa vie à apprendre à lire à des enfants ; elle y a mis toute son intelligence, toute sa passion.
Encore aujourd’hui, il lui arrive de prendre à son bord un enfant réticent.
Les livres sont les meilleures armes de la liberté. Et la liberté s’apprend. Dans une classe, par exemple. Dans tes classes, dit une élève, on était libres de ne rien faire, et on travaillait comme des fous.
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Vidéo de Geneviève Brisac
Les nouvelles. Lecture de « Une société », par Anne Alvaro, Geneviève Brisac, Agnès Desarthe.
« … non seulement les femmes se prêtent moins aisément à l'analyse que les hommes, mais ce qui fait leur vie échappe aux méthodes habituelles par lesquelles nous examinons et sondons l'existence. »
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