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EAN : 9782264002532
10-18 (01/01/1979)
3.98/5   20 notes
Résumé :
Ce roman qu'Arrabal écrivit à l'âge de vingt-cinq ans, avant de devenir auteur dramatique célèbre, montre la déchirure qui a brutalement scindé l'Espagne en deux groupes hostiles s'affrontant en un combat atroce : on mitraille des avions en flammes, on crache sur des cadavres, on dénonce ses parents, des prisonniers sombrent dans la démence et tentent de se suicider.

La mort, le péché, la haine de la liberté et l'horreur du sexe marquent au fer rouge... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans le salon d'hiver, une femme vieillissante monologue en présence de son fils assis à sa gauche. Les persiennes et les fenêtres de l'appartement madrilène ont été fermées : les voisins pourraient entendre et voir.

A nouveau, elle rabache son amour pour le mari et père disparu, son sacrifice pour les enfants (dont le narrateur), son goût pour l'ordre, la virilité, le Devoir, pour toutes ses valeurs constituant le socle du franquisme triomphant.

Une fois de plus, il ne dit rien, ou si peu. Mais il se souvient. de son père, sur une plage de Melilla (enclave espagnole en Afrique du Nord). de son grand-père, qui regarde sans agir, et mourra couvert par le manteau de la vierge Pilar, non sans un dernier pêt irrévérencieux. de sa tante, pétrie de lectures saintes (dont Thérèse d'Avila, très certainement), qui l'initie aux tourments du sado-masochisme. de ses hésitations à intégrer le monde franquiste contemporain, (armée, corrida, processions, …). Ce monde, qu'il hésite à embrasser, est porté par les femmes, omniprésentes, castratrices, impliquées, actives, tandis que les hommes sont absents, presque féminins, enclins à la tolérance, à la contemplation.

Cette histoire est portée par l'écriture magistrale d'ARRABAL. Homme de théatre, ARRABAL sait frapper en quelques mots, en quelques images : les phrases sont incisives, directes, comme une condamnation au peloton d'exécution.
Comme une litanie ânonnée le rosaire à la main, les personnages apparaissent et disparaître, sans logique chronologique, avec les mêmes mots. L'univers du texte est sombre, brutal, fermé, obsessionnel. le Devoir (musturbation, dirait-on aujourd'hui) écrase. Les réactions des personnages en sont d'autant plus violentes, incontrôlées, surréalistes.
Ce texte, édité en 1971, suite à l'emprisonnement de l'auteur en 1967 en Espagne franquiste, a donné lieu à la réalisation d'un film par ARRABAL lui-même, et à une collaboration avec le dessinateur TOPOR, qui a su illustrer ce lieu où «  un démon brûlait les âmes sacrilèges dans un cachot de l'enfer ».
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Le père de Fernando Arrabal fut arrêté en 36 par les milices de Franco (l'auteur lui-même sera emprisonné en 1967).

En une succession de courts chapitres à la prose lancinante et incantatoire, il raconte à sa mère ses souvenirs de cette enfance sur fond de guerre civile, aigus, morcelés : les genoux maternels si blancs, les mains de son père lui enterrant les jambes dans le sable (il a 3 ans), sa Tante Clara, mystique hystérique qui lui demande de la fouetter, les processions religieuses, l'omniprésence de la religion, l'obsession des femmes de la maison pour sa virilité.

Un récit cru et violent donnant à voir toute la douleur, le désarroi, la cruauté, de cette enfance, marquée par le traumatisme de l'absence du père, et une écriture d'une force peu commune.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
La radio reposait sur l'ancienne table de nuit de grand-mère. Dans le tiroir de la table - où elle rangeait ses médailles, ses petits livres de messe, ses pastilles - tu mettais maintenant ton jeu de cartes, un grand agenda et des papiers. Dans le bas de la table de nuit - où grand-mère mettait son pot de chambre - tu rangeais maintenant le bottin.
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Tante Clara m'a mis une serviette autour de chaque poignet, puis elle m'a ligoté encore avec une corde qu'elle a attaché de chaque côté du lit. Elle avait les mains froides. Moi, j'avais les yeux fermés; Quand je les ouvrais je voyais la lampe qui pendait du plafond.
Tante Clara ne m'a pas mis une serviette autour des chevilles. Elle me les a attachées avec une corde de chaque côté du lit. J'ai senti ses mains froides, mais je l'ai pas regardée.
Tante Clara m'a frappé avec la ceinture. Pour qu'on ne nous entende pas, je n'ai pas crié. Puis elle les a pris tous les deux dans ses mains froides. Je lui ai dit que ça, non. Tante Clara a dit que le Christ n'avait pas hésité à souffrir pour nous sauver. Elle me les a serrés petit à petit. Alors j'ai crié.
Tante Clara respirait comme lorsque je la fouettais. Puis j'ai senti qu'il se passait quelque chose de différent.
Quand tout a été terminé, tante Clara m'a dit que je devais aller me confesser tout de suite.
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Ils m'ont dit qu'il fallait aimer la patrie, qu'il fallait se sacrifier pour elle, qu'il fallait être fier de ses héros, qu'il fallait respecter l'ordre du pays, qu'il fallait dénoncer les traitres, qu'il fallait haïr les ennemis. Toi aussi tu me l'as dit. Quand je leur ai posé une question ils m'ont répondu. Puis je n'ai plus posé de questions.
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Mon père, qui était un "rouge", était né à Cordoue, en 1903. Sa vie, jusqu'à sa disparition, fut l'une des plus douloureuses que je connaisse. Je me plais à penser que j'ai les mêmes idées artistiques et politiques que lui. Et comme lui je chante l'émotion tremblante, les miroirs nageant dans la mer, et le délire.
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Papa est mort. Peut-être cela vaut il mieux pour tous. Il aurait été une lourde charge. D'ailleurs il a été puni à cause de ses péchés; n'oublie pas que même Dieu punit les coupables; dans l'histoire sainte il dit : "Je châtierai Baal à Babylone."
Mais, il faut que tu le saches, je n'ai rien, moi, à me reprocher. Je n'ai vécu que pour vous. J'ai toujours été trop bonne.
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Vidéo de Fernando Arrabal
Dans les catacombes .En septembre 2013, une exposition au Musée du Montparnasse et en partenariat avec La Règle du jeu, dévoilait pour la première fois des créations artistiques inédites de l?artiste et dramaturge mondialement reconnu, Fernando Arrabal. Dans cet entretien intitulé «Dans les catacombes», tourné à son domicile, projeté lors de l?exposition, l?artiste absolu explique le processus créatif de ces oeuvres regroupées sous le terme de Poèmes plastiques, et confie la genèse de quelques-unes d?entre elles.
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