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Critique de liberliber



Moment de grâce. C'est le qualificatif qui vient spontanément à l'issue de la rencontre avec Abd al Malik à la librairie L'Armitière le 19 avril dernier.
Rappeur, poète, romancier, scénariste, metteur en scène..., comme l'a présenté Hélène Boyeldieu, animatrice de l'échange, le désormais quarantenaire qui a troqué son prénom de naissance Régis pour celui de Malik, qui signifie roi en arabe, était venu présenter « Le jeune Noir à l'épée », un magnifique et singulier objet-livre, mélange de poésies, de superbes photos en noir et blanc et de reproductions des tableaux présentés dans le cadre de l'exposition « Le modèle noir, de Géricault à Matisse » qui se tient au Musée d'Orsay jusqu'au 21 juillet. le tout est accompagné d'un CD de neuf titres.
Abd al Malik explique la genèse de l'oeuvre : « Je voulais écrire un long poème sur l'identité » puis un ami qui travaille au Musée d'Orsay lui parle de la préparation de l'expo. Il ressent un choc à la vue de la peinture de Puvis de Chavannes, « Le jeune Noir à l'épée ». Il imagine alors une histoire à ce modèle. En parlant de ce personnage, il parle aussi de lui en tant que noir tout en formulant un message universaliste et optimiste.
A l'instar de Baudelaire qui écrivait « J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or » pour illustrer son désir de transcender la laideur, il considère que, derrière le hideux, « il y a du beau » et qu'il « veux cheminer pour être quelqu'un de bien ».
Lui qui aurait pu mal tourner confie qu'une enseignante lui a dit qu'il était beau. Alors, il l'est devenu. Cette reconnaissance de la part d'un adulte lui a donné une confiance en lui qui ne l'a pas quitté.
Il poursuit : « Enfant, les livres m'ont sauvé la vie. Mes amis sont devenus Camus, Sénèque, Glissant... ».
Intarissable, il ajoute avec son phrasé et sa diction si particuliers : « je suis un utopiste », persuadé qu'il est que « le monde peut changer, de proche en proche ». Et l'art, « comme forme de résistance », est le moteur essentiel de cette transformation.
Concernant la xénophobie qui n'est qu'une opinion qui interroge négativement le rapport à l'autre, il stigmatise la vision racialisée largement répandue que « le blanc serait le seul à pouvoir représenter l'universel ». La solution pour lutter contre cette idée est de magnifier la complexité de chaque être humain et de faire preuve d'empathie. « L'autre, c'est nous » affirme-t-il, en roulant le « r ».
Après avoir lu quelques textes extraits du « Jeune Noir à l'épée », il conclut : « Croyons aux rêves et n'ayons pas peur de dire je t'aime ».
Le public est sous le charme, gonflé d'espoir et impatient de découvrir le spectacle de danse mis en musique par Abd al Malik et présenté au Musée d'Orsay début avril. Il devrait faire halte au théâtre Charles Dullin du Grand-Quevilly l'an prochain.

Lien : http://papivore.net/rencontr..
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