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EAN : 9782918823063
432 pages
Turquoise Editions (25/02/2014)
4.31/5   8 notes
Résumé :
Au début des années 1970, à Ankara, une femme, Aysel, entre dans une chambre d’hôtel, s’y déshabille et se couche, bien décidée à boire le calice de la vie. Acte radical, c’est aussi le prétexte pour elle, dans ce crépuscule d’une mort ­orchestrée, de mesurer le chemin parcouru, de faire le bilan de son existence. Que de chemin en effet ! Fille de petit commerçant d’Anatolie, Aysel devient professeure d’université ! Mais à l’afflux des réminiscences que reste-t-il ?... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce roman déroutant permet de suivre trois jeunes turcs : Aysel, Aydin et Ali. Ils ont fréquenté la même école de village et sont envoyés en ville (Istanbul et Ankara) pour faire leurs études. A eux trois et parfois bien malgré eux, ils brossent le portrait d'un pays fortement marqué par Mustafa Kemal Atatürk, premier président de la république laïque de Turquie.
Beaucoup de choses changent alors : les jeunes doivent étudier pour servir leur patrie, les filles et les garçons sont réunis dans les écoles et l'on découvre un système en marche.

A la mort d'Atatürk, en 1938, la Turquie n'en est qu'à ses débuts et évolue tout doucement, se rapprochant de l'Europe. Nos trois personnages observent alors le seconde Guerre Mondiale avec un regard enfantin puis plus politique au fil des années. Il est toutefois très intéressant d'observer cette période historique du point de vue la jeunesse turque !

Petit à petit, des partis politiques de tous bords se font entendre, et nos jeunes personnages, parfois déroutés, parfois engagés, nous offrent une vision assez réaliste des prémices d'une démocratie multipartiste.

Ce roman est donc un trésor pour découvrir une Turquie comme jamais elle ne se dévoilerait dans les livres d'histoire, car les actions, les attentes et les réflexions de la jeunesse de ce pays sont un baromètre très réaliste.

Toutefois, la lecture est assez laborieuse par moment. En cause, les différents choix de narration (la lettre, le récit, le journal intime). Il est donc parfois difficile de s'y retrouver : de nombreux retours en arrière m'ont été nécessaires pour retrouver les identités des personnages (les noms turcs étant parfois difficiles à retenir) mais aussi pour comprendre qui était le narrateur et quel rôle il jouait. Ces différentes narrations ont donc été assez déroutantes au début et ce choix me laisse tout de même perplexe.

Une fois ce schéma compris et adopté, le récit s'ouvre davantage à nous, et le lecteur peut enfin enlever cette barrière narrative et se sentir proche des personnages

Le personnage central, Aysel, par qui les souvenirs surgissent au moment de mettre fin à sa vie est assez profond. Son destin nous ouvre à de nombreuses réflexions sur le devenir d'une femme qui désire coûte que coûte étudier.
Ses propos n'ont pas été toujours très clairs (les références m'étaient peut-être culturellement trop éloignées), mais son désarroi (et celui de toute une génération) se dévoile au fur et à mesure. Son envie brutale de se coucher pour mourir n'est compréhensible qu'une fois l'enfance des trois personnages dévoilée.

Globalement ce livre m'a donc touchée : une fois les difficultés narratives et les longueurs mises de côté, il nous offre un point du vue inédit sur la Turquie. Je remercie donc Babelio et les éditions Turquoise de m'avoir fait confiance pour cette oeuvre qui ne demande qu'à être découverte en France !
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio pour son livre pour la masse critique et les Édition Turquoise pour leur confiance.
Également un petit clin d'oeil pour le marque-pages avec une petite note en turc.

Dans ce livre, on suit la vie de trois jeunes plongés dans la vie de la Turquie Moderne. Ce récit se déroule quelques années après la mort de Mustafa Kemal Atatürk jusqu'au début des années 70 et l'auteur a utilisé différents styles : récit, journal intime, articles de journaux, dialogues, échanges de lettres…
C'est la première fois que je lis ce style, par moment j'ai eu du mal à savoir qui parle ou l'auteur voulait m'emmener d'où mes retours à plusieurs reprises en arrière.
Mais dans l'ensemble c'est assez instructif que ça soit d'un point de vue sur les sentiments des personnages ou de l'histoire de l'évolution de ce pays.
Une chose est sûre j'ai adoré la mise en avant de l'évolution des personnages, peu attachant, au fil des années et de l'évolution de la mentalité dans ce nouveau pays.
Après des années d'oppression, les Turcs essaye de s'adapter à la nouvelle vie moderne instauré par Ataturk, ce fondateur aux idées bien larges.
Effectivement bien des coutumes changent : la modernisation, les écoles mixtes, le droit des femmes ...
L'auteur a su parfaitement mettre en avant la différence entre les classes sociales : les riches qui s'adaptent très facilement à l'occidentalisation et les "paysans" qui au nom du patriotisme essaye de suivre le mouvement en marche.
Ayant une bonne connaissance de la culture et de certaines mentalités de par mon origine, j'ai parfaitement pu me mettre dans la peau de certains personnages. L'auteur a su allié L Histoire à son roman.
Au fil des années, nos trois personnages en fonction de leur sexe et de leur classe sociale ne vivent pas cette évolution de la même manière.
La crainte de ne pas être à la hauteur des ambitions de leur patrie, leurs doutes, leur frustration à ne pas pouvoir assouvir certaine curiosité poussent ces jeunes ( comme tant d'autres !) à commettre certaines erreurs.
Sont-elles toutes pardonnable au nom de la modernisation, de la patrie?

Adalet Agaoglu a su faire découvrir une image vraie de la Turquie et de son histoire.
Je le recommande à tous voulant connaître le parcours de ce pays laïque.
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Merci à Babelio et aux Éditions Turquoise pour l'envoie de ce livre en échange d'une chronique honnête.

Le roman suit des personnages sur plusieurs années et dans des environnements assez différents – comme tout bon roman choral j'imagine. J'aime beaucoup le style de narration à plusieurs voix mais j'avoue avoir eu des difficultés à plusieurs reprises pour comprendre qui parlait à quel moment… Certaines coupures visuelles ne signifient pas toujours la même chose, ce qui m'a un peu perdu puisque dans un même chapitre, il est possible de changer de point de vue après un simple saut de paragraphe.

Les personnages ne sont pas tous attachants, certains points de vue sont donc particulièrement longs à suivre, et je n'arrive toujours pas à savoir si le caractère antipathique est voulu par l'auteure ou si le personnage en question ressort ainsi seulement à mes yeux. Pour la plupart des personnages en revanche, c'est très intéressant de pouvoir observer leur évolution de l'enfance jusqu'à l'âge adulte, et puis, même ce personnage antipathique ne m'a pas empêché d'apprécier le roman. D'ailleurs, l'auteure arrive parfaitement à donner des voix propres à chaque personnage, le style est très différent selon que ce soit le journal intime d'un tel, les pensées d'un autre, etc.

Globalement, c'est une histoire très dense puisque énormément de choses y sont dites et surtout, le roman est totalement ancré dans l'Histoire et le contexte du pays. Si vous avez des connaissances sur la Turquie de la Seconde Guerre mondiale, je pense que vous n'aurez aucun mal à accrocher du début à la fin. Malheureusement, je ne connais rien de la Turquie et je me suis donc sentie un peu perdue à certains moments, mais je suis ravie d'en avoir appris plus sur ce pays et son histoire. Je pense aussi qu'à cause de ce manque de connaissance de ma part, j'ai dû louper des références évidentes qui auraient pu rendre l'histoire d'autant plus intéressante.

Des sujets très divers sont abordés tout au long du récit, beaucoup de politique mais surtout, les impacts des décisions des leaders du pays sur les habitants, notamment concernant la modernisation et l'occidentalisation du pays, qui ne met pas tout le monde d'accord. On retrouve particulièrement les avis divergents des personnages au sujet de la position des femmes et des filles : alors que le pays encourage les filles à suivre une éducation, la famille d'Aysel n'est pas de cet avis, ce sera donc un de ses combats. On remarque également une hiérarchie sociale très fixe, où les citadins et personnes de bonnes familles n'ont rient à voir avec les « paysans », qui ne sont pas bien considérés.

Malgré tout ce que j'ai pu trouver d'intéressant dans ce roman, je pense tout de même que globalement, je suis passée un peu à côté. Je n'ai pas compris ce que le roman voulait transmettre, son message. le postulat de base – Aysel qui va se coucher pour mourir – est bien sûr des plus étranges et je m'attendais à une explication, mais aucune ne vient. Peut-être que je n'ai pas assez d'éléments de contexte pour comprendre le roman, mais il me semble tout de même qu'il aurait pu être plus clair, plus accessible (dans sa narration et sa présentation également). En revanche, j'ai absolument adoré le fait que le traducteur conserve certains mots signifiants en turc, et qu'il nous donne des éléments de compréhension dans les notes de bas de page. À la fin, on retrouve une note sur la translittération et la prononciation du turc (qui aurait sérieusement dû se trouver au début du roman d'ailleurs), mais aussi une chronologie des événements importants de la Turquie et une carte du pays et des endroits significatifs du roman.
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
On évoque un problème en Europe centrale. Mais d'après "Les échos" du journal Ulus, il n'est pas question de menace sur la paix.
"Parlons de l'étranger ; d'un peu partout, des informations nous parviennent de temps à autre quant à des menaces sur la paix ou de nuages annonçant la guerre à l'horizon. Mais grâce à Dieu, cette paix, si menacée jusqu'à aujourd'hui, n'a jamais été aussi forte, solide et inébranlable.
"Mais voyez donc : on a foulé aux pieds je ne sais quel article du pacte de la Société des Nations ; certains ont dit : "La paix est en danger" ; la paix n'en a guère eu cure. Certains ont dit : "L'Ethiopie est piétinée, la paix est menacée"; la paix ne s'en est pas plus souciée.
"Certains ont dit : "En Espagne, ce n'est pas une guerre civile, mais l'affrontement de deux idéologies ; et c'est la paix qui en paiera le prix." Là encore notre bonne vieille paix n'a pas bronché.
"Certains ont dit : "Le japon marche sur la Chine. Cette invasion en Extrême-Orient est une menace pour la paix, non pas de cette seule région, mais du monde entier." Au final, du sang a coulé, des villes ont été rasées et réduites en cendres, mais il n'y a eu ni déclaration de guerre, ni la moindre inquiétude quant à la paix.
"Alors, ne vous laissez pas abuser par les nouvelles pessimistes ou les études produites à la volée. Sans doute la paix est-elle menacée. Mais au XXe siècle, elle est devenue si solide, si invulnérable, qu'il ne faut pas avoir peur ; elle ne cédera pas d'un pouce au tapage de la guerre et des fauteurs de guerre..."
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Ce fut surtout comme ça que Sevil prit confiance en elle. Elle comprenait très bien sa professeure de violon. Algèbre, géométrie, histoire... Elle n'aimait pas ces matières-là. La professeure de violon, elle, était délicate et juste. Demir était en train de faire un somme dans un fauteuil, avec les contes de la Contesse de Ségur entre les mains. Soudain, sa professeure manqua à Sevil. Elle ne la reverrait que mercredi. Si elle maigrissait un peu, ses doigts s'affineraient. Et peut-être que sa professeure apprécierait alors un peu plus son toucher de cordes.
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Très bon roman qui traite de sujets peu abordés et qui méritent pourtant qu'on s'y intéresse. Un livre qui mêle Histoire et psychologie ! A lire !
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Jusqu’à ce matin-là, toutes ces pédicures, ces manucures, ces applications pour le visage, ces crèmes de nuit et ces produits de jour, ce talc que je me tamponnais sous les aisselles et un peu partout, tout cela m’avait semblé nécessaire à ma santé, à mon bien-être, autant d’obligations sans aucun rapport avec ma féminité. Mais ai-je été moi-même une seule fois ? Avons-nous été un jour nous-mêmes ? Y a-t-il le moindre espace dans ma vie où l’on n’ait pas rapporté ces obligations ? Les dix dernières heures que j’ai comblées avec Engin en étaient-elles dépourvues ? Non. Je ne veux pas y penser. Je suis en vacances. Mais comment sent ma peau ? J’ai aussitôt remonté la manche de mon gilet et senti le haut de mon bras ; sans percevoir grand-chose.
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Entre-temps, Ertürk avait eu dix-sept ans. Il apprit toutes les façons qu’un homme avait de se tuer dans un pensionnat à l’âge de dix(sept ans, essaya, pour apprendre qu’il ne pourrait jamais se suicider dans un tel lieu.
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