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EAN : 9782849904282
190 pages
Editions des Equateurs (01/10/2015)
3.76/5   27 notes
Résumé :
À 23 ans, Pierre Adrian part pour l'Italie sur les traces d'un écrivain insaisissable et fascinant : Pier Paolo Pasolini. Du " Frioul vide et infini " aux errances dans Rome et ses " nuits sans frein ", il hume, palpe cette vie à fleur de peau, à rebours de tous les clichés. Magnifique quand il provoque la société, Pasolini n'a cessé de bousculer les idées reçues. Quarante ans après son assassinat, il reste vivant au point de nous brûler. Premier détracteur des télé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
« Suivre une piste, c'est laisser courir tous ses sens. Inquiéter chaque organe. »

Quel voyage ! Magnifique ! Par où commencer... Une biographie de Pasolini ? Pas vraiment. Pierre Adrian livre des sensations de Pasolini, glanées au fil de ses lectures, des rencontres avec des proches de Pasolini, des escapades sur les chemins du Frioul et dans les rues de Rome. « Je tâcherai de comprendre l'incompris », tel est son leitmotiv. La plume est subtile, aérienne, incisive et si riche. « Lutter pour la langue, c'est combattre pour sa survie » nous dit l'auteur.

L'auteur est un écorché qui a suivi la piste d'un autre écorché, la symbiose ne pouvait que fonctionner à merveille. Et le résultat en est ce livre splendide, très pur, parfois brûlant qui m'a donné envie de creuser Pasolini... extraits de film, de poèmes, écoute d'interviews -rien que pour le son de sa voix. Bravo Pierre Adrian de m'avoir ouvert cette voie grâce à vos mots fléchés.

Je me suis régalée dans vos tours et détours pour essayer de trouver la tour de Chia, sa tour. Je voulais moi aussi la voir et grâce au Net j'ai trouvé une photo, Pasolini posant devant, avec quelques mots de lui : '' Si je n'avais pas trouvé un endroit d'une beauté aussi exceptionnelle (une tour dans un bois de chênes donnant sur une vallée), je ne me serais sans doute jamais décidé à aller résider souvent à la campagne. Ma décision n'a pas été d'ordre pratique, mais esthétique. Une fois les choses faites, je me suis aperçu qu'il s'agit en réalité d'un retour. Toute mon enfance a été paysanne et champêtre. de surcroît, je ne parviens nulle part à travailler aussi bien que dans ce bois de chênes si parfaitement archaïque. Je dis bien « à travailler », pas « à vivre ». J'aime en effet vivre dans une grande ville. Mais je n'aurais jamais imaginé que les villes italiennes deviendraient des lieux si horribles. ''

Ces paroles correspondaient tellement à ce que vous avez rendu dans vos propres écrits ! L'obligation de vivre dans cette Rome grouillante, les regrets de Casarsa et la voie sans issue d'Ostie. Vous constatez qu'« Ostie aujourd'hui, c'est Rome qui vient cracher dans la mer » et lui écrivait « J'arrive à Ostie sous un orage bleu comme la mort » (La longue route de sable). Que de points communs entre vous. Vous avez une sensibilité qui m'a émue, profondément. A peine entré dans l'âge adulte que vous avez libéré votre âme au travers de cette quête de Pasolini. Remarquable.

Vous savez mettre en perspective d'une manière pointue ce que l'histoire a laissé comme trace : « On croyait laisser au XXe siècle les génocides, le meurtre gratuit, les formules du type : ''Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver ». Bon sang ne saurait mentir. Combien de pays d'Afrique et du Proche-Orient foisonnent de Marzabotto et d'Oradour-sur-Glane ? Des villages qu'on supprime, une culture qu'on broie à la hache. le tout filmé à la GoPro. Et ça défile sous nos yeux, derrière l'écran télé, sur les fils AFP. Il faut des sommets politiques pour prendre une décision. Établir un pacte avec des diables au pouvoir, livrer des rançons, envoyer des rafales et des drones. le temps de trouver un compromis, et Boko Haram a déjà rasé un bourg en plein désert. »

Mais surtout, vous avez fait naître l'envie, celle d'aller même au-delà de Pasolini qui est le point de départ de votre chemin, car vos tours m'ont également amenée vers les écrits de Gramsci -Je vis, je suis partisan- ou encore la sculpture de Medardo Rosso, La Ruffiana, qui vous a tant parlé... j'ai appris beaucoup en vous lisant.

« Toujours à se relever, inquiet, simplement parce que la vie vaut la peine et qu'il ne peut se passer d'elle. »

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J'ai fait un beau voyage en Italie et c'est Pierre Adrian qui a tracé la route. Avec « La piste Pasolini » le jeune homme a écrit son premier livre pour la rentrée littéraire de septembre 2015 et je lui dis bravo.
Il n'a pas cherché à expliquer son assassinat sordide, ce qui aurait pu être tentant. Il n'a pas non plus construit son parcours autour de l'oeuvre très complète de l'auteur Italien. Il a choisi de raconter la géographie de Pasolini en se rendant sur les lieux où il a vécu pour essayer d'être en osmose avec l'homme, l'individu, le poète qu'il admire. Car Pierre Adrian est un jeune étudiant de 23 ans bien loin des clichés « peoples ». Il explique qu'il n'est pas seulement fasciné par le poète dont les livres font naître en lui une émotion douloureuse mais qu'il a un appétit pour la vie que Pasolini dépeint merveilleusement, torturé par un mal de vivre.
Parce qu'effectivement, l'oeuvre est celle d'un Homme bousculé toute sa vie et c'est pour cela que je trouve que Pasolini n'est pas un auteur facile, même si je suis loin d'être une spécialiste. Je connais un peu son théâtre et ses films ainsi que l'homme engagé mais j'ai découvert le poète.

Ce récit proche du journal de voyage a pour particularité de s'appuyer sur les textes de Pasolini qui sont cités pour étayer les propos de Pierre Adrian qui raconte les faits marquants de la vie tourmentée de PPP (belles initiales de Pier Paolo Pasolini).

Il nous emmène tout d'abord sur la plage d'Ostie, à l'embouchure du Tibre où Pasolini est retrouvé mort un lendemain de Toussaint 1975. Il reste une plaque commémorative mais il y a peu d'explication. Nous allons très vite rejoindre la région du Nord, le Frioul, où les funérailles et l'enterrement ont eu lieu à l'époque. Plus précisément au cimetière communal de Casarta, le village d'où est originaire Pasolini. Il y repose dans le même caveau que sa mère qu'il vénérait et qu'il n'a jamais vraiment quittée. Dans ce cimetière se trouve aussi son frère Guido, mort jeune pour voir défendu ses idées pendant l'occupation allemande.
A Casarta, Pierre Adrian va rencontrer Angela et Andrea du Comité de mémoire de Pasolini ce qui prouve qu'il n'est pas totalement oublié par ses compatriotes.

Après Versuta, San Vito et Trevise c'est à Rome que le poète va vivre. Il y sera productif, fasciné par la représentation, qu'il s'agisse de peinture, théâtre ou cinéma, mais sera aussi victime de harcèlement parce qu'il défend des idées hors du commun et aussi parce qu'il a été accusé de détournement de mineurs et qu'il est mal regardé pour son homosexualité.
Toute sa vie, PPP va se battre : il va défendre la langue des anciens, le dialecte de Frioul, il va lutter contre l'absurdité du système de consommation, contre la télévision, il va s'engager politiquement.
Il a été communiste mais surtout et d'abord, il est antifasciste. Et comme l'écrit Pierre Adrian « Pasolini s'est bâti sur les cendres de Gramsci. Je me construis sur les braises de Pasolini ».
Antonio Gramsci est un membre fondateur du Parti communiste italien, dont il fut un temps à la tête, qui a passé une grande partie de sa vie en prison sous le régime mussolinien. Il avançait l'idée que les intellectuels modernes ne se contentaient pas de produire du discours, mais étaient impliqués dans l'organisation des pratiques sociales L'intellectuel organique comprendrait par la théorie mais sentirait aussi par l'expérience la vie du peuple.
Pasolini avait cette expérience ; d'ailleurs, il est devenu communiste au contact des ouvriers agricoles du Frioul.
Il connait aussi l'humilité et la générosité du chrétien de chapelle alors que la religion le répugnait pour ses règles moralisantes.
Sa pensée Pasolini l'a exprimée dans des textes puissants, parfois violents et par des images qui ont parfois terrifiées mais il a toujours été une personne extraordinaire, honnête et proche de ses collaborateurs comme en témoigne Carlo di Carlo, son assistant au cinéma.

On voulait le bâillonner et les difficultés l'ont affectés toute sa vie. Pasolini ira donc chercher dans la banlieue de Rome une consolation a sa vie de paria. Il s'éloigne là où il n'y a pas eu l'exposition universelle de 1942, dans le quartier de l'EUR. Puis, la tour de Chia, isolée, sera son dernier refuge avant la mort.

Même si je ne suis pas toujours d'accord avec les positions radicales Pier Paolo Pasolini comme son refus de l'avortement, je trouve que ce livre donne envie de mieux le connaitre. Il est plein d'émotion d'autant plus que les témoignages ponctuent le chemin que va suivre pierre Adrian. Et puis, il ne faut pas oublier la bande son proposée par l'auteur : le piano de keith jarrett dans Köln Concert.

Lu dans le cadre d'une opération masse critique, ce livre est un bel hommage.


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Qui se souvient de Pasolini ? Pour moi, c'était le cinéaste le plus provocateur des années soixante-soixante dix, connu essentiellement pour le scandale que provoquait la sortie de ses films. J'ai donc été intriguée quand Babelio a proposé la lecture de "la piste Pasolini" de Pierre Adrian.
L'auteur, étudiant parisien de 23 ans, séduit par la personnalité et par l'œuvre aussi bien cinématographique que littéraire de ce bel italien né dans le Frioul, part sur les traces de son héros. D'où l'occasion d'une agréable ballade dans la région de Bologne, terre de ses ancêtres, puis à Venise et à Rome présentée comme la nouvelle Gomorrhe.
Le texte m'a permis de mieux connaître le célèbre réalisateur (dont j'ignorais l'œuvre poétique) et de faire plus ample connaissance avec cet homme révolté, indigné, perturbateur, défendant farouchement la poésie et la langue populaire, développant une étrange forme de mysticisme, personnage aux facettes très contradictoires. Contestataire dans l'âme, il fut aussi abondamment contesté pour ses prises de position radicales en politique mais aussi vis-à-vis de l'évolution de la société, de l'avancée galopante du consumérisme. Qu'en dirait-il aujourd'hui ?
Je pense que c'est l'aspect vindicatif, frondeur, protestataire du personnage qui a particulièrement plu à Pierre Adrian. L'auteur entretient une familiarité évidente avec lui mais nous livre finalement peu d'indices pour nous faire partager son enthousiasme.
Ce texte paru chez Equateurs que je remercie, m'a surtout rendue nostalgique de la grande époque du cinéma italien. Aux côtés de Pasolini plane l'ombre de ses confrères, mentors ou rivaux que furent Visconti, Risi, Rossellini, Antonioni, Bertolucci...
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Avec ce premier livre, le jeune Pierre Adrian nous livre un récit initiatique, celui de son voyage en Italie sur les traces de Pier Paolo Pasolini. Il en tire cet ouvrage qui mêle entreprise biographique et réflexions sur la portée de l'Oeuvre de Pasolini dans notre société actuelle. Ces dernières font d'ailleurs échos aux propres pensées de l'auteur français. Tout cela est agrémenté de nombreuses citations de Pasolini, tirées de ses poèmes, romans, interviews ou encore de ses échanges épistolaires.


J'ai beaucoup apprécié la démarche de Pierre Adrian qui dresse un portrait formellement original dans lequel transparaît toute l'admiration, pour ne pas dire l'obsession, porté au célèbre romancier/poète/cinéaste italien. Il choisit de mettre en avant son engagement politique et son idéologie marqués par un violent rejet du consumérisme, par la décadence de la société de son époque, par un incessant questionnement sur la foi et les institutions religieuses,... Toutes ces problématiques soulevées sont largement partagés par Adrian lui-même qui n'hésite pas à comparer l'époque de Pasolini (années 60/70) à celle d'aujourd'hui.


Deux éléments principaux se ressentent donc tout au long de ce périple italien. D'un côté, une bonne partie de « La piste Pasolini » représente une charge contre la société occidentale actuelle et sa décadence tandis que, d'un autre côté, Pierre Adrian cède à son amour pour Pasolini et sombre souvent dans l'hagiographie pure et simple. En-soi, ça ne devrait pas être gênant. « La piste Pasolini » ne résulte pas d'une démarche journalistique ou d'un historien à la recherche de l'objectivité. Adrian est donc libre d'y exposer ses idées, reflet de celles de son « maître à penser », aussi réactionnaires et peu développées soient-elles. Il y a cependant quelques redondances dans son discours, quelques longueurs aussi, et je dois admettre que son pessimisme allié à ses pensées conservatrices ont fini par me lasser. Pourtant, il est une chose que l'on ne peut enlever au jeune auteur : sa belle plume et quelques traits d'esprit bien sentis.


Par l'intermédiaire de ce récit, Pierre Adrian nous fait mieux connaître ou découvrir, à sa manière, cet artiste engagé dont l'admiration transpire à travers ces lignes, quitte parfois à laisser le lecteur sur le bord du chemin. Une lecture néanmoins fort sympathique.
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Voici un petit livre qui nous entraîne en Italie, sur les traces de Pasolini.

Mi roman - initiatique pour ce jeune homme qui entame cette quête, mi récit de voyage, mi (tiers!) -biographie, à travers des témoignages de quelques personnes ayant connu Pasolini, ce livre est un objet littéraire original, qui intègre de nombreuses citations de Pasolini, extraits de ces poèmes en particulier, une de ces facettes que je connaissais mal.

D'Ostie à Rome, sur les lieux où il a vécu, où il est mort, où il a tourné, les rencontres sont l'occasion d'évoquer plusieurs facettes du personnage, de l'enfance à la religion, de la politique à la sexualité, et à la société en générale. La place du dialecte, la télévision, la nature, le football, les angoisses....
Et une question traverse l'oeuvre, quel héritage de Pasolini? Qu'en reste-t-il pour les italiens d'aujourd'hui?
Un maître à penser?
Des liens à l'actualité, des réflexions sur la société... un essai intéressant, qui permet de mieux connaître Pasolini.
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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critiques presse (3)
LeFigaro
04 janvier 2017
Le jeune auteur de La Piste Pasolini confirme son talent avec Des âmes simples, magnifique plongée dans la vallée d'Aspe.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeFigaro
01 octobre 2015
Avec un ­talent d'écriture tout neuf, le jeune écrivain dessine une ­silhouette christique, douloureuse, attachante.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeFigaro
16 septembre 2015
Bel essai entre récit de voyage et quête initiatique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est pas seulement par goût du style que j'ai aimé Pasolini. Je n'ai pas la maîtrise pleine de sa langue. J'ai même été bien crédule à penser que tout pouvait me plaire dans ses livres. J'ai connu des lectures ennuyeuses, trop éloignées. Mais en une phrase, dans Pétrole ou Théorème, je suis resté extatique. Retourné.
C'est l'homme des paradoxes, l'ébranleur d'idées, le saint sans calendrier qui m'a parlé. Excessif ? bien sûr. A lire Pasolini, j'ai appris à croire aux excès.
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J'ai appris de Pasolini par tout ce que j'ai lu de lui. Mais lire ne suffit pas. On s'essouffle à lire et apprendre de nos ancêtres. Pour mieux me confondre avec un écrivain, je dois verifier, toucher ces lieux que ses mots ont frôlé. J'ai mis de côté l'émotion de mes lectures. Elle est restée cloîtrée en France. Comment vivre auprès de cet homme absent ? Insatisfait, je suis alors parti sur les routes de Pasolini, à la recherche de ce meneur d'âmes. Meneur de nos petites âmes paumées du nouveau siècle.
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Maintenant, il est temps de quitter le centre de Rome. De faire comme Pasolini, aller chercher la vie plus loin. Regarder et vivre la nouvelle existence des faubourgs de Rome. Pasolini a trouvé refuge dans les banlieues parce que la bourgeoisie l'avait rejeté pour son homosexualité. Pas comme les autres, une tare.
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« Vissare me² », c'est ainsi qu'on appelle ici son enfant. Je trouve cette expression d'une beauté cinglante.

2. « Mon coeur », littéralement « mes entrailles »
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Il m'inspire autant parce que j'ai retrouvé chez lui cet appétit d'essentiel, l'humilité et la générosité du chrétien de chapelle. Et la répugnance pour le dogmatisme, la règle moralisante.
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