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Critique de Fransoaz


Kittur est une ville imaginée par l'auteur et située dans le sud-ouest de l'Inde au bord de la mer d'Oman. C'est dans cette ville que l'auteur a repéré et épinglé les 14 ombres de son recueil. Aravind Adiga nous guide dans les rues de la cité comme le ferait un guide touristique. Mais foin des belles plages, des éléphants ou des saris multicolores, le touriste-lecteur s'assomme contre la misère, la saleté, la pauvreté, rebondit de corruption en débauche, de vols en attentats.

Vous démarrerez votre périple à la gare et tomberez peut-être sur Ziauddin, "le petit garçon couvert de poussière" qui prépare le thé et sert les samosas sous l'oeil bienveillant d'un ivrogne.

Vous continuerez par le port pour vous trouver à l'usine de brodeuses de chemises d'Abbasi qui résiste et refuse la corruption qui gangrène toutes les institutions.

Une pause au Bunder pour un curry de crevettes et vous pourrez vous aventurer à Lighthouse Hill où Xerox vient de se faire arrêter pour copies illégales et vente des Versets Sataniques.

Près des échafaudages de la cathédrale, George pense avoir trouvé sa princesse, une femme riche qui l'emploie pour démoustiquer son jardin.

La rencontre de la petite Soumya va vous serrer le coeur. Elle va, dans l'espoir gratifiant des câlineries de son papa, traverser la ville en traînant son petit frère pour mendier dans le quartier des riches et ramener la drogue dont son père à besoin.





L'auteur nous donne à voir l'Inde multiple entre sous-développement et modernité: le désespoir du pauvre et la morgue du riche,

"Tu sais quelle est la plus grande différence entre les riches et les pauvres comme nous? Les riches peuvent commettre des erreurs encore et encore. Les pauvres , à la moindre erreur, ils perdent tout."

le système de castes qui perdure dans l'organisation de la société, le travail des enfants, la mendicité, le ravage de l'alcool et des drogues, la multiplicité des langues et des religions,

"A la lisière de la ville se dressaient, l'un après l'autre, un minaret, un clocher d'église, une tour de temple, comme autant de panneaux indicateurs pour signaler les trois religions de la ville aux voyageurs venus de l'océan. "

Aravind Adiga écrit avec une grande précision comme s'il voulait compenser ainsi l'ignorance du touriste-lecteur de l'histoire et des coutumes de son pays. le plan de la ville, la chronologie historique de Kittur et de l'Inde, le glossaire de fin de livre sont des supports nécessaires pour se glisser dans les 14 nouvelles.

Je suis sensible à la façon originale dont l'auteur présente son recueil, il a mis beaucoup de soin à concocter pour le lecteur un lieu et un temps pour se familiariser avec l'Inde contemporaine. Il coule de ces 14 portraits l'authenticité et l'acuité d'un regard sans concessions qui cinglent avec force le lecteur.

Merci aux éditions Buchet Chastel et à Babelio.


Lien : http://bevanhalennebzh.over-..
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