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Jacques Mailhos (Traducteur)
EAN : 9782351780213
264 pages
Gallmeister (08/01/2009)
3.96/5   50 notes
Résumé :
"Au-delà du mur de la ville irréelle, au-delà des enceintes de sécurité coiffées de fil de fer barbelé et de tessons de bouteille, au-delà des périphériques d'asphalte à huit voies, au-delà des berges bétonnées de nos rivières temporairement barrées et mutilées, au-delà de la peste des mensonges qui empoisonnent l'atmosphère, il est un autre monde qui vous attend. C'est l'antique et authentique monde des déserts, des montagnes, des forêts, des îles, des rivages et d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Monsieur Abbey, ou le "rat du désert" ou encore "Ed" pour ses amis,nous offre encore et toujours, de grands moments en sa compagnie...dans le désert bien sûr, mais aussi dans les vallées et les canyons.

Ce livre, comme ses autres récits d'ailleurs, se distingue par la finesse de l'observation et la richesse du détail.
L'intérêt pour le lecteur, est qu'Abbey, en bon pédagogue, sait transmettre ses connaissances sur la biodiversité ou la géologie avec légèreté, par petites touches souvent poétiques ponctuées de notes d'humour. Quel bonheur donc, quand ce grand naturaliste partage ses périples !

La beauté est à toutes les pages, ou presque:
"Tout en simplicité, austérité et nudité extrêmes, les dunes de sable sont les formations naturelles les plus élégantes du monde. La nature nue. "

Une déclaration d'amour à la nature originelle:

"La vallée de Comb Wash me semble un genre de paradis.
Un petit torrent court dans le sable brillant, traverse un bois de peupliers, des tapis d'herbe, avec de chaque côté les falaises striées dans les tons rouges et ocres, la forêt tout en haut, et pas une maison en vue, pas même une vache ou un cheval.
L'Eden à l'aube de la création.
Quelle joie de voir qu'il existe encore un endroit de ce genre, là, présent pour nous dès que le besoin s'en fera sentir.
Nous déjeunons au bord du torrent, sous les peupliers, accompagnés du bourdonnement de quelques mouches et du chant des geais et des troglodytes mignons.C'est le coeur de l'été..."

Mais, après les poses, les efforts.
Les marches sont ponctuées de mille et une péripéties; l'aventure est toujours au coin du canyon même si on à l'impression d'être en pays connu ! Et, qui plus est, notre guide a toujours la tête pleine d'anecdotes ,de réflexions , de commentaires savoureux.
Quand on aime trop un livre, il est difficile d'en parler avec objectivité.
Alors, je me contenterai de conclure en assurant que ce livre transmet un message de sagesse et de félicité. Mais, c'est aussi un message d'avertissement et de mise en garde pour que perdure son combat et celui de ses pairs .
Une partie du texte de ce livre a été lue en 1982 à l'université de San Diego (Californie). Puis, en 83, Geo et Outside ont publié des extraits.
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Edward Abbey est un fou, c'est incontestable mais ordinaire, certainement pas. Arpenter les déserts de l'ouest américain pendant toute une vie, il le dit lui-même, ce n'est pas logique, c'est pathologique.
Alors suivons-le. Préparons notre sac à dos, vingt-cinq kilos environ, je vous conseille pour éviter le lumbago la méthode de Cheryl Strayed dans Wild : posez-le sur une chaise ou une souche, asseyez-vous sur le sol pour enfiler les sangles. Assurez-vous que personne ne vous regarde, passez par l'étape des 4 pattes avant de vous redresser lentement. Après réflexion, je me demande si ce n'est pas tout aussi dangereux. Mais au préalable, vous aurez vérifié plutôt deux fois qu'une que vous n'avez rien oublié à savoir les cartes, deux rechanges, pas plus, un poncho, une tente légère, de la bouffe mais pas trop non plus, des bidons d'eau, 4 à 5 litres, on va dans le désert, une cocotte, un bandana, rouge de préférence, ça vous va mieux au teint, des allumettes, un harmonica si c'est pour Abbey, une flûte pour Sylvain Tesson, pour moi, ce serait une guitare mais c'est encombrant (il faut que je me mette au ukulele!) quelques médicaments d'urgence dont de l'aspirine, de la vitamine C et un kit anti-venin pour les serpents à sonnettes. On est prêt, c'est parti.

Arizona, Utah, Colorado, Nouveau Mexique, sud de la Californie par les chemins les moins connus, les plus difficiles d'accès avec des noms qui font rêver, Glen Canyon, Death Valley, Monument Valley avec en prime un petit crochet en Alaska, si vous croisez un marcheur, c'est que le sentier est surpeuplé, prenez-en un autre. Sachez bien lire les cartes, particulièrement les points d'eau et les sables mouvants. Vous allez tout savoir de la faune et de la flore qui peuplent les déserts car notre guide est intarissable lorsqu'il s'agit du gryzzly ou du cactus saguaro.

Vous aurez mal aux pieds, aux orteils, aux genous dans les descentes, aux épaules, au cou, au dos mais si vous préférez passez vos journées devant un écran d'ordinateur au milieu du béton, il y a de fortes chances pour que vous ayez mal au dos aussi. C'est vous qui voyez.

Évitez autant que possible les raids organisés, ce que l'auteur appelle les promène-couillons. Mais sur ce dernier point, moi je veux bien être le couillon d'Edward si c'est lui qui me promène.
Une fois rentré at home sweet home, vous vous abandonnerez aux délices de la civilisation que, comme l'auteur vous adorez mépriser.

5 étoiles, comme d'hab !

Challenge Multi-Défis 2023.

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Une compilation de textes d'Abbey, écrit de 1970 à 1983 environ. Des histoires de marche dans le désert, de randonnée au sommet du Texas, de visite à la mer de Cortès, de descente en bateau du Colorado ou de rivières alaskienne…
Alors ?
Il y a là-dedans la quintessence du genre : une marche solitaire dans le désert, avec un sac énorme, des pieds en charpie et la quête obsessionnelle de l'eau… C'est de l'aventure qui ne dit pas son nom, avec de l'autodérision et du questionnement : pourquoi se faire mal ainsi ? pour le désert, pardi ! pourquoi le désert ? pour l'espace, les rares animaux visitant les points d'eau, l'absence des humains, l'introspection…
Mais il y a autre chose dans ce livre, volontairement ou non. le « rat du désert » est aussi un touriste comme tout un chacun, pris en charge par des guides professionnels, malade, regardant au final plus la petite troupe des autres touristes que la nature. Cela relativise la folie et la science d'Abbey, mais ça le rend plus humain peut-être ; la plupart de ses histoires sont d'ailleurs plus tissées d'amitiés que de solitude.
Mais cette petite limite de l'homme ne doit pas cacher l'essentiel : Edouard, t'es quand même le plus grand dans ton genre !

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Les éditions Gallmeister savent faire des beaux livres en toute sobriété (splendide photographie noir & blanc en vision panoramique sur la couverture reprise pleine page en 3e de couverture, typographie et impression soignées, absence de coquilles et autres bas reliefs disséminés habituellement par manque de correction [et de relecture] chez les éditeurs empressés, notes éclairantes du traducteur en bas de page, etc.) à partir d'oeuvres nord-américaines souvent inédites en France et d'un grand intérêt. Edward Abbey (1927-1989) fait certainement partie pour moi des auteurs essentiels que l'Amérique ait pu produire au XXe siècle, que j'ai pu lire et comprendre. Un fou ordinaire est un recueil de textes composites qui tiennent du journal de route, de la conférence universitaire ou du commentaire photographique dont le fil directeur reste l'attraction irrésistible des déserts américains de l'Ouest sur l'homme debout que fut Edward Abbey. Il est aujourd'hui enterré presque incognito dans le désert. Seuls ses amis connaissent l'emplacement de sa tombe. Son livre élégiaque est ponctué de prières incantatoires : « Puissent vos sentes être légères, solitaires, minérales, étroites, sinueuses… ». La préface d'Edward Abbey est éclairante et donne d'emblée le désir d'en savoir plus avant même d'entrer dans le vif du sujet. Il cite des photographes et des auteurs jugés comme étant de haut vol dont la plupart demeurent inconnus dans nos vieilles contrées aux paysages fatigués. le premier texte d'une bonne cinquantaine de pages, « En marchant dans les montagnes du désert », relate l'expédition pédestre solitaire d'Edward Abbey, d'un point vague du désert du Sonora, à l'ombre d'un cactus saguaro, au lieu-dit Stone Tanks [les réservoirs de pierre], jusqu'à la ville minière de Bagdad, à travers quatre chaînes de montagne. Son sac à dos fait vingt-six kilos avec ses huit litres d'eau : « […] un quart de mon poids sur les épaules. Ce ne devrait pas être une charge excessive. » Trouver de l'eau en conservant le cap va devenir une pensée récurrente, obsédante. Il faudra compter sur la présence aléatoire de l'eau dans les tinajas, ces rares cuvettes naturelles en pierre, répertoriées sur les cartes « magnifiques, précises et généralement fiables » de l'United States Geological Service. La trivialité de la marche transparaît dans la simplicité relative des pensées et des comportements, la sueur, la soif, les muscles douloureux, les orteils comprimés et la réalité dans sa ‘beauté nue' qui vient frapper de plein fouet et c'est fort. L'auteur apparaît bel et bien vivant et donne à sentir le pouls du monde. Pourquoi ? Dans quel but ? Peut-être tout simplement parce qu'un telle randonnée : « Ca laisse une lueur dorée dans la tête. »
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Si vous connaissez Edward Abbey : lancez-vous sans attendre dans ce livre! L'auteur du "Gang de la clef à molette" (1927-1989) présente quelques textes écrits entre 1973 et 1984.
Si comme moi vous n'aviez jamais rien lu de lui : c'est l'occasion de le découvrir! Et j'espère que vous serez conquis...

De quoi parle-t-il? de nature et principalement des déserts de l'Ouest des Etats-Unis. Il voyage à pied, en bateau dans un canyon du Colorado ou en Alaska, rarement en véhicule à moteur. Il décrit les paysages avec une précision qui devient poétique et un humour pince sans rire. Cette nature sauvage, c'est sa vie, pas question de la salir! Il s'insurge donc contre tous ceux qui la détruisent, la polluent, la transforment, particulièrement au lac Powell: avant le barrage, faune et flore à volonté, après, à cause du niveau instable de l'eau dans la retenue, impossiblité à la flore, et donc à la faune, de s'installer durablement, et donc c'est mort...

Jetez vous sur ce livre formidable, sans concessions, avec de vrais gros morceaux de nature dedans, qui vous fera voyager "dans la tête" à défaut de le faire dans la réalité.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
« Au-delà du mur de la ville irréelle, au-delà des enceintes de sécurité coiffées de fil de fer barbelé et de tessons de bouteille, au-delà des périphériques d’asphalte à huit voies, au-delà des berges bétonnées de nos rivières temporairement barrées et mutilées, au-delà de la peste des mensonges qui empoisonnent l’atmosphère, il est un autre monde qui vous attend. C’est l’antique et authentique monde des déserts, des montagnes, des forêts, des îles, des rivages et des plaines. Allez-y. Vivez-y. Marchez doucement et sans bruit jusqu’en son cœur. Alors… Puissent vos sentes être légères, solitaires, minérales, étroites, sinueuses et seulement un peu en pente contraire. Puisse le vent apporter de la pluie pour remplir les marmites de grès lisse qui se trouvent à quatorze miles derrière la crête bleue que vous apercevez au loin. Puisse le chien de Dieu chanter sa sérénade à votre feu de camp, puisse le serpent à sonnette et la chouette effraie vous distraire dans votre rêverie, puis le Grand Soleil éblouir vos yeux le jour et la Grande Ourse vous bercer la nuit. » « Je me souviens du vent sec et brûlant. De l’odeur de la sauge et du genévrier, du sable et de la lave noire et dure cuisant sous le soleil. Je me souviens de la vue d’un hogan navajo au pied d’un à-pic, de la poussière rouge, d’un cheval solitaire broutant dans le lointain au creux d’un lit à sec, d’une éolienne et d’un réservoir d’eau au croisement de pistes de bétail irradiant vers l’horizon dans une douzaine de directions différentes, et du vert suave des saule, des tamaris et des peupliers de Virginie au fond d’un canyon minéral. »
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Au-delà du mur de la ville irréelle... au-delà des périphériques d'asphalte à huit voies, au-delà des berges bétonnées de nos rivières...barrées et mutilées, au-delà de la peste des mensonges qui empoisonnent l'atmosphère, il est un autre monde qui vous attend.

C'est l'antique et authentique monde des déserts, des montagnes, des forêts, des îles, des rivages, et des plaines.

Allez-y. Vivez-y.

Marchez doucement et sans bruit jusqu'en son coeur.
Alors...

Puissent vos sentes être légères, solitaires, minérales, étroites, sinueuses et, seulement un peu en pente contraire.

Puisse le vent apporter de la pluie pour remplir les marmites de grès lisse qui se trouvent à quatorze miles derrière la crête bleue que vous apercevez au loin.

Puisse le chien de Dieu chanter sa sérénade à votre feu de camp.

Puissent le serpent à sonnette et la chouette effraie vous distraire dans votre rêverie ...

Puis le Grand Soleil éblouir vos yeux le jour.
Et la Grande Ours vous bercer la nuit.


Edward Abbey - Oracle ( Arizona ) Octobre 1983
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Trois loups nous observent depuis un autre banc de gravier au bord de la rivière, à moins de cent pieds de distance.
Trois grands loups gris hirsutes, en contre-jour dans le soleil bas, nous fixent des yeux.
Le courant nous rapproche d'eux en silence...
Les loups nous regardent, les appareils photo sortent, les loups commencent à s'éloigner vers les fourrés de saule et la toundra.
Un sifflement fait s'arrêter le dernier alors qu'il gravit le talus de la berge.
Je fixe le loup aux jumelles, le loup me fixe; le temps se fige en un instant de grâce et d'immobilité, en un instant sacré où je vois le feu émeraude sauvage qui brûle dans ses yeux.
Puis, il hausse les épaules, tourne la tête et s'en va.
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"Le peu commun rat du désert de l'Ouest américain n'est qu'un pauvre bipède aux pieds nus et sans plumes comme vous et moi, mais il a quelques caractéristiques particulières : une myopie permanente, un corps intensivement soigné à l'acupuncture des cactus, deux gros orteils pourpres et morts à force de donner des coups de pied dans les pierres, et un cerveau semi-misanthropique rôti par le solei. Et il est heureux.
Le rat du désert adore l'eau, mais préfère vivre, comme son cousin quadrupède le rat-kangourou, dans des lieux où l'eau est aussi rare que le radium. La rareté la rend précieuse, donc délectable. la plus douce es musiques, pour ce rat, est le plic ploc de l'eau qui sourd du roc et tombe danbs un quart en alu, le tintement rythmique de gouttes invisibles éclatant dans la pénombre contre une roche tympanique.
Il est tolérablement adapté à la chaleur intense, à l'éclat continu du soleil, au sable sur ses oeufs, aux scorpions dans ses bottes, aux punaises piqueuses au fond de son duvet. Il ne crache pas sur un paysage essentiellement constitué de roches nues et de quelques plantes rachitiques rampant précautionneusement hors des fissures de la pierre; en fait, il a tendance à trouver les verts pâturages et les prairies herbues anxiogènes. ce qui nous amène à l'espace, espace interne et espace externe, et aux fétiches spécifiques du rat du désert.
Il aime toutes les formes de vie, même l'humaine. Mais bien qu'il apprécie (avec modération) les humains, il les préfère, comme les arbres et les buissons, bien espacés les uns des autres. A distance de crachat confortable - disons deux miles - avec entre eux un monoclinal lisse de cinq cents pieds de haut en guise de barrière.
Cela ne veut pas dire que le rat du désert soit nécessairement plus résistant que les autres rats. par exemeple, il n'est assurément pas aussi résistant que le rattus rattus urbanus, cette race hautement spécialisée qui prospère, ou tout du moins survit, sur le ciment et l'acier, dans le f
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Nous nous préparons à repartir mais jetons d'abord un dernier coup d'oeil à notre petit trou d'eau.
Les rasades que nous avons bues et la gourde que nous avons remplie ont clairement fait baisser le niveau d'encore deux pouces...

Les abeilles trottinent sur le bord humide de le cuvette, mystifiées et trempées.
Même les cris des oiseaux semblent désespérés.

Tapis dans les rochers,sous les buissons, quelque part à bonne distance de nous, d'autres petits animaux attendent notre départ, attendent leur tour pour aller boire un coup.

Nous ne les voyons pas,ne les entendons pas, mais nous sentons leur présence.

Nous savons qu'ils sont là.
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