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EAN : 9782729119232
157 pages
Editions de La Différence (17/02/2011)
4.22/5   36 notes
Résumé :
1937.

Les personnes âgées de plus de 45 ans sont atteintes par une sorte de lèpre qui ne leur laisse que quelques semaines à vivre.

"Je ne suis pas un homme politique, mais en tant que médecin, j’ai le devoir de me battre pour chaque vie humaine, n’est-ce pas ? C’est simplement le devoir de tout médecin d’empêcher la guerre !"
Un nouveau virus venu de Chine frappe mortellement les plus de quarante-cinq ans. Alors que le monde sc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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« La maladie blanche » (tchèque : Bílá nemoc) est une pièce allégorique de Karel Čapek (1890-1938) écrite en 1936 et mise en scène pour la première fois en janvier 1937 quelques mois avant que les accords de Munich ne cèdent la région frontalière de la Tchécoslovaquie à l'Allemagne nazie. Aujourd'hui, elle reste d'une sombre actualité.

Un terrible virus extrêmement contagieux venu de Chine, une sorte de lèpre, s'abat sur l'humanité. Il touche uniquement les personnes âgées de plus de quarante-cinq ans. Les plus éminents spécialistes représentés par le pédant Pr Sigélius échouent à trouver un traitement. Alors ils se contentent de donner de la morphine à ceux qui peuvent la payer. Et ils scrutent anxieusement dans leur miroir l'apparition des premiers symptômes. Pourtant le Dr Galén, un modeste médecin généraliste qui soigne les indigents a trouvé le remède miracle. Mais, il refuse de révéler son contenu au Conseiller d'Etat Sigélius à moins que toutes les nations ne s'engagent à signer un pacte de paix éternelle. Or l'État est sur le pied de guerre et la foule galvanisée s'apprête à suivre son Maréchal, ivre de puissance et de gloire...

J'ai écouté l' adaptation de cette pièce en podcast. Je vous recommande chaudement ce feuilleton radiophonique en 4 épisodes de 28mn.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-la-maladie-blanche-de-karel-capek
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En 1937, l'écrivain tchèque Karel Čapek imagine qu'un virus venu de Chine se répand à une vitesse extraordinaire et décime les plus de quarante ans. Un simple médecin généraliste, le professeur Galén, prétend avoir découvert le remède pour soigner cette « maladie blanche », mais il refuse de communiquer ses résultats tant que « tous les souverains et chefs d'État de la planète » ne renoncerons pas « à tout acte de violence et de guerre ». Il refuse de soigner les riches et les puissants et se consacre aux indigents tant que les dirigeants n'aurons pas signé « un pacte de paix éternelle ».
(...)
Outre la troublante sensation de similitude, les questionnements soulevés par Karel Čapek avec cette pièce de théâtre n'ont pas pris une ride : des contradictions à offrir les vaccins au service de l'humanité dans un monde guidé par le seul profit, de la montée des nationalismes et des mesures liberticides en temps de crise, du fleurissement des théories farfelues sur le terreau de l'ignorance (encore pour le profit !), etc. Encore une fois, la réalité rejoint la fiction.

Compte rendu de lecture complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Dans un pays jamais nommé, à une date qui pourrait bien se rapprocher des années 1930, une maladie venue de Pékin, où elle fut découverte en 1923, fait rage. Une plaque blanche apparaît d'abord sur la peau, puis le mal s'étend jusqu'à ce que la personne contaminée succombe de cette maladie blanche, appelée également maladie de Tcheng. La médecine semble impuissante à éradiquer ce fléau qui touche plus particulièrement les plus de 40 ans. Pourtant un jeune docteur, du nom de Galén, se présente dans la clinique publique du docteur Sigelius pour expérimenter un remède miracle qu'il vient d'inventer.

Seulement voilà : le docteur Galén ne veut traiter que les patients de la chambre n°13 de l'hôpital. de plus, il ne désire que soigner les pauvres, les indigents. C'en est trop pour le docteur Sigelius qui voit en lui l'un de ces opportunistes carriéristes cherchant à tout prix une renommée. Pour finir, ce diable de Galén veut mettre en place une sorte de chantage avec les gouvernements du monde entier : il ne divulguera son traitement miraculeux que si les nations promettent d'arrêter de se faire la guerre. Sinon, les habitants de la terre mourront dans l'agonie d'une maladie incurable.

Derrière ses faux airs de farce, « La maladie blanche » est une pièce de théâtre intelligente, subtile et brillante. En effet, écrit en 1937, peu avant la mort de ČAPEK et alors que la guerre mondiale semble être une menace crédible et même inexorable, ce texte est une allégorie d'une force inouïe sur le fascisme et le nazisme. le remède miracle contre la « maladie » à venir, la guerre, c'est le pacifisme, et pourtant aucun ne semble le défendre ni même le tolérer. « Eh bien, cela continue à se propager… Par bonheur, les gens pensent maintenant davantage à la prochaine guerre qu'à la maladie blanche. Les perspectives sont très optimistes, n'est-ce pas, monsieur le baron ? La confiance est totale ».

D'aucuns auront vu une troublante similitude entre cette pièce et le monde que nous avons vécu lors de la récente pandémie, ce serait faire table rase de l'image détournée d'une guerre en devenir que ČAPEK tient pourtant à mettre en scène à sa manière. Certes, nous nombrilistes du XXIe siècle, pourrions aisément crier à l'artiste visionnaire, au Nostradamus des temps modernes imaginant notre monde plus de 80 ans avant l'avènement. Il n'en est rien. ČAPEK souhaite dénoncer le militarisme, mais le fascisme se développe en Europe, donc il faut pour l'auteur recourir à un stratagème afin de déjouer la censure et les affres des dictatures : rédiger une pièce d'apparence burlesque pour aller au plus profond du mal et ainsi le dévoiler.

Véritable pamphlet anti (antimilitariste, antipatriotique, antifasciste), « La maladie blanche » est de ces textes que l'on n'oublie pas. Mieux : que l'on peut dégainer en tous temps, en tous lieux et en toutes circonstances, il est universel et comme intemporel. Certaines scènes (la pièce compte 3 actes) sont d'une force rare, à la fois jouissives et effrayantes par la portée réelle qu'elles recèlent : « Ce remède contre la maladie de Tcheng, c'est le mien, vous comprenez ? Et je ne le leur donnerai pas tant que… tant qu'ils n'auront pas promis de ne plus jamais faire la guerre ! Je vous en prie, faites-leur savoir que j'ai dit cela pour eux. C'est la vérité. Personne d'autre que moi ne connaît ce traitement, demandez à n'importe qui ici : je suis le seul à pouvoir guérir cette maladie, le seul. Dites-leur qu'ils sont déjà vieux, tous ceux qui dirigent les peuples. Dites-leur qu'ils vont pourrir vivants… Comme ceux qui sont là… ».

Ce texte devrait être étudié à l'école, il est d'un profond humaniste et en même temps d'une lucidité exceptionnelle, il bouscule par sa forme, son fond et sa force. Il est comme l'un de ces mémorables tracts sur l'absurdité de la guerre et de la dictature. Il est souvent considéré comme une oeuvre de science fiction, c'est en partie faux. Certes, il peut l'être si l'on en fait une lecture au premier niveau, focalisant notre imagination sur la partie pandémique. Pourtant il est écrit deux ans avant la déclaration de guerre de 1939, il traite de ce sujet, inlassablement (comme le traitait le roman « La guerre des salamandres », autre chef d'oeuvre de l'auteur écrit l'année précédente), il met en garde sur la montée du nazisme, il pleure sur une paix devenue impossible, sur une tragédie qui se dessine. Cette guerre, ČAPEK ne la verra pas, il meurt fin 1938, quelques mois seulement avant l'irréparable. ČAPEK était d'ailleurs sans doute condamné à court terme, « La guerre des salamandres » notamment l'ayant mis dans le viseur de la Gestapo qui envisageait son arrestation prochaine.

Ne ratez pas « La maladie blanche », par pitié ! Et si vous êtes décidément allergique au format théâtral, laissez-vous cependant porter par celui-ci, il n'est pas à proprement parler un théâtre classique, d'ailleurs les lieux ne sont pas évoqués, seules les dialogues comptent, et ils sont d'une richesse exceptionnelle. Ce livre vient d'être réédité aux éditions du Sonneur, traduction et préface d'Alain VAN CRUGTEN, il pourrait bien devenir une sorte de leitmotiv contre les extrémismes dans ce monde qui, décidément, tend à bégayer.

https://deslivresrances.blogspot.com

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Ecrite en 1937, cette pièce de théâtre est terriblement actuelle. Karel Capek y décrit un pays sur lequel plane deux menaces : d'une part, une maladie horrible décime les plus de 45 ans qui pourrissent vivants dans d'atroces souffrances ; d'autre part l'imminence de la guerre tant désirée par le Maréchal, un dictateur qui use de la propagande pour convaincre son peuple que le Mal réside dans les pays qu'il compte agresser. Un jeune médecin, Galen, dont le nom fait certainement référence à Galien, un des fondateurs de la médecine occidentale, semble avoir découvert le remède à la terrible maladie blanche. Or, il ne consent qu'à soigner les indigents. Il ne traitera les puissants et les riches qu'à la seule condition qu'ils renoncent à la guerre, à fabriquer des armes ou du moins qu'ils contribuent dans la mesure de leurs possibilités. « Je ne suis pas un homme politique, mais en tant que médecin, j'ai le devoir de me battre pour chaque vie humaine, n'est-ce pas ? C'est simplement le devoir de tout médecin d'empêcher la guerre ! » Galen a l'expérience de la guerre en tant que médecin, il a vu la souffrance et la mort de milliers de personnes. Pour lui, il n'y a aucune gloire à retirer de la guerre qui ne bénéficie qu'aux puissants et aux riches. Décrit comme naïf, le pauvre Galen tient bon (on notera qu'il n'a pas été soumis à la torture, ce qui dans la réalité serait vite arrivé). J'ai écouté cette pièce de théâtre dans l'émission "Le Feuilleton" de France Culture. J'avais fait une précédente tentative avec une roman que j'avais déjà lu, et j'avais beaucoup apprécié. Contrairement aux audio-livres, les livres sont adaptés pour se prêter au format du feuilleton. Dans le cas de la maladie blanche, je pense que le texte n'a pas eu besoin d'être tronqué, mais J'avoue que je n'ai pas la pièce sous les yeux pour confirmer mon propos. Voici le lien, https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-la-maladie-blanche-de-karel-capek

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Un virus inconnu en provenance de Chine provoque une maladie très contagieuse , incurable et mortelle. Ignorance, égoïsme, égo et panique règnent (tout ceci ne vous rappelle rien ?).
Heureusement un traitement est découvert par un obscure médecin. Mais ce dernier met une condition pour sa généralisation...
Cette pièce de théâtre ,écrite lors de la montée du nazisme, est une charge contre le nationalisme, le cynisme et la bêtise de la foule.
Un must qui a tant de qualités qu'il devrait être intégré dans le programme scolaire.
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critiques presse (1)
LeMonde
21 mars 2022
Guerre et pandémie menacent dans ce texte dialogué comico-tragique de l’écrivain tchèque, datant de 1937 mais d’une effrayante actualité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je chevaucherai, les morceaux de chair auront déjà commencé à tomber de mon corps… il ne me restera que les yeux, mais j'avancerai encore à la tête de mes soldats, un squelette sur un cheval blanc… Et les gens crieront : «Vive le Maréchal ! Vive Son Excellence la Mort !»
Je préfère subir une défaite que tolérer… [des] chantages utopiques ! Je laisserai le monde entier périr de la maladie blanche, plutôt que de laisser… un seul instant… se répandre ici votre peste pacifiste !
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SIGELIUS : Eh bien, je songe... aux préparatifs de cette guerre, qui désormais paraît, Dieu soit loué, inévitable. Diriger les établissements Krug en un tel moment n'est pas une mince affaire.
LE BARON KRUG : C'est bien vrai, oui. Et bien, voilà, mon cher Sigelius. J'ai pensé que je pourrais vous confier une certaine somme pour la recherche contre la maladie blanche.
SIGELIUS : Ha, je reocnnais bien là le baron Krug. Se préoccuper des projets scientifiques en un tel moment de tension ! Toujours aussi généreux et spontané ! Nous acceptons avec plaisir, monsieur le baron, et vous pouvez être assuré que nous utiliserons cet argent pour continuer nos recherches tant que nous en aurons la force.
LE BARON KRUG: J'en suis convaincu. (Il pose une grosse enveloppe sur le bureau.)
SIGELIUS : Dois-je faire un reçu ?
LE BARON KRUG : Pas nécessaire. Et comment se présente la situation, mon cher Sigelius ?
SIGELIUS : De la maladie blanche ? Et bien, cela continue à se propager... Par bonheur, les gens pensent maintenant davantage à la prochaine guerre qu'à la maladie blanche. Les perspectives sont très optimistes, n'est-ce-pas, monsieur le baron ? La confiance est totale. (p. 86)
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LE JOURNALISTE : Monsieur le conseiller d’État, notre journal souhaiterait donner au public des informations de la voix la plus autorisée...
SIGELIUS : ... à propos de la maladie blanche ou lèpre de Pékin, je sais. Malheureusement, on écrit déjà beaucoup trop à ce sujet. Et de façon trop peu scientifique. Mon opinion est qu'il faut laisser la médecine aux médecins. Si vous parlez de cette maladie dans la presse, la majorité des lecteurs va soudain se découvrir tous les symptômes afférents, pas vrai ? (p. 18)
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On aurait dépensé des milliards en armement pour rien ? Une paix éternelle ! C'est un crime, ça. Il n'y aurait plus qu'à fermer les entreprises Krüg, hein ? Et mettre deux cent mille travailleurs sur le pavé, peut-être ?
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LE JOURNALISTE : Une ?
SIGELIUS : Pandémie. Une maladie qui gagne le monde entier comme un raz-de-marée. Oui, en Chine, presque chaque année, on voit surgir une maladie nouvelle et intéressante - c'est la pauvreté qui fait ça -, mais jusqu'à présent aucune n'a eu le succès de la maladie de Tcheng, c'est vraiment la maladie du moment. (pp. 21-22)
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