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EAN : SIE202945_718
NAGEL (01/01/1945)
3.9/5   40 notes
Résumé :
Nouvelle édition - format poche - disponible chez La Baconnière, collection Ibolya Virag, 2015
L'industriel Bondy apprend la découverte d'un carburateur capable de briser les atomes de charbon et de multiplier la production d'énergie. Mais ce procédé libère aussi l'essence divine jusqu'alors enfermée dans la matière... Au contact du carburateur, commercialisé à travers le monde, on devient croyant. Mais plus l’Absolu s’étend, plus les hommes se divisent, car ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Les éditions La Baconnière ont eu la bonne idée de rééditer en 2020 La Fabrique d'Absolu, de Karel Čapek, basée sur une traduction certes ancienne, mais revue avec des noms propres non francisés, ce qui est appréciable ! Il y est question de l'invention d'une machine révolutionnaire, le Carburateur…
L'ingénieur Marek met en vente l'appareil qu'il vient d'inventer : le Carburateur, capable de produire beaucoup d'énergie à partir de peu de matière et sans produire de déchets : une révolution en perspective !
Pas de déchets, certes, mais la combustion provoque la libération de l'Absolu, c'est-à-dire d'une puissance divine, ce qui fait que l'ingénieur Marek s'inquiète des conséquences de son invention, ce qu'il partage avec l'industriel Bondy, sur le point de développer le Carburateur à grande échelle.
Ce qui était à craindre se réalise et l'Absolu devient rapidement incontrôlable. Il répand la foi sur toutes les personnes qui s'en approchent, avant de prendre lui-même le contrôle de la production des biens.
Ce livre est d'une grande richesse de thèmes : la recherche du profit, celle de la production d'une énergie limitée, les méfaits du progrès, l'intolérance, les dangers du fanatisme religieux et in fine, l'absurdité de la guerre. Ce livre est également très humoristique, comme l'illustre ce passage où l'ingénieur Marek et l'industriel Bondy consultent le Cardinal avant de produire le Carburateur.
Ecrit en 1922, ce récit dystopique conserve une grande actualité. Les thèmes sont universels et certains passages font penser aux dérives attendues de l'Intelligence Artificielle ou à notre quête de société d'abondance. L'auteur est fidèle à sa ligne « humaniste ».

Ma dernière rencontre avec Karel Čapek date de la lecture de la maladie blanche, un autre roman dystopique écrit 15 ans plus tard, qui a retrouvé une grande actualité avec l'épidémie de Covid-19, et qui est à mon sens supérieur à La Fabrique d'Absolu. Ce dernier aurait gagné à être quelque peu raccourci pour être plus incisif. Il confirme néanmoins qu'il faut relire Čapek, un grand écrivain du XXème siècle.

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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Avec La Fabrique d'absolu, Karel Čapek confirme son talent pour la fantaisie satirique, sa plume féroce, son imagination débridée et son talent. J'ai mis la note de 5 à ce livre, mais je continue de penser que sa meilleure oeuvre est La guerre des salamandres ( courrez l'acheter! Là, maintenant), simplement, je mets 5/5 ici, et j'aurai bien mis 10/5 à l'autre!
Il s'attaque ici au fanatisme religieux sous toutes ses formes, y compris sous celle du fanatisme d'athéisme, et au besoin humain de détenir la vérité et de taper sur le voisin pour l'imposer, dans un roman avec un étonnant postulat de départ. Songez donc: un scientifique découvre une méthode de combustion révolutionnaire qui dégage une énergie folle en brûlant totalement la matière. Et quand je dis totalement: pas de gazes, pas de cendres, plus rien...sauf une étrange émanation, l'Absolu, qui donne des crises mystiques à qui se trouve à proximité et les amène même à faire des miracles !Voilà que les gens marchent sur l'eau, prophétisent, guérissent par imposition des mains...
Par ce qu'on est chez Karel Čapek, ça tourne mal évidemment dans une satire merveilleuse et brillante que j'ai beaucoup appréciée. Cela ne ressemble vraiment pas à grand chose d'autre, il y a de l'humour là dedans et je le recommande chaudement !
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La traduction par Jean Danès de la fabrique d'absolu n'est, je crois, pas très récente. Il me semble que traducteurs ne se permettent plus ce genre de chose depuis un moment : « Souhaitant éviter de décourager les lecteurs français, le traducteur a francisé le nom des personnages et a adapté le cadre du début en le transportant à Paris, "pensant que Capek aurait agi ainsi s'il s'était adressé directement au public français".» Mouais. Déjà, c'est prendre les lecteurs pour des imbéciles en partant du principe qu'ils seraient déstabilisés par un roman ne se passant pas en France. Ensuite, cela introduit le doute en permanence. On se demande régulièrement si ce que l'on lit a un quelconque rapport avec l'oeuvre originale. Enfin, passons.

Les fabriques d'absolu, ce sont de nouveaux types de réacteurs qui ont la capacité d'annihiler l'intégralité de la matière. Conséquence : ils libèrent ainsi l'essence divine contenue dans toute chose. Et cette essence divine, cet Absolu, n'a pas l'intention de rester inactif. L'Absolu, c'est Dieu en version gazeuse. Les effets se font rapidement sentir : conversions en masse, illuminations, miracles... On pourrait penser que le monde n'est pas prêt pour une telle technologie, mais l'industriel Bondy est au-delà de ce genre de détail. Ce qu'il voit, ce sont des réacteurs extrêmement performants, et donc des bénéfices renversants. Les réacteurs envahissent donc le monde, et l'Absolu avec lui.

C'est l'occasion pour le futur auteur de la guerre des salamandres de multiplier les situations croustillantes :

« Oui, j'ai essayé toues sortes d'isolants imaginables pour empêcher l'Absolu de sortir de la cave : les cendres, le sable, les blindages d'acier, rien n'est efficace. J'ai essayé d'entourer toute la cave avec les oeuvres complètes d'Auguste Comte, de Spencer, d'Haeckel, et de toutes sortes de positivistes. Pense donc que l'Absolu traverse même cela ! »

Alors que Dieu envahit le monde, la société humaine tremble sur ses fondations et Capek déploie tout son talent humoristique et satirique. Les religieux eux-mêmes ne sont guère enchantés de la venue d'un Dieu un peu trop réel, bien plus encombrant et difficile à gérer que celui, plus passif, dont ils avaient l'habitude. Petit à petit les hommes sombrent dans la fièvre de la piété, et si pendant un moment on peut imaginer un monde uni dans la bonté, la réalité se révèle toute autre :

« – Je le dis pour la deuxième fois : décampez, ou bien, au nom du Seigneur, je démolis votre baraque.
– Et vous, dit Jean Binder, rentrez chez vous, ou bien, au nom du Seigneur, je vous casse la figure. »

Eh oui ! Chacun s'approprie un petit morceau de la divinité et est persuadé de l'avoir toute entière. Dans la seconde partie du roman, c'est la guerre. La guerre totale. Capek a d'ailleurs un peu tendance à s'éparpiller. Si auparavant on restait vers Paris (donc Prague en version originale) avec quelques personnages récurrents, Capek passe ensuite à une échelle mondiale. du coup, les chapitres n'ont que peu de liens entre eux et il est plus difficile de suivre et d'apprécier la situation. Malgré ce petit regret, La fabrique d'absolu n'est est pas moins une fable débordant d'intelligence et d'humour, une satire brillante des phénomènes religieux. Ceux-ci ayant tendance à ne guère changer au fil des époques, le roman de Capek possède une puissante dimension intemporelle.

Lien : http://lespagesdenomic.blogs..
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Un savant met au point par hasard une machine qui génère une énergie jamais égalée. Un seul hic, les radiations produites par le processus provoque des crises mystiques et bientôt l'humanité se retrouve déchirée entre les adeptes de trente-six religions plus imbéciles et totalitaires les unes que les autres. Capek, auteur tchèque de l'entre-deux-guerre, nous livre une fable absolument savoureuse et qui, en ce qui me concerne, à nourri autant mon anticléricalisme que mon rejet des dogmes. Un seul regret, l'éditeur de la version française a jugé bon de changer les noms des héros et de situer l'action à Paris plutôt qu'à Prague pour rendre le récit plus accessible à ses lecteurs. Ce livre mériterait certainement une nouvelle traduction.
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Un inventeur conçoit une machine capable de produire une énergie formidable et entièrement propre en annihilant le charbon. Formidable ! Malheureusement, la destruction de la matière libère l'essence divine qui s'y trouvait enfermée, et tandis que le monde entier s'équipe de son Carburateur, une vague de foi aveugle se met à frapper tous ceux qui s'en approchent.

Ce petit roman de SF tchèque est extrêmement facile à lire et délicieusement satirique. Tout le monde est tourné en dérision dans la plus grande bonne humeur et avec une justesse désopilante. Au final je me suis marrée de bout en bout. C'est difficile d'en faire un coup de coeur car ce n'est pas un livre qui parle au coeur, tant qu'à l'esprit et aux zygomatiques, mais c'était une très bonne lecture.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Tu n’as pas la moindre idée de l’énergie formidable qui existe dans les atomes. Avec un demi-quintal de houille, tu peux faire faire le tour du monde à un steamer, éclairer Prague tout entière, faire fonctionner une usine, ou tout ce que tu voudras ; avec un morceau de charbon gros comme une noisette, tu chaufferas et feras cuire la nourriture de toute une famille ; et, finalement, on n’aura même pas besoin de charbon, on se chauffera avec le premier caillou venu, ou avec une poignée de terre ramassée devant sa maison. Chaque parcelle de matière possède en soi plus d’énergie qu’une énorme chaudière à vapeur. Suffit de la faire sortir !
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Vous savez, plus grande est la chose à laquelle on croit, plus on est acharné à mépriser ceux qui n’y croient pas. Et pourtant, la plus grande Foi ce serait de croire en l’homme.
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Messieurs, ne croyez pas, je vous en conjure, que l’Eglise fait pénétrer Dieu dans le monde. L’Eglise ne fait que le contenir et le canaliser. Vous, Messieurs les athées, vous le déchaînez comme une inondation.
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-Oui, il est infini, c'est là le hic. Vous savez, chaque homme s'en taille un morceau de quelques mètres, et se figure que c'est Dieu tout entier. Il s'empare d'un petit bout et croit qu'il Le possède tout entier. Vous comprenez?
- Hum! dit le capitaine. Et il en veut à ceux qui ont un autre morceau?
-C'est cela. Afin de se persuader qu'il L'a en entier, il doit tuer les autres.
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Si les gens lisaient dans les pensées les uns des autres, il n'y aurait plus de rapports possibles.
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