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EAN : 9782226192233
464 pages
Albin Michel (19/08/2009)
3.42/5   161 notes
Résumé :

Peut-on échapper au destin qu'on choisit pour vous ? se demande Esther Vital. Juive marocaine née à Strasbourg, écrasée par le poids de la tradition, mais aussi déchirée par la nostalgie des paradis perdus – l'Espagne de Cordoue à Tolède, le Maroc, de Mogador à Fès –, Esther choisit elle-même son futur époux, Charles, malgré l’opposition de sa famille. Mais, la veille de son mariage, vêtue de la robe pourpre des promises sépharades, elle découvre de terr... >Voir plus
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C'est un drôle d'objet littéraire qu'Éliette Abécassis nous propose là. Il y a d'abord la narration d'un mariage (avec ce qui le précède), qui devrait en être un d'amour entre Esther et Charles, selon la tradition juive séfarade. Mais cette narration me semble être le prétexte à des leçons sur l'origine de cette tradition; sur l'histoire du peuple juif, de la dichotomie entre Ashkénazes et Séfarades et des persécutions auxquels tous ont été confrontés depuis la nuit des temps; le prétexte aussi à des explications d'ordre théologique (on se croirait par moments dans la lecture d'une thèse) mais aussi le prétexte à montrer la difficulté de vivre le maintien des traditions dans le contexte de la vie actuelle et les conflits que cet attachement amène entre les générations… Les chapitres se suivent et ne se ressemblent pas: on fait des sauts dans le passé des protagonistes, dans l'Histoire (avec un « H ») jusqu'à l'inquisition, voire la destruction du temple de Jérusalem pour expliquer la diaspora; on fait aussi des sauts de points de vue d'un personnage à l'autre … J'ai eu bien du mal à trouver l'unité derrière cette construction qui m'a paru bancale. Je n'ai su m'attacher au personnage d'Esther autour duquel tout gravite; trop tourmentée et en même temps trop superficielle pour que j'y croie. Les passages doctes m'ont intéressée mais quand on passe au côté romanesque, ce qui devrait être l'essence du livre, la prose m'a paru très banale et les caractères trop figés pour que j'apprécie l'ensemble. Ce n'est pas le premier roman de cette autrice auquel je m'attelle — j'emploie l'expression à dessein car je me suis souvent ennuyée — et, comme pour les précédents, je n'ai pas été très emballée. Si je veux comprendre ce qui fait son succès, je dois néanmoins entreprendre la lecture de Qumran, le roman qui l'a révélée…
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Sépharade... voilà un mot qui recouvre pour moi toute une histoire : celle tout d'abord de sa découverte et de son sens. J'avais 19 ans et je poursuivais des études de lettres modernes à l'université de la Sorbonne. Venue de Basse-Normandie pour m'arracher à la province et me hisser au Panthéon de la littérature, je ne connaissais de la société française que ce que j'en avais vu dans ma région natale. le mot juif tout comme sa réalité se cantonnait à ce que j'en avais appris à travers ce feuilleton glaçant qui m'avait bouleversée à jamais dans mon enfance : Holocauste, et aux cours d'histoire du lycée.
J'eus à cette époque une camarade d'université qui m'apprit que Judith, une copine commune qui avait pour projet de vivre en Israël, était sépharade. Elle m'expliqua alors la différence entre les Ashkénazes et les Sépharades . Aussi en regardant Judith, avec sa peau mate, ses cheveux longs et noirs, ses yeux vert olive, son caractère naïf et ses rêves d'Israël, j'eus vraiment l'impression d'en apprendre beaucoup plus sur le monde que dans les livres. J'étais devant elle comme un enfant blanc qui voit pour la première fois un Noir dans sa vie!

Aujourd'hui, j'ai 53 ans. Ma connaissance de la culture judaïque s'est affirmée au gré de lectures et de films, dont, entre autre, le très réussi Kadosh, (dont j'ai lu sur Wikipedia qu'Eliette Abecassis en avait écrit le texte) et plus récemment, plus concrètement, à travers un amant qui m'a expliqué que les Sépharades vivant au Maghreb avait fui l'Espagne sous la menace de l'inquisition.
Je lis peu. Après avoir découvert l'immense George Eliott, dont le Moulin sur la Floss me manque autant que mon amant Sépharade, j'ai erré pendant plus d'une heure dans la médiathèque de Taverny, qui ne possédait rien d'autre de cette autrice anglaise, sans savoir vers quoi me tourner, jusqu'à ce que mes yeux se posent sur ce roman : Sépharade.De l'autrice, née en 1969 comme moi, je ne connaissais rien si ce n'est le nom amusant qui m'a toujours fait penser à Bécassine, mais qui incarnait pour moi ce que je n'ai su être : une écrivaine.
Ce long prélude pour bien rappeler qu'une lecture n'est jamais neutre. On la lit avec des attentes, des à priori. Pour moi, lire Sépharade, c'était forcément être déçue, puisque une seule page suffisait pour me dire que l'autrice n'arrivait pas à la cheville de George Eliott, mais c'était aussi passer un bon moment en me plongeant dans cet univers oriental qui a tant à me dire.

Sépharade, c'est donc l'histoire d'une jeune femme juive vivant à Strasbourg sous la pression d'une famille extrêmement pesante, manipulatrice et qui cherche à s'émanciper. Alors qu'elle nous raconte ses amours et la préparation de son mariage avec Charles, elle nous fait part des contradictions qui l'animent: fidélité à sa culture , respect de ses parents et désir ardent de s'émanciper. Les préparatifs du mariage nous font plonger dans tous les rites et les croyances qui tissent les liens entre les membres de sa famille, amenant selon les événements la future mariée à revenir en arrière et à nous parler de tous les amoureux qu'elle a eus avant que son choix ne se fixe sur Charles, lequel va finalement se trouver de nouveau éconduit à cause de tous les obstacles culturels et familiaux qui se dressent devant elle.
Esther, c'est le prénom de la jeune femme, raconte tout cela avec beaucoup d'émotion, essayant de nous faire ressentir comment les choses, les rencontres masculines, la découverte de son identité, de ses identités, comme elle le dit elle-même à plusieurs reprises ont été éprouvantes. Elle introduit dans sa narration de longs passages très documentés sur l'inquisition espagnole, sur les persécutions des Juifs au Maroc malgré la bienveillance de Mohamed V et d'Hassan II. Elle nous fait comprendre avec son raisonnement de femme française, de femme moderne, de femme libre, la violence qu'il y a à lire L Histoire et faire corps avec elle quand 'il s'agit des vôtres, de vos aïeux.

Le roman fait quelques centaines de pages. Il aurait dû en faire des milliers. L'histoire d'Esther est si dense et se prête tant à l'anthropologie qu'elle aurait pu faire l'objet d'une oeuvre en plusieurs volumes. En 300 pages, Eliette Abecassis raconte 30 ans d'existence, balayant les jours, les années pour atteindre le plus rapidement possible les événements qu ont heurté Esther, l'ont amenée à des prises de conscience fortes, à des choix difficiles. J'aurais aimé qu'elle "entre vraiment en littérature" comme je l'entends, à savoir, que le temps du récit tente de se rapprocher du temps de la fiction, qu'il distille les minutes, qu'il s'approprie l'instant, que les mots se fassent plus précis, plus charnels, que l'on voie par exemple la maison de son enfance, le visage de sa mère, qu'elle ne se contente pas de nous dire qu'Esther était brune et belle mais que son visage nous apparaisse à un moment particulier de son existence, comme dans un tableau.

Sépharade est un roman intéressant et instructif. Eliette Abecassis à des choses essentielles à nous dire, à la différence de tant d'auteurs qui n'ont pas de sujet, qui cherchent à frapper le lecteur en trouvant l'inspiration dans l'actualité, les enjeux de notre société ou en faisant dans la "provoc'" comme on dit. Quel dommage qu'elle ne se soit pas donné pour projet de faire d'Esther un personnage de roman unique et singulier comme Madame Bovary, Anna Karenine, le comte de Monte Cristo, le père Goriot L'étranger...dont on pourrait parler encore dans cent ans !
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Le mariage et ses complications.
J'adore Eliette Abecassis, troisième tentative, troisième engouement.
Par l'histoire d'Esther Vital, l'auteure nous dévoile les traditions ancestrales des Sépharade. Esther, jeune femme trentenaire, dynamique, citadine et qui va se marier avec son amour de jeunesse. Mais Esther est aussi perdue avec ses origines et ne sait pas où aller. Alors la veille de son mariage où tout devrait être merveilleux, tout va partir en vrille.
Sépharade, ce sont 450 pages où l'auteure nous balade complétement entre le passé et le présent. Un roman addictif car on veut connaitre le point final. Un roman passionnant car on apprend les subtilités de la religion Juive et surtout le cheminement parfois complexe. Un roman enrichissant qui nous plonge dans le passé et l'origine du Judaïsme et des grande Famille. Un roman bouleversant car on assiste au défilé de rancoeur alors qu'un mariage est censé être une fête. Un roman palpitant car envie de rentrer et secouer tout le monde et surtout Esther.
En tout cas moi, je ne voulais que ça. Débarquer et lui mettre une bonne claque pour qu'elle se réveille. On assiste impuissant à ses mésaventures et on se demande jusqu'où va aller sa quête de soi.
Franchement je n'ai pas vu les pages se tourner. J'en voulais plus, toujours plus sans lâcher mon roman. Qu'allaient devenir Esther et Charles au milieu de ce vacarme ? Deux personnages attendrissants qu'on respecte ou non leur choix. Je n'en dirais pas plus mais je vous avouerai qu'Eliette Abecassis n'est pas tendre avec ses héros. Féministe certes mais pas tendre car encore une fois je ne l'ai pas vu venir celle-là. Deux choix de l'auteure dont une franchement j'en étais sure mais l'autre j'étais malheureuse. Et c'est là que je voulais rentrer dans le roman et claquer tout le monde.
Donc pour moi, Eliette Abecassis a réussi son roman : plume, enrichissant, captivant, addictif et émouvant et parfois super drôle.
Merci à l'auteure. Un coup de coeur mais pas note maximale car parfois trop de longueur sur certains passages du passé. Mais on oublie vite ces passages.
Note : 4.5/5
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Il y a quarante ans, mon mari et moi fumes conviés au mariage de mon amie d'enfance, Irène, avec Marcel. Nous étions particulièrement fiers d'assister à cette célébration, parmi les rares goys de l'assistance. Une cérémonie au cours de laquelle le rabbin Josy Eisenberg soulignait le caractère exceptionnel de cette union entre une Ashkenaze et un Sépharade.....Je n'avais pas compris l'allusion, ils étaient si beaux tous les deux, et la fête était si joyeuse, bruyante, les femmes parées de lourds bijoux, les enfants triomphants....

En lisant le livre d'Eliette Abecassis, je comprends mieux.

A travers l'histoire mouvementée du mariage d'Esther Vital et Charles Toledano, Eliette Abecassis nous fait entrer dans les secrets du temps et d'une religion mal connue (on pourrait dire "cabalistique" ?), depuis l'expulsion des juifs d'Espagne en 1492 et leur dispersion à travers le monde et surtout leur imbrication intime au sein de la société marocaine, jusqu'à leur arrivée (et parfois leur retour) en terre d'Israël. En particulier, la puissance parfois étouffante - aussi bien pour les filles que pour les garçons - des liens familiaux et des traditions, y compris ce qui m'a le plus surprise alors que je croyais les Juifs imperméables aux superstitions : le rôle du mauvais oeil !
Donc, une plongée - toujours érudite - dans l'âme sépharade, une explication des différentes manières d'envisager le monde (Weltanschauung ?) entre sépharades et ashkenazes (là, le pauvre personnage, il en prend pour son grade !), un fil pour saisir le risque vital de la laïcisation et de l'intégration, et aussi un hymne poëtique et poignant au paradis perdu, à la beauté du Maroc d'avant l'Alyah : Mogador, Meknès (où mes parents ont vécu sans jamais l'oublier eux non plus) Fès, Marrakech et la Ménara.
Et pour moi, au plus profond de ma culture méditerranéenne (chrétienne) et matriarcale, cette constatation : "Nous sommes toutes des juives sépharades !"
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Sépharade est un roman qui permet de mieux comprendre l'identité juive, la signification de ses innombrables rituels et surtout les différences majeures entre sépharades er ashkénazes portées souvent jusqu'à la caricature.
Si tous les mariages représentent une aventure à haut risque, un mariage sépharade tel que nous le présente Eliette Abécassis est d'autant plus hasardeux que s'y ajoutent les maléfices du mauvais oeil et les non moins pernicieuses intrigues familiales. Ainsi, jusqu'au dernier chapitre, l'union d'Esther la girouette et de Charles reste incertaine. J'ai été peu sensible à cet aspect romanesque du récit dont les rebondissements m'ont laissée perplexe.
En tant que témoignage, ce récit me rappelle avec acuité Kadosh, le film bouleversant d'Amos Gitaï, sorti en 2000 qui insistait sur les aspects les plus rigides de la tradition imposée par la religion.
Par contre, l'univers géographique évoqué par l'auteure m'a permis de retrouver avec plaisir et émotion les impressions fortes ressenties au cours d'un voyage en Israël et lors d'une visite à Tolède. de même, les charmes du Maroc (qu'avec regret je ne connais pas), ce paradis perdu du peuple sépharade sont peints avec une immense tendresse et nostalgie.
A l'issue de ce récit, la problématique qui me vient à l'esprit c'est que l'identité sépharade ne peut perdurer que basée sur les rituels, la pratique religieuse, la transmission familiale, les alliances à l'intérieur du cercle ; ce qui me semble aller à l'encontre de l'ouverture, gage d' intégration et d'assimilation.
La même question se pose finalement pour toute communauté de par le monde et reste un choix difficile.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Nous avons tous des identités multiples.
Nous venons tous d'un pays, d'une ville ou d'une rue qui nous définit et nous marque à jamais. Nous sommes issus d'une culture ancestrale qui nous emprisonne autant qu'elle nous féconde. Dans la vie, nous jouons des rôles qui changent en fonction de la situation et de l'interlocuteur, du lieu et du moment : nous existons, multiples à nous-mêmes, ignorant l'origine de ces identités qui surgissent malgré nous, et qui nous déterminent dans nos actions, nos pensées et nos sentiments. Nous sommes empruntés et confisqués par notre passé, que nous empruntons et confisquons à notre tour, essayant de savoir qui nous sommes, en cette quête infinie qui commence au premier cri, qui ne s'achève jamais - et qui s'appelle la vie.
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"Toutes les femmes étaient vêtues comme des princesses andalouses, maquillées de khôl à l'intérieur de l'oeil, à la manière des Arabes et non des Occidentales qui le posent par petites touches à l'extérieur pour le souligner. C'est toute une conception de la beauté de la femme, cette façon de mettre le khôl. A l'intérieur, il rend l'oeil plus petit, étiré, à moitié fermé, lascif et cajoleur ; à l'extérieur de la paupière, le fard fait l'oeil innocent et grand ouvert. C'est l'Orient contre l'Occident, Salomé contre la Vierge Marie, Bethsabée contre Sainte Thérèse. Ici toutes les femmes avaient le khôl à l'intérieur, qu'elles fussent du 16e arrondissement ou de Neuilly (...)".
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Ô femmes sépharades ! À l'hypocrisie si forte qu'elles sont capables d'enlacer tendrement leur pire ennemie, juste après souhaité sa mort ! Ô étrange douceur sépharade, si proche de la douleur.
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Ton trésor, c'est ton identité. Tes identités, toutes tes identités. Ce sont tous les actes de ta vie, les moindres comme les plus importants, qui sont la matière de ton être, les symboles et les mythes qui te constituent. Et ton identité n'est pas autre chose que ces symboles et ces mythes. Sans eux nous ne sommes rien; rien que des morts vivants.
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passionnée par la culture hébraïque, je me suis lancée avec délectation dans ce bouquin d'E. Abécassis... au travers de ces quelques 470 pages, j'ai voyagé, Alsace, Maroc, Israël, enveloppé dans une odeur sucré de thé à la menthe, de gâteaux au miel, et autres douceurs...
Mais je dois avouer, que quelques lourdeurs (trop de calories, peut être ?!) ont rendu ma lecture plus fastidieuse que ce que j'aurais pu imaginer...
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Videos de Eliette Abecassis (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eliette Abecassis
VLEEL 236 Rencontre littéraire avec Eliette Abécassis, Un couple, Éditions Grasset
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